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Les Figures de Construction dans Alcools, Examens de Construction

poésie moderne.l Apollinaire se sert lui aussi, ce- pendant, de cinq figures de construction importantes qui consistent en répétitions et tjui sont d' ...

Typologie: Examens

2021/2022

Téléchargé le 08/06/2022

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Télécharge Les Figures de Construction dans Alcools et plus Examens au format PDF de Construction sur Docsity uniquement! Les Figures de Construction dans Alcools: Etude sur la Forme Répétitive chez Apollinaire S'il paraît surprenant qu'on étudie les figures de construction chez Apollinaire, c'est peut-être à cause du fait qu'une telle étude semble se prêter plus facilement aux vers d'autrefois qu'à ceux d'un poète moderne. En effet, les termes qu'on emploie ici sont empruntés à un ouvrage qui s'occupe du style des premiers romans français en vers, non pas de la poésie moderne.l Apollinaire se sert lui aussi, ce- pendant, de cinq figures de construction importantes qui consistent en répétitions et tjui sont d'origine ancienne: l'éoizeuxis, l'anaphore, l'anadiplosis, l'annomination et le parallélisme. Dans ce travail on examinera ces figures de construction comme elles se présentent dans Alcools, oeuvre moderne, certes, mais hasée sur des principes de construction anciens. Apollinaire emploie souvent l'épizeuxis, "la répétition d'une expression deux ou plusieurs fois de suite" (Biller, p. 31). Les exemples de cette figure de construction sont nombreux dans Alcools. Le poète exprime d'habitude une émotion très forte quand il se sert de l'épizeuxis. Parfois, il exprime l'émotion qui est en réponse à l'amour perdu ou dé- fendu: "Vers toi toi que i'ai tant aimée" et "Re- poussez repoussez cet amour defendu." 2 Ouelquefois Apollinaire exprime l'§rnotion qui le saisit quand il pense au passage du temps: "Oh! l'automne l'automne a fait mourir l'été" ("Automne," p. 84), "Non non ce sont des feuilles mortes" ("Rhénane <l'automne," P. 105), "Passons passons puisque tout passe" ("Cors de chasse," p. 13.1). L'êpizeuxis se présente aussi quand le poète fait allusion à un fleuve: "Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se virent" ("Nuit RhP..- nane," p. 94), "Et sombre sombre fleuve je me rap- pelle / Les ombres qui passaient n'étaient iamais 19 jolies" ("Les Fiançailles," p. 11.'1). Les souvenirs sont fréquemment pénibles, et l'épizeuxis souligne ce fait: "Je m'en souviens je m'en souviens encore" ("Le Vovageur," p. 52), "Tous les regards tous les regards de tous les yeux" ("Le Voyageur," p. 53). 0uand le poète doit dire adieu, il se sert de l'épizeuxis: "Adieu Adieu" ("Zone," n .1 14), "Adieu adieu chan tan te ronde" ("A la Santi§," p-. 1126). L'éoizeuxis dans tous ces cas indique les moments d'émotion forte. D'ordi- naire on répète les mots si on est en train d'exprimer les émotions, et le poète n'est pas une exception. Apollinaire écrit la poésie personnelle et émotive, et ces qualités se manifestent dans la répétition. 3 Apollinaire se sert aussi de l'anaphore dans Alcools. L'anaphore est "la répétition d'une expres- sion au commencement de deux ou de plusieurs vers ou bien au commencement et à l'intérieur d'un vers" (Biller, p. 18). Apollinaire répète souvent une ex- pression au commencement de deux ou de plusieurs vers. A cause de cette figure, il réussit fréquemment à dé- velopper une sorte de "collage verbal" dans lequel il ajoute l'une sur l'autre les images frappantes. Il y a deux bons exemples de l'anaphore dans "Zone." D'a- bord, Apollinaire écrit huit vers consécutifs qui commencent par "C'est": C'est le beau lys que tous nous cultivons C'est la torche aux cheveux roux ciue n'éteint pas le vent C'est le fils pale et vermeil de la douloureuse mère C'est l'arbre toujours touffu de toutes les prières C'est la double potence de l'honneur et de l'éternité C'est l'étoile à six branches C'est Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche C'est le Christ oui monte au ciel mieux que les aviateurs (pp. 8-9) 20 se présente aussi dans le passage dans la répétition du mot "changeant," mot qui termine le premier vers et commence le deuxième (celui-ci ne faisant pas par- tie d'une nouvelle période). La répétition dans ces vers aide à souligner les idées que présentent les mots répétés. De plus, elle sert à indiquer les mo- ments d'émotion qui sont pour le poète plus intenses que d'habitude. L'idée du "coeur changeant" pousse le poète à répéter le mot "changeant" tant il en est ému. De même, il répète les mots "sais-je" parce qu'à ce moment, il est en proie à ses émotions. L'a- nadiplosis sert donc, comme l'anaphore et l'épizeuxis, à accentuer l'aspect émotif de la poésie d'Apollinaire aussi bien que sa qualité verbale. D'autres exemples de l'anadiplosis (au sens moins strict du terme) se présentent dans les vers où Apollinaire écrit un vers assez court et puis le ré- pète dans le vers suivant.4 Par exemple, il écrit dans "Les Fiançailles" que "La lune et la tristesse disparaîtront pendant / Toute la sainte journée / Toute la sainte journée j'ai marché en chantant" (p. 120), et dans "Cortège" il dit, "Un jour/ Un .iour je m'attendais moi-même" (p. 49). Dans ces ex- emples, l'anadiplosis sert à indiquer les moments où le poète s'arrête, préoccupé de ses propres pensées, et puis il continue sa "narration" par les mêmes mots avec lesquels il s'est arrêté. De plus ltexpres- sion répétée est une situation temporelle ("un jour" et "toute la sainte journée"). Une fois qu'ApollL- naire donne ces situations temporelles, il indique par la répétition une sorte de "changement de scène." "Un jour" devient une charnière, le poète écrivant "un jour" en faisant allusion au vers précédent ("Au point qu'il deviendra un jour l'unique lumière"). C'est à ce moment où il rappelle un autre jour, celui où il s'attendait lui-même. La même sorte de pro- gression se produit dans le premier exemple où Apollinaire parle de "toute la sainte journée" de l'avenir (indiquée par le verbe "disparaître" au fu- tur). Cette idée le pousse à penser à une autre 23 11 sainte journée," celle de son passé (indiquée par le verbe "marcher" au passé composé). Apollinaire se sert de l'anadiplosis donc pour indiquer les moments quand il s'arrête pour réfléchir, et puis pour conti- nuer sa pensée dans un autre cadre temporel (soit d'un souvenir, soit d'un rêve). De cette manière l'anadi- plosis n'est pas 'seulement un élément qui sert à souligner une idée quelconque. Plutôt, c'est un élé·- ment de transition qui aide le poète à donner la progression et l'unité à ses poèmes. Apollinaire se sert souvent de l'annomination dans Alcools. L'annomination "consiste dans l'emploi de mots différents mais qui sont du même radical" (Biller, p. 36). Le premier exemple de l'annomination dans le recueil se trouve à la première page, dans "Zone." A travers les sept premiers vers du poème, le poète emploie les mots "ancien" et "anciennes," "antiquité" et "antique" (p. 7). L'annomination aide donc à suggérer une des préoccupations centrales du poète: le passage du temps. En effet il y a trois poèmes dans Alcools dans lesquels Apollinaire se sert de l'annomination des mots qui ont le radical "pass-." D'abord "Le Pont Mirabeau" comprend l'annomination passe - passent - passent - passé (pp. 15-16). Dans "Cortège" se présente l'annomination suivante: passaient - passait - passés - Trépassés - passant - passâtes - passé (p. 50). Enfin dans "A la Santé" se trouve l'annomination passent - passe - passera - passent (p. 130). Dans ces exemples, il est évident que le poète emploie l'annomination pour souligner le thème du passage du temps. En outre, il s'en sert pour établir une atmosphère particulière. La répé- tition fréquente de "pass-" suggère le paradoxe d'un changement constant, et incorporé dans ce paradoxe est la monotonie. Tout se passe, lentement et con- stamment, et le poète, dans ces moments où il s'appuie sur le passage du temps, démontre qu'il se sent languissant en face d'une telle monotonie. L' annomination se présente aussi quand Apolli·- naire écrit dans le même vers un substantif et un 24 verhe du même radical. Dans "Zone" par exemple, on voit deux exemples de cette espèce d'annomination dans deux vers consécutifs: "Ils crient s'il sait voler qu'on l'appelle voleur / Les anges voltigent autour du joli voltigeur" (p. 9). Dans "Le Brasier" le poète écrit "Puis le soleil revirit ensoleiller les places" (p. 92). Dans les exemples tirés de "Zone," Apollinaire accentue la notion de "vol" ("voler" et "voleur" ayant le radical latin "volare," et "volti- gent" et "voltigeur" ayant le radical italian "vol- tiggiare," et comprennant le son de "vol"). Le poète se sert donc de l'annomination dans ces vers pour souligner une idée particulière mais en même temps, il montre sa conscience de l'importance de la sonori- té du langage et tout ce qu'elle peut suggérer. De même, dans le deuxième exemple, l'idée de la lumière du soleil s'accentue grâce à l'annomination de soleil / ensoleiller. Apollinaire ne présente pas simplement une idée; il insiste sur cette idée au moyen de la répétition. Le parallélisme se présente très souvent dans Alcools sous plusieurs formes: la répétition d'une assez grande partie d'un vers, d'un vers qui a subi quelques petits changements, d'un ou de plusieurs vers entiers, ou même d'une strophe entière.5 Quand Apollinaire se sert d'une répétition d'une grande partie d'un vers, il n'en change souvent que le dernier mot. Dans "Le Voyageur," par exemple, il écrit: "Deux matelots qui ne s'étaient jamais quittés / Deux matelots qui ne s'étaient jamais par- lé" (p. 53). Dans "La Blanche Neige," il écrit, ''L'un est vêtu en officier / L'un est vêtu en cuisinier" (p. 57), et dans "La Chanson du Mal-Aimé" sont les vers "Avons-nous assez navigué" et "Avons- _nous assez divagué" (p. 19). Parfois le poète ne change que le premier mot d'un vers: "Grottes tiriez aux mers la langue" se change à "Oiseaux tiriez aux mers la langue" ("Lul de Faltenin," PP. 7 6, 7 7) , et "Une femme lui ressemblant" se change à "Les souvenirs lui ressemblant" ("Chanson 25 ques questions esthétiques se posent autour de la répétition dans Alcools. On doit se demander si Apollinaire ne se ,laisse pas entraîner trop facile- ment par ses émotions, s'il ne perd pas le contrôle artistique de temps en temps (dans le cas de l'ana- phore, par exemple, quand il conunence sept ou huit phrases par la même expression). Est-ce que le poète doit ajouter les éléments répétitifs simplement pour remplir les vers, ou même quelquefois pour "unifier" d'une maniere superficielle les strophes? Apolli- naire fait-il preuve "de moins d'ambition esthétique, en se donnant trop peu de peine pour varier sa mani- ère d'expression"?6 Somme toute, il faut juger si la répétition dans la poésie d'Apollinaire sert à améliorer le recueil ou à l'affaiblir. En tout cas, l'émotion s'intensifie, les vers se présentent d'une manière très naturelle, et la pensée du poète s'exprime avec grande ferveur, grâce aux figures de construction basées sur la répétition. Conunent peut-on s'empêcher de ressentir les émotions fortes ou de se laisser entraîner par la récurrence de quelques mots particulièrement expressifs? On ne saurait s'abstenir d'entrer dans le monde du poète. En effet, la qualité d'expression dans la poésie d'Apollinaire s'approche de celle des trou- badours. Alcools, basé sur les formules et se prê- tant à la musique, rappelle une belle chanson an- cienne, parfois gaie, parfois triste, mais toujours toujours touchante. CLARICE DOUCETTE UNIVERSITY OF KANSAS 28 NOTES lGunnar Biller, Etude sur le style des pre- miers romans français en vers (1150-75), Diss. Goteborg 1916 (Goteborg: Elanders Boltryckeri Ak- tiebolag, 1916). Toutes les définitions des termes rhétoriques dans ce travail son tirées de cet ouvrage. 2Guillaume Apollinaire, Alcools (n.p.: Editions Gallimard, 1920), pp. 32, 44. Toutes les citations d'Apollinaire sont tirées de cette édition. 311 faut mentionner une autre espèce d'épizeu- xis, "celle où les mots identiques sont séparés par une particule'' (Biller, p. 32). L 'épizeuxis de cette sorte ne semble pas avoir beaucoup d'intérêt esthé- tique, mais elle existe chez Apollinaire: "Ame- naient un à un les morceaux de moi-même / On m'a batit peu à peu comme on élève une tour" ("Cortège," p. 50), par exemple. 41 1 anadiplosis dans le sens employé ici est mon adaptation de la définition que donne Biller. 5pour une discussion détaillée des formes du parallélisme, voir Biller, pp. 43-51. 6Biller, p. 53. Il fait cette accusation à propos de l'auteur de l'Enêas qui se sert fréquem- ment des "formules" dans son oeuvre. 29 w 0 APPENDICE 1909 -oa dame avait une robe n ottoman violine Et sa tunique brodée d'or Etait composée de deux panneaux S'attachant sur l'épaule Les yeux dansants comme des anges Elle riait elle riait Elle avait un visage aux couleurs de France Les yeux bleus les dents blanches et les lèvres très rouges Elle avait un visage aux couleurs de France Elle était décolletée en rond Et coiffée à la Récamier Avec de beaux bras nus N'entendra-t-on jamais sonner minuit La dame en robe d'ottoman violine Et en tunique brodée d'or Décolletée en rond
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