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PIERRE CORNEILLE ET LE THEATRE DU, Examens de Principes de conception du théâtre

ments se manifestent meme avant que Corneille apparaisse sur ... sa maratre Arsinoe, parce qu'elle veut deposse'der le fils du premier.

Typologie: Examens

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

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Télécharge PIERRE CORNEILLE ET LE THEATRE DU et plus Examens au format PDF de Principes de conception du théâtre sur Docsity uniquement! PIERRE CORNEILLE ET LE THEATRE DU XVIIe SIECLE A THESIS SUBMITTED TO THE FACULTY OF ATLANTA UNIVERSITY IN PARTIAL FULFILLMENT OF THE REQUIREMENTS FOR THE DEGREE OF MASTER OF ARTS BY THOMAS FRANKLIN PINSON DEPARTMENT OF FRENCH ATLANTA, GEORGIA JULY, 1958 INTRODUCTION Tout d'abord, je tiens a remercier M. Frot, professeur de franeais au Lycee de Nevers en France, qui a bien voulu m'aider a preparer cette these. C'est surtout grace a lui que j'ai pu obtenir la permission du Departement de Franeais de l'Universite d'Atlanta pour e'crire cette these pendant que je sejournais en France comrae Assistant d'Anglais au Lyce'e de Nevers. D'autre part, je tiens aussi a remercier le Departement de Franeais de l'Universite' de la confiance qu'elle eue en moi en me permettant de faire ce travail sous la surveillance d'un professeur qui n'e'tait pas de la faculte' de 1'Universite'. J'ai pu, grace a cette permission, profiter d'une expe'rience remarquable: faire une e'tude dans le pays meme ou s'est d^roule'e 1'histoire dont je parle dans cette these, et, sous la direction d'un Franeais de culture parfaitement qualifie' (Mo Frot est agrege de franeais de 1'University). En ce qui concerne la these elle-iaSme, je voudrais faire deux observations. D'abord, il ne m'e'ehappe pas que le lecteur puisse trouver cette these un peu longue, surtout aux chapitres V et VI. Ici, je ©'excuse en soulignant le fait que famille de magistrate localise. Sa principal® preoccupation paraft avoir 4t4 de trouver un proteeteur qui suppl^at a 1*insuffisance de sa fortune. II 1@ reneontra d'abord en la personne du Due d*Angoulim®, fils naturel de Henri II, dent il fut secretaire <15?6~15S6). II le suivit @n Provence, ©u il ©pousa la fille d'un president au Parlement. A la sort du due, il habita tantot en Noraandie, tant©*t ea Proven©©, toujours dans une situation asses g%n4@. Bern premiers vers, Odes au Roi Henri-le-Grand« M, Mari© de Medi- cis. a Henri III, sont adressls a la Cour sans profit. On y sent encore faeheusemesit, a cote d© I1 influence de la Pl^iade, celle du mauvais g@u*t italien2. Enfin, ®n 1605, sur la reeosuaandatlon du Cardinal du Perron, le poet© ©@t pr4s@nt4 a Henri IV @t obtient d© M9 d@ Bellegard© un® charge d'ecuyer du roi et d© gentil- hoiaae de la chambr©. Bis lorm sa position ©st falte. II ne quittera plus la Cour et y sera toujours bien traite", sous la He%@nce comm& sous Louis XIII. Done, il pourra se eonsacrer tout tranquillement a formuler ses theories, theories qui gouverneront pendant deux sieeles la litte- e E Marie de Me'dieis qui les avait fait venir en Franc®, e'e'tait a eette e'poque le the'itre italien qui ©tait I la mode. Or, les Italieas avaieat aceueilli dans leur art litteraire un lyrisme personnel et souvent exag^rl, ©qui- valant parfois a ua certain "Jeu de mots". rature On eemprend sans peine qu'une parti© de 1'oeuvre de Malherb@s et non la moists important©, s©it l'oeuvre d'un critique do&t I1 influence s'est fait sentir stir la langue et la technique du vers. Tout d»abord, il s'est applique a debarrasser la langue des mat® etrangers et des locutions gassonnes dont l*avaient eacombre'g les disciples de Romsard4 et leg compagnons de Henri IV. Pour &tr@ fran^ais, selon lui, un mot devalt pouvoir etre comprls par les gens du peuples Quand on lui demandait son avis de quelques were fran^ais, il renveyait ©rdinairement &ux eroehe.- teurs du Port auK toins et disait que c'e'taient sea maitres pour le langage5. II voulait dire que seul 1'usage courant peut donner droit de cite' slvlx mots. Mais il ne permettait pas tout au poet®. Tandis que Ronsard avait pretendu elargir le voea- bulaire po^tique, Malherbe s'appliqua a le restreindre. C'est ainsi qu'il interdisait a la fois lea arehal'amesi ex.% SL9 influence de Malherbe est tares grande au XVI le sie'ele, tres important© au XVIII© sie*ele, mais dis le debut du XIXe sieele, aveo le roaantisrae, ©lie commence a s'effondrer. 4Pi©rre de Ronsard, chef d'lan groupe de poetes du seisierae sidole qui s'appelaient la Ple'iad®. et dont I'un des butlprineipaux etait 1*enrichissement de la langue par 1' invention d© mots nouveaux emprunte's au grec et au latin 5Honorat Raean, Vi© de Malfaerbe« p9 142. ardre pour br&ler, chef pour tite), les derives et composes chers a* la Pleiad© (ex.: larmoyable, arbreux, et mime Prin- taaier, - feu-vomissant, portelaise, etc.), ainsi qu@ les mots techniques £&x*% ideal est un term© d*e'oole) et les mots sales et bas <@k« : pouls, qui fait equivoque)« En c@ qui concern® le style, on n'a, qu'a lire son Commentaire sar Deaportes pour ®n voir les qualites essea- tielles. C'etait p@ur lui la elart®, qui s(©btient a fore© de precision dans la choiss des t@rm©s et d@ sou- raission auss rigles du langage. Malh@rb@ reclame ©nsuit© la sob^iete. II biff® les mots inutiles, lea epitiiites baaales, dit©@ d@ "nature". Beaucoup on donas' le noi de saint® a la d@/it©% Mais qu@ll@@ delta's soni profanes?6 II e^ige enfin du gout @t coradamne les images outrees, leg metaphor©s trop prolonggees. Ain@i9 a propos des vers: Je v@uk bitir un tempi© a ma chaste de'esse: lion oeil ©era la lampe, et la flamme immortelle Qui m'ard iaeessamment servira de ehandelle'. Malherbe r@marqu© que I1 imagination qui lea avait inspirele etait des plus ridicules. Anssi, elegance et pur&te d@ la langus, general it©" des idees, fore© ©t sobriete du style, tels sent les earaet©'- Prancois de Malherb®, CommentaIres eur Desgortes, ("Cl^onice", 34). ?. ("Diane") 10 but la route a suivre. On eommeaee a oublier Garni®*-,10 ©a ©ubli© l©s unites qu© de§ theorioiens oome 8<ealig©r @t Jean d© la Taill© avaieat eoaseill@'©se La tragedie tead a deve- nir 1'histoir© d'ua© vie dramatiqu® on herolque. Peu a peu 1'oa aboutit, vers 1820, a ua© Writable oris© de la trage- di®. Poms'taat vera oette ra#m@ data apparaft sur la seen® w& homm©, Alexandra Hardy, qtii remettra la trage'di© gur la bonn© rout© ©a 1'adaptaat au gout du public e©at©aporaia. Al©Kandr© Hardy11 ©st a©' i Paris a ua® date iaeertaia©, ©Btr© 1569 ©t 1575. D© bona© faiaill©, il fait des e/tud©s> aiissi que 1'attesteat son gout ©t sa ©wlture, puisf vmrs 1593, s© joint i la troup© de Valleran-Leeonts, dont il devi©at 1© poet© attitr©*. II pareourt a?eo ell© la pro- viaee, re^ieat avee ©11© a Paris C1599) ©t travaille pour ©11© Jusqu'a sa mort ©a 1631. II publi© entr© 1023 ©t 1628 eix VQlumeu eoatenaat oaze tragedies, treize tragi-eome'dies„ oiaq pastorales ©t einq pieces mythologiques. Eacor© a© s'agit-il 14 qu© d'ua ehoi^. En fait il eorlt plus d@ sept cents piee©s, doat b@au@oup a© soat qu@ d©a remaniemsnts d*o®uvr®s asate'rieureg. C'est aiasi qu'il compose uae Pidon @e aaorifiaat d@stia©e 10Charl@s Garaier, poeto dramatiqu©, auteur de Bombreu ses tragedies d'ua style vigoureuxs Hippolyt®. leg jajy©[a8 etc, m Jasia^ki, Histoire d© la Litt©>atur© Fraacais©, p. 30© — 11 a rajeunir ©all© de Jodell©1^, ume Mort de Pairs et une Mort d'Alesandr® renouvelees d® eelles d® Jeaa d© la Taille,13 une Panthee d'aprd® cell® de Mile des Roehes.,14 D'awtr© part, tout son premier volume est oonsaere' aux Chastea, et loyales amours15 de The'ag^ne et Carieles ... ®n huit poem©s draiaatiqu@®e suit© de pilc@s romanesques inspire'©® du rom&n gree d'He'liodore, et ©nchaine'es selon 1@ gear© des "his- toires" que 1*iaterdietioa des mysteres avait mie a la mode. Das eett© ijamanse produetion, forociment ine'gale, son ©ri- ginallte" reste done limits'©! mais il a'eis prepare pas Kolas raveneaeiit de notre the'atre classique. D'un© part, soueieuss de ranener la trage'dle a ane form@ plus pure, il revient a la tradition d® la Renais sance. II ehoisit des sujets apit©yants8 qui pr@*t©i3t tantSt a de larges tableaux historiqu©® CRIort .de Dair®y Mort dtA~ leacandre. Coriolan), tantst offrent settlement des eas ©xtraordinaireis d'infortune (Panthee, Didon), d@ f«r©«r (Marianne. Eceduse) a ou d'iiorretir (Alom^an). II emploie 12Etienne Jodell®, poete dramatiqu©s m@iafere de ,1a Pleiad®., 13Jean de la Tailleg auteur tragique du XVIe sidele* du XVIe si#ele. 15Au seizieme giicle, le mot Mamour" etait feainin« &®b proee'de's hafoituels, seages, inessagers, apparitionsg 4l@vm le debat par d® grands th@a@@ philosophiques on ioraui, prolong® la pie@@ ata-dela d© la catastrophe par &®a lamen tations lyriques., Mais il fait auesi 4©s eoneessioas awx exigence© d© m@n public. II restarai'e la trag©die9 m&im en la modern!- s&nt, S'il s'eff©ro@ d© sauvegarder l^.nite' d*action @t de m#B.ager la progression d® l'int@rit, il rompt l@s unites d@ lieu, r^duit, puis supprira® l@a ohoeurs, accroft le norabr© des p@rip@ti@g9 os© mettr@ sous les y@U3g dt?. sp©etate«r des scenes da viol@n@e ©t de m@urtr@ an li®» de l@s ©voquer par d@s recits. II aboutit d@ la sort© a tine tragedie tin p©M ineer- taine, qui p®rd la simplicite de deVeloppameat @t la puis sance lyrique cherchees par Jodelle on Qa,rni@r„ et qui d'autre part n"attaint pas encore la vigoureuee concentra tion cla@@iqu@, mais qui* a travers le pathe'tique Cde deso lation) t nuance leg caraeteres, fait ¥aloir le tragique des eonflits d© volonte, tend vers use action plus ricne, plus fflouvementee. G'est ainsi que dans la Mort de Pair®. gra*ee atax fa- cilite's du de'cor simtiltane, le drame se joue a la fois chez lee Perses et chess les Grecs. On assist© a deuK conseils, tenus 1'un par Darius, 1'autre par Ale^andre (Act© 1}t pui@ the'&tre iaatt@BdwSg rlsout finalement les conflits par un "denouement faeureus. Mais selon 1© ««e esprit.de m@suF®8 il s'abstient d' imtroduire l*hero1Csme ohevaler@sqti@ d© la tragi* e©medi©8 reduit 1© eoaique auac scenes de satyr®s bernes et vonni®, vis© moins aux fadeurs galantes qu'a la vivacit/ le'- V®. Si 1'sxeeution rest© inegal®, le genre, et la ce d® certain©© seines, p©uvai®nt seduir© les imagination©, teneher les cseeures ©a ©@ seas ffltae I'iuflweBe® maarquera. En definitive, ©n pent regretter qtie Hardj t tr©p assujet.- ti a sa tfieh©, n'ait de'gag© davantag© mon originalitev nlr^■- fait sonner un v@rs d'une plus haBte qualite; mais av@e lui, jwsque dans la diversite de sei efforts, ss • effects® 1© passage ©ntr® l'art dramatiqw© de la Renaissance ©t le thea tre classique. Done on voit triomptier9 entr© 1600 et 1628, les genres irreguliers. La tragi-eomedi® et la pastoral® e'liminent la tragedi®, Mais la re'aetios staivra vlte. Benefieiaat d@ t©us les efforts preeed@nts9 l'art dramatique ilaera ma- jestue«sejii©nt l»©ff©BSi¥© el&ssique* Dans t©ttt®s e@s pieces ©« 1'.invention d©^ autettfi! Bitiltiplie les cowpe de thettr©9 e© n'est plus l8aeti@a qui manque, c'est la l@gique et 1'unite*. L&m dems forces qui travaillaront a enlever du thettre c@a derni^res la©tane®8 ce sent les unites aiiaes et le Cardinal Richelieu, 10 Les trois unite's exigeaient 1 •unite' deaeti©as 1'unite i, I'unite' de lieu. II fallait qu© l*int^ret d»«n@ piece fiat groapd" autour d'nn sujet uniqu®, q«@ la &nv$@ nm d®passt,t pas vingt-quatr® heures, et que 1*action put se derouler dans 1® dime li©ue Oh pr^tendait trmsver o®a ri» gl®g dasts la Poe'tique dts phil@®©p!s© grec Afistote^ Las Italiens les avaient ad©pt®@n, et d@Ja mm Francs© Sealiger1^ daas son Art poe*ticipe C1561), J©an de la Taille daaa s@n Traite" d® la tragedie ®n tit© d@ soa Sawl C1572) lea avaiemt signalles, Bi©B eateadu ni Hardyt ni les mntrmm aut@urs de tragi- comedies et d© pastoral®® n© s*©a ^tai@nt a@u©i©se lie avai@«t a leur disp©aition9 a l'Hfttel d© B@Brg®gsi®s les. d©- e&rm sifflultanes, imite^s d® etux des C©iifrir@s de la Pas- si©n9 oh les diffe^rents liewss d© 1'aetioa ©tai@nt r©pre*- sentes; et ils ©a be'ne'ficiaient. Quand ©n vint a parl©r d®s regies -, ils r@pliqu@i?eJ3t q«© lee regies dm grec Ari- stote n'etaient pais faites pour des spectateurp fran^aiss S'il CAri©tot@) eut fait de@ loia pour urn® piec© eut dfl ttre represent®'® devant us peupl® impatient et amateur de ehangement et de neiaveawt®' eomaie sous g©jam@ il se fut bi©a garde' de nous ©sumyer par e©s aa?re@ si frequent® ©t si imp©rt«ns d@s nessagers, ni d@ fair© reciter pri® d@ cent einquante ^®ra tout d'un® tir© a ua ehoeur coame fait Euripid© ©a »&n S l Ca Soaligerp, savant philologue et m©d@©in ita- liens autetsr d'une Po/tique res tee fameuse. Aulid©.,18 L©s partisans dee rlgles ripostaieat a« n@ia d© 1' in vraisemblane©* Comment er@ir© qu@s sur cette ielae e*troite d© l'H6tel d® Botargogne, en passant d'un e§t© a l'autre, ©n fr&nefaissait d©s lieues, d@s j»©rs, ©t qu'en &©«£ heures de speetael® ®•©comlaieat des anneefti19 II eat cs"@yabl© avee tout® s@rt@ d8appar©ne© qu'ils <les anei©ns) out e'tabli oette regie @n favour de 1* imagination de l'auditeur qui g©«t® iac©mpayabl@isent plus de plaisir Cat 1'experience 1© fait v©ir) a la repreisentation d'wn sujet dispose* d© cette sort© qw® d'uB awtr© qtii n© l'est pass d'atatant que sa.n& auean© pein© on distraetiea il voit ioi l©s ehoses coiim© si ©lies arrivaiant devant lui- et q«® Ik, p&ur la l©ague«r dn temps qrai ©era qM@lqu©-£oi@ d@ disc @» dou^e anseiaj, il faut de ne<cessite' q^s© 1' imagination aoit diverti® da plaisir d© c© sp©cta©l© qu'elle oonside*rait eonia© pre sent et qu'elle trawaill© a e@apr®Bdr@ e@m»e quoi le m%m® aetetar qui Bagiair© parlait a Bom© a la darniir© ise©n© dts premier act©, a la premier© du deaxiaBi® m® trouve dans la ville d'Athines ©« dans 1© grand Cair@9 ai g0 Sewl® la trage'die^ par ®a nature ©ll©-ni#tt©, p@uvait du eadf© e*troit que lui ©ffrai©nt l©s Ell© r©parut done, ©t Mairet donna la premier© r@g«lilr©8 SQphQniab® C1034), oh, l'on voit dans 1©® vingt- quatr© h®ur©>i 1© rsi d© Numidiej, Maasinissa, af@mpar©r d© 18Fr@"fae© d@ Tyri et Sidon ClS2i)$ trage'di© 19E. Aforj, C9 Audie, Pe Cr®uss©t9 Histoir© illustre*© d© la litteratur© francaiBe, p. 20J©an Mairet, Pre'fae© d© Silvanire, 1031. 20 laague, pufolier un dietiossnaire, nnm grammair©9 use rhe't©- 9 taae p@/tiqw©9 appre'eier lea oewrgs souulses a Xeur De fait, ils proeSdent blentSt a 1!©seamen du CijI, que redlge Chapelain. Solvent raille'e, mlae a s@ss de buts, I1 Academic'ne .-.'ref l#tera Janiais qu- iaparfait@®@at la pfeysionomi© intelleetuelle du pays. Mais eon rtl® eat al@rs eapitals ©lie ceatribu© puissasss@at a la c@ntrali@atioa litt^rair®, aide ^ fisser la langw® et le gout elassiqua®„ Cast &©n& gr^o© a«K prineip®s dietea par I'Acad/iai®, la pwissante iafluene© d@ Sich@li©^s qu© 1® th48,tr» csa- al©rs us© vogu© iaas prea@d©nt» II a©«s regie aaiatsnant a dire qtaelqwes m@ts ew^ la eoms'di© de cette /p@qta@ avast d© command®!? notr® ©'t^d© d© Corn@ill© ©t d© s@n theatre. On iera asa©^ br#fs ear I'isa portamoe d© Cars©ill® e@mm® ®erivais reaide dans la tra- g@di© plutSt qwe dasag c© g®nr@-el«, Et e@p@iadant9 il @'y moiitr©ra aisssi maftre d© premier rang. Mais il f&tadra att@ndr® M©li©r@ potar v@ir 1© de>¥©l©pp©si©Ht pr©f©ad d© la coiaedi®. Si c'eat Corneill© qnl iHtroduit les priaoipe® fondam@stau3C d© la cornedie, c'eat M@liir© qui lea appli- qnsera d'uae faeea tout a fait admirable* V©y@na» done, la au debwt du XVII© sieele. Ell® se e®astitu©9 @n effet, par la mjnthesm d© 1©® e@aiedi©@ ante'rieures. Les liens a¥@e 1'Italie, 21 vivacea des le XVIe siecle, marque's encore en 1611 par les dernieres adaptations de Larivey,22 se resserrent grace a la troupe italienne installed a, Paris qui attire le public tan- tot par des farces improvise'es sur des canevas Ccommedia dell'arte), tantot par des pieces compose'es a la maniere des Anciens (conmedla sostenuta). L'impulsion vient aussi de l'Espagne, de la come'die latine, de la farce franchise,, de la come'die insere'e dans la tragi-eome'die et la pastorale. De ces e'le'ments divers, par un fe'cond effort d'unification et d'e"puration9 nait un genre divertissant, volontiers romanes- que encore, mais soutenu et respectueux des convenances. Nous verrons plus tard l'evolution de ce genre-ci, car c'est grace a Corneille mime que commencera cette evo lution qui ne se terminera qu'avec Moliere. C'est done, avec ces faits historiques que nous abor- dons enfin notre e'tude de Corneille et de ses oeuvres, II serait trop hardi et d'ailleurs presque impossible d'essa- yer d'examiner toutes les oeuvres de cet ecrivain de tous les points de vue, tant est vaste la porte'e de la plupart de ses oeuvres. C'est done, pour limiter notre e'tude tout en essayant de choisir les points les plus interessants, 22Pierre de Larivey, 1'auteur comique le plus notable du XVIe siecle qui e'er it en prose. qu® noui aliens examiner quelqts@s-un@a de smm oenvrem ©a souligiaant 1© eadr© social, hist©riqw@g p@litiqu@g, moral, ■seloa la piees @n question* Cour d@s p Leg tr&im premieres representations paasesf mala la qtaatri©m© mm sigaal© par un success efclatant, qui met ©n pleiae lumiere la trotap©^ @t 1'aatear. Bien qu® sane b®rg©rs9 la piee© rappslle eaeore par i'iatrlgw® l@s pass- dm teuspg, Ob f voit un amoureuK, Erast©$ ranter a un c pour Halitei Erast© s'effore© alors de demeBpSrmr m&n rival par la ienace d'mi troisiem© pr©t@adaHt0 tuais il 6st-9 pwai d© sa d©ul»l© fa^at©, il se 4 peasant Clorig, gostar d© On peat s'apercevoir d@ q«©lqu@e gauefeeries da aiis© mn o©wfiB d@a @bsoBrit@s d@ ¥©rsifieatiojaj mai^ la ©' ei©8 earactlroi ©t la verve enjoue'e trasehaieat a la s@aB® un ooiiiqu© cl@ b©nn© eesapagnie. ^ L© jug@a»@Bt que I'oa psrta ©isr MejJLte ftst que oette piee© e'tait trop sisspl®, et avait trop pe« d*ev.e'nements« C@ra©ill©, piquarf de cette eritiqu@g rmp&ndit &vme Cllt^ndre Cl632)e unm tragi-eem/di©, on il sema l@s iacid@nta et av®@ tsi&e tr©s vi@i@iaa@ profusion, plus pour le gout public qw@ p©ar s'y aceoanoderif Austeta? oip,i cit» , p. L®s premiS'r®^ reprt'seatat ions de }id lite, furent par une tr&npm q«i s9app©lait "L@s ceasBedieas priase d.'Orange," dirigee par J&minBkls op. eit.. p, 329 26 d^sormais ®n vue, 11 fait r®py@s©Bter mn mains d® tr&im aae La. ?§ti¥® en 1© Mellte. deux am@iar©aw3£. Icl, Clarice, 18 asa@a® J@liaefflt le t®ndr® et p®u entraprenant Pfeilist© a declarer, tandis qu'AleidOB, eh®reh&nt a ra^i^ Clario®g feint d'aiasar la ®®@uw dm eelle-ci, ©@® ls®al@v@r elle et mm voit finalement e©nf©ndr@» Pasta La Galerie dttM Palais on l'Mle ri.ya.le <1@34?1> lea av@ntur©s d© Ly^andr© et D@» rimantj tows d®use amottrettx de C^lid/®, s® dero-ulent daas UH coin de Paris pitt©y®sq«,©»eat eVoque. La .euiyante Cl@34) offre an awtr® g@Bf© d® conflit: l'aoeorte Assarant® s® fait la riiral® d® sa naltresae, ' la belle Dapfenis8 mais-eehoue a©BiB&« il si@d &®,nm m©& intrigues* La Place Bojal^, ott. 1® Mariage extravagant. Cl@35), reprend ®a parti® 1® titre d!iaa@ pi@©@ d@»B^® dews ans plus t#t par J@aa Claveret. L*im broglio y tient uae large pla©@s mais d@Ja s'aeetsse an ©araettr© pitta ispeeifiq««B«at "©@ra^li®n"s mattre gouverain d@ lul-mtme, Aleid©rg biea @'pris8 s'aeart® d«Ange'liqu®, ©fe@refe® a 6ter tout rest® d® tentation ®b la laissant espouser par @®n ami D@raat@9 la d@- am p@iat qu^elle ®Btr@ a» e@«v©ats Ob y ©at t#«oia @gres^i©B cwri@«se vers e@s oas d® o©ns©i@a©@ @x- traordiaaires qui ©asel^iefflt lea solution® fa@il@s8 et @u la 27 tension d© la volonte' devient 1® rmmnort dramatiqB® par On e©rara@a©e aloes 4 ©twdi@r 1© theltr® d@s anel@ns» ©t a a®«p@©ira@r qu'il pouvait aursij? d@s rigl®s. Cell® das ¥ingt-qtaatr@ h®tir@8 fiat un® d@s premieres dont ®m s'a- ; maia om a'ea faiaait pas eaeore trop grand oas. la Kami®re dQut C@m®ill® Iwi-ste© effi parl® <daa@ la preta.ee d® Clitandre. impria®'© en 1632« Qn@ si J'ai renferme'eette pi@e@, dit*ils rigl® d'un Jmar, et a*@8t pas q«® 3® m# s@Ia a a*y attaefeer dorsnavant, j q adeyeat eette r@gl®s baameoisp la B®priseati potar moi, j'ai voulm s@«l®m#nt ®©ntr@r qw®8 ai J© m»@a @"l@ign@8 e@ n-*est pas faute d@ la o@^aaftre •5 M® a@tss iaiagia©as pas qu'il ftit ¥i@t©ri®tix d®a qu*il- mentras il l*eet & la fin, saais il lui faiat &u temps ®@tm@ttre las ©sprits. L®a regies dw eu a d@mi, et r@nt ®nt±n mmttrmmmem d« th^ttre. Mais I8@p©qu© dea'e- final n'est pr@pr@m@Bt qu'au t®«ps d® Ciana. pl»® grasid@s ©feligatiQus qu'oa d©iv@ a C®r- a®ill© eat d'&¥©ir purlti/ 1® theatre.. II fut d(afe©rd ©a- tratn/ par 1'uaase etabli, mala il y sr©ii®ta aw^sitSt et d®puis Cljta^dr£9 sa s«©®ad® pi@e®$ on ae trouve pitas a Clitandre. 1632„ tere du Cardiaal d@ C© grand h@mme afait la plus "wa,st@ ambiti©a qu'un ac«@ jusqu@-la«, La ggl@ir@ d® g@uv®rB®r la ab8@lura®nt9 d*afeaise©r la redowtafel® iaais©» d'Autrioh®, d© remuer toute l*Eur@p® a m®n gr^, tout e®la t lui suffisait point| il v@ulait y Joiadr© en©er@ celle d® fair® d©s oonedies.^ Qwaiad _le__Cjj.d par«t8 il @k fut aussi 'q«® s'il avait ¥W lea Bspagn@la devant Paris, II lea aiif@rn.ra contrm e@t ©ttvrag®, e@ qwi a® dut g awtr@f©iSj a^ait fait parti© d*tm grewp© qj, sotie la direction dvs Cardinal, mcriv&imnt &®a oen^rea d9apr@a 1® gv® de ©@lwi«-ei, Mais il s'@n re tire. d@ 1s©hb© fe@rar©9 ®t a© fit par e® gmmtm un @an@mi formidable dm Cardi»al» m$m@ ports a I9art dramatique un in- terSt tout pai?tieuli©rs Par godt d'afeo'rd, pare® que les » la s©ln@ l'attirent etrang®mant9 Par sygtem® qu'il ©ntead fair© du thi&trm une e*bole de fe®n gout ©a m^me tamps qti'une tribusa® politiqu®. II encourage les comedtmuB» 11 fait donner &e& r@prea@ntations a !#>■' Ceur, aoa seul@m©Bt dans la salle du Palais~Cardinal» qti'il fait transformer di@ 16301 et ais/eages? a partir de 1®|? par i * arefeiteet© M@rei©r swr 1© medlle dee plus fe©aw3S th^ir@e itali@BSi 1'inauguration sol@nn@lle a lieu ®n 1641 avse la Mirage d@ D@smar@ta d® Saint-Borlin ©t ©@mpt@ eosti@ un veri table ®V@n@M©sat8 Lui^miffl© fait J@u@r dms &®nvr@B de §a fa@©B« Eb 1633 il eonstitu© la n&@®±®t^ d®s einq auteuraM9 form©'® d© Eotrow, Collet®t, Claud© d@ l*Estoile, B@isro- te®rt et C@rn@ill@s qu'il efearg© d*e'orire dem pi@e@s aeloa s@s plans ®t s®w@ sa direction, Cora®ill© r@digm aiasi 1@ aete d@ la C©a©di@ d@s Tuil@ri@ii^ maia: quittera 31 etre fort difficile, et il se mit a leur te*te. Scudairy pu- blia ses Observations stir .le Cid, addressees a 1'Academie Fran^aise, qu"il en faisait juge, et que le Cardinal, son fondateur, sollicitait puissamment contre la piice accuses. Mais afin que 1'Acade'mie put juger, ses statuts voulaient que l'autre partie, c'est-a-dire Corneille, y consentit. On obtint done de lui une espece de consentiment, qu'il r 0 donna pourtant avec assez de fierte. Ensuite 1'Acade'mie Francaise rendit sa sentence; se- lon Chapelain et ses confreres, la piece ne se conformait ni aux regies ni aux bienseancesj10 elle ne laissait pas cependant d'etre seduisanta L'Aoademie dans ce tte critique sut.conserver tous les egards qu'elle devait et; a la passion du Cardinal et a 1'estime prodigieuse que le public avait con^ue du .CjLd. Elle satisfit le Cardinal en reprenant exactement tous les defauts de cette piece, et le public en les reprenant avec 9Lefevres Oeuvres Completes de Pierre Corneille, p.6. i0"La trage*die, mettant en scene des heros et des rois, devra litre constamment empreinte de dignite* et merae de noblesse. Pas de realisme vulgaire, pas de mots crus ou familiers. On va plus loin encores on estime contraire aux bienseances de representer sur le theatre combats, duels ou suicides. "Ce qu'on ne doit point voir qu'un re'eit nous l'espose." (Boileau). Bien des scenes de ce genre se trou- vent e'galement interdites par l'unite' de lieu; une bataille ranges, un combat singulier ne peuvent avoir lieu dans 1'an- tichambre d'un palais." - Legarde et Michard, op. cit., p. 93. s, et m©s@ av©e des louanges.11 Desespe're' par lea jalousies qi&© stsseita 1© sueeis du Cid, aussi bi©m qu@ par sea amour malheureux p©ur Cathe- ■ ria® Hue8 il se r@tira pendant quelqu© t©mps«, Malade en 1639 au point qu@ le bruit d@ sa isort put eourir, il se reprit n^snaoias, ©t i'gleva eneore d&ias Horace Cl©40)| enfia il alia jmsiqia'a Cinna Cl@40) ©t a Polyeuote (1642)» qwi ®©Bt des pieces s«p®rto©so C©rffi©ill©9 aeeeptast les tb@©ri©s iap@- 0@es par 1"Aeade'raie^ compoaa av@e e©s pieces des chefs- d'oeuvre presqw© parfaits* Nous parl@r®ias plws loin »@tiveaiase primeipes qu'on y trowe et qui torment l tiel du theatre d® Corneille. Qu'il staffis© d@ dire ici qw@ EOT&&B est une pi^e© ©u l'anour si tr©M¥® @B conflit avt@ 1@ patri@tisae9 et q«© Polyeuct.e eat hb© pile® @u 1*esprit religieux triompha d© I'aaour. Et p@urtants il faut ajotter qu© dams e®s pi@e#s ©n trouva un genre de Kis© ©a seen© ine®nB«9 ©t par la ©wit© un nouveau theatre. 0rs C©ra@ill©9 par l«®tad® d'Aristot© ©t d'Horace, par son esp©ri@nces par s@s F@ll©xianss et plus encore par son g/nie, trouva lea sources du beau? qu'il a depuis ouv©rt©s "a tout 1© moad© dans l©s Dls.cours qui sont a la tit® d© ^®^ c©M©'die®. D© la vi©Bt qu'il ©et regard©' comBe 1® p@r© du tfeelHr© fran^aia. II y a 1© premier ia<~ Ls Petit d© Julleville, la,Cida l@06 35 tourae vers 1® romanesque. Apre$ Pertharlte* G@rneille reaon^a au the&tre, 11 doana pour ralson qu*ll e©iasi®tt$ait a vi@illir8 r&lm&n par- t±eulie'x>@in@Bt mauvaise quaad il s'agit de poimi-e ©t dee talents de 1* imagination. L'espeee dfesprit qui dipend de 1 • iisagisaatien, at qu'©a appell© commune'ment esprit dans le loide, ressembl® a la b@a«te9 et n@ subsiste qu'a^ee la jeuaesse, II ©at vrai qu© la vi©ill®sse vieBt plwa tard qne 1*esprit; mala ell® vient. Less plug dangereuses qualit^s qu'elle lui apperte eont la sleheresse et la &urmt4$ et il y a des ©sprite qui en s©Bt naturellement plws swseeptibl©§ qu© d'autre©9 et qui densest pita® d© prise &nx ravages du temps| ee sont e®w% qui avaieat d© la noblesse, de la graBde»r9 qtielqw® eh®s® d@ fier et d'austlre. Cette sort® d© earaetere eontraete alse'ment par les anmims je ne sais quo! de sec ©t de dur." C'est a p@u pr@s e© qui est arriv© a Corneilles il ne p@rdit pas en vieilliesant 1( inimitable nobleas® de son g®'» nie; ®ais il s'y m£la quelqu#«^ois ua p@u d© durete*. II avait pousse' les grands sentiments atassi loin que la nature pouvait souffrir qu'ils alldssent; il coMenea a lea pous^er nn peu loin, Ainsi dans Pertharite9 an@ rein© c©BS@at a e- p©user un tyran qu'elle detest®, pourvu qu'il @'g@rg® un file uniqti© qu'elle a, ©t qu@ par cette aetion il se rend© aisi§l odieus qu'elle eouhait© qu'il -le soit. II eat aise' de ¥©ir qua® cm s@»tim©nts au lieu d'ltre noble, n'est que durj et il nm faut pas tr@uv©r mauvais q«e le pmblie si® l'ait pas g©tit@. 9 Vie d© Cornellie, p. 9 Ainsi la secoiade pe'riode de la vie de notre auteur s'a- che*ve. ' N'owbliens pas eependant qu'il avait aesompli beau- e©up en ee qui eoacerae notre theatre classIqu®, c© qua nous vmrrons de plus pi-is plws tardj n'oublions pas n®B plus qu'il fut aeeepte a I'Acad^mi® ®n 1647, e® qui prouve d®Ja qis'il @x@realt tsae inflB©nee tr^s importaate stsr 1® theatre de Nous appellerens la troiaiame periods d@ la vie d© neille la periode d@ retrait® C1652-105©), ear ©a quittant 1® theatre il s'a'tait 'demis d@ §a charge d'avocat, - tout ee qwi 1© forcait a une vie publiqwe. II consacra' s©s loiairs a traduir© en vers 1"Imitation de Jeatts-Christ (1651 a 16§@)9 Dans oette ®#m# periode d© fetraite8 il s© livra aussi a &®b Tmtl,@xi©ns but son art ©t eon system© drassatiqia©8 et redigea trois DlBcours} D® l'utilit/et des parties du poiae dra- matique» De la tragedie, et Des troia unites, ainsi q«e de® de ehaeun© d© sen pie"e©s9 e*ditioa qwi parut en 1060.14 hmm oen?r@e eureat us si graad speeds q»e le suriateadaat Fouq«©t a r®wssi k persuader C@rH©ill© d© reveair an thea tre . Pour lui faciliter e© retour et lui ^ter toutea les excuses que lui aurait pu fourair la difficult® d© trouver des @ujet©9 il lui @n pr@p©sa trois. C©lui qtl'il prit fut Oedlpe - II eoffiffieuee use aouvelle carrilre, 14cf. Lagard® at Michard, op..,, .c.it., p. 07. 37 II eonuaft eneor® des sneers pendant cette pe'riode £i-? Bale de sa vie: Oedipe C1659), La Tolson d'Or (1661), Serto- rius Cl@62)s Attlla (1007)„ Psyche (1671), pile© ©erit@ <sn collaboration av@e Moli^r® ©t Q«inault8 Mai© il eonnait aussi des ecbecs, eruels a sa fi©rt@*s Sophonisbe C1603), Qthoa (1664)9 A^eBilas (1666). Eclipse'par Raei»e9 il en- tre en rival its' avac lui, ehangg® eieore aa naailre et tent© Be Ion son propre ideal des pieces amoiar©us@ei Tit® et Bere'- ni©@ Cl@70), Pulche'rle (1672) 5 mais aprea 1'echec d® Surena (1674), il renonem de"f initivement. D'autre part see charges d© families ®'@tai®rat alowr- di©8| il perdit denx d© men fils, et il eoxnrat plts®i@tsrg fols la mislre, On eessa snSme de lui p®,jmr sa pension r@jale| il fallut qu@ B®il®a^i offrit dm saerifier la si©nae poisr qti'QB la lui rendft. Sa mort, dan® la nuit du 30 Sep- teiabre au ler Oetobre 1684, passa presque inaper^ue. Cornell!© etait ass@s grand ©t asses plein, l'air fort simple et fort couran, t©uj©«r@ neglige*, ®t p@ns starieux de son ext/rieur. II ©await les belles lettres, 1'his- toire, la p©litiqns®| oais 11 le® prenait principale- m@nt dm cftae* qu'elles ont rapport au the'ttf®. II avait 1'ftme fiire et inde'pendantei nulle seuplisse, aul maneges ee qtai l'a rendu tres-peu propre a faire sa fortune,, A beaucoup dm probit©' nat«relles il a jointt dans tous les teasps d@ sa vie, b©auc@up d© religion, et plus de pie'te' que le commerc® du mond© n'on perm©t ©r- dinairement. II a @u sowvent besoin d'itre ragsar^ par des casuistes sur se@ pieces de the'fitre, et ils lui ©at toujours fait gra*ee en fa¥©ur d® la puret^ quill avait Stabile sur la @ee*ne, des nobles sentiments qui regnant dans ses ouvrages, et de la ¥i@rtu qu'il a raiee 40 gaaiser en societe' mondaine. Le beau temps du salon de la marquise de Raiabouillet est de 1624 a 1648. Dewx grandes influences litteraires s'exercent alors; 1'Astre'e2 et la pastorale italienne. La rude Inergie des generations pre*- cedeatea me manifesto litte*rairement sous la forme du "pre'~ cieux", qui n'a rien du tout ici de leger. C'est le temps he'rol'que de la conversation: On apporte, a jouir de la vie en see lets', tout r#eente, a itre galant et "p©li", a analyser les sentiments de 1'amour, a aiguiser des pointes, a couper des flls en quatre, une application et une subtilite' qui ont quel- que chose de formidable."3 On "pioche", si 1•on peut dire, la d/licatesse. Et la fore® grossiere du temperament, le besoin d'aventures qui fera foientSt la Fronde9 se trahiseent aussi par le gout d'un romanesque saugrenu et d'un her®'isme extravagant. .Cette extravagance froide Cc'est-a-dire froide pour nous) et cette sutatilite ferceaee, les premieres comedies de Corneille n'en sont nullement exemptes. Lorsqu'il nous dits dans 1'esamea de Melite; La noaveaute dm c© genre de cornedie8 dont il n'y a point d'exemple dans aucuns languef et le style nal'f qui faisait une peinture de la conversation des honn&tes gens furent sans doute la cause de ce bonheur sur- prenant, ... il nous semble d'abord ou que Corneille s'abuse un pen, ou 2Roman pastoral d'Honore* d'Urf¥* (1007-1627) ^Julleville, op. cit. . p. 263. 41 que "la conversation des foonnites gens" d'alors e'tait done souvent une bizarre conversations ee qui ©st d'ailleurs possi ble. Mais pourtant certains traits, ca, et la", narquent de'ja' un aeheminement a. plus de verite*; et d'autres, plus precieux encore et que nous noterons, pre'sagent a la fois le Corneille du Cid et le Corneille de Pertharite ou de Surena. Nous entrons dans un monde qui peut, sans doute, re- produire en quelque raesure le langag© et l©s faeons de la so- cie'te' polie aux environs de 1030, mais qui retste artificial en ce que tout le demeurant de la vie sociale @n est soi- gneusement elimin©'. Un seul rappel des accessit^s ©u des contraintes de la vie re'elle: 1*obstacle qu'apporte quelquefois a 1*amour 1'avarice des peres ©u la difference des fortunes et des rangs. Mais enfin Jaiaais il ne s'agit d'autr© chose que d*aimer ou d'ttre ainj, et cela est vraiment accablant a la longwe. Mais prenons quelques exesaples. Melite,—Les trois premiers aetes d@ Me'lite sont assez j0li@, Eraste, amoureus d© Me'lite, commet une malheureuse imprudences il vante sa maftresse E son ami Tircis, la lui fait connaftre et est bientSt supplant/par lui dans le coeur d© la j@un© fille. Eraste, fort de'pite", se venge en fabriquant de fausses lettres d© M/lite a un troisieiae jeune homme, Philandre, et en s'arrangeant pour que ces lettres passent sous les yeuss de Tircis. 42 Jusque la, c'eet fort bien. II y a de la jeunesse, de la verve, parfoie un ten gentiment cavalier; d'agreables dive- loppements dfobservations generales ©t faeiles eur les choses de 1'amourj me'in® d© b@ns lieuac coamns de come'die, d©ats par ©seeiaple Cl-l)t Pauvre amant, je te plains, qui ne sais pas encore Que bien qu'une beauts' merit© qu'on 1'adore, Pour ©n perdr© le g©i£t ©n n»a q,«'a l'epouser. Un bien qui nous est du me fait si peu priser, Qw'usie femme fut-elle entre towtes ehoisi®, OH en voit en six mois passer la fantaisie. ... Et pltis loin (I-4)s Peut-etre dis-tu vrai} mais ee choiK difficile Asses et trop souvest trompe le plus habile, Et hymen de soi-mime est un si lourd fardeau Qu'il faut 1'apprehender a l^gal du tombeau. S'attacher pour jamais aux cStes d'une femmel Perdre pour des enfants le repos de son ame! Voir leur nombre importun refflplis* une maisoni Ah! qu'on aime ee joug avec peu de raisonl Mais bientot tout se ga*te<, Tirois, apres avoir lu les lettres supposees, s'est enfui en criant qu'il allait mou- rir (III-3). On rapporte a Me'lite qu'il est mort de dese- spoir en effet. He'll te se pSrae. Un valet qui passe la croit mort@9 et en porte la nouvelle a Eraste, ainsi que de la mort de Tircis. Eraste, voyant cette suite affreuse de son stratageme, devient ton. II divague abondaimant et aavam- ment durant un act© et demi; il se croit frappe* de la foudre par les dieux en punition de son crime et plonge dans le Tar- tare, il prend Philandre pour Minos, puis il est enfin reitiis a son bon sens par la nourrice de Melite. 45 son de'shonneur. Oui, la piles eat agre'able. Les scenes ©u l'auteur n@us fait comprendre qae Philiste et Clarice s'aliment sans oser s@ le dire, et qu'Aleidon et Doris, au eontraire, n© s'aiment pas, tout ©n paraissant se declarer qu'ils sfaim@nte resseia- blent a quelque chose coram© du Moliere, tout jeune* Vient ensuite La Galerie dja, P^alaia,, un tableau d'un coin d@ Paris pittoreequement evoque. La Galerie du Palais,—La Galeri© du Palais est encore du marivaudage, raais appuye** et pesant dans ses finesses asSmes et dans les implacable® antitheses que les noubreux monologues et autres leoroeaux de bravoure nous montrent comsae pangees en bataille, sur deux lignes qui a'affrontent. Celidee feint de ne plus aimer Lysandre, p©ur l'tprouver. Lysandre, pour se venger, feint d'aisaer Hippolyte5 laquelle prolonge et eompliqu© tant qu'elle peat le naalentendu, car justement elle aime Lysandre. Tout s'eaeplique a la finj Lysandre et Ce'lide'e se reconciliest, et Hippolyt© s© rabat sur an certain Dorimant. Cette piece n@ vaut peut-itre pas La Veuve, mais elle est curieuso pour 1'histoire du theatre, et marque ua pro- gTBB9 du raoina extlrieur, vers la comedie realiste. Dans eette piece, l'auteur a substitue, pour la premilre fois, 46 nne suivante a la nourrice traditionnell© qu'il avait fait figures? dans Me'lit® ©t dans La Veuve, Pour la premiere fois aussi, ao premier aete et au qmatriime, le lieu de la ■ scene est son settlement tre*s bien d£termin®% raais reel. C'est ttn coin de la galerie du Palais, avec ses e'talage© et ses saarchands. La linger© @t le laereier nous fournis- sent quelques details sur l(histoire du costume, sur lets variation© de la mode; et le© conversations du libraire et de ses acheteurs nous apprennent notamment que la vogu© avait passe des romans aus pieces de theatre, et qwe la Normandie avait la reputation d© produire lee raeilleurs poe*te@. La Suivante est une piece assez embrouillee et qui, du laoins a man sens, ne vaut pas notre attention icij mais pourtants 1'acheminement vers la vraie cornedie y est de plus en plus sensible en certains endroits, et particuliere- ment dans la tres jolie scene (Acte II) ou Mm® Daphis, s'en- tretenant avec Florame, e"loign@ malicieusement, sous divers pr/textes, la pauvre suivante toute devor/e d@ curiosite', d* inquietude et de jalousie. Mais passons a, La Place Royale« 4Le personnage de notirriee, qui est de la vieille oome'die, et qtae le manque "d'acteurs sur nos the'Stres y avait conserve jusqu'alors afira qu'un homme put repre'- senter sur le masque, se trouve ici me'tamorphose' @n eelui de suivante, qu'une femircs represeate sur son visage,." (Corneille, dans l*Examen de la Galerie du Palais). Ainsi les roles de suivante ou de soubrette furent nne nouveaute" introduite au theatre par Corneille. 47 La Place Royale.,—C'est une come'die plus singuliire et plus rare. Le principal personnage est deja, dans son fond, un des plus pwrement "corneliens" qui soient dans le theatre da Corneille. Alidor est une sort© de maniaque de 1'inde'- pendance interieure, et coraiae un dilettante de la volonte*. II aime Angelique, mais il se plaint d'etre trop aims' d'elle. Get amour lui paraft tyrannique par i'exces mime de sa so«- missiom. II craint qu*Angelique, en lui appartenant trop, ne I'emp^che enfin de s'appartenir a lui^mlme. II eraint de trop 1'aimer a son tour. Et, coaias quelqu'un s'etonae de cee subtilite's, il repond (Act© L-4); Compte-tu mon esprit entre les ©rdinaires? Penses-tu qu'il s'arr^te a,ux sentiments vulgaires? Les regies que je sui@ ont un air tout diverss Je veux la liberte' dans le milieu des term. II ne faut point servir d'objet qui nous possede? II ne faut point nourrir d*amour qui ne nous c@de| Je le hais, s'il me forees et quand .1'aime. ,1e veux. Que de ma volonte' dependent tous mes voeux, Que ffion feu m'obe'isse au lieu de me contraindre; Que je puiss© a. nson gre" 1 • enflamaer et 1'e'teindre, Et, toujours en e*tat de disposer de moi, Donner quand il me plait et retirer ma foi. Et done, brusquement, brutalement, il quitte Ang@*li- que9 pour Itre libre, pour se sentir libre. Angelique, par depit, accueille un soupirant, Doraste. Mais Alcidor n1en- tend point que la femme qu'il a quittee dispose d'elle- meme. II veut se choisir son successeur, et dispose tout 50 p@ur m& valeur dans 1'faistoire litte'raires ...9... A present le theatre Est en un point si feaut qu@ cfeacun l^dolgtre, Et ee que votr© temps voyait aveo jae'pris Est aujourd'hui 1'amour de t©us les bens ©sprits, L'entretien de Paris, 1® souhait d®s provinces, Le divertissement le plus deux de nos princes, L@s delices du peuple et le plaisir de® grands, D'ailleurs, si par les biens ©n prise le® personses, Le theatre est un fi@f dont les rentes sent bonnesj Et votre fils rencontre en tan me'tier si doux Plus d'aecommodement qu'il n'eut trouve chez vous. Une tell© oeuvre n'atteste pas settlement le prestige qu© le theatre s'est alors aequis. Prece'tiaist immediatement le Cid. elle marqw© tout a, la fois 1'e'clatant ab©utiss@ia@nt d©s oofflsdies ante'rieures et le debut d® la grande trag/die cornelienne. D'autre part, sans rompre a?ec la realite, ©lie pouss© a l'extrime la fantaisies elle rejoint aveo Clindor la lifore invention des roraans picaresques, g'es- claffe avee Mataiaor© en bouffonneries trtaeulentes, pralud© av@e les douloureux accents d'Isabelle, sous forme da demi- pastiehe, au "sublime eorn/lies". L1 ingeniosite* du tbdme permet toutes les outrances, toutas les contradictions, mans que pourtaat s® rompe 1 •unite*. A l'heure. ou se eonstitue la strict© discipline dea genres, par un miracle de virtuosite' 1'Illusion comique offre la suprfst® fantaisi© oompatibl© avee la raison9 iais fait aussi mesurer tout ce qu'e'liminera d'@fflorescence et de libre creation la rigueur classique. En mime temps elle mitum les personnages §ar divers plans, 51 et pos® a 1'esprit des questions troublantes. Car enfia, qiaand done Isabella et Cllndor paraie@ent-°ils les plus vrais? Dans la com/die de leurs aventures authentiqu@m©nt veeu®ss ou dans la trage"die de fiction pure qui sejabl© 1'a- boutissament ide'alise' d© leur situation, de leurs pesasees les plus secretes? Enfin9 sept ans plus tard, en ce tcrarnant critique ou commence la lltterature de la Frond©, quand, inqulet de la froideur avec laquelle 1'HStel de Rambouillet avait ac- cueilli Pelyeuct®, il eharcne avant Pompee ©t Rodogiine un© nouvelle formule tragiqu©, Corneill© hesitant encore, re- vi©Bt a la comedi©. Le Menteqr.—-Le Menteur, iiaite" de La verite @uspect©5d'Alar~ con, evoqu© un Jeune provincial, Dorante, qui, frafchament ■'. de'barqud a Paris en eompagnie de son valet Cliton, s' engage ea une double intrigue, se targtte d'airenturee imaginairea pour se donnas* bonne facon, redouble bientSt le mensong® pour soutenir son rol@t ©t apr©@ de mtiltiples quiproquos, parvient a eoaque'rir Lucrec© qu'il aim©. La piee© ®bti@nt un succes si vlt qu'elle s© prolong© peu apr@s av®e La suite du Menteur« imite'e de la eom^die de Lope de V@gaf Aimer i-sana » op» eit,, p. 203. . 333. 52 savoir quit Au moment du saariag©, pris de regret a 1 * idee d'aligner sa liberte', Dorante s»@nfuit, eourt les aventures; on 1@ retrouv© lorsque, s'etait approcW d'ttn h©mm@ tue* en duel, il eat fau@@@sn@Bt accuse de metirtre, et efflprisonns*. II meat encore, raais cette £ois par generosity, pour sasi- ver Cl©andre9 le meurtrier; puis, iauri, assagi, me v®it r®~ compense par 1*amour d© Melisse, soeur de Cleandre. Cette "suite",, bi@H que savoureuse encore, parait plus languissasitei mais L^ Menteur s©*duit par nne ferti- lit©' df inventiom qui semfele parodier a plaisir 1' ideal cor nel ien, fait du mensoage mime un principe d'evasion vers la fantaisie et l*irreelt qui d'autre part accuse 1© relief co- mique, anime les vers d'une verve dru@ et eopiemse. En definitive, si, par la eone/ption du genre, Cor- neille reste bien de sa gene'ration, il n1 en offre pas raoins sur notre theatre les plus brillante® reussites avaat Mo« liere, qui lui devra beaueoup; il eorapte eiseore aujourd1- hui parmi nos plus grands auteure comiques. 6Ibid.9 p. 333 55 s pour ©tre &©<o®pte'' du ^p®etatewre il faut cet iBvrais@ffiblafol® soit vr&±3 garanti9 par ••I'autorite' d® l»histoirew. Les prineipe est foiam illustre*: le Cld. Clnna, He'raolius» ©t la Mert, de Le Cid. —Dans cette pi§se9 potsr la premiere £®Is$ Corneille e'talait stir la ®e@a@ la lutte enouvante qu'il devait9 par la swit®s y presenter taat de foia, la lutte &u devoir ou d@ l«h®asa®wr esmtre la passioa d'abord raeaafantej, enfin vain©ti@« Rodrique et Chime'ne sont fiance's ma,im t pewr vmngmr sob per® a'j Rodrigw® tue le per® d® Chiia@a©9 @t p&ur vmngmr soa la fin, 1'Inaoeent m®ttrtsii@rg ea repousaamt une d@s Ma«r®s et en sa^vaat s@n paj®9 lav® ^a faute tair© et obtient 1© pard@B ®m da »@iBg I'enpoir du pardon. ©a tr&uwe &&n& cette pile® plwsieisrs sitwatioas deat ] vraisemblanee depend e©mpl!t®!&®»t de^ models® et &®n situa tions historiqm©@s tant dfa®ti@a dont 1m tout s@ deroule en vingt-qaatr® h®ttr©s8 l«appar©Bt© incapaeit®' du roi ^ empS- <g® dttel fuaeste et asalhewrewSs l'a«da<e® d© Rodrigia© a avoir tue' sea p©r®9 la eituatioa d&nm laquelle @® trouve Ctsiffilne9 qui doit denasider la vie de Eodrigue et qwi8 ©a 56 de la recCTOir, la r .arasalts i la £±a» Comment ju^tifier tant d'aetion dont 1® tout s© ea vingt-qnatr© heures? 11 faut se rmndre eoppt® dtt fait qu'a cette e*poque {1637), Corneill© goutait foe&weawp 1® theatre ©spagm@l9 e@ qui e*tait eouraat a. I8^p©qu®» 0r9 1® thea'tre @spagaa©l avait adapt®* d@e regies tout ^ fait diff© rentes de ©©lies du theatre fran^aiae La difference essesi tielle, c'est ©a e© qui concerns l^'unite* dm t®saps89e Car9 1® theatre ©spagn@l a 1'e'poque d© Casts*© suivait nne regie qui lu'i p@rmattait n@a pas vingt-quatr© h@ur@s, ma,is troia Done, qtiaad C©ra©illa se pr@p@sa d'imit®^ cette 'EspagB®! Guillem d© Castr® Intitule^ las Moced-iadesi del. ou les Aetes d© jeMaeas® du Cid, a@n problem© priaordial fut celui de ranger toua q@b ev®nem@nts qnit dans le the'atr© eapsgBOl a® &mr©ul&l®mt mn trois jgutb„ d® sort® qu'ils e@a- vi@»draie»t a la regie d® "temps'9 de son e^poque, celle d@m vihgt*>quatre fe@«r®se La mort du e@ate CII™@)9 1'arrived d@ R@drig«e ch&% Chim®n© CXXI-1), l9arriv/@ d®@ Matures (IV-1), le duel entr© Rodrigwe et D@n Saxseh® (V-4) 8 la reconoilla tion ©ntr© R@dffigtt© et Chim@He CV-7), toute cette a@tioH nous apparaft plut6t aeeablsat©, Et p©«rtant9 il est-olair la but priaeipal ici d© Cornelll®,, e'est d® montrmr 57 l'inconmodite' d© cette regie d© "temps". C'est d'aill©urs sa faeon a lui d© s© mentrer oppose* a cette r#gl@« C©pendaat9 1® cid fut /crit d'assess bonn© heure dans la carrier© de no- tre awteurg nous werrons dans s©s oeuvrem suiraates qu'il y aeced© finaleaesst ©n ecrivant d'&utres pieces ou cette regie ne pose point d© problem©®. Et que faut*il pens©!? de 1'apparent© iaipuissasae© du roi qui ne peut evidemaent rien pour ©mpieher e© duel fu- nest© ©t ialheureux? Eneore laut^il r®mont©r dans l'histoire, ear c'est la q«'@n se rend c©mpt@, auivant les sources, du fait qu© 1'action autour de laquelle tourn© cette piece s© pass© pendant 1© m©y©n-ig@ ©t l'ere flodale. CD'apsis 1' histoire, 1'action s© passe pendant les luttes, mn Espagst®, ©ntre lee Haares qui s'y seat e'tablis et veulent y demeu- re? et les Chsp©rti©ns, qui veulent les ®n ehasser — le Xle siecle). Done, extant donne7 e©s faits hist©riqu©s, en p©ut assess aise'ment s'imagi'ner que le Comte d© Gormas e'tait, pour ainsi dir©9 hors ou m€m© au-dessus du pouvoir du roi. C'est, en effet, C©ra©ill© lui-me^m© qui nonm dit dans du Cid9 en s® JuEtifiants L@ roi meaae© Don Gormas; aais ©©lui^ci ©et trop puis sant powr qu*@B om@ I'arriteri il s*©l©ign®.imprani, i t 1 * ©*p@'® ©1! En e© qui coae©rna Eodrigu® ©t aes deux 5Jull©vill©9 le Cid. p. 82. 60 les premiers coupables? II© 1'osaient eep®ndant| ils disaieat qu@ 1® sujet a¥ait @t®* asal cSioisi, qu'il e'tait im- a la e©@ne® Mai ©Ss@isi8 impropr® a la s@@n®9 la §e< jet 1© plus heMr^wsemaBt trouve', 1® plus saisissant qwe la trage'die eut jamaia traite' aupara?aBtt et, depwis, elle n'en a guere Invent®'d® plus h@a,ua he pwblie ne s'y tr@mpa point; il fiat s^duit, ravi; et il etat raisoss eontr® 1® m©nde9 goatr© laa pe dants, eentr© lee podt@®9 eoatre Hieheli®«s ©ontr® 1'Aca* d@'aie| il reeonnut, il ealua le Gid wn chef-d'oeuvre in- 7 Cinna,—-Aprea lei Cid. ©t l'histoire mspa,gnolmt Coraeill© me tou-rna vers l'histoire roiaaine. On voits d'aprii 1© nomtore d© a@B @euwvB8 fonde*es l^-d@ssus, qu'il prefcTrait l* r© roBiaiaes, (Cinna. H©rac©» Sopfaonisbe, NlcomSde, Sertorius. Tite et Be're'nioe. Polyeuet® a The^odo^e). En ro©me tampe il vit usa pew mi@»K sa v®i©s c'est-a-dir®,, n©n sewlemeBt il s© tr©«¥© plus a, l'aise dans les "trois unite's" s amis il se oonslddre d'autant plum e©iwa© le peintr© d@ E@nt.e. On trouvs fa©ilaM@iat daas m@n theatre la trace d© tetutes 1@@ vertas ©t d© la grandeur d@ Home. II ne rest® d@ac qu@ d@ shoisir d@s qui pr@fit©r©iat d® c© de*e®r ide'al. d@ne8 est «sa@ piece ©u Cinna et Emiliaf he'ri- tiers dn parti pompeien ©t d©s hain@® republicanes, e©napi~ rent c©ntr# l"emp®r®ar Auguste, q«is apr§§ avoir p©r@@'e«t@' 7Ibid,. ps §8. 61 leurs par@mts„ les a eomblefe ©wss-memes de bienfaits. Au guste appr®ad leur trahison, he*site avee angoisse ©str© la pwnitioa et 1© pard@n§ puis sa grand® Ine s'suvrant aw par don, il fait gra*0@ a Cinna, 1'unit a Emilia et eonsolid© ainsi par la clemence un powvoir aequis par la t®rr@tar, loi notre @*tiad@ historiqwe met la Iwmi^r© sur un fait trls inte'ressaBt. II eet vrai qw© Corja®ill@9 pour garantir l'authenticite'de la aitttati©a$ s'est appny/ s«f 1'feistsire, aaais vrai atisei qua n@tr@ atstewr nm s© fait pas 1© moindre scrupiile d'app©rt®r a 1'histoir® d©@ modifications, i quand tm© raises drsmatiqti© l'y oblige• (On a«rait pu faire la. mdme observation au ewjet dv, £i,d8 maais la l'rfcart ©at mains eclatant). Consid^roas d© pris 1© persoanag® d'Aisgtast© au- tmar daqtiel I8action mm d©ro«l© dams Cimna. August© dans l*histoire ®st8 @n effet, un politiqu© ruse', et d@ qui l*on peut dire qu'il a fait tout par ealcwl et par ambition, le bien comme le mal. August© dans l*teis- t@ire feint plusiaurs fois de votsloir abdiqu©r8 mais c'est toujours peur s© fair© de'eerner de ramsveawx p©«v©irs.8 Avee Cormeilles, August eat ®in@lrem©nt d/gout# du trtfhe, ©t le conserve geulemeat ponr 1© foonfeetar dm 1'empire* Dans 1'his- t©ir©9 August© pardosne, mais par interet. Av©e C®raeill®, il pardosm© par gene'rosit©'. Dans l'histoire, August© est an IIIWII HlllMPHMIII^WIIIIIIHM IIII \0 I IHIW HI m IWIIUWnrW Hiruif—T»l—T~—^—»■—»m^^immm^^■ 8ol. Julleville9 Cinna. p. 41 62 personnage ©ire©nspeet9 tout pratiqwas artificial; a?es C©r« neille, August© est violent <XV-1), majestueux (V-3), her&l- que (V-2). La tra,g®'di@ s© fut aeceniode'e diffieilement d'un type awssi complex® qu'est August dans l'histoire, d*une fi gure a ee point drfnuee d@ graadeur et d@ g@M®r@eite. C@r« neille l'a biea s®utis et, v@l®atair@m@ntf il a trarasform® la figure Mistoriqw© du v/ritable August® pour y sabstituer un p@rs©Buag© tout fletif, mais d© pr@p©rti©as plus hastes, II n*a pas deraande'un seul trait, pour peistdr® mon iffiagiBaire &n vmridlqu® hist©ri®a Taelta qwl au? mencement des AnnalesB a si magaif iq^iement retra©^ le portrait dm'^rin©® ambigw", dn ^ La tr&nsformation d© motre he*ros @@aoeaee avee le Ciell a qui vottl®:s-?@Ui de*s ormais qu© je fie Les secret© d@ mon Snte et le &oln de ma vie? Octav®, et e@sse de te plaiadr@e Quitte ta dignit®* eomBae tu l*a aequaise^ Reads un sau..g infidile k 1* inf ide*lite's Et seuffre d®s iBgrats apres 1! avoir ©'te'e Nous e@sim®iit®r@Bs ©e paseag®, oeame las a«tre@s a la fin d@ notr® etude d® cette pi#ee« La transformation <&u p®vmonna,gm am pourswit dans la @b® du siBquiem® aote, 1'int@rr@gat©ir® d® Cinna •1). Qtielqmeis-ums ©sat trouve* qn& 1® prinee of feas®' fead t. 41-42. 65 la settle grandeur d'lime du heros, me provoquant chez le spec- tateur que de 1'admiration. Plus on presque plus de conflit inte'rieur, mats l'assaut des me'diocres contre lea he'ros, as- saut parfaitement vain d'ailleursj le de'nouement est heureux, e'est le triomphe complet d*Augusts. Celui-ei se montre si grand que nous ne sentons jamais pour lui que de 1'admiration. L' on saisit aise'ment la grandeur de cette conception,, ma is ses dangers ne sont pas moins frappants. Crises mettant en jeu le sort des Etats - nous parlerons d'tme maniSre plus de'taille'e de cette raise en jeu dans le ehapitre suivant-, situations extraordinaires, personnages et passions hors du communs cet univers tragique ne risque-t-il pas de nous de- meurer e'tranger? San doute nous aurons un effort a faire pour nous hausser a ee niveau, penetrer dans cet univers et nous sentir de plain-pied avec ces he*ros. Corneille n'en attendait pas moins de nous. Mais, dans tous ses chefs- d'oeuvre, dont Cinna8 il nous a rendu cet effort a la fois aise' et exaltant, il a su faire en sorte que ses Wros eus- sent une valeur exemplaire mais non point transcendante, et que nous reconnaiasions en.eux le meilleur de nous-mimes. Aussi, nous d^couvrons encore un atstre des principea essentiel du theatre tragique de Corneille. Ajoutons-y en core un autre en passant maintenant a, une autre pie'ee, He^ra- ^ljjig^i, ou nous d/couvrirons un aspect moins e*clatant du point . de vue de 1sinnovationf mais un aspect tout de meme fort 66 inteVessattt aussi bien qu*important en ce qui concern© le theatre de Corneille. Heracllus.—On se souviendra du fait que la critique porte'e a la preraitre coiaedie de Corneille fut qu'on y trouvadt. tres peu d*intrigue. On se souviendra aussi que Corneille, pour prou der qu'il e'tait capable d'e'crire une come'die plus complexe, ecrivit Clitandre. C@s e©mldies8 entre autres me'rites, ont pernsis a notre auteur d'apprendre a1 mener a bien une intrigue eiBbrouillee. II faut plusieurs pages a. l'auteur pour e'xposer le sujet de Clitandre. Dorante (Le Menteur), second! par son valet Cliton, ne reste jaraais a court d'inventions nouvelles. S'il finit par s«y perdre9 le poete9 lui, s'y reeonnalt tou~ jours. C'est bien la meme ge'n^rosite' qui ageneera H/raclius. C'est d'ailleure la base d'-une autre innovation eneore ef- feetue*e par Corneille dans son theatre. Nous verrons que cet- te piece, quoique fonde'e dans l'histoire, a tres peu de res- semblance avee la ve'ritable histoire, ear, quoique notre auteur s'appuie sur 1«histoiref il attache une extrtme impor tance a. 1 'invention. Malheureusement, la complication est telle parfois que nous debrouillons avee peine les fils de 1'intrigues ainsi dans Herac1ius, dont Corneille disait lui mime; Le poeme est si embarrasse qu'il demand© une merveilleuse attention. Essayons ici de re'sumer 1'act ion de cette piece. Phoeas, 67 empereur d'Orient, veut contraindre Pulcherie a epouser son fils Martian. La princesse refuse, car elle est fille de 1' era- pereur Maurice, jadis detrone et assassine par Fhocas. Le pseudo-Martian refuse egalement: il sait qu"il est en re'alite' Heraclius, fils de Maurice, done frere de Pulcherie. Leon- tine, gouvernante, a sauve Heraclius, il y a vingt ans, pre- ferant livrer au bourreau son propre fils, Le'once, plut&t que l'heritier du trone s puis, Phocas lui ayant confie le petit Martian, elle a procede a une nouvelle substitution d'enfants: ainsi le veritable Heraclius passe pour Martian, et le ve'ri- table Martian pour Leonce, fils de Leontine. Heraclius aime Eudoxe, fille de Leontine; Martian aijne Pulcherie, soeur d' Heraclius. Celui-ci est prSt a. reveler son identite reelle et a renverser Phocas; mais Leontine fait croire a Martian qu'il est lui-meme Heraclius: quelle vengeance! L'usurpateur sera abattu par son propre fils! Cependant Exupere denonce le prince a Phocas, qui va le faire perir, lorsque le veritable Heraclius intervients "C'est moi qui suis fils de Maurice, dit-il au tyran, et tu vas tuer ton enfant! (IV-3). Le doute de Phocas est atroce: de ces deux jeunes gens unis contre lui, lequel est son fils, lequel son ennemi? Une seule chose est sure; son fils le renie. Une tendresse aveugle pousse Phocas vers le fils de Maurice: voila tant d'annees qu'il le considere cora- me son fils. Cette tendresse ebranle Heraclius: si apres 70 Ceisar. Cesar prend mal la chose. Ptole'rae'e vent alors suppri- iner aussi Ce'sar, eraignant que celui-ci ne le ddpossede en faveur de Cle'opatre, sa soeur. Mais Corne'lie, veuve de Pom- pees denonce a Cesar le complot. Ptole/me'e9 de'masque', meurt en eombattast; Ce'sar couronne Cle'epatre, fait rendre a, Pom- pe'e les honneurs funebres et met Corne'lie en liberte*. Dans cette piece, Corneille a e'te' plus prudent que d"habitude en ce qui concern© 1'histoire; sauf pour des de tails plus ou moins ignobles, il s'est contente' d'exagerer les details en ce qui concerns Corne'lie, l«t vralC he'roiwtde la piece. Dans la ve'rite'' historique, elle etait dans le mime vaisseau que son roari lorsqu'il aborda en Egypte, elle le vit descendre dans la barque, ©u il fut assassine sous see yeux par Septime, et elle fut poursuivie sur mer par les ©rdres de Ptolemee. C'est ce qui lui a donne' occasion de feindre qu'on l'atteignit, et qu'elle fut ramenee devant Ce'sarf bien que 1'histoire n'ea parle point. Nous pouvons lui pardonner les libertes de temps et de lieu, car nous comprenons qu'il tra- vaillait sous des regies assez strietes. Et eependant il y a quelques reproches qu'il faut absolument souligner. La premilre question qui se preisente sur la trage'die qui a pour titre PoBgei, e'est de savoir quel en est le sujet. Ce ne peut etre la snort de Pempee, car Psipe'e est assassine' au commencement du second acte* Ce pourrait ^tre la vengeance de cette mort, si Ptoleme'e qui pe'rit dans un combat a la fin de 71 la piece, etait tue* en punition de son crime, mais il ne l'est que parce que Cesar, a. qui ee prince perfide veut fai- re e'prouver le sort de Pompe'e, se trouve heureusement le plus fort, et triomphe de l'arme'e e'gyptienne. Cette conspiration contre Ce*sar, et le pe*ril qu'il court, ferment done une secon- de action, moins inte'ressante que la premilrei car on sait quelfi ifloges unanimes les connaisseurs ont donne's a la sc^ne d'exposition (1-1), qui montre Ptoleme'e de'liberant avec ses ministres sur I'aceueil qu'il doit faire a Pompe'e, vaineu a* Pharsale, et cherchant un asile en Egypte. Done, 1•on est de^ju en veyant introduites des scenes qui gftent tout a fait 1'action, et qui n'ont aucun rapport avec 1'histoire essen- tielle, surtout ces scenes entre Cleopatre et Cesar. Ces scenes d'une galanterie froide, et quelquefois indecentes, ne sont qu'un remplissage vieieusc qui achlve de faire de cette pilce un ouvrage tres irregulierg compose" de parties inco- herentes. Les caracteres ne sont pas moins r^prehensibles. Le roi Ptoleme'e, qui supplie sa soeur Cle'opatre d1 employer son credit aupres de Cesar pour en obtenir la grace de Photin, est entierement avide; et quand Aohoree dit, en parlant de sa contenance devant Cesar (I1I-1), Toutes ses actions on senti la bassesse: J'en ai rougi moi-mime, et me suis plaint a moi De voir la Ptoleme'e, et n'y voir point de roij Corneille fait la juste critique de ce caractere. Cesar, qui n'a "vaineu a Pharsale que pour Cleopatre", et qui n'est 72 "verna en Egypte que pour elle"9 est encore plus sensibletaent car c'est un des personnages dont le nois seul aunonce la grandeur. Cependant, la piece est reste'e au theatre malgre'' tous ses defauts, et s'y soutient par une de ces ressources qui appartient au genie de Corneille, par le seul r^le de Corne'lie, C'est d'ailleur dans ce rSle-ei qu'on se rend eomp-= te assez aisement de 1"innovation que Corneille a voulu in- troduire dans son theatres des passions nobles et males. On a deja vu que pour notre auteur 1'amour "devait se contenter du second rang", laisaant le premier soit au "devoir de la naissance" et au "soin de 1'honneur8', soit a des passions re- pute'es plus nobles et plus males, telles que 1*ambition et la vengeance. Done, nous ass istons a un amour entre Cleopatre et Cesar, par lequel nous na sommes point touched, car nous de- vinons tout de suite que ce n'est que de I1ambition ehez Cleopatre: premier de'faut? mais c'est la conduite de Corne'lie, guide'e par sa soif d© vengeance qui nous cheque le plus sen- siblement; Comment croire qu'une femme qui venait de perdre son e'poux se conduirait d'une maniere si noble et a la fois si fausse? Comment croire qu'elle avertirait Cesar du danger qu'il courait simplement pour pouvoir dire CIV-4)s Venge-la (Cle'opatre) de 1'Egypte a son appui fatale9 Et Je la vengerai, si je puis9 de Pharsale. On avait bien raison de critiquer eette piece et d8au- tres du merae genre (Cinna, Me'de'e t ^Rodo^TyLne^) , peu feminines. 75 simple, mais de diseours et de gesticulations superbes. D'autre part, Horace est, avec Polyeucte. la seule tra- gedie de Corneille a laquelle eonviennent exaetement les traditionnelles definitions de 1'esprit eornelien, et eelle dont on puisse dire avec ve*rite' que 1© devoir y triomphe de la passion ou des affections naturelles. Car on a vu que dans le Cid. c'est en realite* la passion qui a le dernier mot; et, dans les pilees qui suivent Polyeucte. si e'est le devoir qui I'emporte, e'est toujours un devoir trls special, tr^s eontes- table, et presque toujours invent© par I'orgueil. Mais, dans Horace, il s'agit d'un devoir e'vident, indis- cutable, intelligible a tous les hommess le sacrifice du ci- toyen a la patrie. Lfardeur de ce patriotisrae se comprend encore mieux dans un etat naissant et d© mediocre e^tendue. Et ee sentiment, le poete l'a su repre'senter par des personnages vrais, clairement et largement differencies: eet amour de la patrie est intransigeant et fanatiqu© ehez le j@une Horace, et pareil a une religion farouche, quoique adouci par 1'fige et par la paternite* chez le vieil Horace, et par la Mt@n» dresse humaine" chez le noble et melancolique Curiace. Tous les personnages, y eompris l'incertaine et monotone Sabine, nous sont on ne peut plus aisement accessible®8 On est en pleine humanlte, grande par les sentiments, "commune" dans son fond. La piece est de construction solide et habile. Cor- neille attenue ee qu'il y a d'enfantin dans la syraetrie de la legend©, en ne nous montrant, de 1'un et de 1'autre ecHe'j 75 76 qu'un seul des trois freres. Le message incomplet du troi- sieme acte est une trouvaille, par les mouvements qu8il de termine chez le vieil Horace. Et jusqu'au bout le souffle se soutient, robuste, pousse' a pleins poumons, et le style est presque partout d'une vigueur et d'une sonorite' magnifique, et eomme d'un raerveilleux airain.* Enfin, rendue vivante par les personaages qui font leur devoir, la piece I1est aussi par celui qui n@ le fait pass Camille. Songeons-y biens Caraille est la seule femme de Corneille qui soit enragee de passion, et qui saerifie deli™ berement son devoir a son amour, II la fallait telle pour que son fr^re pfit la frapper sans etre tout S fait odieux. Heureuse necessite'l Seule de tout ce thettre, Camille est une femme de Racine, non certes par sa langue, mais par son intime complexion. C'est une creature de nerfs et de chair fourvoye'e dans une famille de he'ros. Si elle parlait us langage moins rude et moins compact, elle paraftrait ee qu'elle est; une "ne'vrose'e." De'gene'rons, non eoeur, d'un si vertueux pires Soyons indigne soeur d'un vertueux frire; C'est gloire de passer pour un ooeur abattu, Quand la brutalite' fait la haute vertu.2 Saluons cette malade d'amour, qui ne eonnaft que son amour, car nous ne la reverrons plus. •'•Petit de Julleville, La Litte'rature franchise« p. 286. 2Horace, Acte IV-4. 77 Nous renversons ici l'ordre chronologique pour placer Polyeucte avant Cinna, attendu que Horace et Polyeucte sont, moralement, l@s deux pieces les raieux equilibrees de Cor neille, et que Cinna commence en re*alitdf la se*rie des "drames d'orgueil" qui aboutira a, Pertharlte. Polyeucte.—- Polyeucte est probablement le drame de Corneille qui contient le plus de vefrite* humaine. On y voit un escemple excellent des drames intimes que 1'etablissement du christia- nisme dut susciter dans les coeurs et dans les foyers, et comment durent sentir et penser, a. ce grand moment histori- que, une personne du peuple (Stratonice), un fonctionnaire (Fe'lix), un philosophe (Severe), un chre'tien d'esprit pratique (Nearque), un Chretien enthousiaste marie* a une palenne (Polyeucte) et une palenne Spouse d'un ehre'tien (Pauline). Remarquons que, comme dans Horace, le "devoir" qui triomphe icin'a rien d'une invention individuelle, mais que tout ehre'tien en reconnaltra le caractere impe'rieux. Enfin, la the'orie de Corneille sur le ve'ritable amour, lequel se su- bordonne a 1'intelligence et s'attache toujours au meilleurs trouve ici la plus belle application, Polyeucte adorant Pau line, mais lui pre*ferant Dieu, et Pauline pre*fe'rant Polyeucte a Severe, des que la sublimite' d'ame de son mari lui est connue: en sorte que le drame, on l'a souvent dit, est emporte d'un mouvement ascensionnel, Dieu tirant a soi Polyeucte, qui tire a Dieu Pauline qui, a son tour tire a elle le mediocre 80 Seraient tombe's dans le de'cri, N'eut ete l'amour de sa femme Pour ce pal'en, son favori, Qui meritait bien mieux sa flamme Que son bon de'vot de mari. C'est que l'amour abattu de Pauline pour Severe les passionnait aux depens de l'interet du au sacrifice austere d'un martyr. II fallait attendre le XIXe siecle pour que le vrai r6*le de Pauline pu etre appre'cie'; Pauline transf igure'e par 1'admiration qu'inspire a sa grande ame 1'heroSsme Chre tien, superieur a tout autre hero'i'sme, aime, adore Polyeucte, et veut mourir pour le suivre, oubliant desorraais Severe, sans effort et sans lutte. L'amour triomphait dans le Cid, il luttait dans Horace; il e'tait vaincu dans Polyeucte. mais non sans resistance. A partir de Pompe'e. dont nous avons deja parle, et, auparavant, dans Cinna. il ne re's is te plus guere, quoiqu'on en parle beau- coup. Des maintenant il s'agira d'ames d'une virilite' de'me- suree % La tendresse n'est point de l'amour d'un he'ros ... Un peu de durete' sied bien aux grandes ames. Ce ne sera plus qu'ambition emphatique, orgueil du sang, soif du pouvoir, fureur de vengeance. Plus d'amour-passion, partant plus d'obstacles aux passions "males", plus de pein- ture des ames partagees entre des sentiments contraires, plus de psychologie. Presque tous les personnages, simplifies a l'exces, se ressembleront; presque tous seront des monstres de volonte', ressemblant moins a des cre'atures vivantes qu' a des statues marchant devant elles d'un seul bloc. Non, ce 81 sont les inter^ts d'Etat qui passeront de'eide'ment au premier plan, et les considerations politiques. Passons done, a Rodogune ou 1'on voit clairement ou l'entrainait son ge'nie propre Corneille dans le moment ou il avait le plus de ta lent et ou il pouvait done le mieux faire ce qu'il voulait. En passant ainsi a Rodogune. nous ne \?oulons pas donner 1' impression que Theodore, vierge et martyr, qui 1'avait pre*-° cede'e, ne me'rite pas notre attention. En effet, et malgre' ce que cette piece fut un echec, on peut toujours y trouver une continuation de cette ligne qui enfin nous amenera a Pertharite. et par la suite, a ces tragedies purement poli- tiques. Non e'est plutot que cette pieee-ci ressemble un pen trop a Polyeucte, e'est-a-dire qu'il ne nous semble pas avoir beaucoup progresse apres avoir lu les deuK pieces. Corneille dut concevoir Theodore peu apres Polyeuete. et la ooncevoir cornrne un Polyeucte perfectionne et e'pure'. Car la saintete' de Polyeucte admet encore l'amitie' conjugale; et e'est un peu par amour pour son mari que Pauline se convertit a la fin. Or, 1'amour "subordonne a une passion plus noble", e'est biens mais 1'amour devenu lui-meme non seulement la plus noble passion, mais une passion exclusive de toutes les autres, ce serait mieux encore; et tel peut etre 1*amour de Dieu chez une vierge chretienne, comme on le voit dans Theodore. D'ailleurs, e'est ceci qu'il faut tirer de cette piece avant de passer a Rodogune; Theodore et son amour de Dieu, sa purete', et 32 I1invincibilite de son vouloir n'eclateront jamais mieux que si cette vierge est condamnee a la prostitution. Et c'est de- vant quoi la candeur de Corneille n'a pas recule' - ce qui l'a jete dans la grande lutte. En outre, Corneille a fait de cet te martyre une pure corne'lienne de la seconde period©, je veux dire de celle ou le poe*te du devoir devint le poe'te de 1'orgueil et de la volonte', vertueuse ou criminelle; ou il simplifie de plus en plus ses personnages, afin que, n'ayant qu'un seul sentiment ou une seule passion, ils y appliquent leur effort entier, et que cet effort, n'e'tant plus contrarie ni partage', paraisse plus formidable et plus beau. Rodogune.—Nous voici maintenant sur la grande route. Que le genie de Corneille ait pris cette direction, il n'y a rien la d'etonnant apres ce que nous savons a son sujet; rien d'e'ton^ nant surtout si 1'on considere, dans les trois Discours, telles definitions et maximes, - nous en avons de*ja vu quelques-unes -, qui ressemblent a des confessions ou des proclamations. Celle-ci d'abord (Premier Discours); "La tragedie veut pour son sujet une action illustre, extraordinaire, serieuse." Quelle trage'die? Non pas assurement la tragedie selon Racine. Car, on en a fait souvent la remarque, 1'action, chez Racine, n'a jamais rien d•"extraordinaire". Une femme abandonnee pour une autre (Androraaque), la lutte d'un fils et dfune mere ambitieuse (Britannicus), deux amants qui se se- parent pour des raisons de convenance (Berenice), une fille celui de vous qui me debarrassera de Rodogune." Or, ils ai- ment tous deux la princesse. Rodogune leur dit a son tours "Je donnerai ma main a, celui de vous qui me de'livrera de Cleopatre." Bref, elle leur demande un matricide, non pas peut-etre dans la pensee qu'ils lui obe'iront, mais pour s'exe- mpter de choisir entre eux. Cleopatre alors, n'ayant pu obte- nir de ses fils le meurtre de son enneaie, cherohe a les sou- lever l'un contre l'autre en declarant secretement a, chacun d'eux que c'est lui l'aine'. Mais Se'leucus abandonne a Antio- chus et la main de Rodogune et ses droits a la eouronne. Son deuxieme plan ainsi avorte, Cle'opaitre en forme un troisieme. Elle fait assassiner Se'leucus, et empoisonne la coupe dans laquelle Antiochus et Rodogune doivent tremper leurs levres au cours de la ceremonie du mariage. Mais, avant qu'ils aient bu, on annonce la mort de Seleucus, et l'on rapporte qu'avant d'expirer il a prononce ces mots croyant parler a Antiochus (V-4); Une main qui nous fut bien chere Venge ainsi le refus d'un coup trop inhumain. Re'gnezf et surtout, mon cher frere, Gardez-vous de la meme main. C'est .... II n'a pu achever. Cette interruption si opportune, cette r€~ ve'lation dont le seul mot neeessaire est intercepte par la mort, est un des trois ou quatre artifices traditionnels dans le melodrame. Et nous voyons a cet endroit pourquoi la douce et touchante Rodogune a pu s'emporter jusqu'a demander aux deux princes la te^te de leur mere. Corneille lui-meme con- fesse dans 1'Examen de Rodogtme; Quand cette demande serait tout a, fait condamnable en sa bouche, elle me*riterait quelque gra*ce et pour l'e'clat que la nouveaute' de l'invention a fait au the'atre. . .et par l'effet qu'elle produit dans le rest© de la piece ..." Antiochus peut douter, a la riguer, si c'est sa mire ou sa fiancee qui lui a tue' son frere. Tandis qu'il y re*ve9 et qu'il s'apprete cependant a boire: "Arritez, dit Rodogune, cette coupe est suspects; elle vient de la reine, et vous de- vez vous defier d'elle autant que de moi." (V-4). Sur quoi Cleopa'tre saisit la coupe et y boit, espe'rant qu'Antiochus rassure', suivra son example, mais elle torabe foudroye'e,, avant qu'il ait le temps de boire a son tour. Ce coup de theatre fait 1' interest poignant du cinquieme acte de eette tragedie; l'effet en est prodigieux. Toutefois 1'oeuvre laisse le spectateur plutSt vivement remue qu' inte'resse': aucun des per- sonnages n'obtient sa sympathie. CleopaHre est un monstre, et Rodogune a peine moins barbare. Les deux princes, jouets de ces furies, sont trop douse et trop faibles; leur rSle est tout passif, leur physionomie inde"cise. Telle est cependant la piece que Corneille preferait hauteiaent de tout son thea tre, non pas comrae on l'a dit, a la fa^on des parents qui pre*- fe'rent entre leurs enfants, les raoins doue's, les plus mal venus, mais simplement parce que Rodogune lui semblait "un peu plus a lui que les trage'dies qui 1' ont pre'ee'de'e, a cause 887 des incidents surprenants" qu'elle renferme et qui etaient "purement de son invention". En raison du temps plutot que de l'interet, nous sommes obliges de passer a Nicomede. Par la nous laissons Heraclius, qui, chronoligiquement doit prendre place apres Rodogune, et qui, d'ailleurs, nous offre des principes importants de notre auteur dans son theatre "politique". Mais comme nous l'avons deja vu dans notre etude du cadre historique dans les oeuvres de Corneille, qu'il suffise de dire ici qu' a cette e*poque, la trag^die, pour Corneille, devint "une crise". On y voit une passion, parvenue au dernier degre' de sa violence, qui se heurte contre un devoir ou contre quelque autre obstacle, et la lutte, le triomphe ou la defaite de cette passion. Une action dramatique de ce genre s'enferme assez aisement dans l'unite* de Jour et de lieu et, de s'y enfermer, s'y renforce. Mais un melodrame, car Heraclius en est un aussi^est avant tout une combinaison singuliere d' eVenements, de beaucoup d'e' venements; comment pourront-ils tenir dans ce ffloule etroit de la trage*die? Tout y sera tasse', comprime*, mal \ l'aise et de guingois. Et notamment la difficulte* sera e'norme de faire con- nattre au public, par des confidences, et des re'cits retros- pectifs, tout ce qu'il doit savoir pour comprendre la pi^ce. La beaute particuliere de cette pilce me*connue, c'est q que tous les roles sont attachants, mSme celui du tyran Phocas, dont le coeur se dechire, si dur qu'il soit, quand il voit ces 90 pour leurs miseres."5 Et enfin: Je ne veux point dissimuler que cette piece est une de celles pour qui j'ai le plus d'amitie'. "6 Nous aussi. Nous savons bien tout ce qu'on peut dire. L'admiration est un sentiment dont on se lasse assez vite. La piece a peu d'action et n'est pas sans monotonie. Une iro- nie constante n'est pas chose tres dramatique. Nicomede et Laodice n'ont guere qu'une attitude, et Laodice est un peu une "doublure" de Nicomede. Apres que celui-ci ait dit son fait a Flaminius, Laodice le lui redit, et Nicomede lui re'pl'te une fois encore ce que lui a de'ja re'pe'te" Laodice. N'importe! L'attitude peu varie'e de Nicomede et de sa maitresse est de celles ou nous entrons avec le plus de complaisance. Nous nous savons bon gre' de la comprendre et de 1'aimer. Elle est singulierement "avantageuse". L'ironie de Nicomede a volon- tiers le poing sur la hanche. (Dans quelle mesure cette iro- nie est un produit et un reflet du ton qui fut a la mode pen dant la Fronde, c'est une question qu'il est plus facile d'in- diquer que de resoudre, mais il faut 1'indiquer; et voila qui est fait). Ajoutez que Flaminius et Prusias sont des figures tres vivantes. Corneille peint tres bien "lea politiques", sans doute parce qu'il est lui-meme d1esprit subtil, et meme 5Ibid. 6Ibid. 91 retors. Et il peint tres bien les homines sans volonte. Rien de plus vrai que ses pleutres raisonneurs et qui se croient tres forts: Felix9 Valens, Prusias. La hauteur de Nicomede apparalt d'autant mieux parmi ces personnages comiques. Et, s'il etait beau de voir Polyeu- cte tirer a lui Pauline et Severe, et jusqu'au pitoyable Fe lix, il n'est peut-ltre pas moins interessant de voir Nico mede, par le seul ascendant d'une vertu purement humaine et franchement orgueilleuse, hausser jusqu'a soi Laodice et At- tale et, finalement, cette Beline et cet Argan de Bithynie. Pour toutes ces raisons, si cette trage'die ironique et magnanime, et d'ailleurs ecrite a miracle, nous eraeut me'dio™ crement, elle nous donne en revanche la plus vive joie intel- lectuelle. Entre les pieces ou Corneille a trop abonde' dans son sens, Nicomede est celle ou il y a le plus heureusement a— bonde. C'est une de ces oeuvres profondement caracte'risti- ques du genie d'un e'crivain, inquietantes deja, mais belles encore, et qu'on est tente' d'e'galer a ses oeuvres plus gene'- ralement reconnues. Nous voici enfin arrived a. Pertharite. qui ressecsble a une parodie de Corneille, et ou 1•on voit le poete tomber e- perdument du cSte" ou il penchait. En outre, Pertharite, qui nous semble assez agreablement bizarre, parut aux eontempo- rains simplement d'une demence glacee. L'insucces fut tel que Corneille demeura pendant sept ans retire' du theatre. 92 Les solliciations flatteuses du surintendant Fouquet, qui prote'geait les gens de lettres par godt, par politique et par ostentation, peut-eHre aussi I1ennui du repos et I1ambition de nouveaus trioraphes determinerent Corneille a reparaittre au theatre en 1659. II donna OEdipe et otatint un succ'es qui nous etonne aujourd'hui; car cette tragedie est l'une des plus faibles de son theatres mais le public avait regret de Per- tharite si mal accueilli, et du long silence de 1'auteur; il voulait reparer ses torts envers son poete favori. Peut-e'tre eut-il nieux valu pour la gloire de Corneille qu'il eessltt de produire avant l'epuisement de sa veine. ... II y a encore de beausc vers et de belles pages meme jusqu'en ses derniers ou- vrages; mais ce genie ereateur, qui sait construire une oeu- vre dramatique, assembler et subordonner les parties de 1'ac tion, me'nager l'int^ret, l'accro£tre de scene en sce^ne, enfin faire vivre et agir des hommes sur le theatre, ce don souve- rain fit defaut a sa verve fatigued. Mais poursuivons. * ■ r Vient ensuite une serie de tragedies purement politiques. La passion en est, ou presque, eliminee, ou rabattue de plus en plus au rang modeste que Corneille lui avait assigne dans le Discours du poeme dramatique.' Dans Sertorius, qui commence ce nouvel elan, Aristie dit (1-3): Qu'importe de mon coeur. si .je sais mon devoir? Vous ravaleriez-vous jusques a la bassesse D'exiger de cje coeur des marques de tendresse Et de les preferer a ce qu'il fait d!effort 7Voir note 1, Chapitre IV. 95 ni de demander la main de cette reine pour Perpenna, ni d'etre tente', plus tard, de donner la sienne a. Aristie, la veuve re- pudie'e de Pompe'e, et Pompe'e aime encore Aristie: mais tous preferent a leur amour ce qu'ils croient Stre leur inte'rSt politique. - Enfin Sertorius se declare a Viriate, qui l'ac- cueille; et alors Perpenna assassine Sertorius et fait sa soumission a Pompe'e, qu'il croit avoir gagne' par ce crime. Mais Pompe'e le fait mettre H mort, et, comme sa seconde fem- me, fille de Sylla, vient de mourir, et que Sylla vient d!ab- diquer, il reprend Aristie, sa premiere femme. - Au beau mi lieu de ces complications glaciales, delate 1'entrevue de Sertorius et de Pompe'e, joute oratoire qui n'aboutit a rien, mais qui est tres belle en elle-merae, et d'une forte e'lO" quence. Ainsi Corneille se rachSte toujours par de tels en- droits. Et Viriate et Aristie ressemblent l'une et l'autre a, la Corne'lie de Pompe'e, qui ressemblait a, 1'Emilie de Cinna. Sophonisbe.—Sophonisbe est exactement de la m&me veine. Sop- honisbe, femme du vieux Syphax9 a ete aimee de Massinisse et l'a repousse' par intertt politique. Syphax est vaincu par Le'lius. Massinisse, ami des Romains, offre sa main a leur captive Sophonisbe, et Sophonisbe l'accepte a condition qu'il lui permettra de garder sa haine contre Rome. Mais Lelius ne veut pas de ce mariage d'un allie' des Romains avec la fille d'Asdrubal. Et Sophonisbe s'empoisonne. Et Sophonisbe a son 96 tour ressemble a la Viriate de Sertorius. othon-—Othon vaut mieux, Corneille dit dans sa pre'faces Vous y trouverez quelque justesse dans la conduite et un peu de bon sens dans le raisonnement. Quant aux vers, on n'en a point vu de moi que j'aie travaille's avec plus' de soin. C'est exact. Et plus loin il dit; J'ai ttche'^de faire paraStre les vertus de mon he'ros en tout leur eclat, sans en dissimuler les vices, non plus que lui; et je me suis contente de les attribuer a une politigue de cour ou, quand le souverain se plonge dans ■ les debouches et que sa faveur n'est qu'a ce prix, il y a presse a qui sera de la partie. Enfin; Je puis dire qu'on n'a point encore lu de piece ou il se propose tant de mariages pour n'en conclure aucun. Ce sont intrigues de cabinet qui se detruisent les unes les autres. II est trop vrai, et c'est la le malheur, C'est assess interessant; c'est fin, subtil, retors; nullement e'mouvant. Othon "aime" Plautine, et Plautine "aime" Othon: mais elle le prie d'"aimer" Camilie, niece de l'empereur Galba, pour qu'il puisse heriter de 1'empire. Faux calcul: c'est Pison que Galba a choisi pour sa niece: que Plautine epouse Othon si elle y tient! Mais elle n'y tient pas, du moment qu'Othon n'a plus de chances d'etre Cesar... Un peu plus tard, pour- tant, elle est prete, pour sauver Othon, a. e'pouser l'affran- chi Martian. Voila encore une femme, Plautine, qui fait de son coeur exactement ce qu'elle veut . .. Au dernier acte, l'armee proclame Othon empereur, et Lacus, un des confidents de Galba, tue Vinius, pere de Plautine, et Galba lui-raeme: ce 97 qui de'blaye la situation. On pourrait objecter a Corneille que les passions qu1il appelle "nobles" et "mSles", l'arabition politique, le de'sir de la domination, sont, dans le fond, tout aussi "egoSstes" que 1'amour. II re'pondrait qu'il y a plus de grandeur dans leur objet, que le sort d'un plus grand nembre d'hommes est inte'resse' dans leur reussite, qu'elles impliquent plus de volonte' et d'effort sur soi, et que c'est pour cela qu'il a voulu, sauf a de rares exceptions, que 1'amour leur fut su- bordonne. L"amour, selon Quinault;8 encore que Corneille ait eu, 5a et la, la faiblesse d'en essayer des imitations, lui inspire, dans le fond un re*el me'pris. Et j'aime mieux qu'on me reproche d'avoir fait mes femmes trop he'rotnes ... que de m'entendre louer d'avoir ef fa mine mes he*ros par une docte et sublime complaisance au gout de nos de'licats qui veulent de 1' amour partout, et ne permettent qu'a lui de faire aupre*s d!eux la bonne ou mau- vaise fortune de nos ouvrages.9 Vers la fin, un scrupule chre'tien, semble-t^il, vient le rai- dir encore dans son austeVite' nature lie; II n'y a point d'honme, au sortir de la representation du Cid, qui voulut avoir tue', comme lui, le pere de sa fflax- tresse, pour en recevoir de pareilles douceurs, Les ten- dresses de 1'amour content sont d'nne autre nature; et c'est ce qui m'oblige a les eviter. J'espere un jour traiter cette maniere plus au long, et faire voit quelle erreur c'est de dire qu'on peut faire parler sur le thea tre toutes sortes de gens, selon toute l'entendue de 8Philippe Quinault (1635-1688), poete dramatique fran^ais, contemporain de Corneille. 9Pre'face de Sophonisbe
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