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philosophie, lettres - et sciences humaines, Lectures de Philosophie

Autrui est-il mon semblable ? SUJET N° 2 : LETTRES. Le laboureur et ses enfants. Travaillez, prenez de la peine : C'est le fonds qui manque le moins.

Typologie: Lectures

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

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Télécharge philosophie, lettres - et sciences humaines et plus Lectures au format PDF de Philosophie sur Docsity uniquement! S SU JE T 184 PH IL O SO PH IE , L ET TR ES PA SS E RELLE 1 PHILOSOPHIE, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES Ce cas a été rédigé par l’ESC Rennes School of Business. Durée : 2 heures. CONSIGNES Aucun document n’est autorisé. Le candidat doit choisir un sujet parmi les trois sujets proposés. Le numéro du sujet choisi doit être indiqué sur la première page de la copie. • N° 1 : Philosophie • N° 2 : Lettres • N° 3 : Sciences humaines SUJETS SUJET N° 1 : PHILOSOPHIE Autrui est-il mon semblable ? SUJET N° 2 : LETTRES Le laboureur et ses enfants Travaillez, prenez de la peine : C’est le fonds qui manque le moins. Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine, Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage Que nous ont laissé nos parents. Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout. Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût. Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse. Le père mort, les fils vous retournent le champ Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an Il en rapporta davantage. D’argent, point de caché. Mais le père fut sage De leur montrer avant sa mort Que le travail est un trésor. Jean de La Fontaine (Fables, livre I). PH IL O SO PH IE , L ET TR ES C 185 CO RR IG É PA SS E RELLE 1 Vous analyserez puis commenterez cette fable de Jean de La Fontaine. Selon vous, en quoi cette fable illustre-t-elle l’émergence d’une nouvelle représentation du travail ? SUJET N° 3 : SCIENCES HUMAINES Les transformations du lien social dans les sociétés occidentales. CORRIGÉ SUJET N° 1 : PHILOSOPHIE Autrui est-il mon semblable ? En ouverture du recueil Les Fleurs du mal, Baudelaire s’adresse au lecteur par ces mots : « – Mon semblable, – mon frère ! » Cet appel ne traduit-il pas le rêve d’un « idéal » inaccessible ? Comment autrui, quel qu’il soit, lointain ou proche, pourrait-il m’apparaître comme « mon semblable », alors qu’il diffère de moi, m’est dissemblable, par son altérité constitutive ? Et ce sont peut-être ces dissemblances multiples qui font la difficulté de la coexistence, de l’intercompréhension entre les hommes (Baudelaire encore l’illustrerait : « L’albatros »), et la résurgence des conflits, parfois terriblement sanglants, au cours de l’histoire tumultueuse des sociétés. D’un autre côté, l’existence humaine se déroule nécessairement sous l’horizon collectif, et dès lors autrui, à travers tous les autres qu’on côtoie sans cesse, proches ou inconnus, est partie intégrante et indépassable de notre conscience ; et on peut apercevoir une certaine ressemblance, des points communs, qui font qu’autrui, bien que n’étant pas moi, n’est pas absolument différent de moi : autrui a au moins en partage avec moi les facultés de langage, de raison ; elles sont fondatrices de liens et nous pouvons au moins dialoguer sur nos différences… Alors, est-il inconcevable d’appréhender autrui comme mon semblable ? Son altérité fait-elle de lui un étranger radical ? Sur quoi se fonde la saisie d’autrui comme mon semblable, si elle est envisageable ? Nous ferons ressortir en premier lieu l’absence d’évidence de la reconnaissance d’autrui comme semblable, avant d’explorer en deuxième partie quelques voies malgré tout possibles de relations à autrui comme semblable. Un dernier moment tentera de dépasser ces deux perspectives, en distinguant le semblable et l’identique. I – L’ÉNIGME D’AUTRUI : AUTRUI PARAÎT DIFFICILE, VOIRE IMPOSSIBLE À SAISIR COMME MON SEMBLABLE • L’autre, tout autre homme est d’abord perçu comme autre que moi : l’altérité le constitue comme différent de moi et distinct de tous les autres. « Autrui, c’est l’autre, M 180 M ÉT H O D O LO G IE PH IL O SO PH IE , L ET TR ES PA SS E RELLE 1 mais pour enrichir et aiguiser ses propres analyses, ses idées, approches et questionnements critiques. BIBLIOGRAPHIE Instruments de travail • É. Clément (dir.), C. Demonque, P. Khan et al., Pratique de la philosophie de A à Z, éd. Hatier. Dictionnaire présentant aussi bien des notions, des concepts, que des philosophes, des textes : très utile, très complet. • Ouvrage collectif, Gradus philosophique (répertoire d’introductions métho - diques à la lecture des œuvres), éd. Garnier-Flammarion, 1994. Des articles relativement courts présentent de nombreuses œuvres majeures après une biographie succincte de l’auteur, ex. : pour Platon, présentation de quatre dialogues, Ménon, Phédon, Phèdre, Timée. • C. Roux-Lanier (dir.), Le Temps des philosophes, éd. Hatier, 1995. Il s’agit d’un manuel à destination des terminales L, ES, S, mais qui représente une vaste somme proposant des textes classés chronologiquement, situés dans leurs contextes historique et culturel, un glossaire final – termes techniques classés par auteurs, etc. • Léon-Louis Grateloup, Anthologie philosophique, nouveaux éléments pour la réflexion, Hachette-Lycée. C’est un autre manuel dont le classement n’est pas chronologique mais thématique : notions classées alphabétiquement, de « Anthropologie » à « Violence ». Textes fondamentaux Nous ne précisons pas d’éditions car il en existe plusieurs pour tous ces textes : soit en petits classiques, soit en collections de poche – Hachette, Folio-Essais, Garnier- Flammarion, Points-Seuil, Vrinpoche, Presses-Pocket Agora, Tel-Gallimard, 10/18, etc. Platon : Apologie de Socrate ; Ménon ; Gorgias ; La République ; Phèdre, Le Banquet… / Aristote : Éthique à Nicomaque ; La Politique… / Épictète : Manuel / Épicure : Lettre à Ménécée / Machiavel : Le Prince / Hobbes : Le Citoyen ; Léviathan / Descartes : Méditations métaphysiques ; Le Discours de la méthode… / Pascal : Pensées / Spinoza : Éthique ; Traité théologico-politique / Rousseau : Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ; Le Contrat social… / Kant : Critique de la raison pure ; Fondements de la métaphysique des mœurs ; Opuscules sur l’histoire (Idée d’une histoire universelle, Projet de paix perpétuelle)… / Hegel : La Raison dans l’histoire ; Esthétique ; La Phénoménologie de l’esprit… / Marx (et Engels) : Le Manifeste du parti communiste… / Nietzsche : Généalogie de la morale ; Par-delà le bien et le mal ; Crépuscule des idoles, Le Gai Savoir… / Freud : Cinq leçons sur la psychanalyse ; Sur le rêve ; Malaise dans la civilisation… / Alain : Idées ; Éléments de philosophie ; Propos (sur les pouvoirs ; sur le bonheur)… / Bergson : L’Évolution créatrice ; Le Rire ; La Pensée et le Mouvant ; L’Énergie spirituelle… / Bachelard : La Formation de l’esprit scientifique ; la Philosophie du non ; La Psychanalyse du feu… / Merleau-Ponty : Phénoménologie de la perception ; Éloge de la philosophie ; L’Œil et L’Esprit… / Sartre : L’Être et le Néant ; L’existentialisme est un humanisme… / Arendt : Le Système totalitaire ; Du mensonge à la violence ; Condition de l’homme moderne… / Lévi- M PH IL O SO PH IE , L ET TR ES 181 M ÉT H O D O LO G IE PA SS E RELLE 1 Strauss : Tristes tropiques ; Race et histoire… / Michel Foucault : L’Ordre du discours ; Histoire de la folie à l’âge classique ; Les Mots et les Choses… LETTRES PUBLIC CONCERNÉ L’épreuve de lettres telle qu’elle est proposée dans le cadre du concours ne s’adresse pas à des étudiants spécialisés en littérature. Tout étudiant peut donc envisager de faire le choix de se lancer dans la dissertation littéraire, sous certaines conditions néanmoins. NATURE DE L’ÉPREUVE Le sujet demande de la part de l’étudiant des connaissances littéraires acquises au cours de sa scolarité : • Connaissances « classiques » : les grands auteurs au programme des classes de seconde et première ; • Connaissances « approfondies » : les auteurs étudiés en scolarité après le baccalauréat ; • Connaissances « personnelles » : les auteurs choisis librement dans la pratique de la lecture comme loisir. PROGRAMME • En 2004, le thème était « Bonne et mauvaise littérature ». • En 2005, le thème était « Le rire ». • En 2006, le thème était « La mort ». • En 2007, le thème était « L’éducation dans la littérature ». • En 2008, le thème était « Le bourgeois dans la littérature ». • En 2009, le thème était « La représentation du travail dans la littérature française ». • En 2010, le thème sur lequel vous réfléchirez sera « Le roman policier : émergence et évolution d’un genre littéraire » CONSEILS DE PRÉPARATION Pour traiter correctement le sujet, il est attendu de l’étudiant : • Une capacité à lire et comprendre un sujet en recherchant les différents aspects de traitement possibles et les différents points de vue possibles. Il convient donc de se défier d’une lecture univoque du sujet proposé. L’exploration des termes de l’énoncé est particulièrement recommandée. • Qu’il mobilise ses connaissances dans le domaine de la littérature, quelles que soient les sources d’acquisition. L’originalité des auteurs cités n’est pas un critère déterminant. • Qu’il structure correctement son raisonnement afin de développer un point de vue avec progression et en s’appuyant sur des références précises (auteurs et œuvres). M 182 M ÉT H O D O LO G IE PH IL O SO PH IE , L ET TR ES PA SS E RELLE 1 • Qu’il organise son écriture afin de conduire ce raisonnement : introduction, développement et conclusion. Les règles traditionnelles de construction d’un devoir, d’une partie et d’un paragraphe doivent être maîtrisées. • Qu’il témoigne d’une maîtrise de l’expression et de la communication écrites dans le souci de communiquer avec un lecteur. • Qu’il témoigne d’une maîtrise de la langue française dans la correction orthographique et grammaticale. • La capacité à développer un point de vue personnel, notamment en situant la littérature dans un contexte (historique, socioculturel…) est appréciée. • Les compétences méthodologiques pour répondre au sujet sont celles développées dans l’apprentissage scolaire. BIBLIOGRAPHIE Tout étudiant pourra s’appuyer sur les cours suivis dans son cursus (se reporter aux programmes de français et littérature des lycées de l’Éducation nationale). Aucun ouvrage particulier n’est à recommander sinon les manuels de français de seconde, première et terminale. Certains sites sur Internet sont consacrés à la littérature (« auteurs », « litté ra ture », « rubriques littéraires », « écrivains », « poètes », « histoire littéraire », « culture et littérature », « histoire de la langue française », « notions minimales d’histoire littéraire », etc.). Cependant, l’entraînement est une source considérable de progrès. L’évaluation ou l’auto-évaluation (référence à des corrigés de sujets donnés dans des ouvrages d’annales) sont nécessaires lors de la préparation. SCIENCES HUMAINES PUBLIC CONCERNÉ Les candidats susceptibles de choisir l’épreuve de sciences humaines doivent posséder une solide culture générale en histoire, sociologie et/ou économie. Toutes ces sciences sociales abordent un même phénomène sous des angles différents mais complémentaires. Elles permettent de se déprendre des préjugés du discours commun. Il convient donc de ne pas se satisfaire du seul discours journalistique qui ne saurait suffire à se constituer une culture générale : il faut connaître les bases des discip - lines de sciences sociales ainsi que leur esprit pour mieux sociologiser un problème d’actualité à l’aide de références et d’outils conceptuels. PROGRAMME • En 2003, le thème était « Culture et société ». • En 2004, le thème était « Sociologie de la famille ». • En 2005, le thème était « Normes et déviance ». • En 2006, le thème était « Les métamorphoses de l’État-Providence ». • En 2007, le thème était « Sociologie historique du capitalisme ». C 186 CO RR IG É PH IL O SO PH IE , L ET TR ES PA SS E RELLE 1 c’est-à-dire le moi qui n’est pas moi… c’est celui qui n’est pas moi et que je ne suis pas » (Sartre, dans L’Etre et le Néant). • Autrui n’est pas mon semblable quand les différences sont incompréhensibles ou incomprises, quand la peur de ce qui est étrange et inconnu devient haine de l’étranger, xénophobie… L’altérité s’impose parfois comme tellement radicale qu’elle peut se traduire par le déni d’humanité des autres : Lévi-Strauss (Race et Histoire) analyse le rejet ethnocentriste des autres vus comme différents et rabaissés (les « barbares » pour les Grecs), ou même considérés comme inexistants (groupes désignant comme « fantômes » ou « apparitions » les tribus voisines). La conscience d’autrui comme semblable est absente ici, car le cercle des « semblables » est restreint, « l’humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique… » : ne sont admis comme semblables que ceux qui se ressemblent ou se soudent dans le partage des mêmes repères formant l’identité culturelle. • Insularité et impénétrabilité de la conscience ; unicité de chaque subjectivité : aspect solipsiste de la philosophie de Descartes qui ancre le sujet dans la solitude de la réflexion et dans une séparation des autres sujets ; la conscience s’appréhende par retrait du monde ; inaccessibilité d’autrui : chacun a conscience de soi mais se voit refuser l’expérience de la conscience de soi d’autrui ; je ne peux pas me substituer à lui, ressentir comme lui, aussi proche que j’en sois ; ses pensées et son vécu intime m’échappent ; nous sommes deux, non pas comme deux fois le même, mais comme deux autres. II – AUTRUI PEUT CEPENDANT ÊTRE PERÇU, CONNU ET RECONNU COMME MON SEMBLABLE • Perception pré-réflexive d’autrui comme semblable : thèse anti-cartésienne de l’intersubjectivité originaire (phénoménologie contemporaine) ; thèse rousseauiste de la capacité de l’homme originel à éprouver de la pitié pour son semblable : elle implique de percevoir une ou des similitudes malgré les différences, et de se mettre « à la place » de l’autre en éprouvant par « sympathie » une même souffrance. L’altérité cède bien la place ici à une relation à un semblable, mais la pitié et la sympathie ne visent en fait pas autrui proprement dit, tout homme pouvant s’éprouver pour un animal (proximité avec tout être sensible souffrant). • Relation affective privilégiée : exemple de l’amitié de Montaigne avec Etienne de La Boétie, décrite dans les Essais, livre I, chap. 28. Par une mystérieuse affinité élective, la véritable amitié unit deux êtres jusqu’à effacer toute altérité : plus de séparation entre eux, la communication réciproque entraîne une communion des âmes, une connaissance des pensées les plus secrètes (« nos âmes ont charrié si uniment ensemble […] que je connaissais la sienne comme la mienne »…). • Relation éthique à autrui : la philosophie morale de Kant fonde la reconnaissance universelle de tout autre comme semblable en tant que personne à laquelle est dû un respect inconditionné ; les hommes sont semblables par communauté d’essence, par égale dignité en tant que sujets libres et raisonnables. PH IL O SO PH IE , L ET TR ES C 187 CO RR IG É PA SS E RELLE 1 III – LA NOTION DE SEMBLABLE N’EXCLUT PAS TOUTE DIFFÉRENCE ENTRE AUTRUI ET MOI-MÊME : LE SEMBLABLE N’EST PAS L’IDENTIQUE • Compatibilité de l’universel et du particulier dans la relation éthique à autrui : la reconnaissance de droits fondamentaux et universels de la personne inclut la liberté de chacun à exister par soi, à se réaliser par autonomie en sa singularité. • Maintien de l’altérité et de l’indépendance de l’autre dans la sympathie : selon Max Scheler, la sympathie passe par la compréhension qui présuppose la connaissance (« cette connaissance – des souffrances d’autrui – doit déjà exister pour moi pour que je puisse la partager ») ; il faut l’intention de ressentir ce que l’autre sent ; il faut donc poser l’autre en tant qu’autre, même s’il y a forte proximité ; dans l’amitié, confondre « mon semblable, mon frère » avec l’identique serait annuler l’altérité de l’autre et abîmerait la relation affinitaire en fusion aussi illusoire que destructrice. • L’expérience du visage, analysée par Levinas : ouverture à un respect universel de l’humain et découverte de l’altérité de l’autre sont simultanées selon Levinas ; ce qui nous relie et nous fait semblables est notre commune détresse, vulnérabilité, fragilité ; or elle se découvre notamment dans la nudité et la spiritualité du visage de l’autre qui m’ouvre vers son unicité, son altérité irréductible, et fait simultanément émerger l’obligation de respecter autrui, de se retenir de la violence sur lui ; non pas parce qu’il est « le même », mais parce qu’il est « tout autre », infiniment insaisissable, profondément, radicalement irremplaçable. SUJET N° 2 : LETTRES LE THÈME GÉNÉRAL « La représentation du travail dans la littérature française » INTÉRÊT DU THÈME POUR LE CONCOURS Le thème permettra au candidat de faire la démonstration de ses connaissances littéraires autant qu’historiques, en les utilisant dans l’analyse et le commentaire d’un texte. ÉLÉMENTS CONTEXTUELS POUR L’ÉCLAIRAGE DU SUJET PROPOSÉ Travail : évolution d’un mot et d’une idée Une première recherche permet de situer les racines étymologiques du terme « travail » dans le terme latin tripalium, sorte de machine à trois pieux utilisée pour ferrer les chevaux. Par la suite, cette machine devint un instrument de torture. C’est pourquoi, dès son origine et sur une longue période de son évolution, le terme évoque un état de souffrance, de tourment, puis une activité pénible… Nous noterons les traces C 188 CO RR IG É PH IL O SO PH IE , L ET TR ES PA SS E RELLE 1 de cette origine dans l’utilisation encore actuelle du terme pour désigner une période de l’accouchement. Aujourd’hui, le mot « travail » désigne un ensemble d’activités humaines contribuant, de façon coordonnée et finalisée, à une production. On l’utilise d’ailleurs aussi bien pour une production matérielle (le travail de l’ouvrier) que pour une production intellectuelle (le travail de l’écrivain). Cette acception s’étend alors de ces activités à la situation elle-même, comme en témoigne l’expression courante « avoir perdu son travail ». Jusqu’au XVe siècle, le mot travail reste associé à l’idée de torture, le terme « travailleur » ayant même désigné le bourreau puisque travailler signifiait alors torturer, tourmenter. Dans cette période, en conformité avec la théologie chrétienne, le travail reste la punition infligée par Dieu à l’homme en le chassant du paradis terrestre. Le sens du travail est donc à rechercher non dans son résultat mais dans l’effort et la souffrance qu’il produit afin de racheter le péché originel. Avec, à la fin du Moyen Age et à l’orée de la Renaissance, le développement de l’artisanat et du commerce, le mot travail désigne progressivement une activité contribuant à une utilité. Ce monde de l’artisanat et du commerce se l’approprie en le chargeant d’une forme de dignité allant jusqu’à en faire un synonyme de « art ». Ainsi, les « arts mécaniques » désignent, par exemple, les activités mécaniques. C’est au XVIIIe siècle que le sens du mot se rapproche de celui que nous lui donnons aujourd’hui communément, en évoluant de l’idée de production à l’idée d’échange de cette production contre une rémunération. En exerçant une activité professionnelle, on vit de son travail dans une situation opposée à celle de chômage. Par là même, le travail permet une existence sociale, une utilité dans la société souvent associée à l’idée de dignité de l’individu. En conclusion, il apparaît donc que le terme travail porte en germe une contradiction par la référence à deux sens bien distincts. L’équilibre entre ces deux sens, souffrance et dignité, peut varier selon les époques et, pour ce qui est de la littérature, les auteurs. Nous avons également, par les commandes accompagnant le texte proposé en commentaire, orienté les candidats vers l’exploration de la polysémie du terme et de son traitement littéraire. « Travail » : parcours du mot et de l’idée dans la littérature Pour illustrer les propos de notre première partie, nous prendrons en référence des auteurs appartenant à plusieurs époques de la littérature française. Il reste évident que nos choix sont limités et que ces références pourraient être élargies. Avant la période de la Renaissance, le terme travail est présent dans la poésie pour désigner la souffrance, essentiellement morale lorsqu’elle est liée au sentiment amoureux. C’est ainsi que Jean Froissart, évoque dans son poème « L’orloge amoureus » de 1368 « …cette flamme qui nuit et jour me travaille ». Cette acception du terme se retrouve également chez Ronsard, notamment dans Les Odes « Là, nous visons sans travail et sans peine ». A cette époque, le sens actuel du terme était recouvert par celui de labeur. A la Renaissance, Montaigne, dans les Essais, bien que désignant déjà par le terme travail une activité utile, y associe encore l’idée de pénibilité liée à l’effort. L’auteur est PH IL O SO PH IE , L ET TR ES C 191 CO RR IG É PA SS E RELLE 1 ATTENDUS Ce sujet doit permettre au candidat de faire montre de sa capacité à comprendre, analyser et commenter un texte, ici un poème. L’analyse et le commentaire lui permettront de témoigner de : • ses connaissances littéraires (ici un auteur, les grands éléments de sa biographie et de sa bibliographie) ; • sa capacité à situer un auteur et une œuvre dans un contexte : histoire et mouvement de société ou mouvement des idées ; • développer une réflexion liant la littérature à son environnement historique, sociologique, économique… Les éléments attendus en développement autour du thème général sont présentés dans la première partie de ce document. Nous noterons principalement comme premiers éléments d’analyse et de commentaire : • auteur et éléments biographiques : La Fontaine s’inspire essentiellement des fables d’Esope et de Phèdre, et se présente ainsi comme le continuateur des fabulistes anciens ; • le genre et ses caractéristiques : « Le laboureur et ses enfants » appartient au premier recueil des fables et illustre leur intention didactique par le développement d’un récit conduisant à une morale ; • le contenu : en faisant croire à ses fils qu’un trésor est caché dans leur champ, le père leur lègue la valeur travail comme richesse. Le travail est donc ici affirmé comme une valeur morale essentielle. Le devoir devra être construit en respectant les normes scolaires et universitaires. Les temps successifs devront notamment être respectés (présentation du texte puis analyse et commentaire, parties structurées et liées entre elles, introduction et conclusion). La qualité de l’expression écrite sera prise en compte : richesse du vocabulaire, correction orthographique et grammaticale, clarté de la syntaxe. SUJET N° 3 : SCIENCES HUMAINES Les transformations du lien social dans les sociétés occidentales. ORIENTATION GÉNÉRALE Apparue avec la transformation des types de solidarité au XIXe siècle, la question des transformations du lien social se repose à la fin du XXe siècle. Cette notion qui servait à différencier la société (Gesellschaft) de la communauté (Gemeinschaft) chez C 192 CO RR IG É PH IL O SO PH IE , L ET TR ES PA SS E RELLE 1 Tönnies est au centre des débats politiques aujourd’hui dans des expressions qui regrettent la « rupture du lien social » ou la « perte du lien social ». La question posée par les sociologues dans le second XIXe siècle demeure donc d’actualité plus d’un siècle plus tard. Ce sujet supposait donc de déployer une profondeur historique pour pouvoir rendre compte des transformations dans un sens large de mutations séculaires : celles des formes de lien social telles qu’elles se constituent au XIXe siècle sur fond de révolution politique (la Révolution française) et révolution économique (la Révolution industrielle). La solidarité s’apparente alors aux formes du lien social, d’interdépendance entre les individus ou les groupes ou de cohésion sociale au niveau de la société. Un plan convenu mais commode pouvait esquisser cette comparaison. ESQUISSE DE PLAN POSSIBLE I. Les transformations du lien social au tournant des XIXe et XXe siècles A. D’une forme communautaire à une forme sociétaire de lien social • Tönnies (1877) : distinction entre « communauté » (Gemeinschaft) et « société » (Gesellschaft). • Durkheim (1893) : distinction entre « solidarité mécanique » et « solidarité orga- nique ». B. La caractérisation sociologique des deux types de lien social • Pour la forme communautaire de lien social : intégration sociale et interconnais- sance. • Pour la forme sociétaire de lien social : la politesse et le blasement (G. Simmel, 1900). C. Une double explication : les conséquences des deux révolutions • La Révolution française : déclaration de droits (1789) et loi le Chapelier (1791). • La révolution industrielle : de Marx (Le Capital) à Weber (L’Ethique protestante). II. Les transformations du lien social au tournant des XXe et XXIe siècles A. De la crise du lien social à la « désaffiliation sociale » • Le développement de la pauvreté et des formes d’exclusion depuis 1974. • Barel (marginalisation), Paugam (disqualification), Castel (désaffiliation sociale). B. L’affaissement de l’institution politique du lien social • Une protection sociale devenue insuffisante pour prévenir l'exclusion. • L’insécurité sociale : exacerbation de la sécurité et sentiment d’insécurité. C. L’hypothèse enchantée d’une « seconde modernité » ? • La substitution de la différenciation sociale à l’intégration sociale. • Une tradition intellectuelle : U. Beck, A. Giddens et F. de Singly.
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