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COMMENTAIRE :
Plan
Le plan est donné ici pour vous aider, mais il ne doit en aucun cas figurer sur votre copie.
I. L'ORFEVRE PORTE-PAROLE DE TOUTE UNE COLLECTIVITE :
A. Un personnage quasi allégorique :
B. Une tendance à la généralisation :
IL L’EVOLUTION DES IMAGES DANS LE TEXTE !
A. Les images liées au passé :
B. La dégradation des images liées au présent :
Lorenzaccio est une pièce qui avait été inspirée à Musset par son voyagc on Ilalie avec
George Sand. L’intrigue se passe entièrement à Florence, lors du règne d'Alexandre de
Médicis. Dans la scène 2 de l’acte I, il s’agit encore de l’exposition : un orfèvre adresse une
longue tirade à d’autres représentants anonymes du peuple de Florence. Il y trace la fresque
générale, très critique, de la situation de Florence à l’époque des Médicis : elle correspond,
selon lui, à une période de décadence. En quoi la portée de cette tirade remet-elle en cause la
légitimité des Médicis ? Îlci, la problématique est exprimée sous la forme d’unc question.
Soulever une interrogation qui permet de metre en relief l'intérêt de l’extrait proposé est
Kouvent un bon moyen de «problématiser » le texte] Nous pourrons tout d’abord nous
demander comment l’orfèvre se fait le porte-parole de toute une collectivité, avant d’observer
l’évolution des images dans le texte.
L’orfèvre est un personnage symbolique : il ne figure pas parmi les héros de la pièce,
mais il est la pour représenter la voix des Florentins et son discours a une portée générale.
N'oubliez pas de rappeler quel est l’axe d’étude que vous développez au début de chaque
partie du développement. Vous n’avez pas le droit d'utiliser des titres, mais les premières
phrases de chaque partie du plan jouent le même rôle. J
Musset a fait d’un orfèvre le représentant des habitants, ce qui n’est pas un hasard. Les
orfèvres sont en effet réputés à Florence el leurs échoppes sont nombreuses notamment sur le
Ponte Vecchio, monument emblématique de la ville. La fonction de ce personnage est liée
directement au prestige de la ville, à sa richesse en métaux précicux. Il représente l’élite des
artisans et a donc l’autorité nécessaire pour parler de sa décadence. On peut constater que la
première personne du singulier est peu présente dans la tirade. On en relève seulement deux
occurrences : & je vous le dis », & dont je vous parle » (texte A, 1. 7, 9). L’orfèvre l’utilise
plus à une fin didactique que pour se mettre lui-même en valeur. De même, la deuxième
personne est assez rare (cinq occurrences) : l’orfèvre s’en sert pour assurer le contact avec
son auditoire, comme pour l’apostrophe : « savez-vous, voisin » (texte À, 1. 12). Les individus
s’effacent donc dans cette tirade au profit de la collectivité.
C’est en cffct la première personne du pluriel qui est davantage utilisée dans le texte.
On voit par là que l’orfèvre s’inclut dans la communauté du peuple de Florence : « nos
grandes familles » (1. 3), «& nous nous promenions » (1. 5), « ils ont l'oeil sur nous autres »
(1. 16). « ils nous dévorent » (1. 18), « nos filles », « nos bouteilles », « nos vitres » (1. 21).
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Le Théâtre ou La Littérature d'idées du XVF* au XVIHEP" siècle
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[N'hésitez pas à faire des relevés très précis: chaque expression citée doit être entre]
guillemets
On peut constater qu’au début du texte, « nous » est sujet du verbe se promener, puis La
deuxième personne est toujours en position de complément, à l’image de l'exploitation
progressive du peuple dans le texte, instrumentalisé par le pouvoir.
On trouve beaucoup de pluriels, qui sont symptomatiques de la volonté de
généralisation dont fait preuve l’orfèvre : « nos grandes familles » (1. 3), « les familles
florentines », « les Allemands », « les marchands », « les Médicis », « les hallebardes » (1. 14
à 19).
On trouve aussi beaucoup de singuliers à valeur collective : « la cour », « le peuple »,
« le monde », « la famille » (1. 1 à 9)... La répétition de « tout », en début du texte révèle
bien cette intention de tracer une fresque d’ensemble : « ous ces grands palais » (1. 2), « à
elles toutes » (1. 4), « toutes ces colonnes » (1. 5).
Le discours de l’orfèvre n’est donc pas à interpréter comme le point de vuc d’un
individu singulier adressé à d’autres personnes bien définies. C’est le collectif et le général
qui prend le pas sur le personnel ct Ie particulier. La vision qu’il offre de Florence est en tout
cas très alarmante.
La révolte de l’orfèvre contre les Médicis n’est perceptible à travers la ponctuation que
dans la première phrase, exclamative. Car c’est avant tout à travers un réseau d’images assez
complexe qu’il exprime sa colère. Celles-ci évoluent au long du texte.
Tout d’abord, les images liées au passé de Florence sont fondées sur une métaphore
filée architecturale très cohérente. Florence est assimilée à une bonne maison, Les palais à des
colonnes, qui forment « une vieille voûte bien cimeniée ». On a des architectes. Puis, une
brèche fissure la maison et une colonne se métamorphose en clocher. Les temps des verbes
dominants dans cette partie du texte sont au passé car l’orfèvre retrace ici l’histoire de
Florence, de façon styliséc. Le choix de la métaphore architecturale s’explique très bien à
Florence, car la ville est constituée de multiples palais. La concurrence architecturale entre les
palais de la cité existait vraiment : et ces bâtiments sont récllement à l’image de la puissance
des familles qui les possédaient. Il existe même un village de Toscane célèbre pour ses
multiples clochers qui rivalisent de hauteur.
Puis l’enchaînement des images utilisées par l’orfèvre, quand il s’agit d'évoquer
l'actualité de Florence, se dégrade, perd sa cohérence. Il s’écarte du domaine architectural.
On trouve une comparaison végétale : « comme un champignon » (1. 10), puis une
pcrsonnification du clocher, qui a la « tête trop lourde », et « une jambe de moins » (1. 12-
13). Il devient ensuite « un gros pâté informe fait de boue et de crachat » (1. 13-14), qui est la
citadelle. L'image d'origine, celle du clocher, est inversée quand l’orfèvre évoque un « frou »
(1. 15) : on passe d’une image qui joue sur la hauteur à une autre qui évoque la profondeur.
Ce trou inspire la comparaison des Allemands avec « des rais dans un fromage » (1. 15).
Enfin, il est question d’une « excroissance vénéneuse qui dévore un esiomuc malade » (1.
18). Les images péjoratives accumulées semblent se télescoper. Leur anarchie, leur absence
de logique, est à l’image de Florence gouvernée par le Duc. La pointe finale de la tiradce met
en scène Alexandre de Médicis de façon très péjorative à travers un procédé d’accumulation.
Les appellatifs successifs qui le qualifient veulent insister sur sa vulgarité : « un bâtard, une
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