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Prologue Gargantua / Explication linéaire / EAF, Notes de Français

Explication du prologue de Gargantua

Typologie: Notes

2023/2024

Téléchargé le 24/05/2024

jacklynf
jacklynf 🇫🇷

10 documents

Aperçu partiel du texte

Télécharge Prologue Gargantua / Explication linéaire / EAF et plus Notes au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Lecture linéaire : Le prologue Introduction La pièce Juste la fin du monde de Lagarce est datée de juillet 1990, et a été écrite durant un séjour à Berlin. Le texte est refusé par les différents comités de lecture des maison d’édition et la pièce passe donc inaperçue, et n’est pas jouée du vivant de l’auteur (première mise en scène en 1999). Elle raconte le retour de Louis, un dimanche, dans la maison familiale, qu’il a quittée des années plus tôt, pour annoncer à sa mère, son frère et sa sœur qu’il va mourir. Pièce écrite comme une longue poésie en vers libres, la mise en page et la syntaxe hésitante soulignent la tension qui va régner dans une situation de « crise ». Le prologue constitue l’ouverture de la pièce. Comme dans une tragédie antique, un personnage entre en scène pour présenter l’intrigue de la pièce. Ici, c’est le personnage principal, Louis, qui a pour rôle d’exposer au spectateur le contenu de ce qui va suivre. Il joue le rôle du chœur antique. Problématique : En quoi ce prologue présente-t-il le ressort de l’intrigue et l’échec probable de Louis? I. L’annonce tragique de la mort de Louis (v. 1 à 16 ) Tout le monologue du prologue (une longue phrase) est dominé par la reprise anaphorique d’un repère temporel : « l’année d’après ». C’est ce repère temporel de quatre syllabes, déjà évoqué dans la didascalie précèdant le drame, qui structure les différentes parties du prologue. 1. La présentation prophétique du dramatique (v. 1 à 3) • Le thème de la mort est présenté d’emblée par le polyptote «j’allais mourir… je mourrai ». Le verbe répété donne immédiatement le ton du prologue : il sera tragique et pathétique. • Cette certitude de la mort est renforcée par l’effet de prolepse créé par la formulation ambiguë de la phrase : « plus tard, l’année d’après » annoncent le futur « je mourrai ». Or la mort est aussi annoncée comme un fait déjà accompli. La mise entre tirets de « j’allais mourir à mon tour » présente un regard rétrospectif sur ce fait déjà achevé. • La référence à l’âge de « près trente-quatre ans » (un âge quasi christique) associé au déictique « maintenant » laisse supposer que celui qui parle est proche de cette mort. ⇒ Le monologue s’inscrit dans une temporalité quasi surréaliste. Mais la mort n’en est pas moins certaine. 2. La présentation de l’état d’esprit de Louis (v. 4 à 6) • La seconde étape est basée sur le thème de l’attente : la reprise de « de nombreux mois (déjà) que j’attendais » permet d’introduire toute une série de compléments au verbe attendre, qui suggère l’état moral assez dépité de Louis :  L’inertie : « à ne rien faire »  L’ignorance : « à ne plus savoir ».  L’impatience : « d’en avoir fini ». • Le repère temporel « de nombreux mois » indique que la prescience de la mort n’est pas récente, et que Louis a cessé de vivre depuis longtemps. Le travail de destruction est en marche, et Louis ne peut que le subir, et il en souffre ⇒ 3. L’évocation d’une lutte face à une menace supérieure (v. 7 à 11) • Par effet d’allégorie, la mort est présentée comme menaçante : « un danger extrême » devient par gradation « l’ennemi [qui] vous détruirait aussitôt ». Les derniers moments de la vie deviennent un combat face à une force supérieure. • La seule réponse à la menace est donc l’immobilité : le rejet « on ose bouger // à peine, » souligne le risque de « réveiller » la bête. L’adverbe révélateur de prudence « imperceptiblement » lié aux négations partielles « sans… bruit », «sans… geste trop violent » métaphorise les derniers moments de la vie comme un combat perdu d’avance. 4. Le refus de céder à la peur (v. 12 à 16) • Pourtant Louis annonce son désir de réagir : la répétition du connecteur d’opposition « malgré tout » annonce une volonté de réagir. Il oppose à « la peur » le « risque … sans espoir de survivre». Le combat perdu d’avance ne doit pas empêcher de lutter : la réaction devient ici quasi épique. ⇒ La mort proche et inévitable de Louis est présentée comme une invitation au renoncement à la vie . Mais la décision de ne pas céder à ce renoncement prépare la révélation du thème de la pièce : annoncer sa maladie à sa famille. II. L’annonce de l’intrigue : une révélation vouée à l’échec (v. 18 à 36) 1. Une révélation envisagée de manière théâtrale (v. 18 à 29) La partie centrale du prologue expose le projet de Louis : la révélation. L’expression « pour annoncer » répétée en anaphore est prolongée par le verbe « dire » au sein de vers courts. Mais il en profite pour livrer au spectateur à la fois un état de sa situation et un autoportrait. • Le spectateur est confronté à un topos du genre de l’épopée : le retour du héros. L’énumération « retourner.. revenir… aller… » qui s’achève sur l’expression polysémique « faire le voyage » informe le spectateur d’un départ passé mais aussi du danger mortel de son retour. • La révélation est liée elle aussi à une réputation qu’il croit posséder. L’énumération d’adverbes répétés tels que « lentement, avec soin, calmement, d’une manière posée » crée un insistance sur l’image qu’il entend véhiculer. La question rhétorique répétée et placée en incise « n’ai-je pas toujours été [pour eux] un homme posé ? » invite à penser qu’il va jouer un rôle plutôt qu’être sincère. • Ce rôle, il se l’attribue en se confiant une mission : « être l’unique messager ». Ici, il s’arroge la fonction du chœur antique de la tragédie grecque qui vient signifier aux personnages et aux spectateurs le drame à venir. Les deux adjectifs de « ma mort prochaine et irrémédiable » rappellent le caractère inexorable du drame qui va se jouer et la concision par laquelle il veut l’annoncer. • La révélation se clôt sur un vers court tout à fait théâtral qui sera repris dans la fin du monologue : « et paraître ». Le terme, lui aussi polysémique, confère à sa future révélation un caractère illusoire. Il veut jouer un personnage, (re)naître, ne pas mourir.... Il affichera une allure artificielle avant de « disparaître ». Louis, en affichant son projet de résistance à la mort, annonce déjà qu’il ne sera pas sincère, ⇒ amorçant sans le savoir la crise familiale qui va s’ensuivre.
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