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Notes complètes sur le thème "Choisir l’histoire des femmes" - 1° partie, Notes de Histoire de la psychologie

Notes d’histoire du genre sur le thème "Choisir l’histoire des femmes" - 1° partie. Les principaux thèmes abordés sont les suivants: Femmes et sciences, Créer. Hier et aujourd’hui, Marie Curie et le radium : l’information et la légende en Belgique, Histoire des femmes, histoire de genre, Femmes dans l’espace public, Genre et citoyenneté en Belgique 1885-1921. Histoire des femmes, histoire de genre

Typologie: Notes

2013/2014

Téléchargé le 05/02/2014

Damien_94
Damien_94 🇫🇷

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Hier et aujourd’hui Les femmes et les sciences Les femmes ont tenté de renouveler les connaissances, chacune dans leur domaine, en y introduisant un point de vue qui englobe la différence des sexes. Exemple avec Marie Curie qui n’a jamais inscrit ses recherches dans une perspective féministe ni milité dans le mouvement des femmes. Sa créativité, comme sa reconnaissance scientifique, sont indéniables. Mais sa reconnaissance n’a jamais impliqué de remise en cause de la discipline ni de l’institution scientifique. Marie Curie occupa chaque fois une position d’exception qui, par essence même, la plaçait hors de portée des autres femmes. Et pourtant, même sous cette forme neutralisée, sa trajectoire est marquée par son sexe et sa réussite s’est construite sur un ensemble de renoncements personnels et intellectuels. Pourtant, dans le couple Pierre et Marie, l’imaginaire collectif rétablit la nécessaire hiérarchie entre les sexes, Pierre est considéré comme le guide et le garant intellectuel, Marie comme la collaboratrice. Dans le passé, proche ou lointain, la créativité scientifique des femmes est donc reconnue à titre exceptionnel, et pour des raisons précises. Il a fallu leur entrée massive dans le domaine de la recherche, et plus encore les questions posées par les féministes, pour assister à une réelle remise en cause. Variations nationales La question de la place des femmes dans la recherche scientifique est largement débattue à l’étranger mais elle est encore embryonnaire en Belgique au XXème siècle. D’un pays à l’autre, les situations sont très différentes. Pourquoi de telles différences ? La réponse tient probablement dans les liens qui unissent - ou non – le mouvement militant des femmes et les universitaires. En Belgique, le mouvement revendicatif s’est largement développé en-dehors des institutions. Mais cette rupture n’explique pas tout, et surtout pas pourquoi les femmes universitaires, qui avaient investi de manière significative la recherche scientifique avant 1968, sont restées en marge des questionnements féministes. De plus, l’Université libre de Bruxelles manifesta rapidement son ouverture aux filles. Cet accueil précoce des femmes au sein de l’ULB explique peut-être en partie leur désintérêt pour le mouvement revendicatif des années 1970. Pourtant, l’égalité était loin d’être atteinte, surtout dans la reconnaissance publique de leur créativité. La visibilité du savant, son image médiatique, restent encore très largement masculines. Premières interrogations Les premières interrogations, venant des femmes elles-mêmes, portent d’abord sur l’aspect quantitatif et analysent les facteurs susceptibles de freiner leur carrière académique. On en vient à considérer qu’il ne s’agit pas seulement de barrières sociales mais de causes inhérentes au fondement même des sciences. Puisque les femmes avaient été écartées de la production scientifique, les sciences modernes se sont construites entièrement en-dehors d’elles. 5 illimitée. La crainte de voir les études féministes reproduire aujourd’hui des contraintes et des moules de pensée, à l’instar de ce qu’elles ont naguère dénoncé, est sous-jacente. Marie Curie et le radium : l’information et la légende en Belgique Dans le domaine scientifique, Bruxelles constitue, par la volonté d’Ernest Solvay, le haut lieu de la réflexion théorique : dès congres permettent aux spécialistes les plus éminents de confrontent leurs points de vue. Outre les contacts personnels des savants belges avec Mme Curie, ce sont bien ces conseils qui, réunissant régulièrement « les amoureux de la physique » comme les appelait Marie Curie, forment le lieu privilégie de l’avènement scientifique et la trame des liens entre Marie Curie et la Belgique. Heurts et malheurs de l’information scientifique Si l’on considère les informations scientifiques transmises par la presse à propos de Marie Curie sur une période qui s’étend, en gros, de 1900 aux années 1930, on constate que le lecteur d’un grand quotidien belge n’ignore pas qui elle est mais que son information reste superficielle et discontinue. Les renseignements concernent plus les manifestations extérieures de sa carrière que le contenu ou la portée de ses découvertes. Et encore, il existe une différence notable pour le lecteur d’un journal libéral et celui d’un organe catholique, surtout avant 1914. Si la presse libérale se montre assez prompte à diffuser les résultats de la science moderne, la presse catholique, elle, demeure méfiant, sinon hostile, à l’égard de la science. Après 1918, l’information scientifique gagne quelques galons, de part et d’autre, mais reste toujours mieux accueillie dans les journaux libéraux et socialistes. Il n’est pas évidemment encore question de parler de journalisme scientifique. Un test : les Conseils de physique Solvay Ce sont des rencontres « au sommet », dont l’importance, au plan scientifique, a été, à bien des égards capitale, et qui, réunissant à chaque fois à Bruxelles une brochette de prix Nobel. La présence de Marie Curie, cette femme dont la célébrité détonait d’autant qu’elle était exceptionnelle pour l’époque, aurait pu faire l’objet de commentaires particuliers. Or on constate au contraire que cette information demeure stéréotypée, exception faite pour le premier Congrès qui ne doit sa publicité qu’au « scandale Langevin », soit la liaison rendue publique de Marie Curie et Paul Langevin. Les journaux avaient bien annoncé le congrès mais de manière relativement discrète. Mais avec celle-ci, les choses prennent une tournure bien différente puisqu’elles peuvent s’inscrire dans des créneaux « médiatiques », le scandale et la lutte clérico libérale. La presse libérale s’enflamme rapidement et prend fait et cause pour Marie Curie. Elle est présentée comme une victime, victime du sectarisme de la droite, de la xénophobie, de l’antiféminisme. Il s’agit d’une cabale orchestrée pour l’éloigner définitivement de l’Institut où elle avait été candidate en janvier dernier. Le Matin pose en outre de bonnes questions, de résonance très moderne, sur la place faite à la femme dans la société, particulièrement quand celle- ci brigue des distinctions traditionnellement réservées aux hommes. Quant à la presse catholique bruxelloise, si elle fait écho au scandale, elle le fait de manière plus feutrée que prévue. Ils prennent la défense de la mère de famille française offensée et dénoncent les efforts faits par les partisans de Mme Curie pour étouffer l’affaire. Thèse du complot donc, comme dans la 6 presse libérale, mais à rebours, la victime est ici Mme Langevin. Il y a aussi des silences inattendus de certains journaux. Bien peu de place, en définitive, a été consacrée au Conseil de physique lui-même et l’information n’est guère plus abondante en 1913. Si les évènements scientifiques que furent les Conseils de physique n’étaient pas ignorés du grand public, du moins peut-on affirmer que le lecteur, à de rares exceptions près, n’eut qu’une très vague idée de leur portée et de leur ampleur des questions débattues. Quant à la participation de Marie Curie, elle ne fut pas mise particulièrement en valeur, les éventuels commentaires portant exclusivement sur le rôle d’Ernest Solvay et de sa famille. Une information sporadique et progressivement déviée Entre les Conseils de physique, et jusqu’au décès de Marie Curie, l’actualité apporte de manière sporadique des nouvelles ponctuelles. Symptôme d’une évolution générale dans la presse, les articles s’accompagnent plus volontiers de photos, souvent les mêmes : le visage de Mme Curie devient plus familier. Mais le public belge sait bien peu de chose des relations qui se sont tissées entre elle et la Belgique ; certaines ne seront évoquées que plus tard, au moment de sa mort ou même après. Pourtant, le radium et la part prise par Marie dans sa découverte font l’objet d’un indéniable effort de vulgarisation. Notons enfin, pour conclure ce rapide survol, que Mme Curie devint plus familière au public belge à la faveur d’un « malentendu médiatique » qui assimile peu à peu l’image des Curie à la lutte contre le cancer. On assiste ainsi dans les années 1920-1930 à un véritable glissement de l’information sur le radium au profit de ses applications thérapeutiques. Et le public ne distingue plus très bien qui a trouvé quoi. Au début du siècle, l’image qui est donnée de Marie Curie est, sans conteste, celle d’une savante « pure », située dans cet espace quelque peu supra humain. Elle fait figure de grande savante, mais elle n’est pas encore une bienfaitrice de l’humanité. Après le Première Guerre mondiale, l’image de Marie Curie est associée plus volontiers au monde médical et plus particulièrement à la lutte contre le cancer, au point d’occulter parfois les aspects principaux de ses travaux. Un stéréotype se met en place qui associe l’aventure de la radioactivité à un « flash » médiatique simplifié, et simpliste. Par une grande ironie du sort, l’engouement pour le radium gagne le grand public au moment où il diminue dans les milieux spécialisés. C’est à la faveur d’un tel contexte que s’installe l’idée que « dans la lutte contre ce terrible fléau (le cancer) le nom des Curie vient s’inscrire comme bienfaiteur de l’humanité à côté de celui de Pasteur ». Il y a donc à la fois information et désinformation. Information descriptive, sans réelle vulgarisation scientifique ; déformation parce que cette information, privilégiant les aspects thérapeutiques qui frappent le lecteur moyen, n’évite pas l’écueil d’une certaine confusion. Le décès de marie Curie Quand Marie Curie meurt, en juillet 1934, le public connaît donc certains aspects de sa 7 carrière, se fait une idée schématique de ses travaux mais sait peu de choses de la femme. Et ce qu’il en sait prend vite la forme d’un symbole, avant de passer dans la légende. La discrétion de Marie Curie, ses dérobades devant les journalistes, expliquent en partie que des pans entiers de son existence ne seront révélés au grand public, du moins en France et en Belgique, que par l’ouvrage d’Eve Curie, en 1938. A l’étranger, on en sait un peu plus grâce à des biographies de Marie Curie ou encore son autobiographie qu’elle a écrites aux Etats-Unis et dont elle refusa l’autorisation de la publier dans un autre pays. C’est autour de la figure de Pierre que s’organise d’ailleurs en Belgique une première vulgarisation. Quand le lecteur prend connaissance de la vie de Marie Curie, c’est à travers celle de son mari. La presse donnera de plus amples renseignements sur Marie elle-même au moment de son décès, évoquant parfois quelques-uns de ses contacts avec la Belgique. Mais là encore une grande disparité règne selon les journaux. Images et mirages : les étapes d’une légende Chaque époque puise dans leur existence ce qu’elle peut ou ce qu’elle veut y voir, dévoilant par là, inconsciemment, son système de valeurs et une partie de ses préoccupations. On assiste peu à peu à une remise en cause de l’image de Marie Curie telle qu’elle s’est construite de son vivant et que le livre d’Eve Curie à confirmer. Cette reconstruction est, elle aussi, révélatrice puisqu’en prétendant actualiser une biographie, elle l’ajuste en réalité aux questions contemporaines. Mais d’abord quelles sont les étapes qui menèrent à la légende ? Si l’on exclut quelques invraisemblances, l’image de Marie Curie se figea assez rapidement sous une forme qui, à l’analyse, tient de l’extraordinaire par les contradictions qu’elle recèle. Forgée par une société qui ne peut concevoir une femme scientifique célèbre que sous certaines conditions, elle représente un lacis de conventions et de modernité. Des images contradictoires La modernité découle, bien évidemment, du fait que Marie est une femme, et plus précisément, une femme seule parmi les hommes, singularité suffisante pour être parfois soulignée. Première, elle le fut dans tous les domaines. Position d’exception, délicate, voire inconfortable dans une société dominée par la conviction que la femme n’est pas l’égale de l’homme et que la nature a opéré une distribution complémentaire des rôles. Nimbée de qualités dites féminines, la femme suit une destinée naturelle qui se confond avec sa mission sociale : celle d’être une épouse et une mère. La transgression de cette règle absolue ne heurte pas seulement la morale ou la religion, elle constitue un danger pour l’ordre public en compromettant la stabilité de la famille. Ce n’est pas en poursuivant des études supérieures que Marie Curie transgresse cette règle mais bien en s’engageant dans une carrière scientifique. Rappelons brièvement le contexte en Belgique à la fin du XIXème siècle. Après un débat de 5 ans, les filles avaient été admises à s’inscrire à l’université. Mais dans l’optique du temps, le diplôme acquis ne signifie pas l’accès à la profession. Même les milieux éclairés, favorables à l’émancipation des filles visaient moins leur épanouissement intellectuel que le moyen de fournir aux hommes des compagnes plus instruites, procédant à une sorte de « mise à niveau » des futures épouses de la bourgeoisie libérale. Cette optique n’est pas dépourvue d’arrière-pensée politique : 10 Il s’agit de voir dans quel contexte l’histoire des femmes a émergé. Elle est bien sûr indéniablement liée au mouvement d’émancipation féminine, mais d’autres facteurs doivent être pris en compte. Il faut d’ailleurs bien avoir en tête le fait qu’il y a un décalage chronologique assez important entre le développement du féminisme et celui de l’histoire des femmes comme discipline scientifique. Cela est dû en partie à la position des historiennes au sein des milieux universitaires. En effet, pour que l’histoire des femmes s’impose comme discipline à part entière, il fallait plus qu’un mouvement militant (il est indispensable car il assure la visibilité des revendications mais insuffisant) c’est-à-dire des cadres intellectuels stables. Pour cela, mai 68 a agi à cet égard comme un détonateur, une prise de conscience ; ils ont mis en évidence des mouvements exclusivement féminins précisément parce que le mouvement de 68 n’a pas intégré du tout la dimension féministe dans ses revendications (il s’est intéressé au système de classe dans les universités, la prédominance de la culture dominante…mais pas aux inégalités de genre). Pourtant les enjeux féministes avaient leur place dans le débat à l’époque (suffrage universel en 1948, puissance maritale supprimée en 1958, professions féminisées avec l’essor du secteur tertiaire). De plus, le nombre de plus en plus important des filles dans l’enseignement supérieur laisse présager la formation d’une véritable et consistante élite féminine (avant les femmes universitaires étaient exceptionnelles). Mais ce qui va particulièrement encouragé la reconnaissance de l’histoire des femmes c’est le débat de fond que connaît la science historique en général ; les milieux scientifiques souhaitent contribuer à une nouvelle histoire qui souligne la place des exilés, des minorités, et des cultures opprimées…C’est dans ce contexte que la place des femmes dans l’histoire va être repensée. De l’histoire sociale… Néanmoins en Belgique, il n’y aura pas de liaison directe entre la recherche académique et les mouvements militants ; et c’est surtout en dehors des universités que les études sur les femmes vont d’abord se développer. Les historiennes qui s’y attellent sont tout de même essentiellement des scientifiques de métier ou ayant fait de l’histoire sociale (cette dernière n’encourageait à la base pas l’étude des femmes puisqu’il s’agit au contraire d’un discours historique qui tend à occulter les rapports de sexe, pour privilégier plutôt les luttes de classes, mais les historiennes l’ayant pratiqué étaient au moins rodées à l’importance des rapports de pouvoir et des mécanismes de domination). …à l’histoire des femmes Le premier défi auquel cette discipline est confrontée, est de prouver sa pertinence, et en d’autres mots, prouver que les femmes ont effectivement une histoire. Petit à petit, les travaux s’organisent donc dans le but de dénoncer l’absence des femmes dans l’histoire et de restaurer celles-ci dans les travaux et discours historiques, en gros, les rendre visibles. Il s’agit donc dans un premier temps essentiellement d’une revanche sur le passé. Mais ces premières démarches ne sont pas inutiles puisqu’elles encouragent la remise en question de notions fondamentales et attirent l’attention sur l’importance d’intégrer dans l’histoire des lieux et thèmes peu communs jusqu’alors ; l’intérieur des maisons, la sexualité, l’amour, la maternité, la prostitution, le travail domestique…. On met aussi bien sûr en lumière « l’immense misogynie » des siècles passés où la présence des femmes n’était retenue qu’à titre exceptionnel, souvent pour assurer une continuité dans le discours (la fille, mère, épouse de…). Enfin, on souligne (et dénonce) le caractère naturaliste de l’histoire traditionnelle qui propageait une vision de la société au sein de laquelle les différences biologiques sont censées justifier les normes sociales. 11 Pas de sources pour les femmes ? Cela a été une vraie problématique puisque dans cette discipline, pas de sources signifie souvent pas d’histoire. C’est particulièrement le cas de l’histoire féminine puisque jusqu’alors construites et médiatisées par les hommes, les sources n’ont pas enregistré les événements qui intègrent ou au minimum intéressent les femmes. C’est finalement vers les domaines de la fiscalité, la législation, les statistiques et les enquêtes que les historiennes ont tourné leurs premières recherches (cela explique sans aucun doute la multiplication d’études sur le travail industriel des femmes). L’événement et le non événement Le manque de sources a entraîné des questions fondamentales comme la révision de la signification attribuée au « fait historique ». Encore une fois, elle répondait jusqu’alors pour beaucoup à la différence sexuée. On retient les révolutions, les émeutes, les combats, parce que les violences sont par essence des vertus typiquement masculines (pourtant les femmes ont eu leur place dans nombre de révolutions, soulèvement populaires (voir cours révolution française). Finalement on a reconnu que la prétendue absence des femmes dans l’histoire n’était que la conséquence de leur absence dans les sources historiques habituellement utilisées. Il faut toutefois garder à l’esprit que cette « première » forme d’histoire des femmes connaît certaines limites : elle propage pour beaucoup une vision « misérabiliste » des femmes, et va dans le sens d’une victimisation. Cela a pu se traduire par une nouvelle forme d’auto exclusion, puisqu’elle confortait l’idée d’une « nature proprement féminine ». La nécessité d’utiliser de nouvelles sources était finalement subordonnée à la nécessitée de poser de nouvelles questions. La périodisation, trame de l’histoire Faut-il conserver les cadres chronologiques de l’histoire ou doit-on les adapter pour l’écriture de l’histoire des femmes ? Dans la mesure où le choix d’une certaine périodisation n’est jamais neutre mais au contraire met en évidence certains types d’événements et forcément en occulte d’autres, il fallait révolutionner les repères traditionnellement utilisés comme moments charnières de l’histoire : par rapport à certains repères jugés essentiels (droit de vote…) les femmes semblent toujours être retardataires. Mais cette réflexion est très ambitieuse et impliquerait de revoir des pans entiers de l’histoire. Le genre Finalement se développe la volonté pour la discipline de l’histoire des femmes de réintégrer une histoire générale plutôt que de se développer en marge de celle-ci. Cela traduit la crainte des historiennes de reproduire, même involontairement, ce qu’elles ont elles-mêmes dénoncé dans l’histoire instituée c'est-à-dire l’histoire d’un seul sexe. On a vu que l’histoire des femmes était d’ailleurs resté relativement à l’écart des enseignements académiques. A l’inverse, le concept d’histoire du genre (gender history) est accueilli avec enthousiasme. Celui-ci souligne l’idée que les rapports de sexe sont le résultat de constructions sociales et que ce sont avant tout des rapports de pouvoir. Dans cette perspective, l’histoire des femmes n’a plus des territoires réservés mais au contraire aborde tous les domaines d’étude, y compris ceux traditionnellement masculins, comme le monde des affaires par exemple (on étudie le rôle des femmes d’hommes d’affaires, leur implication dans les associations caritatives ou autres…etc.). 12 Pour conclure, de nouvelles perspectives ? Il faut attirer l’attention sur le risque principal de l’histoire du genre qui est de gommer la spécificité des l’histoire des femmes, ou encore de dénier une nouvelle fois l’étude des femmes sous prétexte de se concentrer sur les rapports hommes / femmes. Il faut plutôt voir l’étude de l’histoire du genre comme une discipline coexistante de l’histoire des femmes, et qui permet précisément de l’enrichir. La vertu principale de l’histoire des femmes serait dès lors de susciter le débat en histoire et de provoquer une perpétuelle remise en question. De l’histoire des femmes aux études de genre Il s’agit plutôt de s’interroger sur les développements de l’histoire des femmes en général, de dégager ses apports à la discipline historique, de situer le concept de genre et les enjeux qu’il soulève aujourd’hui. On en est parfois venu à se demander si l’histoire des femmes avait encore une raison d’être ou si elle n’a pas seulement constitué une étape nécessaire mais révolue vers « une forme plus élaborée d’histoire bisexuée ». De l’histoire militante à l’histoire scientifique ou la découverte du « continent noir » L’histoire des femmes apparaît clairement comme la traduction scientifique de l’émancipation féminine. Mais elle s’inscrit également dans le processus de démocratisation des sociétés libérales et des mouvements d’émancipation du 19ème siècle. Au début, ses écrits contiennent des textes militants où le recours à l’histoire est avant tout utilisé pour fonder plus légitimement les revendications. Et bien sûr, l’idée sous-jacente est la volonté de montrer que les rapports entre hommes et femmes peuvent êtres modifiés. Il y a donc un lieu constant entre sociologie, anthropologie et histoire des femmes. Petit à petit la discipline s’organise et défend trois objectifs principaux ; gagner une reconnaissance formelle des inégalités entre les sexes, contester leur évidence naturaliste, enfin, dresser une liste des luttes et des succès féminins. L’inconvénient de cette première démarche est qu’elle demeure dans une perspective comparative et intègre l’illusion de la condition féminine, qui serait d’ailleurs universelle voire même solidaire dans le temps et l’espace. Mais on a déjà dit que cette étape sera utile puisqu’elle permettra le passage à une histoire des femmes de type plus scientifique. A partir de là, elle plaide davantage pour « plaider l’apport féminin à chaque époque, mais sans le couper du contexte, dans ses imbrications avec l’évolution du monde ». Cela jette les bases des études de genre. La grande déception de mai 68 On a également déjà expliqué que le mouvement étudiant qui pourtant dénonçait le caractère de classe des universités et la reproduction des élites, était resté indifférent à la dimension de sexe. C’est de cette « insensibilité » que va découler une seconde vague féministe. Celui-ci englobe des militantes qui se veulent plus actives, plus responsables, actrices de leur évolution sociale, plutôt que de se limiter à dresser la liste des inégalités autrefois vécues et qui sont d’ailleurs sur le point d’être résorbées ou qui l’ont déjà été. Les milieux académiques resteront peu à l’écoute de cette nouvelle tendance. C’est l’histoire sociale qui donnera le coup d’envoi et les bases indispensables à l’histoire scientifique des femmes : comme elle souhaite « réparer les oublis des sciences humaines » à savoir les fous, marginaux, déviants, malades, prisonniers, domestiques….les femmes elles aussi peuvent devenir des sujets d’histoire. De plus, ce ne sont pas uniquement de nouvelles catégories sociales qui sont intégrées dans la nouvelle histoire mais aussi de nouveaux espaces de la sphère privée notamment (enfant, famille, alimentation,…) ce qui là aussi encourage l’intérêt porté aux femmes. Il y a donc une grande distinction à faire entre la « première » histoire des femmes, plutôt réformatrice,
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