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Les mouvements littéraires, Lectures de Français

Tous les explications sur les mouvements littéraires

Typologie: Lectures

2022/2023

Téléchargé le 21/04/2023

allafortmargot
allafortmargot 🇫🇷

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Télécharge Les mouvements littéraires et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Le Classicisme Chronologie (placez votre curseur sur les événements). Assassinat d'Henri IV Richelieu au pouvoir Académie française Mazarin au pouvoir La Fronde Début du règne personnel de Louis XIV Guerre de Hollande Querelle des Anciens et des Modernes La Cour à Versailles Révocation de l'Édit de Nantes Mort de Louis XIV 1610 1624 1635 1643 1648 1661 1672 1678 1682 1685 1715 e mot latin «classicus» désigne un individu "de la première classe des citoyens". L'adjectif «classique» apparaît au XVIème siècle avec le sens d'«écrivain de premier ordre», mais ce sont les Romantiques qui, en définissant leur esthétique, imposeront a posteriori le sens que nous donnons aujourd'hui au mot «classicisme» : nous englobons par cette notion l'ensemble de la production littéraire et artistique qui coïncide avec le XVIIème siècle - et surtout avec le règne de Louis XIV -, dans laquelle nous reconnaissons des caractères d'ordre et d'équilibre alliés au goût des codifications esthétiques et morales. On a pu voir dans ces caractères l'expression privilégiée du «génie français», et il est vrai qu'avec les écrivains classiques, la langue française parvient à la clarté et à l'élégance qui assureront son rayonnement (voyez le texte de Rivarol). Cependant on aurait tort de voir dans ce corpus de règles qui constitue le classicisme une conquête de la perfection gagnée sur le naturel et sur le cœur. Notre propos est de montrer au contraire, à l'aide d'une séquence bâtie sur quatre textes, que ce mouvement est toujours guidé par une volonté de conciliation de la sincérité et de la politesse, qui font plutôt du classicisme une école de la maîtrise de soi bâtie sur une recherche de l'harmonie. 1. « Les règles du devoir ». La querelle des Anciens et des Modernes mit en valeur les divisions des théoriciens classiques à propos de l'Antiquité : s'ils s'inspirent des préceptes d'Aristote, ils n'ont pas pour elle un culte immodéré. Ils n'en retiennent que ce qui fuit l'artifice et l'excessive ingéniosité et visent par là cette intemporalité qui ne peut s'acquérir que par le bon sens. C'est ainsi sur ce dernier que Descartes fonda son Discours de la méthode et, avant Boileau, la génération des doctes (Vaugelas, Chapelain) définit la correction du langage par cet usage clair et raisonné qui l'assimile à une véritable politesse. Nicolas Boileau (1636-1711) Art poétique, I (1674) [Dans ce célèbre traité qui reprend les éléments de doctrine élaborés par les doctes, Boileau s'emploie d'abord à condamner le "faste pédantesque" de la poésie du XVIème siècle et salue en Malherbe l'initiateur de l'ordre et de la mesure en poésie.] Enfin Malherbe vint, et, le premier en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence, D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir. Par ce sage écrivain la langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée. Les stances avec grâce apprirent à tomber, Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber. Tout reconnut ses lois; et ce guide fidèle Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle. Marchez donc sur ses pas; aimez sa pureté, Et de son tour heureux imitez la clarté. Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre, Mon esprit aussitôt commence à se détendre, Et, de vos vains discours prompt à se détacher, Ne suit point un auteur qu'il faut toujours chercher. En vain vous me frappez d'un son mélodieux, Si le terme est impropre, ou le tour vicieux; Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme, Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme. Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain. Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse, Et ne vous piquez point d'une folle vitesse; Un style si rapide, et qui court en rimant, Marque moins trop d'esprit, que peu de jugement. J'aime mieux un ruisseau qui sur la molle arène Dans un pré plein de fleurs lentement se promène, Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux, Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux. Il est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées; Le jour de la raison ne le saurait percer. Avant donc que d'écrire apprenez à penser. Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. Surtout qu'en vos écrits la langue révérée Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. Hâtez-vous lentement; et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent. Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu; Que le début, la fin répondent au milieu; Que d'un art délicat les pièces assorties N'y forment qu'un seul tout de diverses parties : Que jamais du sujet le discours s'écartant N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant. Craignez-vous pour vos vers la censure publique ? Soyez-vous à vous-même un sévère critique. 2. « La grande règle de toutes les règles » : plaire et instruire. De tous les classiques, Molière est celui qui eut le plus de mal à brider son inspiration dans ces règles théâtrales qui, sous le patronage d'Aristote, visaient à resserrer au maximum l'action, l'espace et le temps autour de l'exploration d'une crise. Formé par le public spontané de la comédie, dont le rire reste le meilleur garant d'efficacité, il eut à cœur de subordonner les règles au plaisir, fidèle en cela au précepte d'Horace : « il obtient tous les suffrages celui qui unit l'utile à l'agréable, et plaît et instruit en même temps.» (Art poétique, III, 342-343). Molière (1622-1673) Critique de L'École des femmes (1663) [Malgré son succès, la représentation de L'École des femmes en 1662 suscita une vive querelle qui déchaîna les doctes et les prudes contre le prétendu "amoralisme" de la pièce et une certaine "outrance" que l'on vit dans les caractères mis en scène. Molière répliqua l'année suivante par cette comédie où Dorante et Uranie sont opposés au pédant Lysidas.] URANIE : Mais, de grâce, Monsieur Lysidas, faites-nous voir ces défauts, dont je ne me suis point aperçue. LYSIDAS : Ceux qui possèdent Aristote et Horace voient d'abord, Madame, que cette comédie pèche contre toutes les règles de l'art. URANIE : Je vous avoue que je n'ai aucune habitude avec ces messieurs-là, et que je ne sais point les règles de l'art. DORANTE : Vous êtes de plaisantes gens avec vos règles, dont vous embarrassez les ignorants et nous étourdissez tous les jours. Il semble, à vous ouïr parler, que ces règles de l'art soient les plus grands mystères du monde; et cependant ce ne sont que quelques observations aisées, que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir que l'on prend à ces sortes de poèmes; et le même bon sens qui a fait autrefois ces observations les fait aisément tous les jours, sans le secours d'Horace et d'Aristote. Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin. Veut-on que tout un public s'abuse sur ces sortes de choses, et que chacun ne soit pas juge du plaisir qu'il y prend ? URANIE : J'ai remarqué une chose de ces messieurs-là : c'est que ceux qui parlent le plus des règles, et qui les savent mieux que les autres, font des comédies que personne ne trouve belles. DORANTE : Et c'est ce qui marque, Madame, comme on doit s'arrêter peu à leurs disputes embarrassantes. Car enfin, si les pièces qui sont selon les règles ne plaisent pas et que celles qui plaisent ne soient pas selon les règles, il faudrait de nécessité que les règles eussent été mal faites.
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