Orwell, 1984 (incipit): commentaire semi-rédigé, Lectures de Littérature

Télécharge Orwell, 1984 (incipit): commentaire semi-rédigé et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! George ORWELL, 1984 (incipit) Commentaire semi-rédigé George Orwell, de son vrai nom Éric Arthur Blair (1903-1950), écrit 2984 en 1948 (l’inversion des deux derniers chiffres serait une des explications du titre) et le publie l’année suivante. Ce roman d'anticipation se déroule à Londres, dans un monde divisé en trois États constamment en guerre : L’Océania, dont Londres est la capitale, l'Eurasia et l'Estasia. Océania vit sous une dictature. Le Parti unique est commandé par un chef invisible dont les portraits sont partout : Big Brother. L'extrait à analyser est l'incipit du roman, il a donc pour fonction essentielle de mettre en place les éléments nécessaires, pour le lecteur, à la bonne compréhension de l'intrigue à venir. Il contient aussi, en germe, les thématiques principales du roman. Problématique : Comment cet extrait dénonce-t-il le totalitarisme ? IL. L'environnement et le personnage principal : a. L’environnement : + L'environnement est miteux. Le cadre est laid et la perception olfactive négative (Le hall sentait le chou cuit et le vieux tapis), l’ascenseur ne marche + l’électricité est coupée pendant la journée. Les conditions climatiques sont dominées par Le froid, le vent et la poussière (1.2 et 1.6). Impression désagréable d’un monde sinistré. ° _ L'environnement est inquiétant : Aucun signe de vie humaine, hormis la présence de Winston. Paradoxalement, les objets inanimés sont présentés comme vivants : « plaque de métal » = voix (1.18) ; affiche = « les yeux semblent suivre celui qui passe » (1. 14). ° De plus, jusqu'à la ligne 8, c'est globalement Winston qui fait l'action exprimée par les verbes, l'affiche en est encore au statut d'objet inanimé (était clouée ; elle représentait). Puis à partir de la 1. 9, les choses changent, ce sont les objets inanimés qui prennent vie (l'énorme visage vous fixait du regard, 1.14 ; la voix provenait d'une plaque de métal oblongue, 1. 18). => Atmosphère fantastique, un peu surnaturelle. b)_Le personnage principal C’est un minable, à l’image du lieu dans lequel il vit. Plus un anti-héros qu'un héros. > Son nom d'abord > Winston Smith, d'une grande banalité. Ensuite, il rentre dans le roman avec une position qui ne le valorise pas (le menton rentré dans le cou, 1. 2) > Idée de soumission ; position de repli. Il ne prend pas de place, physiquement. > _ Son physique n'est pas non plus celui du héros : pas musclé, pas grand, pas beau (I était de stature frêle, plutôt petite, et sa maigreur [...] Il avait les cheveux très blonds, le visage naturellement sanguin, la peau durcie [...], 1. 21-24). De plus, il a une mauvaise condition physique malgré sa jeunesse. (Winston, qui avait trente-neuf ans et souffrait d'un ulcère variqueux au-dessus de la cheville droite, montait lentement, 1. 12). Ulcère variqueux > détail répugnant, là encore, qui ne le glorifie pas. Il n'a aucune caractéristique physique qui lui donnerait un semblant d'épaisseur ou de prestance. Insistance assez étonnante sur cet ulcère. Référence ironique à Achille et à son talon ? Winston serait donc une image déformée ou une caricature d'Achille, le héros épique ? Transition : Le personnage principal et son univers délabré, déshumanisé et étrange annoncent dès le début le thème principal du roman, le totalitarisme. IL. Un monde totalitaire : a) Culte du chef, culte de la personnalité, propagande > Ce qui est souligné de prime abord chez le chef, c'est son caractère protecteur, paternaliste (Big Brother), bien que l'allitération en « b » sonne implicitement comme un coup de poing. La plupart des dictateurs ont utilisé ce trait de caractère (cf. Staline qui se faisait appeler le « petit père des peuples »). > Qui dit culte du chef, dit culte de l'image : l'affiche est un instrument de propagande à part entière, d'où le fait qu'elle envahisse littéralement l'espace par sa taille (une affiche[...] trop vaste, 1.5 ; énorme visage, large de plus d'un mètre, 1.6-7). Elle l’envahit aussi par sa localisation (A chaque palier, 1. 13). > En outre, le chef est mis en valeur par cette image : il en est l'unique objet (insistance avec l’adverbe « simplement » 1.6 + anaphore du mot « visage » x 4 fois dans le texte) et il est représenté avantageusement (traits accentués et beaux, 1. 7). > C'est une image travaillée, scénarisée, puisqu’elle donne l'impression d'être vivante : « l'énorme visage vous fixait du regard. C'était un de ces portraits[.…] les yeux semblent suivre celui qui passe » (1.14-15). Atmosphère de plus en plus oppressante car on passe d'un verbe à valeur modale marquant le doute (semblent) à une certitude (le