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Lecture analytique linéaire « Zone », Lectures de Littérature

Typologie: Lectures

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Téléchargé le 17/09/2021

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Télécharge Lecture analytique linéaire « Zone » et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! Lecture analytique linéaire « Zone » Introduction : Alcools : publié en 1913, rassemble les poèmes écrits entre 1898 et 1912. «Zone»: histoire d’une journée du poète qui va du matin (début du poème) à un autre matin (fin du poème). Déambulation dans Paris qui est interrompue par des évocations diverses. Le premier titre donné à ce poème était «cri» Le poème ouvre le recueil Alcools, ce qui ne correspond pas à l’ordre chronologique de rédaction, mais bien à un choix d’ Apollinaire. En effet, cette place liminaire nous invite à porter notre attention sur la forme nouvelle du poème (le vers libre, mais surtout l’absence de ponctuation) et sur son titre : faire entrer le lecteur dans le recueil, c’est le faire entrer, par ce texte, dans une nouvelle « zone » de la poésie, un espace transitionnel entre tradition et modernité, dans lequel s’inscrit le reste du texte. Problématique : dans quelle mesure ce début de « Zone » peut-il est considéré comme un manifeste poétique ? Zone : le titre a suscité de nombreuses interprétations : - Grec zoné, la ceinture = la composition en boucle du recueil ? - Terrain vague qui borde la capitale ? - Nouvelle esthétique des auteurs modernes qui ne sont plus au centre des choses, dans la certitude mais errent dans une zone ? (le poème est une déambulation dans Paris sans itinéraire motivé.) Proposition de plan détaillé Axe IUn manifeste de la modernité ID1 La volonté du renouveau Ce qui frappe d’emblée le lecteur est la forme du poème : le vers semble s’étirer sur la page, alors que les strophes se réduisent à un seul vers (peut-on même parler de « strophe » ?), les rimes sont approximatives (« Christianisme » / « Pie X », v.7-8) et, surtout, la ponctuation disparaît. Alternance entre vers réguliers (« A la fin /tu es las/ de ce monde /ancien » /Le matin par trois fois la sirène y gémit) et le vers libre (Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue desTernes.) Des vers très réguliers apparaissent également, comme les vers 19 et 20 : il s’agit de deux alexandrins, en rimes suivies. Pas de régularité strophique Evidemment ce rythme strophique est à mettre en parallèle avec la déambulation géographique et surtout mentale. Là également, Apollinaire ne cherche pas à oublier complètement les formes anciennes de la poésie, mais à se les approprier pour imposer son propre rythme au vers. Vocabulaire nouveau : mots de la modernité ( sténo-dactylographes / industrielle etc.) L'opposition des niveaux de langue semble montrer l’évolution vers laquelle tend la poésie d’ Apollinaire qui n’hésitera pas à combiner un vocabulaire suranné et un autre résolument familier : « tu es las » et la deuxième « tu en as assez ». Absence totale de ponctuation : GA l'a retirée sur les premières épreuves envoyées par l'imprimeur. Ses manuscrits montrent une relative indifférence à la ponctuation, Marinetti a proclamé "Plus de ponctuation” : le poète accorde sa sensibilité stylistique au goût du jour en faisant ce choix radical. A certains endroits, cette absence de ponctuation crée des ambiguïtés, le poète ne s'en soucie pas et au contraire en joue (Pas d'exemple significatif au début du poème ; "Neuve et propre du soleil elle était le clairon" montre toutefois le flottement de la lecture). L’énonciation« tu » : premier pronom personnel : "tu". À qui renvoie-t-il ? Ce même pronom revient constamment dans le poème. L'intimité, la proximité, l'évocation de souvenirs d'enfance, d'émotions personnelles fait comprendre que ce "tu" est d'abord celui de l'énonciateur qui se parle à lui-même. Ce pronom montre la distanciation qu'opère l'énonciateur à son propre égard : pour être plus objectif dans son introspection, il se regarde de l'extérieur. - Mais ce "tu" interpelle aussi obligatoirement le lecteur : ce choix énonciatif est essentiel dans la naissance de l'émotion du lecteur À partir du vers 15, le « je » qui n’était présent qu’implicitement (dans les apostrophes, par exemple) s'impose dans le poème : « J'ai vu ce matin. » ( suit la description de ce qu’il voit) puis « J'aime la grâce de cette rue industrielle » au vers 23, le «je » faisant alors l’apologie du monde urbain et moderne. On retrouve ainsi le champ lexical de l’ancienneté, en opposition avec celui de la nouveauté : « ancien » (v. 1) repris par « anciennes » (v. 4), « antiquité » (v. 3) repris par « antique » (v. 7), et « fin » (v. 1), S’opposent à « neuve » (v. 5 et 16), « moderne » (v. 8) et surtout « matin » (répété aux v. 10, 12, 15, 18 et 19). L'auteur semble ainsi marteler la nécessité de passer à un autre temps, d’entrer dans une nouvelle ère de la poésie. Rejet de la poésie antique aux vers I et 3. ID2La recherche d’une nouvelle mélodie La rime n’est plus une contrainte : les rimes sont approximatives (« Christianisme » / « Pie X », v.7-8) - Rimes souvent plates et pauvres, sans mise en valeur par le rythme puisqu'il est libre. Mais cette modernité n'exclut pas le recours à une poésie plus classique fondée sur le retour harmonieux des sonorités : « A la fin /tu es las/ de ce monde /ancien » : allitération des nasales Nouvelle musicalité : symphonie qui privilégie les discordances : « clairon, gémit, criaillent » pour chanter le bruit de la ville. ID3 Un manifeste qui s’approprie les traditions En effet, Apollinaire ne dénigre pas l’héritage poétique reçu. Le « Christianisme » et son représentant officiel, le Pape, sont ainsi convoqués comme garants de la modernité aux vers 7 et 8. Le poète met en avant le rôle unique de la religion : « seule » à être « toute neuve » et « simple », tout comme le christianisme, « seul en Europe » à être moderne. Cette valorisation de la religion permet de créer un lien entre présent et passé : en se renouvelant à chaque nouvelle génération de croyants, elle propose à la fois la stabilité de l’ancien et la force de la nouveauté. Le « vous » adressé au Pape permet de le faire entrer dans le dialogue tissé entre le « je » et le « tu ». Revendication ici du poète- lecteur qui cherche du nouveau dans la poésie. Le rejet des modèles classiques et antiques s’accompagne d’une description du monde contemporain. L'organisation linéaire du poème permet au poète d’orchestrer son regard d’attention, de curiosité et d’émerveillement du monde. («ici », « tu lis », « voilà », «il y a », «j'ai », « j'aime ». Axe 2 Un kaléidoscope des réalités urbaines ID1 L’irruption de la modernité se lit dans la référence aux lieux, aux objets. Les images métamorphosent le monde : métaphore de la Tour Eiffel et des ponts, métaphores de la rue comme clairon, de la cloche en chien, des plaques en perroquets... le regard du poète transfigure la réalité. La tour Eiffel, construction métallique, symbole du monde industriel devient un objet de poésie. Métaphore de la Tour Eiffel comme un guide, une « bergère » gardant le « troupeau des ponts » : les courbes des arches des ponts de la Seine évoquent le dos de moutons en troupeau. Assimilation de la tour verticale à une bergère Apollinaire détourne les éléments de la poésie bucolique ( bergère, troupeau, bêlement) qui appartiennent à la vie champêtre pour leur faire célébrer la vie citadine. GA célèbre le monde moderne pour ses avancées technologiques : la Tour Eiffel (1889) ouvre le poème. Ce monument, symbole de Paris, de la France, controversé à ses débuts, était une nouveauté technologique à son époque. L'aviation et ses nouveaux recordmen sont aussi évoqués. - Le monde moderne est présent sous ses formes les plus matérielles et triviales : automobiles, publications diverses (monde de la presse), sirène, objets de la rue. toutes choses banales de la vie quotidienne, envahissent le texte (pluriels, hyperbole : "mille titres divers"). - La présence de détails informatifs donnent réalité à cette évocation ("25 centimes", "quatre fois par jour", précision géographique...). - Ce monde matériel moderne est présentée de façon méliorative : la personnification "les prospectus [...] chantent", le parallélisme "Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux" (nous reviendrons sur ce vers plus loin) mettent en valeur la publicité, les magazines, qui envahissent les devantures (énumération "les prospectus les catalogues les affiches ", "mille titres divers") et se présentent comme une nouvelle littérature, avec ses "grands hommes" (comme l'épopée). L'énumération donne ici l’idée d’une abondance. Cette abondance est traduite par les hyperboles « pleines » et « mille » : le mode quotidien est empli de poésie !
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