Lettres à une disparue, Véronique Massenot, Notes de Littérature

Télécharge Lettres à une disparue, Véronique Massenot et plus Notes au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! Lettres à une disparue Véronique Massenot N°654 96 pages 4,90 euros 4e Lecture cursive et approches de l'épistolaire Présentation Le roman Mélina a perdu sa fille, son gendre et sa petite-fille, enlevés durant la dictature. Sa vie s'est figée dans ce deuil qu'elle ne peut surmonter. Elle éprouve le besoin d'écrire à sa fille disparue, pour lui conter les différentes étapes du chemin au terme duquel elle pourra accepter la douloureuse réalité de sa perte. D'une lettre à l'autre, on lit son désespoir, sa révolte, l'espoir de retrouver sa petite- fille, la difficulté à nouer une relation avec elle, l'acceptation de la perte de sa fille pour pouvoir faire une vraie place à sa petite fille. L'intérêt du roman Ce roman - écrit dans une langue simple mais qui véhicule une charge émotionnelle très forte - présente une très belle réflexion sur le deuil et la perte d'un être cher. Le texte ouvre à l'étude de l'épistolaire comme forme narrative et fournit une entrée en matière sur le thème des droits de l'homme. Instructions officielles en 4e -Sur la littérature pour la jeunesse : "En privilégiant toujours la lecture cursive, on pratique la lecture de récits longs (romans)." -Sur la lecture cursive en 4e : "Cette lecture en liberté ne peut s'accommoder de formes d'évaluation rigides ; elle doit cependant être prise en compte dans les activités d'échange, en classe, sur les livres lus. Des fiches de lecture présentées oralement ou par écrit et destinées à guider le choix d'un autre lecteur peuvent ainsi être rédigées, des questionnaires peuvent être élaborés, des jeux imaginés, des affiches ou des panneaux d'exposition réalisés, des exposés et des débats organisés, des comparaisons établies, etc." -Sur l'épistolaire : "On étudie la correspondance en comparant les formes du genre épistolaire littéraire et celles de la correspondance quotidienne". L'étude des Lettres à une disparue, en tant qu'oeuvre appartenant à la littérature pour la jeunesse, entre donc de plein droit dans le programme de quatrième. Au sein de la progression annuelle, cette séquence pourra constituer une première approche de l'épistolaire et être suivie d'un groupement de textes qui présentera différentes facettes de la fonction argumentative du genre épistolaire (agir sur le récepteur, séduire, s'expliquer, se justifier, donner son opinion, argumenter, s'engager). Conseils de lecture À l'issue de la première séance de découverte, le roman sera donné à lire à la classe en lecture cursive. Propositions d'exploitation pédagogique Ce dossier tente de répondre à une interrogation fréquente des enseignants : Qu'est-ce que la lecture cursive ? Comment organiser une telle étude en classe ? Sous quelle forme ? Quels prolongements choisir ? Comment construire le sens du texte et produire un jugement raisonné à partir de la lecture personnelle d'un roman ? Nous proposons donc une série d'activités autour de l'œuvre, dont une lecture méthodique de l'ouverture du roman, une séance de lecture comparée, une fiche de lecture en deux parties et une fiche de conseils pour l'adaptation théâtrale. L'enseignant a toute liberté d'adaptation de ces propositions de lecture en fonction de son programme et du niveau de la classe. Objectifs généraux : -Lire intégralement une œuvre épistolaire -Comprendre son organisation narrative -Étudier la situation d'énonciation et la modalisation -Acquérir des méthodes d'analyse -Réfléchir sur le sens de l'œuvre. Séance Durée Dominante Prolongement 1-Entrer dans le roman 1 heure Lecture, réflexion Expression orale 2-Lettres et communication 1 heure Grammaire Vocabulaire : Le lexique des sentiments 3-La structure narrative du texte 1 heure Lecture cursive Expression écrite (texte narratif) 4-Vers un jugement personnel 2 heures -Lecture cursive -Grammaire : la modalisation Expression écrite (texte explicatif et argumentatif) 5-Lettres à ma fille 1 heure Lecture comparée Exercices de réécriture 6-Du texte à la scène 2 heures Atelier d'expression Exposés/débat Séance 1-Entrer dans le roman Durée : 1 heure Support : lettre 2 1-Nommer les sentiments éprouvés par la narratrice. Apprendre à en nuancer l'expression (gradation dans l'intensité de l'émotion, adjectifs au comparatif et au superlatif, adjectifs au sens propre ou figuré, emploi de comparaison). 2-Choisir des constructions grammaticales expressives (phrases interrogatives ou exclamatives, tournure négative, dislocation, présentatifs, reprise des pronoms, accumulations…) Séance 3- La structure narrative du texte Support : lettres 2 à 9 Durée : 1 heure Objectifs : -Lire et comprendre un texte narratif long -Reconnaître et nommer les sentiments évoqués Conduite : Les fiches-élèves des séances 2 et 3 peuvent être préparées individuellement à la maison ou proposées à la classe sous forme de travail de groupes. Dans tous les cas, la confrontation des différentes réponses permettra au professeur de vérifier si le texte a bien été compris et aux élèves de construire et/ou moduler leur jugement sur l'œuvre. Les fiches peuvent constituer, ou non, une évaluation de la lecture cursive. Fiche-élève 1 I-Tableau Lettre Énonciation (correspondant) Contenu de la lettre Sentiments de l'émetteur 1 Mélina à Paloma Une mère écrit à sa fille disparue, victime de la dictature de son pays Elle évoque les différents sentiments qui l'ont envahie depuis le drame : espoir, refus d'accepter, renoncement, révolte. 2 Mélina à Paloma Mélina raconte la fin de la dictature, l'impunité des généraux tortionnaires, les premières manifestations des mères des disparus, la rencontre avec Rosita, rescapée après avoir été enlevée, torturée et violée, le retour de Stella, son amie d'enfance. Elle cherche dans le souvenir de sa fille militante la force de combattre pour la reconnaissance des crimes commis. 3 Mélina à Paloma Mélina apprend que Guille, un enfant dont les parents ont L'espoir renaît : sa petite fille, Nina, "disparu", a été adopté par un général. Sa tante, Lelia, a réussi à le retrouver. est peut-être encore vivante. 4 Mélina à Paloma Trois mois d'enquête n'ont rien donné. Mais Pablo, le mari conducteur de bus, croit avoir aperçu le fillette. Ils l'observent, le photographient pour la comparer à Paloma, sa mère. La ressemblance est frappante, sauf pour Mélina. Désarroi de Mélina qui reste "aveugle". 5 Mélina à Paloma Mélina va prendre conseil auprès de Lelia, qu'elle croit plus forte que tout. Mais celle- ci s'écroule devant elle, avouant sa solitude. Le lendemain, c'est Guille qui la convainc d'approcher Nina. Mélina prend la poupée de Paloma enfant et va l'offrir à Nina. L'heure du procès approche. 6 Mélina à Paloma Le verdict tombe : Nina leur est rendue. Après l'euphorie de la victoire, pointe l'appréhension car Nina semble révoltée contre celle qui a détruit son univers. 7 Mélina à Paloma Après l'installation de la fillette chez ses grands- parents, la relation ne s'établit pas entre Nina et Mélina. Mélina se sent lasse, amère. Elle s'est trompée : elle n'a pas retrouvé sa fille, mais sa petite-fille, et doit accepter de faire le deuil de Paloma. 8 Mélina à Paloma Nina vient enfin à la rencontre de Mélina, et celle-ci comprend qu'elle en voulait à sa petite fille d'avoir survécu à Paloma. Portrait enthousiaste de Nina, que Mélina découvre peu à peu. 9 Nina à Paloma Après le décès de Mélina, Nina découvre le secret de ses lettres. C'est elle qui vient achever cette "correspondance Solitude après le décès de sa grand- mère, peur de survivre à celle à sens unique" en confiant ses doutes à sa mère. qu'elle va bientôt dépasser en âge, sa difficulté à trouver un combat qui soit le sien et donne un sens à sa vie. 2-Notez ici vos premières impressions de lecteur : ……………….. ……………….. ……………….. Pistes d'exploitation pédagogique : I-Un récit dans le temps (Outils de la langue : les connecteurs temporels). Étude des marques de la temporalité dans le récit : les lettres sont espacées dans le temps (sur plusieurs années) et elles correspondent aux différentes étapes de résolution du problème évoqué (celui du deuil impossible). II-Une structure narrative originale (propre à l'écriture de l'intime). Elle suit la progression psychologique de Mélina. 1-Évocation du passé, des différents sentiments éprouvés jusqu'au "déclic" qui fait relever la tête. 2-Fin de la dictature et sentiment de révolte : désir de réagir et de se battre. 3-L'espoir renaît : retrouver Nina résoudra la souffrance liée à Paloma. 4-Nina est retrouvée (espoir, découragement, refus d'y croire). 5-Sentiment d'incapacité à aborder Nina, résolution du problème par Guille. 6-Euphorie de la victoire, appréhension. 7-Le problème de Paloma ressurgit : le deuil reste à faire, relation impossible avec Nina. 8-Résolution définitive du problème : acceptation du deuil, relation réussie avec Nina. 9-Épilogue : Nina parle en son nom propre, et se situe dans le puzzle familial. III- Un récit épistolaire 1-Un feuilletage du livre permettra de remplir le tableau suivant : Lettre Ouverture Clôture et signature 1 à 7 "Chère Paloma" "Je t'embrasse fort. Maman." 8 "Chère Paloma" "Adieu, ma douce. Maman." 9 "Chère Paloma" "Je t'embrasse tendrement. Nina" 2-Particularités de ce dispositif épistolaire : 10-Donnez une note à ce texte : /20 Expliquez cette note : ………………………… ………………………… ………………………… (2° heure) Outils de la langue : la modalisation / le vocabulaire de l'opinion et du jugement Support : lettre 5 (p. 47 à 57) I-Étudier la modalisation -Repérer les marques de modalisation dans la lettre 5. (Processus par lequel le scripteur manifeste son attitude à l'égard de son énoncé). II-Apprendre à exprimer son opinion ou son point de vue -À l'ide du pronom "je" et d'expressions qui renforcent la prise de position (pour ma part, à mon sens, de mon point de vue). -À l'aide de verbes d'opinion (je crois, je suis certain, je doute, je m'oppose, j'admets…) -À l'aide de tournures impersonnelles (il est évident que…) -À l'aide d'adverbes propres à nuancer l'opinion (absolument, peut-être, probablement…) -Par l'emploi du conditionnel III-Exprimer son jugement, positif ou négatif : -À l'aide de verbes de sentiment (aimer, apprécier, adorer, détester…) -des adjectifs (enchanté, heureux, déçu…) -des adverbes et locutions adverbiales (heureusement, hélas…) Prolongement - Expression écrite : Sujet : Vous rédigerez un article sur Lettres à une disparue pour le journal du collège ou le fichier informatique du CDI. Vous présenterez l'ouvrage, vous résumerez rapidement le contenu et vous tenterez d'inciter votre lecteur à se plonger dans le roman. Séance 5- Lettre d'une mère à sa fille Supports : Lettre 8 de la p. 82 : "Nina et Guille se ressemblent…" jusqu'à la fin de la lettre ; Lettre de Mme de Sévigné à Mme de Grignan (voir ci-dessous). À plusieurs reprises, madame de Sévigné se rend chez sa fille, madame de Grignan, près de Montélimar. C'est au départ d'un de ces séjours qu'elle lui écrit, à la première halte, la lettre suivante : À Montélimar, ce jeudi 5 octobre (1673) Voici un terrible jour, ma chère fille ; je vous assure que je n'en puis plus. Je vous ai quittée dans un état qui augmente ma douleur. Je songe à tous les pas que vous faites, et à tous ceux que je fais, et combien il s'en faut qu'en marchant toujours de cette sorte, nous puissions jamais nous rencontrer. Mon cœur est en repos lorsqu'il est auprès de vous : c'est son état naturel, et le seul qui puisse lui plaire. (…) J'ai le cœur et l'imagination tout remplis de vous ; je n'y puis penser sans pleurer, et j'y pense toujours : de sorte que l'état où je suis n'est pas une chose soutenable ; comme il est extrême, j'espère qu'il ne durera pas dans cette violence. Je vous cherche toujours et je trouve que tout me manque, parce que vous me manquez.(…) Je n'espère de consolation que de vos lettres, qui me feront encore bien soupirer. En un mot, ma fille, je ne vis que pour vous. Dieu me fasse la grâce de l'aimer quelque jour comme je vous aime. Je songe aux Pichons1, je suis toute pétrie de Grignans ; je tiens2 partout. Jamais un voyage n'a été aussi triste que le nôtre ; nous ne disons pas un mot. Adieu, ma chère enfant ; aimez-moi toujours. Hélas ! Nous revoilà dans les lettres…. Sur la lettre de Mme de Sévigné 1-Cette lettre permet à un émetteur de faire passer un message à un destinataire. Quels renseignements le message permet-il de déduire sur chacun d'entre eux ? Quelles sont les marques de personne (pronoms et déterminants possessifs) présentes dans le texte ? 2-Que cherche à obtenir l'émetteur (agir sur le récepteur, séduire, s'expliquer, se justifier, donner son opinion, argumenter, s'engager, autres… ?) 3-Pourquoi a-t-il été nécessaire d'accompagner le texte de notes en bas de page ? 4-Cette lettre, authentique, était-elle destinée à être publiée ? Quels indices révèlent son caractère intime ? 5-Le texte est-il construit selon un plan rigoureux ? Quels renseignements donne-t-il sur la vie de celle qui l'écrit ? 6-Définissez les rapports qu'entretiennent Mme de Sévigné et sa fille. Sur les deux lettres 7-En quoi ces deux lettres se ressemblent-elles ? 8-Quelle différence oppose les deux narratrices par rapport au destinataire de leur lettre ? 9-Relevez, dans les deux lettres, les termes qui appartiennent au vocabulaire de la passion. Justifiez son emploi. 10-Mettez en parallèle les deux formules finales. Ont-elles la même valeur, à votre avis ? 1 Pour "Pitchoun", enfant,, en provençal. Mme de Grignan avait deux jeunes enfants. 2 Je suis retenue. Question orale : Laquelle des deux lettres préférez-vous ? Trouvez deux arguments pour appuyer votre jugement. Prolongement Exercices de réécriture : 1-Que faudrait-il modifier dans la lettre de Mme de Sévigné pour qu'elle paraisse être envoyée à un amant plutôt qu'à sa fille ? Quelles phrases faut-il supprimer ? Lesquelles faut-il transformer ? Lesquelles peuvent être utilisées telles quelles ? 2-Réécrire la fin de la lettre 8 sous forme de journal intime 3-Réécrire la lettre de Mme de Sévigné ou la fin de la lettre 8 sous forme d'un récit à la 3e personne. Séance 6 - Atelier d'expression - Du texte à la scène Durée : 2 heures ou plus selon la motivation de la classe. Objectif : -Proposer une lecture-spectacle de Lettres à une disparue -Travailler toutes les étapes de l'adaptation de la lettre à la scène de théâtre. Conduite La fiche suivante est destinée à aider les élèves dans leur travail. Fiche-élève 3 : du texte à la scène Transposer Étape 1 -La reconstitution de l'histoire -À partir de votre tableau reconstituant les événements, repérez les temps forts du récit, lettre par lettre. Quels épisodes devez-vous mettre en relief ? Quels épisodes pouvez-vous passer sous silence ? -Préparez un schéma général de la pièce, imaginez ce que représentera chaque scène de ce drame. Étape 2 : Quels lieux et quels décors ? -Définissez les différents lieux dans lesquels se dérouleront les scènes (à moins que vous ne choisissiez un lieu neutre, comme dans la tragédie classique). -Caractérisez ce (ces) lieu(x) en imaginant les décors. -Rédigez les didascalies de chaque lieu scénique de la future représentation. -Éventuellement, dessinez-les (schéma). Étape 3 : La représentation du temps La difficulté des Lettres à une disparue consiste en la représentation des ellipses narratives. Comment s'y prendre (intervention d'une voix-off, lever et baisser de rideau, éclairages, accessoires et costumes…) Étape 4 : Didascalie des personnages (Mélina, Nina). Rédigez, la didascalie de chacun des deux personnages en scène. (Si vous désirez faire intervenir d'autres personnages, présentez-les sous forme de didascalie.) Étape 5 : Choix et rédaction des scènes Choix possibles : conserver le texte intégral, suppression de certaines scènes, pratiquer des coupures dans le texte des lettres, transformer tout ou une partie des lettres pour représenter les dialogues échangés entre Mélina et les