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Les cibles de la critique, Lectures de Littérature

Typologie: Lectures

2021/2022

Téléchargé le 24/02/2022

Charlotte_Marseille
Charlotte_Marseille 🇫🇷

4

(56)

940 documents

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Télécharge Les cibles de la critique et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! Les cibles de la critique Voltaire a écrit CANDIDE pour dénoncer les personnes, les groupes et les institutions qui mettaient des freins à la liberté, soit par leur pouvoir dictatorial, soit par leur attitude obscurantiste. Les cibles de Candide : une violente critique du XVIII e siècle A - L’aristocratie C’est principalement dans le premier chapitre et par l’image du jeune baron que Voltaire brosse le portrait d’une noblesse décadente, orgueilleuse et à mille lieues du réel. Le château du baron ressemble à une propriété banale et le mode de vie est loin de l’opulence. Le discours de Pangloss précise que les châtelains mangent du porc toute l’année, viande la moins chère. Cela n’empêche pas de voir la famille du baron enfermée dans son illusion de puissance, prête à tout pour sauver les apparences. Si Candide n’est pas reconnu comme neveu du baron, c’est parce que son père n’était pas assez noble, bien qu’honnête gentilhomme du voisinage. Ainsi, la noblesse préfère refuser un homme vertueux et considérer son fils comme un bâtard s’il n’a pas les titres requis. Il en résulte des personnalités involutives, comme le fils du baron qui s’oppose jusqu’au bout à l’union de Candide et de Cunégonde. B - L’Église Institution la plus attaquée du conte, l’Eglise subit au moins trois types de critiques. Tout d’abord, elle n’est pas opposée à la logique guerrière des Etats belligérants, puisqu’au moment du massacre des armées bulgare et abare (III), les rois font chanter des Te Deum dans leurs camps. De plus, s’appuyant sur la crédulité des gens simples, l’Eglise se sert de puissantes organisations comme l’Inquisition (VI) pour garder un pouvoir entretenu par la superstition. Intolérante, elle tâche d’éliminer les tenants d’autres religions ou de pensées jugées hérétiques. A ce titre, elle n’hésite pas à faire appel à la délation, au meurtre, à la torture et au mensonge. Manipulant les foules ignorantes, elle se dissimule derrière l’image de la vertu renvoyée au peuple, mais ses membres n’hésitent pas à se laisser aller à leurs désirs : le grand Inquisiteur partage en secret Cunégonde avec un banquier juif. Quant à la vieille, elle est la fille du pape Urbain X (qui n’a jamais existé). Cette précision traduit la désobéissance de ce pape par rapport au voeu d’abstinence que tout religieux consacré prononce. Qu’un pape transgresse ce voeu de la plus naturelle des manières paraît d’autant plus scandaleux. Enfin, l’ordre jésuite est toujours proche des puissants, qu’ils soient aristocrates ou commerçants, comme en témoigne la présence du jeune baron chez les jésuites du Paraguay ou la secrète entente entre les esclavagistes et les « fétiches » hollandais qui ont converti le nègre de Surinam (XIX). D’ailleurs, en dépit de sa faible instruction, cet esclave n’a pas de peine à pointer du doigt la contradiction entre le discours affirmant que chaque homme descend d’Eve et d’Adam et la pratique de l’esclavage, signe du mépris de la personne humaine. C - L’intolérance et la fanatisme La devise de Voltaire est : « Ecrasons l’Infâme ». Il range sous ce terme l’intolérance et le fanatisme. De nombreuses manifestations de ces deux vices apparaissent dans Candide. L’autodafé de Lisbonne (VI) illustre les terribles dérives du fanatisme. Mais l’Eglise n’est pas la seule responsable : en Hollande, Candide croise un dangereux prédicateur protestant (III). D - L’esclavage et la guerre Ces deux fléaux essentiels portent une atteinte majeure au respect et à la dignité de la personne humaine. La guerre est principalement montrée dans l’horreur extrême, au célèbre chapitre III. Un terrible écho au chapitre XXIII achève d’en peindre la cruauté. En effet, alors que Candide et Martin naviguent vers l’Angleterre, ils voient un amiral condamné à mort pour « n’avoir pas fait tuer assez de monde ». Terrible leçon d’une logique violente, la guerre entraîne l’homme dans un mécanisme infernal. Reste d’un monde barbare entretenu par les rois, sa prétendue noblesse est comme l’harmonie du champ de bataille « telle qu’il n’y en eut jamais en enfer » (III). Au chapitre XIX, l’esclavage est condamné par la figure du malheureux nègre de Surinam, atrocement mutilé par la stricte application du « code noir ». Etendu à terre, pauvrement vêtu et privé de sa langue maternelle, le noir décrit sa condition avec une résignation inhumaine. L’effet produit est d’autant plus fort que Candide et Cacambo rencontrent ce personnage à leur sortie de l’Eldorado, utopie de tolérance et de liberté.
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