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Pierre de Marbeuf « Sonnet à Philis, Schémas de Langue Française

Pierre de Marbeuf, né en 1596 à Sahurs, est un poète baroque français du XVIIe ... Dans ce « Sonnet à Philis » tout particulièrement, Marbeuf tente de ...

Typologie: Schémas

2021/2022

Téléchargé le 08/06/2022

Sylvestre_Or
Sylvestre_Or 🇫🇷

4.2

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240 documents

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Télécharge Pierre de Marbeuf « Sonnet à Philis et plus Schémas au format PDF de Langue Française sur Docsity uniquement! Pierre de Marbeuf « Sonnet à Philis » Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère et l'amour est amer, L'on s'abîme en amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage. Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage, Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage. La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau, Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes. Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes. Pierre de Marbeuf, né en 1596 à Sahurs, est un poète baroque français du XVIIe siècle. Au cours de ses études, il rencontrera Descartes et étudiera le droit à ses côtés. Il exercera néanmoins pendant un certain temps la fonction de maître des eaux et forêts qui explique en partie l'omniprésence des thèmes de la nature dans son œuvre. Il est notamment l'auteur de célèbres sonnets baroques comme le « Sonnet à Philis » et publiera son Recueil des vers en 1628. Il y met en avant les les thèmes de la nature comme expliqué précédemment, mais aussi les thèmes de l'amour, et également de la fragilité de la vie typique du courant auquel il appartient. Faisant preuve d'une grande virtuosité, il se plait à jouer sur les mots et les sonorités dans ses poèmes. Dans ce « Sonnet à Philis » tout particulièrement, Marbeuf tente de démontrer la souffrance de la passion à travers ces jeux de langage d'une habilité rare. Nous évoquerons donc dans ce commentaire du « Sonnet à Philis » la comparaison entre la mer et l'amour dans un chaos organisé mettant en évidence une grande virtuosité mais également l'affirmation des tourments de la passion au cœur de ce poème profondément Baroque. Ce poème met en évidence deux grands thèmes représentés par deux champs lexicaux. On peut voir tout d'abord le champ lexical de la mer (« la mer » vers.1, 2, 3, 4, 9 et 14,« eau » vers.5, 10, 11 et 12, « rivage » vers.5, « naufrage » vers.8, « larmes » vers.14) puis celui de l'amour (« amour » vers.1, 2, 3, 4, 8, 9, 10 et 13 ainsi que « amoureux » vers.12 et « aimer » vers.6). Au delà de simplement évoquer ces thèmes dans le poème Marbeuf les met en comparaison d'une façon qui paraît chaotique c'est à dire profondément désordonnée notamment avec un jeu de ressemblances sonores. En effet on retrouve de nombres paronymes tel que « la mer » et « l'amour », « eaux et « maux » et « armes » et « larmes » mais celui-ci va encore plus loin avec de parfait homophones comme « la mer », « l'amer » et « la mère ». Cela entraine une grande confusion chez le lecteur accentuée qui plus est par la présence de ressemblances visuelles quasi-logiques car allant souvent de paires avec les ressemblances sonores. On note par exemple que « la mer » et « amer » sont visuellement proches. Cependant cet apparent chaos de répétitions ( « la mer » est répété six fois dans le sonnet et « amour » huit fois) et d'anaphores (« Et la mer […] Et la mer » vers 1 et2) est en réalité le fruit d'une grande virtuosité dans la démonstration des déconvenues de la passion. En effet, dans les deux quatrains, l'auteur tente de prouver et de démontrer les ressemblances entre l'amour et la mer d'où l'importance d'une forme structurée. Il qualifie ces deux notions de la même façon même si elles sont néanmoins différentes car l'une est concrète (la mer) et l'autre qui est l'amour est un sentiment qui par voie de conséquence est une notion abstraite. Cependant elles sont toutes deux qualifiées d'amer (vers 1 et 2), se rapportant à l'amertume de la mer dont l'eau est salée et les désagréments de l'amour, d'inexistante sans orage (vers 4), sans orage pour la mer et sans dispute pour l'amour, l'orage étant ici la métaphore du côté destructeur de la passion. Enfin le troisième « risque » commun de ces deux « voyages » évoqué par l'auteur est le « naufrage » (vers 8) qui ici peut s'employer pour les deux notions, à savoir plus précisément que pour la mer il s'agit en général de la perte d'un véhicule marin et que pour l'amour, l'auteur fait référence à un échec ou une perte sur le plan sentimental. On constate par conséquent que le thème de la mer est en réalité la métaphore filée de l'amour dans le poème. L'auteur cependant ne compare pas l'amour et la mer qu'en évoquant des ressemblances, en effet il évoque aussi des oppositions et notamment le rapprochement de la mer et plus précisément de « la mère de l'amour» et de l'eau, de l'amour et du feu (« La mère de l'amour eut la mer pour berceau » vers9 et « Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau » vers 10). : le feu et l'eau sont deux éléments qui s'opposent et forment ici une parfaite antithèse. Dans ce rapprochement aux éléments Marbeuf fait référence à la mythologie grecque, en effet Aphrodite (déesse de l'amour et ici pour Marbeuf, mère du sentiment amoureux ) serait née selon une légende populaire de l'écume de la mer, De la même façon l'amour est assimilé au feu car Éros est généralement représenté muni d'un arc et d'un carquois de flèches ardentes et parfois d'une torche enflammée. De plus nous utilisons parfois le mot « flamme » pour désigner l'amour que nous portons à quelqu'un et on peut également dire que l'on « brule » d'amour pour quelqu'un, ce qui explique donc en partie cette comparaison. Pour en venir maintenant plus particulièrement au thème principale du sonnet c'est à dire la passion. Si Marbeuf laisse entendre que l'amour est un sentiment très fort avec l'hyperbole « si fort » au vers 13, celui ci ajoute néanmoins une conception baroque à ce sentiment qui se retrouve de fait être source de problèmes comme dit précédemment avec « orage » qui se rapporte à des disputes et désagréments et « naufrage » qui fait référence à une fin inévitablement malheureuse qu'il concrétise en terminant son poème avec le mot « larmes » qui semble être de ce fait l'unique finalité du sentiment amoureux et de la passion. De plus l'auteur fait également la comparaison directe de l'amour avec la guerre avec le mot « armes » au vers 11. Pour en venir maintenant aux côtés profondément Baroque de ce poème, on a constaté, que de celui-ci de part ses jeux de langages se dégageait un sentiment de chaos. Cependant ce poème est organisé car il ne faut pas confondre Baroque et désordre. En effet même si un sentiment de surcharge se dégage au premier abord principalement dut à la répétition récurrente de plusieurs termes, ce sonnet est structurée de façon très rigoureuse et met en avant une grande virtuosité. Pour ce qui est des thèmes évoqués, l'amour et la passion ne sont pas typiques du courant Baroque mais au contraire présent dans la plupart, si ce n'est tous les courants littéraires. En revanche la vision péjorative de ces sentiments, c'est à dire des désagréments de la passion est au contraire typiquement baroque. De plus on retrouve la présence d'éléments naturels qui plus est de façon antithétique ( l'eau et le feu) qui évoque notamment l'inconstance et la fluidité, le mouvement et l'incapacité à être saisi encore une fois typique du courant Baroque ; ainsi que des inspirations issues de la mythologies greco-romaines (Aphrodite-Vénus et Éros-Cupidon) qui viennent enrichir ce sonnet. Pour conclure, ce poème met réellement en valeur l'habileté et la virtuosité de l'auteur dans l'art de la rhétorique et notamment dans l'emploi de nombreuses figures stylistiques telles que la métaphore filée ou non, l'hyperbole, la comparaison et l'antithèse ainsi que l'utilisation de nombreux homophones et paronymes pour dégager une harmonie sonore et généralement visuelle. De plus ce poème par sa conception Baroque de la passion, définie comme malheureuse et emplie de tourments, s'ancre réellement dans ce courant et se distingue du grand nombre de sonnets ayant la passion pour thème car généralement associés à l'expression des sentiments amoureux.
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