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Lecture analytique francais, Lectures de Français

Lecture analytique francais bac Oh Je fus comme fou

Typologie: Lectures

2021/2022

Téléchargé le 21/06/2022

Nicoletadk
Nicoletadk 🇫🇷

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Télécharge Lecture analytique francais et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! www.comptoirlitteraire.com présente un poème de Paul ÉLUARD (1947) ‘’Notre vie’’ «Notre vie tu l'as faite elle est ensevelie Aurore d'une ville un beau matin de mai Sur laquelle la terre a refermé son poing Aurore en moi dix-sept années toujours plus claires Et la mort entre en moi comme dans un moulin Notre vie disais-tu si contente de vivre Et de donner la vie à ce que nous aimions Mais la mort a rompu l'équilibre du temps La mort qui vient la mort qui va la mort vécue La mort visible boit et mange à mes dépens Morte visible Nusch invisible et plus dure Que la soif et la faim à mon corps épuisé Masque de neige sur la terre et sous la terre Source des larmes dans la nuit masque d'aveugle Mon passé se dissout je fais place au silence.» 1 Analyse Ce poème fut inspiré à Éluard par la mort, survenue brutalement en novembre 1946, de la femme qu'il avait rencontrée en 1930, qui était surnommée Nusch, dont, l'aimant passionnément, il avait fait sa deuxième inspiratrice. Cette disparition provoqua une rupture dans sa vie, qu'il traduisit dans la composition de ce poème d'alexandrins non ponctués (sauf à la fin) et non rimés, organisés en trois quintils, où il montra l'envahissement de sa vie par la mort. Suivons le déroulement du poème. Première strophe Au premier vers, avec «Notre vie tu l'as faite», Éluard, s'adressant à Nusch, indique d'emblée qu'elle avait été le moteur du couple, en tant qu'amoureuse et en tant qu'inspiratrice. Mais la vie du couple, évoquée dans le premier hémistiche, qui est au passé composé, apparaît immédiatement révolue dans le second hémistiche, qui est au présent, «elle est ensevelie» marquant concrètement la disparition de cette vie, qui est identifiée à un cadavre inhumé. Dans les deux vers suivants se succèdent, de la même façon, dans le premier, le souvenir de cette «vie» heureuse qui fut un temps de lumière et d'espoir (ce qui est rendu par l'image de l'«aurore», début de la journée, et le «matin de mai», début d'une journée de la première belle saison de l'année) et la violence de l'ensevelissement, dans un second vers où, non sans quelque étrangeté, l'«aurore» se trouve brutalement attaquée par cette prédatrice qu'est la terre qui, elle aussi personnifiée, «a refermé son poing». Le mot «aurore» est repris. Mais, maintenant, le poète indique : «aurore en moi», et ainsi on peut en déduire que l'«aurore» du vers 2 est celle de Nusch, et que, le couple étant réellement fusionnel, elle provoquait donc la sienne, lui faisait partager le même temps de lumière et d'espoir, dont est évaluée la durée, ces «dix-sept années» étant bien celles qu'ils vécurent ensemble, années au cours desquelles cet accord n'avait fait que grandir (d'où «toujours plus claires»). Le vers 5 est lié au précédent de la façon la plus simple et la plus neutre qui soit, ce qui rend l'intrusion de la mort (mot qui rime avec «aurore» pour mieux s'y opposer) de Nusch à l'intérieur du poète d'autant plus tragique. Et cette intrusion de «la mort», personnifiée en visiteur sans gêne, mal poli, est rendue par une métaphore populaire. Le poète emploie un présent qui fait de cette intrusion de la mort une expérience constamment revécue avec la même intensité. Deuxième strophe Dans les deux premiers vers, Éluard reprend le mouvement initial du poème pour mieux affirmer la satisfaction que Nusch, dont il rapporte les paroles sans aucun indice, trouvait à leur étroite union ; elle goûtait un plein bonheur dans ce partage de sentiments et d'idées qu'elle s'employait à réaliser, à faire vivre («donner la vie») alors que lui, peut-on penser, ne faisait que les rêver, les imaginer, les mettre sur papier. Après un «mais» marquant l'opposition, de nouveau, dès le troisième vers de la strophe, le poète fait surgir la mort. Elle «a rompu l'équilibre du temps», ajoutant «un jour en trop», comme Éluard s'en était plaint dans son poème ''Vingt huit novembre mil neuf cent quarante-six'' (la date du décès de Nusch), où il avait ajouté ces mots : «le temps déborde», qui étaient d'ailleurs devenus le titre du recueil où allait figurer ''Notre vie''. Remarquons que ce vers a une position stratégique au milieu du poème (on trouve sept vers avant et sept vers après), qui, désormais, ne sera plus que consacré à la mort envahissante, évoquée de manière obsessionnelle. Dans les deux derniers vers de la strophe, de nouveau personnifiée, elle est douée d'une fébrile et menaçante activité rendue encore plus expressive par l'allitération en «v» ; puis lui est attribuée une avidité très concrètement décrite, véritablement vampirique et qui a pour victimes non seulement Nusch mais le poète aussi («à mes dépens»). «Visible» pour lui, elle est devenue comme une terrible compagne, remplaçant en quelque sorte celle qu'il avait. 2
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