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Lecture linéaire Prologue, Notes de Français

Analyse linéaire bac de français session 2022

Typologie: Notes

2021/2022

Téléchargé le 17/06/2022

CGOF
CGOF 🇫🇷

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Télécharge Lecture linéaire Prologue et plus Notes au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Lecture linéaire Prologue de Juste la Fin du monde Jean- Luc Lagarce Introduction : Jean-Luc Lagarce : dramaturge et metteur en scène qui fait part de sa mort prochaine en communiquant sa séropositivité en 1988, il publie en 1990 Juste la Fin du monde où justement il est question du retour d’un fils pour annoncer sa mort. La scène étudiée est le prologue. Le prologue précède l’action de la pièce, normalement, c’est un narrateur qui le prononce au public mais ici dans l'œuvre c’est le personnage principal Louis qui fait part au public de son retour auprès de sa famille pour annoncer sa mort irrémédiable. Je vais vous démontrer en quoi ce prologue est-il original pour présenter le personnage principal et l’intrigue de la pièce. Nous commencerons par la présentation tragique du héros (ligne 1 à 18), puis l’annonce à sa famille ainsi que l’intrigue (l. 19 à 32) et pour finir l’acte et la parole irréelle (L33- 43 : fin). I. Présentation tragique du héros L1-4 → annonce mort prochaine : prolepse (anticiper le futur) ⇒ poids de la fatalité (L mourra) L2 et 4 → “j’allais mourir” et “je mourrai” : imparfait vs futur ⇒ incompréhension sur le temps. L2 → “à mon tour” : groupe prépositionnel ⇒ Allusion au Christ ( mort à l’âge de 33 ans). → Champs lexical du temps : “plus tard, l’année d’après” (L1); “ans” (L3) ; “maintenant” (L3); “de nombreux mois” (L6 et 8) : ⇒ embrouille le lecteur qui ne sait plus situer les évènements. A deux reprises : anaphores de temps - L1, 5, 9, 15 et 20 → “l’année d’après” ⇒ en lien avec la date de la mort de Louis ⇒ rappelle oppressant de la fatalité : obsession de la mort qui est le thème central du prologue ⇒ ton tragique. - L6 et 8 → “de nombreux mois” : renvoie au temps passé : nostalgie, consolidé par l’adverbe “déjà”. L6 → Il a “triché” : refus de la réalité au début, il a tenté de lutter, d’agir, de se persuader que tout allait bien ⇒ il en a fait un secret : personne n'est au courant. Il revient voir sa famille pour leur annoncer alors qu’il approche du stade final. L18 → Deux termes négatifs autour du mot “espoir” : “sans” et “jamais” ⇒ aucune chance de guérir. L16 et 19 → Cette fin de mouvement voit apparaître un retournement de situation avec la répétition de “malgré tout” ⇒ comme s’il restait encore une chose à faire, surtout à dire comme c’est le but de la pièce. Dès le début du prologue, Louis pose le décor, légèrement chaotique surtout qu’il est 1 encore jeune. L’omniprésence du thème de la mort, nous renvoie au tragique. Louis est happé dans sa crise existentielle. II. L’annonce à sa famille : révélation de l’action de la pièce L21 et 22 → Retour de Louis auprès des siens ↳ vu comme un geste égoïste avec les déterminants possessifs : “mes pas”, “mes traces” ; “les” : pronom ⇒ remplace Antoine son frère, Suzanne sa soeur, et sa mère ⇒ Louis promeut plus son geste d’aller les voir plutôt que d'appréhender la réaction de sa famille. L23-30 → explication de son retour par l’intermédiaire du CCBut “pour annoncer” ⇒ marque une pause, pour trouver le mot juste : il utilise l’épanorthose “avec soin, soin et précision” (L23), “pour annoncer, dire, seulement dire” (28-30) ⇒ montre l’importance des mots pour l’auteur, c’est l’enjeu même de la pièce : annoncer LA nouvelle à sa famille. L26 et 27 → question rhétorique : Louis n’est pas certain et pense à voix haute. Cela explique l’utilisation de CCManière “lentement” (L23 et 25), “avec soin” (L23), “calmement, d’une manière posée” (L25). L31 → La raison de sa venue est enfin prononcée ! après neuf lignes. ↳ “prochaine” et “irrémédiable” : adjectifs ⇒ Louis est lucide face à la situation. Ce second mouvement est très important puisque le personnage principal nous communique l’objectif de la pièce avec la révélation où il doit affronter sa famille qu’il n’a pas vu depuis des lustres, et aussi sur le jeu du langage avec cette obstination de trouver le mot parfait. III. Mise en avant de l’acte et parole illusoire → Champs lexical de la volonté : “j’ai toujours voulu, voulu et décidé” (L34) et “décider” (L37) ⇒ Louis à la fin de son monologue se contredit avec le Louis du début du prologue qui n’était que trop passif pour lui à présent. Louis veut pouvoir montrer qu’il est fort, qu’il peut encore résister et pouvoir décider mais le poids de la fatalité est trop fort ⇒ ce n’est qu’une illusion. → Champs lexical de l’illusion : “paraître” (L33 et 37), “illusion” (L41) ⇒ malgré tous les efforts fournis, rien ne changera. → Cependant il tente de contrer encore une dernière fois avec les derniers mots du prologue : “être responsable de moi-même” (L42) et “mon propre maître” (L43) ⇒ mots très forts malgré l’impuissance de la situation. 2 je serai moins encore, juste là à me reprocher les phrases que j’ai dites, à chercher à les retrouver avec exactitude, moins encore, moins encore, avec juste le ressentiment, le ressentiment contre moi-même. Louis ? LOUIS. — Oui ? ANTOINE. — J’ai fini. Je ne dirai plus rien. Seuls les imbéciles ou ceux-là, saisis par la peur, auraient pu en rire. LOUIS.— Je ne les ai pas entendus. Oh ! je fus comme fou… Oh ! je fus comme fou dans le premier moment, Hélas ! et je pleurai trois jours amèrement. Vous tous à qui Dieu prit votre chère espérance, Pères, mères, dont l'âme a souffert ma souffrance, Tout ce que j'éprouvais, l'avez-vous éprouvé ? Je voulais me briser le front sur le pavé ; Puis je me révoltais, et, par moments, terrible, Je fixais mes regards sur cette chose horrible, Et je n'y croyais pas, et je m'écriais : Non ! — Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom Qui font que dans le cœur le désespoir se lève ? — Il me semblait que tout n'était qu'un affreux rêve, Qu'elle ne pouvait pas m'avoir ainsi quitté, Que je l'entendais rire en la chambre à côté, Que c'était impossible enfin qu'elle fût morte, Et que j'allais la voir entrer par cette porte ! Oh ! que de fois j'ai dit : Silence ! elle a parlé ! Tenez ! voici le bruit de sa main sur la clé ! Attendez! elle vient ! laissez-moi, que j'écoute ! Car elle est quelque part dans la maison sans doute ! 5 Jersey, Marine-Terrace, 4 septembre 1852 Livre IV: Pauca Meae, Poème IV des Contemplations Extrait : Première partie, scène 3 [SUZANNE. –] Parfois, tu nous envoyais des lettres, parfois tu nous envoies des lettres, ce ne sont pas des lettres, qu’est-ce que c’est ? de petits mots, juste des petits mots, une ou deux phrases, rien, comment est-ce qu’on dit ? elliptiques. « Parfois, tu nous envoyais des lettres elliptiques. » Je pensais, lorsque tu es parti (ce que j’ai pensé lorsque tu es parti), lorsque j’étais enfant et lorsque tu nous as faussé compagnie (là que ça commence), je pensais que ton métier, ce que tu faisais ou allais faire dans la vie, ce que tu souhaitais faire dans la vie, je pensais que ton métier était d’écrire (serait d’écrire) ou que, de toute façon – et nous éprouvons les uns et les autres, ici, tu le sais, tu ne peux pas ne pas le savoir, une certaine forme d’admiration, c’est le terme exact, une certaine forme d’admiration pour toi à cause de ça –, ou que, de toute façon, si tu en avais la nécessité, si tu en éprouvais la nécessité, si tu en avais, soudain, l’obligation ou le désir, tu saurais écrire, te servir de ça pour te sortir d’un mauvais pas ou avancer plus encore. Mais jamais, nous concernant, 6 jamais tu ne te sers de cette possibilité, de ce don (on dit comme ça, c’est une sorte de don, je crois, tu ris) jamais, nous concernant, tu ne te sers de cette qualité – c’est le mot et un drôle de mot puisqu’il s’agit de toi – jamais tu ne te sers de cette qualité que tu possèdes, avec nous, pour nous. Tu ne nous en donnes pas la preuve, tu ne nous en juges pas dignes. C’est pour les autres. Ces petits mots – les phrases elliptiques – ces petits mots, ils sont toujours écrits au dos de cartes postales (nous en avons aujourd’hui une collection enviable) comme si tu voulais, de cette manière, toujours paraître être en vacances, je ne sais pas, je croyais cela, ou encore, comme si, par avance, tu voulais réduire la place que tu nous consacrerais et laisser à tous les regards les messages sans importance que tu nous adresses. « Je vais bien et j’espère qu’il en est de même pour vous.» 7
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