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20 LA CHANSON DE ROLAND
La bataille reprend, toujours plus acharnée : cent mille païens s'enfuient. Mais ils sont
aussitôt remplacés par des troupes frafches, des noirs d'Ethiopie conduits par l'oncle de Marsile,
Marganice. Ce dernier frappe Olivier par derrière, en plein dos.
La mort d'Olivier
tte amitié, digne des épopées antiques (CF. Achille et Patrocle ; Nisus et Æuryale), nous vaut
ee en es ee poutre le Po, de la Canson. Ces deux âmes fnrous
trouvent des mots d'une extrême délicatesse, dans leur simplicité, pour se dire leur estime et leur
affection, avant de se séparer. Roland surtout montre une douceur, une « gentillesse » que nous
ne Jui connaissions pas ; l'auteur a voulu traduire physiquement l'intensité de sa douleur. 11 a peint
avec un admirable réalisme les derniers moments d'Olivier.
Oliver sent qu'il est a mort nasfret.
De lui venger ja mais ne li ert sex.
En la .grant presse or à fiert cume ber,
Trenchet cex hanstes e cez escux buclers
E piez e poinx e seles e costez.
Ki lui veist Sarrazins desmembrer,
Un mort sur altre geter,
De bon vassal li poüst remembrer.
L'enseigne Carle ni volt mie ublier :
10 « Munjoie ! » escriet e haltement e cler.
Rollant apelet, sun ami e sun per :
« Sire cumpaign, a mei car vus justez !
A grant' dulor‘ermes hoï desevrex. »
Rollant reguardet Oliver al visage :
Teint fut e pers, desculuret e pale.
Li sancs tuz clers par mi le cors li raiet
Encuntre tere en cheent les esclaces.
« Deus ? » dist li quens, «or ne sai jo que face.
Sire cumpainz, mar fut vostre barnage l.
20 Yamais n'iert hume ki tun cors cuntrevaillet.
ä
Olivier sent qu’il est blessé à mort. Jamais il.ne saurait assez se venger.
En pleine mélée, maintenant, il frappe comme un baron. Il tranche les
épieux et les boucliers et les pieds et les poings et les selles et les poitrines. Qui
l'aurait vu démembrer les Sarrasins, abattre un mort sur un autre, pourrait se
souvenir d’un bon vassal. Il n'oublie pas le cri de guerre de Charles : « Monjoie ! »,
crie-t-il, à voix haute et claire. Il appelle Roland, son ami et son pair : « Sire
compagnon, venez donc près de moi : à grande douleur nous serons aujourd’hui
séparés. » | ur
CXLVIIL. Roland regarde Olivier au visage : il est blême et livide, décoloré
et pâle. Le sang tout clair lui coule par le milieu du corps : sur la terre tombent
les caillots. « Dieu ! dit le comte, je ne sais plus que faire. Sire compagnon, votre
vaillance fut votre malheur ! Jamais il n'y aura homme d'aussi grande valeur.
() De lui venger — de se venger. La forme | (12) Car 4 impératif = done (rend lexhors
forte (lui) remplace le réfléchi soi (ui — | tation plus prenante. Cf. F dE (a,
lui-même). — (6) Ki fui veist = le (cp. : «je | grant dulor — avec (manière). que face
l'ai vu faire» et «je Je Jui ai vu faire»). —|= subj. délibératif (que faire).
LA MORT. D'OLIVIER 21
Étude du texte original *
+ — LE FRANÇAIS VIENT DU LATIN
1. Expliquer le traitement de la partie du mot latin en italique :
IT a: bônwm > bon (8); môrtem > mort (1); préssam = presse G)
séllas > seles (5); appéllat > apelet (11); dolorem = dulor (13), claris
> clers (16) ; côrpus > cors (16) ; tèrram © tere (17).
I b: érimus > ermes (13): Alterum > altre (7): re
> reconoistre (29) ; collocat = culchet (49).
TT b: remémoräre = remembrer (8); düraménte = durement (50).
Comparer ämbos dtos = ansdous (47) avec ämbas > ambes (51).
VI: Déminum dèum > Damnedeu (40).
VI : grändem > grant (3); préssam = presse (3) ; cérpus > cors (16) :
nullus > nuls (29) ; pärtem = part (7o) ; téstam = teste (33).
IX : sâtis = sez (2), pdrem — per (11) ; clérus > clers (16); mé — mei
G2) (fr: moi] ; étit > iert (20), férit > fiert (3), amicum > ami (11),
vôlet > volt (9) [anglo-normand pour vwelt] ; béro > ber (3); * védet
= veit (6o) [fr wo] ; pedes = piez (5); côr. = coer (55) [anglo-normand
pour œuer — français : cœur] ; dolérem = dulor (13) et dulur (66) [o, w,
graphies anglo-normandes du son ou) ; amérem => amur (45) ; siper sur (7
(anglo-normand pour sor) ; atrum © "or (31).
X : mänum = main (51), comes = Quens (18) , énum > un (7).
XI a: vindicdre = venger (2) [anglo-normand pour vengier] : e
> gesir (61). XI b : médéum > * miei > mi (16) ; prècat > priet (52) ; bédie
= hoi (13) [anglo-normand pour hui], éculi > oil (27) [anglo-normand
pour uit] ; léngñus > loinz (28) ; * conôscere = conoistre (29).
XIT a: caballum > cheval (24) ; câdunt = cheent (17) [l'anglo-normand
réduit ie à e]. — XII c : vdsta = guaste (21). ‘ c
XII a : cadunt > cheent (17) ; paradisum => pareis (52) ; * précat = priet
(52) ; cabllum > cheval (24) ; ='b Comparer companio = cumpaign (12) [pror
compañ) et compañiônem = cumpaignun (30).
XII cz séllas = seles (5), hôminem = hume (29) [anglo-normand pour
home], damnäticum > damage (23), gemmätum = gemet Gr).
XIV a: häb(e}r(e) häbet = avrat (23 — aura); de + * séperätos
= separatos) = desevrez (13) ; ltum > halt (50 — haut). Expliguez de même
comment colp 64) > coup ; dufce (21) = douce.
XIV c, d': dämbos > ans (47) ; remémoräre = remembrer (8) ; remän(e}r(e)
häbes >. remendras (21), re {- * conôsc{(ehre — reconoistre (29).
* conbscere
IT. Expliquer entièrement les mots suivants :
, Sêllas © seles (5) [VILT, XIII c, II a] ; mica > mie (9) [IX, XIII a, LI a],
térram = tere (17) [VIIL, XIII c, LI a] ; oblit(um) re = ublier (v. 9) fanglo:
normand pour obler, cf. V, XIV a, IX, XIII, LIL b] ; appéllat > apelet (11)
IV, XII c, VIT, LT a] ; érimus = ermes (13) [VIII ÎT b] ; mortälem — mortel
(29) [VU IX, IT a] ; amäre > amer (37) [V, IX, ÊI a]; nüllam — nule (48)
[VIT, XHIT e, IT a) ; abdio > oi (39) [IX, XIIT a, I a]. ‘
* Signes conventionnels : La = est $. — cas sujet, €. r
devenu. — Chiffre arabe (8) — vers 8 (ou ligne | — Le trait vertical sur une vw
SIT a = cf. Grammaire (fin du volume), | place de l'accent tonique.