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Lecture Linéaire - Les Effarés - Artur Rimbaud, Transcriptions de Français

Lecture Linéaire du poème Les Effarés

Typologie: Transcriptions

2009/2010

Téléchargé le 23/06/2024

antoine-blatrix
antoine-blatrix 🇫🇷

Aperçu partiel du texte

Télécharge Lecture Linéaire - Les Effarés - Artur Rimbaud et plus Transcriptions au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Les Effarés Je vais vous présenter le poème Les Effarés d'Arthur Rimbaud, c'est un poème extrait des Cahiers de Douai, un texte qui sans doute a été écrit très tôt par le poète en 1870. Le poème s'inscrit dans une certaine tradition du XIXe, en l'occurrence celle de la représentation de l'enfant pauvre, de l'orphelin. Cela permet ici à Rimbaud de dénoncer la misère, et notamment celle qui s'abat sur les enfants. Je vais lire le texte. Lecture Alors je propose donc d'avoir pour problématique de lecture la question suivante: Comment Rimbaud dénonce-t-il la misère dans ce poème? Nous verrons deux mouvements pour répondre à cette question. Le premier concerne les vers 1 à 15. Nous verrons que Rimbaud y forme la description d'une scène réaliste, qui repose sur le contraste entre les enfants et l'univers du boulanger. Nous verrons ensuite pour deuxième mouvement les vers 16 à 36, et là, il semble que le poète cherche à y exploiter le registre pathétique pour sans civiliser le lecteur à la misère des enfants. Je vais donc commencer le premier mouvement. J'ai donc l'occasion de dire que dans les premiers vers, Rimbaud fait la description d'une scène réaliste. Donc précisément, ce réalisme apparaît d'abord à travers la situation. On assiste en effet au travail quotidien du boulanger. On voit ici le thème par exemple du travail des artisans, on voit également la misère sociale qui correspond également à une réalité, on observe également le réalisme du vocabulaire, c'est-à-dire que Rimbaud va ici chercher des termes qui sont sans noblesse, des termes du quotidien comme : “leur cul en rond”, vers 3. On peut également évoquer le “fort bras blanc du boulanger qui tourne la pâte grise”. Il est également question du “gras sourire”. Donc on voit ici un vocabulaire pour lequel Rimbaud ne cherche pas à mettre de la réalité puisqu'elle la représente, elle représente en fait la misère. On voit que ce mot misère apparaît très tôt dans le texte à travers le cliché de l'enfant malheureux, qui ici apparaît à travers les “cinq petits”, regroupés dans la première strophe. Ce que l’on remarque, dans cette scène, c’est qu’aucune communication ne se fait entre les enfants et le boulanger et cela suggère fortement l'indifférence de la société pour la misère de ses enfants, et d'une certaine manière la banalité finalement de cette situation qui explique qu'on ne la perçoit plus, on ne réagit plus. On peut ensuite voir que cette scène réaliste est marquée par une opposition très nette, le monde des enfants s'oppose franchement à celui du boulanger, les enfants eux sont à l'extérieur, dehors, exposés donc au froid, il est question dès le vers 1 de la neige, de la brume, on sait également qu'il fait nuit puisqu'il est question au vers 16 du mot minuit, donc on a un indicateur temporel qui nous renvoie bien à la nuit. On a un contexte, enfin un paysage ici du côté des enfants qui est un paysage sinistre, un paysage lugubre marqué par des couleurs froides, le noir, le blanc de la neige, le gris de la brume. Donc on voit une atmosphère plutôt sinistre. A l'inverse, s'agissant de l'univers du boulanger, on observe au contraire l'importance de la lumière qui s'oppose à la brume dans laquelle sont plongés les enfants. On voit par exemple que dans les deux premiers vers le mot « s'allume » qui renvoie à la lumière du soupirail s'oppose au terme « brume » du vers 1. Les deux mots étant mis en l'abîme, cette opposition n'en est que plus forte. Ensuite la lumière apparaît avec l'insistance sur le soupirail, qui à chaque fois est associé à l'idée de lumière, le soupirail qui s'allume au vers 2, le soupirail rouge au vers 14. Le four est évoqué, lui, avec l'expression « un trou clair » au vers 9. Et par ailleurs, le boulanger, en plus de la lumière du four, il profite de la chaleur intense, et on peut aussi réagir à la comparaison que Rimbaud choisit au vers 15, toujours au sujet du soupirail, chaud comme un saint. Évidemment, cette comparaison prend une dimension symbolique, puisqu'elle souligne l'absence d'une mère, l'absence de chaleur maternelle auprès des enfants, et donc elle ne met que davantage en avant l'abandon de ses enfants. La boulangerie est aussi associée à des impressions de bien-être, de bonheur, de joie. On observe que le boulanger chante, chante un vieillard au vers 12, il sourit aussi d'un gras sourire au vers 11. Le texte suggère aussi l'idée d'abondance. On note les expressions choisies par Rimbaud, par exemple le lourd pain blond vers 6 qui suggère la densité de la pâte du pain, son caractère nutritif, le gras sourire du boulanger également renvoie à cette idée d'abondance. Donc on voit là qu'on a véritablement une scène réaliste qui met en évidence l'opposition entre les enfants et l'adulte, le boulanger. Je vais aborder le deuxième mouvement à partir du vers 16. Donc là, le poète cherche davantage à nous émouvoir afin de nous sensibiliser, et en l'occurrence, il cherche à nous faire ressentir de la compassion pour ses enfants. Il met en place des procédés qui renvoient donc au registre pathétique. D'abord, dans ce deuxième mouvement, on peut voir que Rimbaud cherche à mettre en valeur la fascination qu'ont les enfants pour le spectacle du pain. On note au vers 18 que précisément en plus de l'odeur du pain, il y a le spectacle visuel du pain puisqu'on sort le pain du four et là les enfants sont véritablement agglutinés au niveau du grillage du soupirail, on sait qu'ils s'y collent, ce que disent les vers 28 à 29, “collant leur petit museau rose au grillage”. On peut noter qu'ici, Rimbaud animalise pratiquement les personnages, en raison du terme museau, en raison également du terme grillage, qui renvoie presque à l'image d'une cage. Donc ici, il s'agit vraiment de souligner que les enfants, finalement, sont vraiment dans l'instinct pur ici, l'instinct presque de survie, ils ne sont plus animés que par leur faim et leur fascination pour le pain. Rimbaud met donc en avant cette fascination, parce que cette fascination est sans doute aussi animée par l'espoir des enfants de voir le boulanger lever les yeux vers eux et puis pouvoir manger eux aussi un peu de ce pain qu'ils ont sous les yeux. Cet espoir est évoqué au vers 23 par exemple, ils ont leur âme si ravie. On peut noter l'hyperbole « si ravis » qui
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