Télécharge Olympe de Gouges DDFC 1791 et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Lecture linéaire : Olympe de Gouges, DDFC, 1791 : « Postambule » POSTAMBULE. Femme, réveille-toi ; le tocsin1 de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation2. L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire3 est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des injustices de l’homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets4 de la nature. Qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise5 ? Le bon mot du législateur des noces de Cana6 ? Craignez- vous que nos législateurs français, correcteurs de cette morale longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui n’est plus de saison7, ne vous répètent : « Femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? » « Tout », auriez-vous à répondre. S’ils s’obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence8 en contradiction avec leurs principes, opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité, réunissez-vous sous les étendards de la philosophie, déployez toute l’énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles9 adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Être suprême. Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir10 ; vous n’avez qu’à le vouloir.