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Les Animaux, Exercices de Culture grecque-latine

4. Apocalypse et apocalypses. Sylvain Corbaz. Le mot « apocalypse » vient du grec et ... Le cavalier du cheval noir est autorisé à brandir le spectre de la.

Typologie: Exercices

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

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Henriette_90 🇫🇷

4.3

(51)

97 documents

Aperçu partiel du texte

Télécharge Les Animaux et plus Exercices au format PDF de Culture grecque-latine sur Docsity uniquement! 1 Camp Biblique Œcuménique Vaumarcus 2018 Les Animaux dans l'Apocalypse dans les chapitres 4 / 5 / 6 / 12 / 13 / 21 / 22 Dossier théologique 2 3 Illustrations de ce dossier… Certaines illustrations de ce dossier ont été créées spécialement pour lui, tels les dessins de Laure Jubran Cadoux ou de Bernard van Baalen. D'autres n'ont pas forcément de rapport avec le texte qu'elles accompagnent. Comme les quelques gags, elles sont là pour vous faire sourire… ou réfléchir autrement ! Les articles de ce dossier sont signés. Ils n'expriment pas tous la même manière de comprendre ni de penser, et peuvent parfois se questionner l'un l'autre : vos questions à vous sont à adresser aux auteurs, qui sont tous et toutes au camp ! Bernard van Baalen Jean de Patmos download l'Apocalypse. 4 5 Jean et les lettres de Jean. Cela signifie que ces textes proviennent probablement du même milieu, sans être forcément du même auteur. Ce Jean de Patmos incarne une figure qui ressemble aux prophètes de l’Ancien Testament : un homme engagé de toutes ses forces dans la destinée de sa communauté. Il écrit à sept Églises d’Asie mineure, mais symboliquement à l’ensemble des Églises. Apocalypse de Jésus-Christ L’Apocalypse, de par les premiers mots au début du livre, est « l’apocalypse de Jésus-Christ ». Ainsi, il ne s’agit pas de révéler la fin des temps mais de révéler Jé- sus-Christ. Ce livre est donc dans la continuité du Nouveau Testament : il annonce Jésus-Christ. Cette apocalypse est radicalement différente des écrits apocalyptiques juifs, car l’événement central, source d’espérance pour les chrétiens opprimés, n’est pas dans le futur, mais il a déjà eu lieu : c’est la mort et la résurrection de Jésus. L’Apoca- lypse, c’est le règne du « déjà là, pas encore fait ! » Si en apparence tout va mal, en fait le Christ est déjà vainqueur. Ainsi, l’Apoca- lypse est plus une exhortation, dans le présent des chrétiens, à ne pas attendre la suite les bras croisés, mais à se retrousser les manches en vivant et proclamant jusqu’à la mort que le mal est déjà vaincu. À propos d'animaux… C’est un fermier qui vit tout seul avec son chien dans une ferme isolée de la lande irlan- daise. Mais le chien est vieux, très vieux et, un jour, il meurt. Le fermier est bouleversé. Il va voir le prêtre du village et lui dit : – Mon père, mon chien est mort. Je n’avais que lui pour me tenir compagnie. C’était un chien foncièrement bon. Pourriez-vous dire une messe pour lui ? Le curé lui répond : – Hé non, malheureusement. Il nous est interdit de dire des messes pour les animaux. Mais il y a une chapelle protestante au bout de la rue, peut-être qu’avec un don ils accepteraient de faire quelque chose pour votre animal. Le fermier répond : – D’accord. Je vais essayer auprès d’eux. Vous pensez qu’un don de 5'000 euros suffirait ? Et le curé : – Doux Jésus ! Pourquoi ne pas m’avoir dit que votre chien était catholique ? (NB. Peut se raconter à l'inverse si on la situe sous d'autres cieux !) 6 7 Apocalypse 4,6-8 + 5,6-14 Traduction œcuménique de la Bible Les Vivants et l'Agneau 4 6Devant le trône, comme une mer limpide, semblable à du cristal. Au milieu du trône et l’entourant, quatre animaux couverts d’yeux par-devant et par-derrière. 7Le premier animal ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme une face humaine, et le quatrième semblait un aigle en plein vol. 8Les quatre animaux avaient chacun six ailes couvertes d’yeux tout autour et au-dedans. Ils ne cessent jour et nuit de proclamer : « Saint, saint, saint, le Seigneur, le Dieu tout-puissant, celui qui était, qui est et qui vient ! » 5 6Alors je vis : au milieu du trône et des quatre animaux, au milieu des anciens, un agneau se dressait, qui semblait immolé. Il avait sept cornes et sept yeux qui sont les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre. 7Il s’avança pour recevoir le livre de la main droite de celui qui siège sur le trône. 8Et, quand il eut reçu le livre, les quatre animaux et les vingt- quatre anciens se prosternèrent devant l’agneau. Chacun tenait une harpe et des coupes d’or pleines de parfum, qui sont les prières des saints. 9Ils chantaient un cantique nouveau : « Tu es digne de recevoir le livre et d’en rompre les sceaux, car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu, par ton sang, des hommes de toute tribu, langue, peuple et nation. 10Tu en as fait, pour notre Dieu, un royaume et des prêtres, et ils régneront sur la terre. » 11Alors je vis : Et j’entendis la voix d’anges nombreux autour du trône, des animaux et des anciens. Leur nombre était myriades de myriades et milliers de milliers. 12Ils proclamaient d’une voix forte : « Il est digne, l’agneau immolé, de recevoir puissance, richesse, sagesse, force, honneur, gloire et louange. » 13Et toute créature au ciel, sur terre, sous terre et sur mer, tous les êtres qui s’y trouvent, je les entendis proclamer : « À celui qui siège sur le trône et à l’agneau, louange, honneur, gloire et pouvoir pour les siècles des siècles. 14Et les quatre animaux disaient : « Amen ! » Et les anciens se prosternèrent et adorèrent. LUNDI 6 7 10 11 10 11 Commentaire sur Apocalypse 6,1-8 – À cheval ! Bruno Sartoretti En avant-première, lisons le verset 1 du chapitre 5 : « Et je vis, dans la main droite de celui qui siège sur le trône, un livre écrit au-dedans et au-dehors, scellé de sept sceaux. » Ainsi, l’agneau tient un livre qui est fermé par sept liens retenus par des tampons de cire (les sceaux). Il peut s’agir du livre qui contient le dessein de Dieu, un livre scellé comme un testament, ou il peut s'agir de l’Ancienne Alliance dont le Christ est la révélation et la réalisation ; d’où l’écriture à l’intérieur, l’Ancien Testa- ment et à l’extérieur, le Nouveau Testament. Après l’ouverture des quatre premiers sceaux, des chevaux et des cavaliers s’élancent vers la terre pour exécuter des jugements divins. L’Écriture associe très souvent le cheval à la guerre. Apocalypse 6,1-8 décrit le terrible affrontement terrestre entre les forces du bien et celles du mal. C’est aussi l’affrontement de notre combat intérieur. Les événements d’Apocalypse 6 s’apparentent étroitement à la prophétie de Jésus en Matthieu 24. Sur le mont des Oliviers, le Fils de Dieu a prédit des événements qui deviendront pour Jean l’objet d’une nouvelle révélation plus détaillée, le paral- lèle peut s’établir comme suit : Matthieu 24,5 Apocalypse 6,1-2 séduction cheval blanc Matthieu 24,6-7 Apocalypse 6,3-4 guerres cheval rouge Matthieu 24,7 Apocalypse 6,5-6 famines cheval noir Matthieu 24,7-9 Apocalypse 6,7-8 mortalité cheval blême, verdâtre Matthieu 24 [5] « Car beaucoup viendront en prenant mon nom ; ils diront : "C'est moi, le Messie ", et ils égareront bien des gens. » [6] « Vous allez entendre parler de guerres et de rumeurs de guerre. Attention ! Ne vous alarmez pas : il faut que cela arrive, mais ce n'est pas encore la fin. » [7] « Car on se dressera nation contre nation et royaume contre royaume ; il y aura en divers endroits des famines et des tremblements de terre. » [8] « Et tout cela sera le commencement des douleurs de l'enfantement. » [9] « Alors on vous livrera à la détresse, on vous tuera, vous serez haïs de tous les païens à cause de mon nom. » Premier sceau Apparaît un cheval blanc ! Certains exégètes ont comparé ce cheval blanc à celui d’Apocalypse 19,11 « Alors je vis le ciel ouvert : c’était un cheval blanc, celui qui le monte se nomme Fidèle et Véritable… » ; de ce fait, ils ont cru pouvoir identifier ce premier cavalier au Christ. Il n’en est rien. Le Christ ne saurait être à la fois l’« Agneau » et le « cavalier du cheval blanc ». C’est pourquoi, le cavalier blanc re- 12 13 présente la séduction satanique dans toute sa perfidie. Dans l’Écriture, le blanc est symbole de pureté. Or, le diable veut toujours persuader ses victimes de la pureté de ses intentions. La séduction est son arme favorite, et il imite tout ce qui est divin. Lui-même se déguise en ange de lumière (Luci/lumière-fer/porteur) pour mieux séduire les hommes. Jésus a prévenu ses disciples de ce que la séduction précédera tous les autres signes des temps de la fin : «…plusieurs viendront sous mon nom, disant : c’est moi qui suis le Christ » (Matthieu 24,4-5). Deuxième sceau Avec l’ouverture du deuxième sceau, la paix est enlevée de la terre qui est livrée à de sanglants conflits. Les hommes s’entre-tuent. La couleur rouge du deuxième cheval parle de sang et de guerres dévastatrices. Les horribles carnages évoqués en maints passages prophétiques deviendront réalité, en particulier : « Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume (deuxième sceau), et il y aura, en divers lieux, des famines (troisième sceau), et des tremblements de terre (sixième sceau) » (Matthieu 24,6-7). Troisième sceau Après le cheval roux, le cheval noir. Le spectre noir de la famine apparaît donc. La guerre engendre souvent la famine. Le problème de la faim, loin de disparaître, ira en s’accentuant. Le cavalier du cheval noir est autorisé à brandir le spectre de la disette, symbolisé par la balance. Quant au denier, aux mesures, et autres aliments, il faut savoir qu’au temps de l’apôtre Jean, le denier représentait le salaire d’une journée de travail, et permettait l’achat de huit mesures de farine, ou de vingt-quatre mesures d’orge ; mais lorsque la famine universelle surviendra, le rationnement n’accordera à l’individu que le huitième de la portion normale. Si l’huile et le vin, abondant dans la Palestine, ne sont pas touchés, c’est soit pour souligner le caractère tragique de la situation, soit parce que Dieu préserve les remèdes servant au soulagement des plaies (Luc 10,34). Quatrième sceau Voici le cheval de couleur verdâtre (grec chloros, de chloe = « herbe tendre »), ou « pâle » selon certaines versions, parce qu’en grec l’adjectif chloros décrit aussi la pâleur du visage d’un mourant. La mort et le séjour des morts accompagnent ce cavalier. Le quart de l’humanité succombera. Il est des « bêtes sauvages » infini- ment plus féroces que le lion : les virus, les épidémies, les bactéries. Et il y a encore d’autres bêtes féroces : l’homme est un loup pour l’homme ! Et pourtant ! Et pourtant, tout cela ne mènera pas à la destruction totale, car l’agneau nous guide dans ce texte. Allez donc voir les chapitres 20 à 22 ! 14 15 Commentaire sur Apocalypse 12,1-18 Bernard van Baalen Le septième ange a fait sonner sa trompette (11,19) : « Et le temple de Dieu dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’alliance apparut dans son temple. Alors il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, un tremblement de terre et une forte grêle. » Verset 1 La « femme » qui apparaît ici a été très vite identifiée à la « mère de Jésus », voir « mère de Dieu » dans un raccourci théologique qui échappe à toute logique contemporaine. La mention de l'Arche de l'Alliance à la fin du chapitre pré- cédent se réfère aux Stèles des Dix Paroles qui sont les règles de vie fondamentales. C'est la « jeune femme » dont parle Esaïe (7,14) qui surgit dans le texte, une rémi- niscence de celle qui est peut-être l'épouse du roi Achaz, femme qui va engendrer un fils pour supplanter le roi désobéissant. Le rayonnement du Soleil éclaire le monde, les douze étoiles sont aussi les douze tribus, voir les douze Églises originelles. Verset 2 Si la femme est une référence à « l’Église », elle souffre des douleurs de l'enfantement, comme le soulignent les « lettres aux Églises ». Ces communautés locales sont en voie d'organisation. Elles sont soumises à des tensions spirituelles et idéologiques, tentées de s'inscrire dans « l'air du temps », pour s'acclimater à la culture judo-hellénistique dans laquelle vivent les chrétiens du premier siècle. Verset 3a La tradition a identifié divers royaumes et leurs subdivisions au cours des siècles, mais le « grand Dragon Rouge » c'est, à l'époque, l'Empire Romain et toutes ses armées qui dominent le bassin Méditerranéen. La toge pourpre est celle de l'Empereur. Verset 3b Le livre de Daniel décrit les « Bêtes à dix cornes », des monstres de légende qui se retrouvent, sous formes variées (souvent un dragon ou un serpent à sept têtes) dans de nombreuses traditions mythologiques . Le nombre de cornes est proportionnel à la puissance, généralement maléfique, du point de vue du conteur. Lorsqu'une tête est tranchée, elle repousse en un ou plusieurs exemplaires1. 1.Par exemple l'Hydre de Lerne (combattue par Hercule dans la mythologie grecque) : le monstre, au corps de chien ou de serpent, avait de multiples têtes. Cinq ou neuf selon les uns, cent, selon d'autres. Parmi ces têtes l'une était immortelle. Quant aux autres têtes, chaque fois que l'on coupait l'une d'entre elles il en repoussait plusieurs. La bête à sept têtes figure dans la mythologie hindoue (le nâga), la mythologie libyque (la Talafsa), la mythologie basque (Herensugue), ainsi que dans des contes populaires en Afrique du Nord, Europe et Canada, etc. 16 17 La femme figure également Eve, quand elle est confrontée au Serpent Diviseur, le Satan de la Genèse. Le Psaume 2 (7-9) est en référence : « Le Seigneur m'a dit : '' Tu es mon fils, Moi aujourd'hui je t'ai engendré ... je te donne en propriété les extrémités de la terre, tu les écraseras avec un sceptre de fer '' » Verset 4 Hérode a menacé l'enfant Jésus, Pilate a demandé à Jésus s'il était « roi » et finalement le fait crucifier. C'est une autre manière de « dévorer » le message des Évangiles. Verset 5 Le Royaume est annoncé avec le Messie, identifié à Jésus. Mais là encore il y a confusion : ce n'est pas de ce genre de Royaume mené avec la verge de fer dont il s'agira, mais de celui qui sera mené de la proximité de Dieu. La dernière phrase du verset 5 évoque en un éclair la vie de Jésus de sa naissance à l'Ascension. Verset 6 S'agit-il de la « fuite en Égypte » (Matthieu 2,13-15) pour l'identification à Marie, où le désert est l'espace de la mise à l'épreuve ? Dans le contexte historique cela peut aussi évoquer le désert des catacombes, quand les chrétiens se feront plus discrets pour échapper à la persécution, et pourtant, ils renforceront leurs convic- tions pour garder le « message ». Job 1,6 : Le jour advint où les Fils de Dieu se rendaient à l’audience du SEIGNEUR. L’Adversaire vint aussi parmi eux.7 Le SEIGNEUR dit à l’Adversaire : « D’où viens- tu ? » — « De parcourir la terre, répondit-il, et d’y rôder. »8 Et le SEIGNEUR lui demanda : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’a pas son pareil sur terre. C’est un homme intègre et droit qui craint Dieu et s’écarte du mal »... (à la cour de Dieu il n'y a pas que des anges !). Daniel 12,1 : En ce temps-là se lèvera Mickaël, le grand chef, le défenseur des enfants de ton peuple ; et ce sera une époque de détresse, telle qu'il n'y en a point eu de sem- blable depuis que les nations existent jusqu'à cette époque. En ce temps-là, ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le livre seront sauvés. Attention : Il ne s'agit pas de la « Prédestination » qui a empoisonné les théologiens de la Réforme. C'est en suivant les préceptes offerts par Jésus que vous serez ins- crits... pas à votre naissance ! Verset 7 Les escadrilles divines2 : Michel, le traditionnel défenseur d'Israël va combattre avec ses anges le dragon et les siens qui seront évacués du ciel au ver- set 8. Verset 9 C'est le combat traditionnel contre le diviseur-séducteur qui aspire à diri- ger le « monde ». Ces combats sont inévitables, mais ne conduisent à rien. 2. Voir la note spéciale sur les anges. 16 17 Verset 10 La voix divine proclame le triomphe du « salut » : si vous acceptez la « loi divine » et les paroles du Christ Jésus, la justice divine se manifeste, la vérité vaincra, anéantira les accusateurs. Verset 12 La référence au sacrifice pascal, au rituel du « bouc émissaire », et la parole dont ils ont rendu témoignage, met en évidence l'exemple des martyrs qui, comme Jésus, ont risqué leur vie pour leurs convictions. Ils ont résisté et ne se sont pas laissé tenter par le diable et ses divisions. Ils ont le ciel pour promesse. Verset 13 Il est difficile d'échapper au dragon précipité sur la terre. Il se met aus- sitôt à la poursuite de la femme dans le désert. Verset 14a L'« aigle » est une référence au livre du Deutéronome (32,11) : « Pareil à l'aigle qui éveille sa couvée, Voltige sur ses petits, déploie ses ailes, les prend, les porte sur ses plumes »3. Verset 14b Le « temps » et sa « moitié » évoquent Daniel (7,25 et 12,7) et fait allusion aux temps liturgiques... donc à une certaine durée. Quarante-deux mois correspondent à la durée qui a séparé la profanation du Temple par Antiochus Epi- phane IV en 167 av. JC de sa purification en décembre 164. Par la suite, cette durée indiquera une période de calamités : trois ans et demi sont donc la moitié d'un temps (sept ans, c'est un temps entier, divin). Verset 15 Ce sont les crues dévastatrices qui sont évoquées par l'expérience com- mune... Verset 16 Dans le livre des Nombres (16,30-32) la terre ouvre sa bouche et en- gloutit les rebelles qui mettaient en cause l'autorité de Moïse, le chef que Dieu avait donné au peuple pour le mener au désert. Verset 17 Comme le dragon ne peut plus rien contre la « femme », il va s'en prendre à sa descendance, ceux qui gardent le témoignage de Jésus. Verset 18 Pour le dragon, il suffit d'attendre sur le sable de la plage... Les adeptes de Jésus finiront par se calmer... ou par se renforcer, c'est à vous de voir... au cha- pitre 13 ! 3. Le Tallith, châle de prière porté par les juifs à la Synago- gue, est aussi considéré comme les ailes de l'aigle qui porte son peuple et le protège des « intempéries de l'époque » et autres persécutions. Pour la communauté juive expulsée de son temple, la protection du Tallith est sa garantie au « dé- sert ». 20 21 Commentaire sur Apocalypse 13,1-18 Le mal incarné Alice Corbaz Le chapitre 13 du livre de l’Apocalypse met en scène une bête de la mer et une bête de la terre, les deux « sbires » du dragon/le diable (Apocalypse 12,9) : deux êtres monstrueux, images des puissances malfaisantes en jeu dans le monde des hu- mains, selon l’auteur de l’Apocalypse. La hiérarchie est bien définie entre le dragon et les deux bêtes : le dragon, précipité sur terre (12,13), confère son pouvoir à la bête de la mer (13,2) et la bête de la terre exerce le pouvoir de la bête de la mer (13,12). 13,1 : Le dragon et la bête sont très semblables, bien que différents : ils ont chacun sept têtes et dix cornes, mais le nombres de diadèmes est différent, ainsi que leur position : sept diadèmes posés sur ses têtes (donc au centre) pour le dragon, alors que la bête en a dix sur ses cornes (donc de côté). Il est difficile de savoir exacte- ment ce que représentent ces têtes, cornes et diadèmes, et de connaître le sens de leur nombre, mais l’on peut imaginer que sept est un chiffre plus important (chiffre de la perfection) que dix, et que les diadèmes posés au centre marquent une puis- sance plus grande que ceux posés sur les côtés. 13,2 : La bête de la mer a une apparence monstrueuse, mélange de léopard, d'ours et de lion, ce qui rappelle les bêtes dans le livre de Daniel, au chapitre 7. Mais la bête de la mer est encore plus effrayante, car elle est toutes ces bêtes en même temps ! 13,2b-7 : Nous voyons davantage encore dans ces versets que la bête de la mer reçoit toute sa puissance du dragon et n’est pas du tout autonome. Mais surtout, il y a dans ce passage une imitation opposée entre « Dieu-Le Christ » et le « dra- gon-la bête de la mer ». Le dragon, une fois précipité sur terre (c'est-à-dire dans le domaine d’action des humains) agit par la bête, tout comme Dieu s’est manifesté dans le monde par le Christ. Plus encore, la bête de la mer est blessée à mort, puis guérie, acte miraculeux qui, sans aller jusqu’à la mort et la résurrection du Christ, en est une caricature. Néanmoins, contrairement à la bête de la mer, le Christ n’est pas une marionnette de Dieu. 13,5 : Le pouvoir de la bête (et donc du dragon) reste malgré tout limité dans le temps (quarante-deux mois). Cette limite ne peut venir que de Dieu, ce qui montre que celui-ci garde malgré tout un contrôle sur la situation (et l’on peut se demander pourquoi ce contrôle n’est pas plus important !) 13,6.8.10 : La dualité de l’auteur de l’Apocalypse est très simple : les êtres humains sont divisés en deux catégories, « ceux dont la demeure est dans le ciel » (Apoca- lypse 13,6) et « ceux dont le nom n’est pas écrit dans le livre de la vie » (Apoca- 20 21 lypse 13,8). Cette dualité va même plus loin avec le verset 10, puisqu’il est question de prédestination et du martyr des chrétiens persécutés. Pour Jean de Patmos, cette dualité très claire est une manière d’avertir les êtres humains, pour qu’ils ne se laissent pas aller à croire qu’il n’y a pas là un véritable combat entre les forces du bien et du mal, entre Dieu-Le Christ et le dragon-la bête de la mer. 13,9 : L’insert de cette parole, déjà bien présente dans les lettres aux Églises (Apo- calypse 2-3) mais également dans les Évangiles (Matthieu 11,15 notamment), est une manière pour l’auteur de ramener l’attention du lecteur (ou auditeur) à ce qui est dit et à son importance. 13,11-12 : Apparaît dans la scène la bête de la terre, qui a elle aussi des attributs monstrueux, mais moins impressionnants que ceux des deux autres. Cela montre également sa soumission, en particulier à la bête de la mer, puisqu’elle ne fait qu’exercer son pouvoir « sous son regard ». 13,13-15 : La bête de la terre accomplit de nombreux prodiges sur terre, auprès des humains, afin de les séduire. L’image en l’honneur de la bête (de la mer), qui va même être animée au point d’être adorée, n’est pas sans faire penser à l’adoration de l’image de l’empereur romain. Ainsi, l’on peut comprendre que pour l’auteur de l’Apocalypse, nous sommes encore descendus d’un étage dans les pouvoirs du mal en action dans le monde : le dragon est la puissance du mal suprême (le diable), la bête de la mer représente ses commanditaires sur terre (probablement les diri- geants politiques, et plus particulièrement l’empereur romain), et la bête de la terre figure ceux qui font respecter son pouvoir auprès de tous. 13,16-17 : Les êtres humains sont forcés d’inscrire le nom de la bête sur leur front ou leur main, pour marquer ainsi leur soumission et leur appartenance à la bête, et donc au dragon (en Apocalypse 14,1, c’est le nom de l’agneau qui marque l’ap- partenance à Dieu). Sans cela, ils seront sans aucun pouvoir dans le monde des humains : privé des possibilités d’achat et de vente, l’on est, de fait, placé au ban de la société. 13,18 : Tout comme en Apocalypse 13,9, il s’agit là d’une parole pour rendre le public attentif à ce qui va suivre : l’auteur révèle l’identité de la bête, par le chiffre qui le représente, 666. Il existe de nombreuses explications de ce chiffre, mais la plupart des exégètes s’accordent pour dire qu’il renvoie à César, c'est-à-dire l’empe- reur Néron. En tous les cas, le 6 (7 - 1) représente l’imperfection, et donc ce chiffre est décidément humain et non divin. 22 23 VENDREDI Apocalypse 21,9-27 + 22,1-5 La cité céleste et l'agneau 21 9Alors l’un des sept anges qui tenaient les sept coupes pleines des sept derniers fléaux vint m’adresser la parole et me dit : « Viens, je te montrerai la fiancée, l’épouse de l’agneau. » 10Il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu. 11Elle brillait de la gloire même de Dieu. Son éclat rappelait une pierre précieuse, comme une pierre d’un jaspe cristallin. 12Elle avait d’épais et hauts remparts. Elle avait douze portes et, aux portes, douze anges et des noms inscrits : les noms des douze tribus des fils d’Israël. 13À l’orient trois portes, au nord trois portes, au midi trois portes et à l’occident trois portes. 14Les remparts de la cité avaient douze assises, et sur elles les douze noms des douze apôtres de l’agneau. 15Celui qui me parlait tenait une mesure, un roseau d’or, pour mesurer la cité, ses portes et ses remparts. 16La cité était carrée : sa longueur égalait sa largeur. Il la mesura au roseau, elle comptait douze mille stades : la longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales. 17Il mesura les remparts, ils comptaient cent quarante-quatre coudées, mesure humaine que l’ange utilisait. 18Les matériaux de ses remparts étaient de jaspe, et la cité était d’un or pur semblable au pur cristal. 19Les assises des remparts de la cité s’ornaient de pierres précieuses de toute sorte. La première assise était de jaspe, la deuxième de saphir, la troisième de calcédoine, la quatrième d’émeraude, 20la cinquième de sardoine, la sixième de cornaline, la septième de chrysolithe, la huitième de béryl, la neuvième de topaze, la dixième de chrysoprase, la onzième d’hyacinthe, la douzième d’améthyste. 21Les douze portes étaient douze perles. 24 25 Commentaire sur Apocalypse 21,9 - 22,5 L'agneau dans la ville Laure Jubran Cadoux Dans ce passage empli de détails brillants, on ne sait plus où tourner ses regards tellement il y a de choses à remarquer. Mais le lien entre toutes les parts du récit est clairement… la lumière ! Toute la première partie de notre texte (Apocalypse 21,9 jusqu’à la fin du chapitre 21) décrit la Jérusalem nouvelle qui « descend » sur terre pour prendre place parmi nous. Dès le départ, la ville est décrite comme la « fiancée, l’épouse de l’agneau ». La nouvelle Jérusalem a donc un lien intime avec l’animal le plus important du livre de l’Apocalypse. Et afin d’être digne de son fiancé, la ville est décrite comme un écrin parfait pour la présence divine et l’agneau. Elle a des dimensions parfaites, décrites par le nombre douze, nombre qui représente la perfection divine dans la création. Les deux détails architecturaux dont on parle plus précisément sont les portes et les assises des remparts. Les portes sont nommées d’après les douze tribus d’Israël alors que les assises des remparts portent les noms des apôtres de l’agneau. Donc la Jérusalem nouvelle est construite grâce à l’héritage des hommes de foi de l’an- cienne et de la nouvelle alliance. Ses différentes parties sont recouvertes de matériaux qui reflètent la gloire divine (21,11). Toutes les pierres précieuses qui recouvrent les assises des remparts et qui sont nommées dans le texte ont des couleurs différentes, mais leur attribut princi- pal est de réfléchir la lumière et, dans ce cas précis, la lumière divine. De même, les portes, faites chacune d’une seule perle, réfléchissent la lumière divine. L’or est également mentionné plusieurs fois. C’est le métal qui représente Dieu par excellence, car l’or est un métal qui ne ternit pas, et qui peut donc toujours refléter la lumière divine. L’or est un des cadeaux des mages à l’enfant Jésus. La description de la ville tout entière rappelle les descriptions du temple dans l’An- cien Testament. Et de manière plus particulière, la description de la vision du temple dans le livre d’Ézéchiel à partir du chapitre 40. Mais la différence majeure est que, dans notre texte, on parle de la ville toute entière, et les matériaux utilisés sont d’une richesse inconcevable. Ici, nous avons des pierres précieuses et de l’or, alors que les descriptions du Temple parlaient surtout de bois précieux et de métaux. 26 27 La ville entière devient un Saint des Saints dans lequel tous les humains peuvent entrer (les portes restent ouvertes) et être dans la présence divine. Et d’ailleurs il nous est dit au verset 23 que Dieu lui-même et l’agneau qui l’accompagne rempla- cent le Temple. L’agneau est toujours présent à côté de Dieu. Il est décrit comme le « flambeau » de Dieu qui illumine la ville (21,23), il siège sur le trône avec Dieu (22,1 + 22,3). L’agneau représente « clairement » le Christ. D’ailleurs, Jésus a dit : « Je suis la lumière du monde » (Jean 8,12). La présence de Dieu et de l’agneau illumine tout par sa gloire, à tel point que les ténèbres ne peuvent subsister et, de fait, la nuit disparaît ! Même les astres cé- lestes n’ont plus aucune utilité devant la présence de la lumière divine (réalisation de la promesse donnée en Ésaïe 60,19). Cette dernière explication peut être vue comme une simple précision, mais elle est aussi une explication spirituelle. Dans l’antiquité, le culte des astres était très présent, et les croyants pouvaient être tentés d’adresser leurs prières au soleil ou à la lune plutôt qu’à Dieu. Mais lorsque ces astres perdent leur utilité, alors la puissance et la majesté de Dieu sont vraiment manifestées et même la tentation de l’idolâtrie n’a plus de sens. Au début du chapitre 22 (v. 1-2), la présence de Dieu et de l’agneau est la source du fleuve qui coule et donne la vie. Cette image est également empruntée au livre du prophète Ézéchiel au chapitre 47 (versets 1 à 12). Mais pour le prophète, l’eau vive sortait du Temple dans lequel se trouvait la présence de Dieu. Le prophète sait que la présence divine est dans le temple mais il ne voit pas Dieu, car dans l’Ancien Testament, personne ne peut voir Dieu en face sans mourir. Dans notre texte, l’eau jaillit directement « du trône de Dieu et de l’agneau », et celui qui a la vision est en face de Dieu et de l’agneau ! Cet accès à Dieu est un changement majeur avec les textes de l’Ancien Testament ! Dieu et l’agneau sont au milieu de la cité et don- nent lumière et eau vive à tous ! Et on peut finalement « voir son visage » (22,4). Cette présence immédiate au milieu des gens est rendue possible par la présence de l’agneau ou autrement dit du Christ qui, par son incarnation, a complètement ren- versé la manière dont les hommes peuvent avoir accès à Dieu. Grâce à la venue de Jésus dans le monde, les hommes peuvent désormais se tenir face à face avec Dieu. C’est donc l’agneau qui, par sa présence humble à côté de Dieu, permet qu’il n’y ait plus de Temple, que les portes de la ville soient ouvertes en permanence et que la lumière divine illumine tout, au point que la nuit n’existe plus. À propos d'animaux… Deux souris voient passer une chauve-souris... - Regarde, un ange !!! 26 27 Alpha et Ôméga… Eurêka ? Fabien Moulin La toute fin du dernier livre de la Bible évoque la vision d’une Terre nouvelle et d’un Ciel nouveau. Ceci me fait penser aux tout premiers chapitres de la Bible, en Genèse 1 et 2. D’ailleurs, Celui qui est assis sur le trône ne proclame-t-il pas qu’il est l’Alpha et l’Ôméga, le commencement et la fin (Apocalypse 21,6) ? Oui, ce texte final répond donc bien à celui des commencements. Pas étonnant, dès lors, que de nombreux symboles se retrouvent des deux côtés ! Dieu, la lumière, la parole, les éléments que sont l’eau, l’air et la terre, l’arbre de vie, et puis les animaux, bien sûr ! Tout le monde sait, depuis Galilée, que la Terre n’est pas le centre de l’univers et que les « luminaires » que sont le Soleil et la Lune ne sont pas fixés au firmament. De même, les grandes tribulations cosmiques annoncées dans le Livre de l’Apoca- lypse ne se sont encore jamais produites ! Combien de fois nous a-t-on annoncé la fin du monde sans qu’elle arrive jamais ? Une posture critique vis-à-vis du contenu de ces deux livres, pris au premier degré, semble confirmer les observations de la science et les intuitions du bon sens : ces livres doivent vouloir nous dire autre chose ! « Pour faire un Homme, mon Dieu que c’est long ! », dit une chanson d’Hugues Aufray. Dans son ouvrage L’Homme clés en mains, Yves Louyot propose de lire le livre de la Genèse comme un mode d’emploi pédagogique, pour favoriser la crois- sance humaine : cette terre, ce ciel et tous leurs habitants, créés par Dieu en sept jours, seraient une métaphore du cheminement et des étapes nécessaires à modeler l’humain en chacune et chacun de nous… Lors de ma dernière rencontre avec lui en octobre dernier, quelques jours avant son décès, je lui parlais de ma difficulté à entrer dans le texte de l’Apocalypse, autour de la figure des animaux. Et lui de me suggérer de les considérer pareillement à ceux du jardin d’Eden... Qu’est-ce qu’un animal, en effet, sinon une fabuleuse expression d’énergie de vie, ramassée dans un corps, dans une population, occupant une niche écologique par- ticulière, répondant à une mission précise pour permettre l’équilibre de notre pla- nète ? Ce qui fait la particularité des animaux, c’est qu’ils évoluent dans des envi- ronnements spécifiques : les poissons et monstres marins dans les eaux profondes, les insectes et mammifères sur la terre ferme, les oiseaux dans le ciel. Leur évoca- tion, dans le livre de l’Apocalypse, leurs combats, leurs évolutions suggèrent que toutes les dimensions de l’humanité sont concernées par la révélation : le monde instinctif des pulsions et intuitions sourdes qui agitent notre monde avec la force parfois monstrueuse des dragons, la fulgurance des idées et de l’esprit humain qui déploie sa beauté avec la précision de l’aigle et la splendeur de l’oiseau-lyre, l’expérience concrète, patiemment accumulée par des siècles de travail et de tech- 30 31 Cheval Apocalypse 6,2 ; 6,4 ; 6,5 ; 6,8 ; 9,7 ; 9,17 ; 19.11 ; 19,14. Nom : je n’apparais pas à la Genèse, mais dans l’Exode. Je suis étalon, hongre, cheval. Adresse : je vis dans les plaines, dans les prés, mais aussi dans des maisons faites pour moi près des habitations des hommes. Caractéristiques : - Je suis souvent associé à la guerre, au combat et aux chars. - Je suis symbole de force et de vigueur. - J’ai emmené Élie dans les cieux et je viens du livre scellé pour porter les cava- liers avec leur lot de malheur. Dragon Apocalypse 12,3 ; 12,7 ; 12,13 ; 13,2 ; 13,11. Nom : Qqu’on me nomme dragon, béhémoth ou léviathan, toujours je suis la « bête », griffue, cornue et dentue ! Adresse : je hante les quatre éléments : l’eau, la terre, l’air et le feu. Mais je vis surtout dans les songes et les visions de certains rois, sages ou prophètes. Caractéristiques : - Lire Job 41,10-13. - En fait, je suis le mal fait bête… le mal en général, mais aussi les hommes bien réels qui persécutent les Hébreux puis les chrétiens. Grenouilles Apocalypse 16,13. Nom : grenouilles, nous sommes toujours en nombre. Parfois on nous qualifie simplement de bêtes. Adresse : nous vivons aussi bien dans l’eau que sur la terre. Nous sommes enva- hissantes au point qu’on dit de nous que nous infestons la terre. Caractéristiques : - Nous symbolisons l’invasion, la plaie, la maladie, l’infection. - Je suis aussi symbole de résurrection grâce à mes métamorphoses. - Mon cri est parfois pris pour le tonnerre. Lion Apocalypse 4,7 ; 5,5 ; 9,8 ; 10,3 ; 13,1. Nom : le simple son de mon nom suffit à faire trembler les voyageurs et les gardiens de troupeau. 30 31 Adresse : j’habite les forêts et les fourrés des rives du Jourdain, les détours des chemins, les tanières retirées et, parfois, les arènes. Caractéristiques : - Dans la Bible, mon visage est double. Moi, le roi des animaux, je suis à la fois craint et vénéré. D’ailleurs, le prophète Amos compare la parole de Dieu à mon rugissement (Amos 3,8). - Par ma noblesse, j’incarne la gloire de Dieu… mais aussi sa puissance et sa colère : dans le livre des Rois, Dieu m’envoie même déchirer celui qui a été rebelle. - Dans l’Ancien Testament, j’exprime la férocité, la violence qui déchire sa proie. Dans le livre de Daniel (Dn 6), le prophète, jeté parmi nous, est l’image du croyant, du juste que Dieu protège de mes crocs. Dieu présent, ma violence est apaisée. Oiseaux Apocalypse 19,17. Nom : le battement de nos ailes se fait entendre dans la Bible sous une multitude de noms : la colombe de Noé, le corbeau d’Elie, le coq de Pierre, les aigles, les vautours, le passereau et l’hirondelle, le moineau, la cigogne… pour ne citer que ceux-là. Adresse : dans les cieux, sur les branches, au-dessus et au milieu des hommes. Caractéristiques : - Nous sommes souvent cités dans les textes les plus poétiques de la Bible, par exemple dans le livre de Job ou les Psaumes. - Les hommes aiment bien se comparer à nous, tant nous leur sommes fami- liers. - Nous symbolisons leur désir d’envol vers Dieu. Mais aussi, la tristesse du hibou du désert ; la confiance, l’amour, la foi à l’image de l’hirondelle ou de la colombe. Dieu prend soin des créatures les plus fragiles comme Il prend soin de nous. Dieu est aussi un peu maman poule ! Sauterelles Apocalypse 9,3. Nom : nous sommes les bestioles qui stridulent ou qui mordent. Adresse : nous rampons sur le sol sec, dans la terre ou la boue. Nous grouillons dans l’herbe et sur l’écorce des arbres. Nous voltigeons au milieu des fleurs, dans les habitations des hommes et sur le pelage des animaux… Notre maison est partout, et partout nous nous posons. 32 33 Caractéristiques : - Les hommes tiennent en horreur nos nuées et nos essaims. - Nous symbolisons la malédiction de Dieu. Nous sommes un fléau, une mala- die, un cauchemar… Nous dévastons les cultures et les récoltes. Serpent Apocalypse 9,19 ; 12,9 ; 12,14 ; 20,2. Nom : dans la Bible, on m’appelle le serpent, la vipère, l’aspic, le cobra. Adresse : le jardin d’Eden, le désert du Sinaï et partout où je peux me faufiler entre les roches et glisser sur le sol. Caractéristiques : - J’ai mauvaise réputation, pourtant je suis double : on m’accuse d’être une bête rampante, fourbe, fausse, on me reproche d’être un prédateur à sang froid qui représente le mal et le démon. Mais je peux aussi incarner la puissance de Dieu, entre les mains de Moïse. - Ma peau mue, tombe et renaît… comme le cycle éternel de la vie qui s’arrête et recommence. - Je suis le seul animal doué de parole dans le jardin d’Eden. Mais ma langue fourchue dit toujours deux choses à la fois. Taureau Apocalypse 4,7. Nom : je suis un animal de sacrifice. Parfois on m’appelle bœuf, veau ou vache. Adresse : j’habite dans les prairies et les grandes terres. Je vis en famille avec mes épouses et mes enfants. Je suis très présent dans le livre d’Ezéchiel. Caractéristiques : - Je suis le symbole de la force créatrice, associé à Dieu. - Mon sang versé est un lien, une alliance avec Dieu, c’est pourquoi on me sa- crifie en holocauste. - Je suis aussi un emblème de la puissance et de la fougue irrésistible. Quelques stars (qui n'apparaissent pas dans l'Apocalypse) Âne Nom : dans la Bible, on me trouve sous le nom d’âne, ânon, ânesse ou même d’onagre, l’âne sauvage. Adresse : tous les chemins des voyageurs, où je trotte inlassablement pendant des jours et des jours, des lunes et des lunes, je vis aussi dans les champs de labour et même sur les rives des fleuves, à l’état sauvage. 34 35 On mélange aussi les caractéristiques de plusieurs animaux qui en font des bêtes monstrueuses. Daniel 7,4.6 : « La première était comme un lion, et elle avait des ailes d’aigle… Après cela, je regardais, et en voici une autre, comme un léopard ayant quatre ailes d’oiseau sur le dos ; la bête avait quatre têtes, et il lui fut donné une souve- raineté. » On peut imaginer que la créature peut avoir les caractéristiques de chaque animal. On ajoute parfois d’autres attributs comme des têtes ou des yeux. On peut imagi- ner que la connaissance ou la vision est démultipliée. Apocalypse 4,6.8 : « Quatre animaux/êtres vivants couverts d’yeux par devant et par derrière. Chacun avait six ailes couvertes d’yeux tout autour et au dedans. » La tradition juive n’aime pas les mélanges. Les règles alimentaires recommandent de manger les animaux qui présentent une unité (par exemple : les animaux avec un seul sabot et non un sabot fendu). Quand on parle de bêtes sans pouvoir les rattacher à quelque chose de connu, c’est qu’on arrive à une puissance hors du commun. Car les animaux que nous connais- sons restent une création de Dieu et restent sous son contrôle, même le bestial et le tortueux qui sont des animaux très puissants (Job 39). Le dragon et les deux bêtes en Apocalypse 13 semblent parler de la puissance du mal contre laquelle on ne peut lutter qu’avec l’aide de Dieu. La puissance du mal à l’œuvre dans le monde prend des formes violentes et « mons- trueuses ». Quoi de plus parlant qu’une image de monstre pour l’évoquer ? Des forces au service de Dieu ou en concurrence avec lui L’utilisation des animaux peut servir l’action de Dieu et refléter sa puissance, ou au contraire se mettre en concurrence. À son service : - Le bâton de Moïse devient un serpent quand Dieu lui délègue sa force et il devient un dragon quand Moïse est devant le pharaon. - L’animal peut aussi être un outil pour Dieu, pour punir l’être humain. 1 Rois 20,36 Le prophète lui dit alors : « Parce que tu n’as pas écouté la voix du SEIGNEUR, dès que tu m’auras quitté, un lion te frappera. » Il s’éloigne de lui ; un lion rencontre l’homme et le frappe. Les animaux sont aussi des images pour parler de la paix que Dieu voudrait ins- taurer parmi les humains. Ainsi l’utilisation des animaux qui ne peuvent rester ensemble sans se dévorer : Ésaïe 11,6 : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau. Le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. » 36 37 Les animaux reflètent aussi une certaine réalité du danger qu’on courait sur les routes à cette époque. Mais la route du Seigneur est sûre : Ésaïe 35,9, « On n’y ren- contrera pas de lion, aucune bête féroce n’y accédera, on n’en trouvera pas. Ceux qui appartiennent au Seigneur prendront cette route. En concurrence : Le serpent est aussi l’animal qui cherche à éloigner l’humain de Dieu, c’est le sé- ducteur, le diviseur. Il est à l’œuvre dans Genèse 3. C’est aussi un test pour éprou- ver la puissance de Dieu. Le Léviathan, ou le dragon, animal mythique, joue le même rôle. Dieu seul, leur créateur, peut les maîtriser : Psaume 91,13 : « Avec l’aide de Dieu, on piétine le serpent, on est victorieux sur le danger qu’il représente. » La lutte Mettre en scène les animaux dans l’histoire humaine, c’est parler de la lutte que les humains doivent mener contre des forces qui les dépassent. Cette lutte qui met en jeu des animaux paraît démesurée, et les forces animales sont de toute façon plus fortes que les forces humaines. On en trouve déjà des traces dans le prophète Ésaïe (27,1) : « Ce jour-là, le SEI- GNEUR interviendra avec son épée acérée, énorme, puissante contre Léviathan, le serpent fuyant, contre Léviathan, le serpent tortueux, il tuera le Dragon de la mer. » Dans l’Apocalypse, la promesse a commencé à se réaliser car le serpent est vaincu dans le ciel. Conclusion Les animaux sont largement présents dans l’Apocalypse et leur utilisation montre les forces en présence dans le monde, et même dans l’univers. Ces forces se dé- chaînent principalement contre la vie que Dieu désire pour le monde. Mais l’être humain est libre, et cette liberté peut aussi le rendre complice des forces du mal. Même l’apôtre Pierre va utiliser l’image du lion pour parler de cette lutte (5,8) : « Soyez sobres, veillez ! Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. » La lutte contre ces forces puissantes ne peut se faire qu’avec la force divine, qu’avec l’aide de Dieu. Par contre, cette force divine est paradoxale, elle est décrite par un animal non-violent : l’agneau. « Ils combattront l’Agneau et l’Agneau les vaincra » Apocalypse 17,14. L’Agneau illustre Jésus Christ, et son image nous parle des armes de non-violence. Les armes des puissances du mal apportent la violence, le mensonge, l’humiliation, ce que les premiers chrétiens ont vécu dans les premiers siècles. Mais grâce à la puissance de vie que Dieu a mise en œuvre pour ressusciter Jésus, la violence qui l’a tué n’a plus le dernier mot. 36 37 Apocalypse et animaux - chapitres 12 + 13 + 21 Bernard van Baalen Nous pouvons à juste titre nous interroger sur l'opportunité de chercher les corres- pondances des descriptions dans l'actualité du 20e et 21e siècles. Nous pouvons également chercher dans les mythologies du « Croissant Fertile » entre Indus et La Gaule, le Sahara Phénicien et les Celtes toutes les ressemblances, y compris dans le Livre de la Jungle ou Machiavel, pour ne pas parler de Jean Cal- vin ou de Marx et d'Engels revus par Walt Disney. Google vous répond sur toutes les figures animales de l'Apocalypse et des horos- copes chinois ou aztèques. Vous y verrez de curieuses similitudes, et des diffé- rences importantes, pour réfléchir à ce que nous sommes en train de vivre ici et maintenant, car c'est bien de cela qu'il est question. Quels choix, quel comportement, quel risque sommes-nous prêts à vivre pour qu'ici et maintenant, à portée de main ou de voix, le Royaume de Dieu soit proclamé ? Si nous ne disons rien, si nous ne faisons rien, le dragon aura gagné et nous serons ... éliminés : Tchao ! Une illustration de Apocalypse 21 ou la nouvelle Jérusalem. Gravure BvB 2008 40 41 L'agneau Bruno Sartoretti Au regard des antiques traditions pastorales du peuple hébreu, l’agneau d’un an, symbole de l’innocence et de l’avenir du troupeau, passait pour l’animal dont le sacrifice était le plus agréable à YHWH. Aussi le tuait-on non seulement pour des causes particulières (rite de pardon du péché, purification pour l’accouchée, pour le lépreux guéri ou le nazir consa- cré à Dieu), au même titre que les taureaux, les chevreaux ou les tourterelles, mais aussi pour les holocaustes dits « perpétuels », pratiqués matin et soir dans le Temple au nom du peuple entier. Il devait brûler en totalité en signe de don total et d’adoration. L’agneau était présent également dans le rituel annuel de la Pâque, commémorant la sortie d’Egypte des juifs, tel que Moïse l’avait institué selon le livre de l’Exode (Exode 12,3-11). Or, dès le début de l’évangile de Jean, Jean le Baptiste s’exclame, voyant Jésus s’avancer pour recevoir le baptême : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! » Que veut dire le dernier prophète du Premier Testament, sinon que Jésus est le « Serviteur souffrant », pareil à l’agneau pascal que l’on mène à l’abattoir sans qu'il ouvre la bouche, dont parle Isaïe (Isaïe 53,7). Lors du repas à caractère pascal que Jésus a partagé avec ses disciples la veille de son ar- restation, il n’y avait pas d’agneau à consommer, car, en ce temps-là, il était interdit d’égor- ger les animaux dans la cour de sa maison, contrairement aux temps plus anciens. Il fallait attendre le lendemain (vendredi) après-midi. C’est alors que Jésus, dans un geste solennel de substitution, offre sa propre chair et son propre sang en prononçant sur les pains sans levain et sur la coupe de bénédiction, les paroles : « Prenez… Mangez… Buvez… Faites ceci en mémoire de moi ». Victime sacrificielle expiant les péchés du monde, Jésus meurt comme l’agneau de la Pâque juive en dehors de la ville, versant son sang sur les linteaux de la croix. « Vous n’en briserez aucun os », prescrivait le texte de l’Exode au sujet de l’agneau sacrifié (voir aussi Ps34). Quand les soldats romains viennent pour fracturer les tibias des trois condamnés à coups de barre de fer, de façon à les achever, constatant que Jésus est déjà mort, ils se contentent de lui donner un coup de lance. L’identification christique à l’agneau de Dieu est totale. Dans l’Apocalypse, Jean revient à vingt-six reprises sur cette image polymorphe : l’agneau égorgé, mais aussi le Sauveur du monde, établi par le Père, souverain juge de l’humanité, « le Seigneur des seigneurs et Roi des rois », vainqueur du Mal, uni aux justes dans les noces éternelles de la Jérusalem céleste. « Heureux ceux qui sont appelés au repas de noces de l’Agneau » (Apocalypse 19,9). D’où l’acclamation dans la liturgie, accompagnant la fraction du pain consacré : « Agneau de Dieu, qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous … donne-nous la paix. » 40 41 L'Agneau, « Fils de Dieu, offert en sacrifice pour le salut du monde » ? Bernard van Baalen Pouvez-vous imaginer un père qui condamne son fils à être exécuté par le moyen le plus infamant pour l'opinion publique ? Nous entendons souvent : « Il fallait que le Christ soit sacrifié pour notre salut »... Ben non, fallait pas. Et cependant, il faut expliquer les circonstances de ces expressions dans le contexte culturel de l'époque. Le « Message de Bonnes Nouvelles », c'est que le « Royaume de Dieu » est annoncé : avec l'observation des « Dix Paroles » de « la Loi » données à Moïse sur le mont Sinaï, de nouvelles conditions socio-politiques sont possibles. Au cours de sa vie, Jésus a proposé des interprétations de ces principes : Dans le sermon sur la Montagne, le conseil au « Jeune Homme Riche ». En rappelant que « trois choses demeurent : la foi, l'espérance et la charité, mais la plus importante est la charité ». La Foi : croire à « la Bonne Nouvelle », l'Espérance : faire en sorte que cela arrive, la Charité : appliquer la « loi » avec amour et discernement. Exemple : la femme adultère qui ne sera pas lapidée. Il mange avec tout le monde, il critique les religieux dogmatiques. Toutes ces prises de position sont dangereuses et mettent les puissants et les « bien pensants » en positions scabreuses à cause de leurs multiples compromissions. Mais comment « valider » la « Parole de Dieu » portée par Jésus ? Vivant, il avait une notoriété évidente, mort, il fallait la maintenir. Pour être reconnu « Messie », il faut que Jésus de Nazareth soit engendré par Dieu et par une vierge. C'était le mode de naissance des Pharaons et des demi-dieux de l'Olympe. Jésus de Nazareth (après sa mort) est reconnu comme « Fils de Dieu » ... il le prétendait comme vous et moi de son vivant. La mort de Jésus légitime sa volonté de ne pas transiger avec la vérité, la liberté et la charité : il a tenu jusqu'au bout en sachant les risques qu'il encourait : la mort1. C'est une décision personnelle qui est attestée dans sa prière au Jardin des Oliviers : si c'était possible de l'éviter, ce serait mieux ! En ce sens, il nous montre l'exemple, et donc, en 1. Un exemple : Sabbataï Tsevi est né à Smyrne le 1er août 1626. Condamné par le sultan il a été gracié en devenant musulman. Il est mort en exil à Ulcinj dans l'actuel Monténégro en 1676. Il a été considéré de son temps comme le Messie par un très grand nombre de Juifs et même de chrétiens. 42 43 effet il agit en notre faveur, mais aucunement pour nous « laver de nos péchés », juste pour nous donner le courage de résister à la tentation2. À l'époque de l'élaboration de la Théologie chrétienne au 1er siècle, l'objectif était de nous libérer de l'angoisse de la mort, de lutter contre les discriminations et de l'arbi- traire des religieux. Il fallait aussi surmonter les idées gnostiques et magiques qui en découlaient. Au cours du premier siècle, les disciples ont dû trouver les mots et les références cultu- relles pour faire passer le « Messager de la Bonne Nouvelle ». Ils ont donc eu recours à l'image du sacrifice pascal et du bouc émissaire, en activant le rituel du Seder/Repas pascal « institué par Jésus », pour garder sa mémoire. Dans le rituel, Jésus devient « l 'Agneau offert en rémission des péchés » dont il est aussi question dans l'Apoca- lypse. De victime, il devient offrande salvatrice, belle promotion. Là encore, Dieu est supposé être à l'origine du déroulement des événements, lui qui sait mon destin dès ma conception (Psaume 22,11 & Hébreux 2,6-10) Une notion de la divinité plus proche de Zeus que de YHVH du judaïsme, un œcuménisme qui apparaît déjà dans les psaumes (ps.144)... Alors, dire qu'il faut que Jésus meure pour nous sauver, avec une absolution à la clé, revient à dire aujourd'hui qu'il faut les morts de la Ghouta de Damas pour que Poutine reste président. Il faut des sacrifices de collégiens pour que Trump soit réélu. Il faut que les femmes aient 18% de revenus en moins que les hommes pour la paix des ménages économiques, il faut que les néo-corticoïdes altèrent le génome de nos enfants pour que les riches restent riches, ou mieux, prospèrent... Il faut reconnaître que les notions de « Trinité », de « naissance Virginale », comme les confessions de foi utilisées dans nos célébrations ont eu leurs raisons d'être à un moment de l'histoire politique et du développement de la culture chrétienne. Nous pouvons les expliquer et les recadrer dans un souci de clarification de nos convictions, pour faire le tri entre le message et le vecteur du message. Si nous croyons seulement aux dogmes et aux rituels, nous ne serons jamais des « porteurs de la Bonne Nouvelle ». Si nous réalisons les paroles de Jésus de Nazareth, alors, nous serons des « pratiquants » convaincants. L'avenir du christianisme ne sera pas dans l'aménagement des structures ecclésias- tiques, mais dans l'exemple donné par les chrétiens dans le monde dans lequel ils sont insérés, et il y a des chances qu'ils soient « Église » de manière inattendue. Louis Evely rappelait que « Dieu n'a pas d'autres mains que les nôtres pour réaliser nos prières. » 2. Gandhi , Martin.Luther King, quelques journalistes russes dernièrement ont été « exécutés » à cause de leurs idées et pour leurs actions en faveur de leurs contemporains. D'une certaine manière, « pour le salut du Monde », mais pas à la place du « monde », c'était un choix et un risque assumés. 44 45 Le texte dit même que la victoire est déjà acquise dans le ciel et qu’elle continue sur la terre, avec l’aide de l’agneau. L’agneau a donné sa vie et ce don est le gage de la victoire. Jésus se révèle comme le « Vivant » au début du livre, et c’est cette vie qui est promise à tous ceux qui le suivront. La lutte et la victoire dans le ciel se font avec plusieurs acteurs qui combattent contre les monstres. Les anges ont un grand rôle. Par exemple, c’est un ange qui s’empare de Satan (le dragon, l’antique serpent) et l’enchaîne pour mille ans (Apo- calypse 20,2). Le plus connu a un nom, Michaël : quand le dragon est précipité sur la terre et que la victoire est acquise au ciel (Apocalypse 12), une proclamation se fait entendre : « Voici venu le temps du salut… ils l’ont vaincu par le sang de l’agneau et par la parole dont ils ont rendu témoignage ». Ensuite, ce sera le feu du ciel qui finalisera la victoire (Apocalypse 20,9). C’est à une action définitive de Dieu que revient le dernier mot. La victoire est acquise par deux choses : le sang de l’agneau et la parole de témoi- gnage. Quand Jésus a été cloué sur la croix, ses accusateurs ne pouvaient pas aller plus loin que de tuer son corps terrestre. Mais la résurrection révèle une autre vie spirituelle qui dépasse les frontières du corps. Vaincre par le sang de l’agneau, c’est prendre le parti de la non-violence, du refus de la vengeance. C’est laisser de la place à Dieu pour lutter avec nous et pour nous. Si les forces, symbolisées par le dragon et les bêtes, continuent à remporter des victoires sur la terre, ce n’est que provisoire. La victoire céleste soutient nos luttes terrestres. La victoire est acquise par la connaissance du Christ et son adoration, et non par la violence. Ces images de combat sont-elles là pour nous faire prendre conscience que nos vies sont des luttes ? Et que nous sommes appelés à nous y engager avec confiance et persévérance ? La foi est mise à l’épreuve dans ces luttes, mais depuis Caïn, n’est-ce pas une constante de l’humanité que d’être traversée par des forces qui vont vers la vie et vers la mort ? La lutte ne commence-t-elle pas dans le cœur de l’humain, entre ses choix mortifères et son désir de vie ? Ce récit de l’Apocalypse peut nous aider à en prendre conscience pour ne pas rester seul avec cette lutte. En effet si nous restons seul, nous risquons d’adorer la bête, d’être fasciné par sa puissance et de rester dans des registres violents. Si nous nous tournons vers le Christ, nous pouvons rejoindre cette non violence radicale représentée par l’agneau. 46 47 La non-violence de Jésus, sa mort et sa vie relevée par Dieu ont initié un nouveau chemin face à la violence. C’est ce qu‘illustre pour moi l’image de l’agneau et de la bête, ou l’image du dragon et de l’enfant sauvé par Dieu. Cela n’empêche pas de reconnaître les forces en présence dans le monde, où le chrétien a comme mission de lutter, aidé des forces divines. Cette lutte a besoin d’outils, donnés dans le nouveau testament. La force de la parole écrite, lue et proclamée est attestée dans l’Apocalypse : c’est cette parole de témoignage qui participe à la victoire. Elle appelle à l’espérance tout ceux qui sont dans cette lutte. À propos d'animaux… Le mystère du lapin de Pâques dévoilé ! 46 47 Les codes secrets Bruno Sartoretti Il a toujours été tentant de voir dans l’Apocalypse et dans son langage particulier, plein d’images, un code secret auquel seuls quelques initiés auraient accès. En fait, l’Apocalypse n’est pas codée, mais on peut parler d’une sorte de double langage. L’Apocalypse emploie le langage, les images, les symboles de son temps, de sa foi, de son histoire, de sa culture. Un langage clair pour les juifs de ce temps, mais obscur et incompréhensible pour l’occupant romain ou le païen. L’Apocalypse ap- partient à un genre littéraire précis qui fait souvent allusion à des faits de l’Ancien Testament et qui reprend des images employées par les prophètes. On dit qu’il y a plus de références à l’Ancien Testament que de versets dans l’Apocalypse, à voir ! Quoi qu’il en soit, nous avons « perdu » le sens de ces images ou nous avons oublié que ce langage fait partie de notre culture profonde… Le code cosmique : « La lune devient sang » (Apocalypse 6,12). Ce type de langage exprime une présence plus proche de Dieu dans l’histoire des hommes. Les catastrophes cosmiques sont la marque de l’avènement de la terre nouvelle, des cieux nouveaux plutôt que la fin du monde. Le code animal : « Je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes… » (Apocalypse 13,1). Dans l’Apocalypse, les animaux représentent un élément différent de l’être humain et supérieur à lui ; une certaine transcendance, cependant inférieure à Dieu. Le Christ « agneau » n’exprime pas une réalité bucolique, mais montre le Christ dans l’histoire du salut, son action dans l’histoire, mais qui nous dépasse. L’Agneau le Christ La Bête Satan Le Dragon parodie diabolique de la trinité Le Serpent dragon, bête, faux prophètes Le cheval la guerre Le code végétal et minéral : « Les matériaux de ses remparts étaient de jaspe, et la cité était d’un or pur semblable au pur cristal » (Apocalypse 21,18). Le monde végétal et minéral évoque des réalités déterminées par la culture : herbe pour la vie (Apocalypse 8,7), ou par l’Ancien Testament : la grêle (Exode 9,23-24). Il indique la qualité des choses. Le code spatio-temporel : « Alors je vis : au milieu du trône et des quatre ani- maux, au milieu des anciens… » (Apocalypse 5,6). L’espace et le temps ont une signification théologique : proximité, éloignement de Dieu ; période de l’histoire du salut, etc. Il est souvent difficile, voire impossible, de les localiser avec précision. 50 51 Les heurts et malheurs apocalyptiques1 Bernard van Baalen Il est passionnant de chercher dans les textes de la Bible ce que les humains ont es- sayé de dire en racontant leurs tribulations intellectuelles et parfois violentes. Entre la vie et la mort, nous avons assez de temps pour nous inventer des comportements et les bonnes raisons de les avoir pour survivre. Donc toutes sortes de bonnes raisons pour inventer Dieu. Les « Animaux de l'Apocalypse » sont stimulants pour les représentations qui émergeront de nos activités. C'est plus compliqué de clarifier ce que la présence de ce zoo fantastique fait dans ce livre qui a eu de la peine à entrer dans le canon des écritures à la fin du cinquième siècle. Le concile de Trente (1545 - 1563) l'a définitivement confirmé. Pour les lecteurs attentifs de la Bible, en suivant les exégèses de Charles Brutsch2, le commentaire de Pierre Prigent3 et l'approche de Daniel Attinger4, dernier publié, nous ne pouvons rien dire d'autre que ces animaux n'ont aucune importance en eux-mêmes. Ils sont interchangeables. Nous pouvons les affubler de toutes sortes d'oripeaux, de têtes, de couronnes et de queues pour en deviner les sens cachés. Nous ne serons jamais les auditeurs du premier ou du second siècle, pour identifier avec humour les élucubrations de ce Jean dont tout le monde sait qu'il n'est pas celui qu'il prétend être, à part de Patmos... une île dont le vignoble est déjà renommé. Mais prenons ces quelques citations du chapitre 13 – un autre aurait aussi bien convenu - mais celui-ci se termine par une phrase qui a fait couler beaucoup d'encre. 1« Je vis monter de la terre une autre bête. Elle avait deux cornes comme un agneau5, mais elle parlait comme un dragon. Elle a tout le pouvoir de la première bête, elle l’exerce sous son regard. » C'est la succession des régimes politiques et des systèmes de gouvernance, expression du système (néo)colonialiste. « Elle fait adorer par la terre et ses habitants la première bête dont la plaie mortelle a été guérie. » Après le guerre, la paix et la reconstruction, on prend les mêmes et on recommence : 13« Elle accomplit de grands prodiges, jusqu’à faire descendre du ciel, aux yeux de tous, un feu sur la terre. » Les discours démagogiques font 1. Pour moi la « Bible » n'est pas « Parole de Dieu » – mais je n'ai rien contre un avis différent – dans la mesure où la tradition juive m'a appris qu'il est impossible de dire quoi que ce soit sur Dieu sans le trahir : il reste inaccessible, innommable, inqualifiable, inimaginable... 2. Charles Brutsch, La clarté de l'Apocalypse, Labor et Fidès,5e édition, 1966, 505 p. 3. Pierre Prigent, L'apocalypse de Jean, Delachaux et Niestlé, 1981, 382 p. 4. Daniel Attinger, L'apocalypse de Jean, à la rencontre du Christ dévoilé, Éditions Ouverture, 2005, 121 p. 5. Comme les faux Jésus de Nazareth ou messies dont il faut reconnaître le masque. 50 51 souvent appel au passé : Vercingétorix, Jeanne d'Arc, Napoléon, Abraham Lincoln, « L'ancien régime », c'était tellement mieux avant, « Dehors les étrangers ! » 14 Elle séduit les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui est donné d’accom- plir sous le regard de la bête. Elle les incite à dresser une image en l’honneur de la bête qui porte la blessure du glaive et qui a repris vie. Bien sûr le « nouveau gouvernement » , assure la relance, l'économie se redresse, les amis des dirigeants se partagent le gâteau, les oligarques s'enrichissent... 15« Il lui fut donné d’animer l’image de la bête, de sorte qu’elle ait même la parole et fasse mettre à mort quiconque n’adorerait pas l’image de la bête. » « Le pouvoir absolu corrompt absolument » les opposants sont persécutés, éliminés. Amnesty international nous raconte les situations actuelles, mais rappelez-vous la « révolution de 1789 » et la terreur qui en a découlé, ou celle de 1917 en Russie qui a donné naissance au goulag, Erdogan en est la personnification consternante. 16« À tous, petits et grands, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, elle im- pose une marque sur la main droite ou sur le front. » Pour Jean de Patmos, c'était l'allégeance à l’empereur de Rome, et de tout temps ce sont les règlements adminis- tratifs plus ou moins restrictifs, les licences et autres droits d'auteurs et brevets. Au seizième siècle, les imprimeurs avaient le droit de presse par « privilège » du roi, du prince ou de l'empereur... Arrivent les « GAFAM6 » qui monopolisent les échanges et organisent le monde : 17« Et nul ne pourra acheter ou vendre, s’il ne porte la marque, le nom de la bête ou le chiffre de son nom. » Les chrétiens du premier siècle refusaient de porter le sceau de Rome qui impliquait la reconnaissance de la divinité impériale. Aujourd'hui vous avez tous un numéro AVS, un identifiant fiscal, un mot de passe… 18« C’est le moment d’avoir du discernement. Que celui qui a de l’intelligence interprète le chiffre de la bête, car c’est un chiffre d’homme : et son chiffre est six cent soixante-six. » Inutile de chercher le numéro de portable de la bête : nous savons que c'est un chiffre d'homme ordinaire, et pas d'une entité évanescente magique ou divine : qui fait la bête fait l'homme et vice versa7. Le dévoilement apocalyptique Ce qui paraît évident, depuis les lettres aux églises au début de l'Apocalypse, jusqu'à la descente de la Jérusalem Céleste qui termine le livre, et ce que relève assez sim- plement Daniel Attinger8, c'est que Jésus de Nazareth « Vecteur de la Parole » est au centre de ce texte. Le témoignage de Jésus est porté par l'ÉGLISE (majuscule). 6. Google + Amazon + Facebook + Apple + Microsoft ! 7. Voir la note en fin d'article. 8. Pasteur, co fondateur de la communauté de Bose. 52 53 Elle est ballottée par toutes les vicissitudes offertes par l'humanité, dans ses aspira- tions au pouvoir et les recours à la corruption. Une « ÉGLISE » institution faillible et faible, mais indispensable pour transmettre le message. L'auteur de l'apocalypse décrit assez bien tous les travers de la politique et de l'éco- nomie, de la spiritualité débridée et de la magie si pratique pour vous faire prendre des vessies pour des lanternes, afin d'éclairer les lendemains, qui chantent des can- tiques même parfois, encore aujourd'hui en Latin...9 Que signifie être croyant ? Les limites du formalisme fondamentaliste Si comme le laissent croire certains courants religieux, les rituels sont les condi- tions du salut : la burqa, la barbe, la tonsure, le rabat, la liturgie, les autels, les bou- gies et, par dessus tout, les yeux fermés et les mains jointes pour ne pas risquer de se rendre compte que tout change. En mettant l'Apocalypse au niveau de Peter Pan et du Roi Lion, érigée en « parole divine », nous allons rater l'objectif. En fait, chacun fait comme il peut : Nous ne nous compromettons pas trop, comme le soulignait le Père Beaupère10 : « L'unité – Le Royaume ? – ne se réalisera pas grâce à nos efforts, mais quand le Christ le voudra ». En attendant, la Croix-Rouge, Médecins sans Frontière, l'EPER, l'Action de Carême, comme d'autres, courent les risques que nous finançons par quelques clics de nos smartphones... quand même11. La monétisation de la nature, comme y parvient Monsanto, y compris de la nature humaine, ne vous permettra jamais de profiter des richesses amassées, une fois vos cendres répandues dans le « Jardin du Souvenir ». Vos héritiers n'y trouveront sans doute pas plus qu'un bonheur fugace, sous l’œil d'un cyclone dévastateur comme la queue d'un serpent. Les traités de sociologie, de gestion institutionnelles, de politique internationale sont toujours passionnants et/ou consternants à lire : les pensées profondes des « coaches » ou des candidats aux plus hautes fonctions vont toujours s'échouer sur les écueils de l'amour propre, du besoin de s'affirmer, d'avoir raison contre la rai- son. Ils espèrent passer pour le plus fort à la tribune de la fête nationale, ou dans le lit de leur(s) maîtresse(s). 9. J'ai aimé l'identification de la « femme enceinte », avec sa couronne de douze étoiles, à l'Église. Les théologiens l'ont si souvent identifiée à Marie (l'Europénne). Mais les exégètes, plus souvent les non romains, l'identifient plutôt à l'Église, qui met au monde l'agneau immolé... dont le sang va « la- ver » l'âme des pêcheurs : Tous ceux qui ont essuyé les genoux d'un enfant avec un mouchoir savent que le sang n'est pas vraiment à la hauteur d'Ariel pour laver plus blanc ! Oups ! Merci ! 10. Membre du « groupe des Dombes » et ardent défenseur de l’œcuménisme à tendance romaine. 11. Karl Barth paraphrasant Charles Péguy (« Le kantisme a les mains pures ; par malheur, il n’a pas de mains ») disait que des chrétiens qui ne s'engagent pas gardent les mains propres .. le problème est qu'ils n'ont pas de mains. 54 55 Et moi ! Émois ! Bruno Sartoretti L’Apocalypse, ses animaux, ses catastrophes, sa finale flamboyante, peu importe, pour moi, c’est toujours une salle de jeu ! En 1987, j’ai eu la chance de faire un voyage avec mes parents à Angers. Ça ne vous dit rien de l’Apocalypse ? Et pourtant ! C’est dans le château d’Angers que se trouvent les 84 tapisseries de l’Apocalypse qui datent du quatorzième siècle. À quelques mètres du château, un musée, celui de Jean Lurçat, et dans ce bâti- ment, le « chant du monde ». C’est une série de dix tapisseries de l’artiste Lurçat, relisant l’Apocalypse dans le monde moderne, soit le vingtième siècle. Face à ces multiples représentations, j’étais en émoi ; des sentiments de force, de tendresse, de pitié, d’amour, de violence, de guerre, de destruction, de renaissance… la vie, tout simplement. Mais dans toutes ses dimensions… l’Apocalypse en quelque sorte. En tout cas : une révélation ! J’en ai fait mon travail de pré-examen à l’université de Fribourg. Mais ça avait commencé avant. Les deux travaux de pro-séminaire : « La vision du Fils de l’Homme », en Daniel pour l’Ancien Testament, et en Apocalypse pour le Nouveau Testament ! Je vous le dis, pour moi, l’Apocalypse, c’est une salle de jeu… et je n’ai découvert que quelques jeux ! Ce camp sera une autre partie, un autre jeu… L'Agneau doux et humble de cœur Béatrice Roh L’Agneau de l’Apocalypse me renvoie à une phrase de Jésus, l‘Agneau : « Je suis doux et humble de cœur » (Matthieu 11,29). La douceur et l’humilité peuvent être assimilées à la faiblesse, à la mièvrerie, voire à la lâcheté. Mais quand je regarde Jésus-Agneau immolé, je vois que sa douceur, son humilité sont accompagnées par des actes où la Force, la Justice, le Respect sont toujours présents. Pour moi, écouter la voix de l’Agneau est une invitation à suivre le Christ sur le chemin du Bonheur : « Heureux les doux, ils auront la terre en partage. » (Matthieu 5,4). C’est un bonheur à construire tous les jours en regardant vers Celui qui me dit, qui nous dit : « Venez à moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau, et je vous donnerai le repos » (Matthieu 11,28). 56 57 Mon expérience de l'Apocalypse Bernard van Baalen Les récits d’« Apocalypse » - fin du monde ne m’ont jamais inspiré... car la fin du monde ne m’intéresse pas vraiment. Nous avions relu les chapitres de la « nouvelle Jérusalem » qui descend du ciel, où il n’y aura pas de temple, ni donc de « célébrants-notables » pour le Camp Biblique, il y a quelques années. Les choix de l’équipe d’animation nous y ramènent cette année : les animaux sont un prétexte accrocheur sans grand intérêt pour moi. Par contre nous découvrons un révélateur (apocalyptique) de l’état du monde tel que discerné par l’auteur supposé, Jean de Patmos. Et ce qui est fascinant, c’est la pérennité des processus de prise de pouvoir : autoritarisme, flatterie des instincts de domination, références à « c’était mieux avant », corruption et ambition. Les lecteurs sont confrontés à des schémas de comportement facilement identifiables dans leur contexte, quelle que soit l’époque, les pays ou les circonstances, locales ou universelles. Et toujours les mêmes causes conduisent aux mêmes effets : l’échec programmé des raccourcis de la réussite et des ambitions individuelles. Les « bêtes », serpents ou dragons finissent par emporter avec eux ceux qui se sont laissés tenter. Ne survivent – moralement s’entend – que ceux qui restent fidèles au message de « l’agneau » que l’auteur assimile à Jésus, témoin des « dix Paroles », de l’essentiel du judéo-christianisme. Ce message qui est constamment rappelé, menacé, combattu, dissimulé pour résister aux attaques, mais qui est indispensable pour instaurer le « règne divin » de l’équilibre, de la justice, de la vérité et de la charité. Cela m’a permis de formaliser un peu plus mes convictions qu’il n’y a pas de transmission sans l’institution Église, mais que l’Église n’est pas une fin en soi, elle n’est qu’un des vecteurs du message – la Bonne Nouvelle – dont l’objectif est de nous rendre « libres ». Cela me permet de relativiser les règles, dogmes, et traditions des religions de quelque confession que ce soit. L’important est de partager notre espérance d’un « royaume de Dieu » – ou ce qui s’y rapporte dans la culture – avec des signes et des symboles partagés, comme la cène, le Notre Père (qui nous constitue en frères et sœurs), le plaisir d’être ensemble pour chanter, et surtout, pour partager notre admiration pour ces générations qui ont su inscrire dans leurs traditions, dans la Bible et à partir de la Bible, ce qui nous aide à ne plus avoir peur du lendemain et de vivre dans la justice et la charité. C’est dangereux, comme nous l’explique l’Apocalypse, mais c’est vital... 56 57 « Je me tiens à la porte » Claude Berthoud Jusqu’à cette année, le verset référence de l’Apocalypse, pour moi, se trouve dans Apocalypse 3,20 : « Voici je me tiens à la porte, et je frappe, si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, et je prendrai le repas avec lui ». Cette parole m’a toujours touché, quant à la patience et à la délicatesse de l’appel spirituel de notre frère Jésus qui attend que nous soyons prêts à l’entendre, prêts à ouvrir la porte de notre cœur, pour y entrer et partager notre table, notre repas… donc notre vie corporelle en lien avec nos cinq sens. Accepter une invitation à une rencontre conviviale et chaleureuse, nourrissant et notre cœur et notre corps, c’est pour moi une spiritualité incarnée, présente, actuelle capable de nous transformer au nom de l’amour inconditionnel… Alors à la réception du thème 2018, « les animaux dans l’Apocalypse », après avoir lu et relu les textes choisis, je me suis trouvé devant des récits censés dévoiler une vérité, dévoiler le caché. Bien au contraire, ces récits m’ont, dans un premier temps, refroidi, mis en résistance et fermé à l’écoute personnelle, comme si ces récits étaient obscurs, très loin de moi, de ma réalité quotidienne et de mes préoccupations existentielles et professionnelles… Présenter un avenir « monstrueux et rempli de catastrophes » ne m’invite pas à la confiance, à une ouverture du cœur, mais plutôt un réflexe, un instinct de protection, une résistance... Heureusement que les apports de toute l’équipe théologique ont pu peu à peu ouvrir quelques petites portes d’interprétation qui ont suscité mon intérêt, ma curiosité : la symbolique des animaux « monstrueux » évoquant les comportements des gens de pouvoir, les gouvernements du monde manifestant leur pouvoir par la force et la violence, a ouvert en moi une piste de réflexion et méditation rejoignant les convictions qui animent ma vocation personnelle et professionnelle : en effet exercer un pouvoir par la force et la violence entraîne des mécanismes de peur, de repli, d’angoisse, sentiments et émotions qui vont à leur tour susciter des révoltes, de la colère, source réactive de violence pour lutter contre l’injustice, stimulant un cercle vicieux infernal déshumanisant et terrorisant à long terme. Alors j’ai pu m’ouvrir à l’apparition de l’Agneau pascal, figure cachée de Jésus de Nazareth : il encaisse la violence sans réagir et, par sa mort acceptée et non subie, « tue » le pouvoir de la violence, pour ressusciter en « invitation
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