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Prologue Juste la fin du monde, Résumés de Français

Commentaire linéaire de ce prologue

Typologie: Résumés

2023/2024

Téléchargé le 22/05/2024

helene-suteau
helene-suteau 🇫🇷

Aperçu partiel du texte

Télécharge Prologue Juste la fin du monde et plus Résumés au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Lecture linéaire n°10, Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Prologue de la pièce
 Jean –Luc Lagarce (1957-1995) est un auteur dramatique, metteur en scène et acteur qui a appris en 1988 sa séropositivité. Il composé entre 1990 et sa mort une trilogie sur le thème du retour d’un fils malade chez lui, dont fait partie Juste la fin du monde. Cette pièce en versets se rattache à la tragédie antique tout en étant une pièce très moderne. Un « prologue », discours qui précède la parole théâtrale dans la tragédie grecque est d’ordinaire assumé par un personnage extérieur à l’histoire. Le prologue qui ouvre la pièce met en scène le personnage de Louis, qui dans un monologue tragique et lyrique constitué d’une seule longue phrase présente la crise personnelle qu’il traverse. Lecture Problématique : En quoi est-ce une scène d’exposition aussi efficace qu’originale pour présenter la pièce et son écriture ? Mvts - 1 : lignes 1 à 17 — crise intérieure lyrique et tragique - 2 : lignes 18 à 27 — intrigue à travers le portrait du personnage - 3 : lignes 28 à 36 : une mis en abime du personnage - 1er mouvement : lignes 1 à 17 : une exposition tragique et lyrique qui présente la crise intérieure du protagoniste de façon à la fois efficace et originale. Le premier mouvement de la phrase s’ouvre sur la perspective du temps qui va manquer, de la vie qui va s’arrêter avec les deux C.C. de temps « Plus tard, l’année d’après», dont le second, « l’année d’après » est répété en anaphore à quatre reprises (l.4, 7, 12 et 17) ; ces C.C. de temps sont isolés par la mise en versets et ainsi mis en valeur. Or ils sont mystérieux, car Louis ne précise pas « après » quoi. En revanche, le champ sémantique de la mort « j’allais mourir » (l.2) « je mourrai » (l.3), dont les verbes sont conjugués à la 1ère personne du singulier, est repris par la comparaison avec « un danger extrême » (l.10) et la métaphore de « l’ennemi » (l.12), ou l’euphémisme « avoir fini » (l.6) ; le spectateur apprend donc d’emblée ce qui va se passer « l’année d’après » : Louis va mourir. Cette entrée en matière est choquante pour le spectateur car Louis se présente au présent d’énonciation comme jeune, « j’ai près de trente- quatre ans maintenant » (l.3) ; or cet âge jeune est encadré par deux mentions de sa mort à venir « j’allais mourir » (l.2) et « c’est à cet âge que je mourrai » (l.3). Le personnage se présente donc directement au spectateur comme devant faire face à la certitude de sa mort précoce, menaçante, puisqu’exprimée à un futur proche du passé et au futur simple. Louis précise que cette mort le guette « à [s]on tour », laissant supposer qu’elle a déjà frappé au moins un de ses proches, allusion probable au SIDA dont était frappé Lagarce. Dès les premières lignes, le spectateur est donc inscrit dans un théâtre présentant une crise personnelle intime. Cette entrée en matière donne au prologue une tonalité tragique moderne et antique à la fois : moderne car il s’agit du face à face d’un individu avec la fatalité de sa condition de mortel dans un cadre apparemment sans transcendance, antique par le recours à un discours qui annonce au spectateur avant même que la pièce ne commence le destin du personnage, dont ce personnage a conscience. Mais ce qui surprend est que celui qui parle de la mort parle de sa propre mort à venir, alors que dans les prologues antiques c’est un autre personnage qui annonce le destin du protagoniste, et qu’il en parle au passé : l’emploi du passé a de quoi surprendre : a-t-on affaire à un personnage qui parlerait depuis l’au-delà ? C’est ce que semble impliquer l’expression « l’année d’après », qui doit être employée dans un cadre temporel passé. L’anaphore de « l’année d’après » trouble donc les repères temporels pour le spectateur, mais peut s’expliquer si on considère que la suite de la pièce est la construction mentale imaginaire que Louis s’est faite d’une éventuelle rencontre avec sa famille durant « près d’une année entière », comme indiqué dans la didascalie qui précède le prologue. Quoi qu’il en soit, cette expression qui scande la première partie du texte traduit l’angoisse profonde et existentielle du personnage. La mort paraît le paralyser, figer le texte, comme le suggère aussi l’anaphore de « de nombreux mois que j’attendais » (l.5 et 6), versets qui produisent une anacoluthe1 ; le verbe « attendre » est suivi de trois groupes verbaux en rythme ternaire, « à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir » (l.5). Cette absence de mouvement est également observée dans la comparaison qui s’étend de la ligne 8 à la ligne 11, « comme on ose bouger parfois, / à peine », « sans vouloir faire trop de bruit ou commettre un geste trop violent ». L’attente de la mort ne semble pas seulement paralyser le personnage, mais aussi lui faire perdre ce qu’il est (l.5), ce que suggèrent les négations grammaticales et lexicales de « à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir » : il n’agit pas, mais ment – sans doute à lui-même – et perd ses repères, puisqu’il « ne [sait plus] », verbe utilisé dans l’absolu, sans COD. Cette perte de soi répond à l’absence de COD d’ « avoir fini » : ce qui est implicite, c’est bien sûr la perte de la vie. Louis reprend cette idée de certitude obsédante de l’absence d’espoir par le GN « sans espoir jamais de survivre » (l.15), dans lequel la tournure négative encadre de ses deux mots négatifs le mot « espoir », dans une expression archaïque qui peut traduire le statut d’homme de lettres de Louis, ou l’étendue de son désespoir. Cette paralysie s’exprime dans plusieurs versets très brefs qui imposent à l’acteur un silence, et qui encadrent l’idée de la mort qui guette. Cela met en particulier en valeur « la peur » (l.14). Ce premier mouvement de la phrase est donc uniquement centré sur la présentation de Louis par lui-même, mais ne nous dit de lui que l’opposition entre son jeune âge et sa certitude et son angoisse de mourir de façon imminente. Elle instaure donc une tonalité tragique et lyrique, le personnage développant en versets son ressenti. 2nd mouvement : lignes 18 à 27 : l’annonce de l’intrigue et l’esquisse du portrait du personnage. Le second mouvement de la phrase s’ouvre sur la proposition principale avec un passé simple – le seul du prologue – et fait ainsi comprendre au spectateur que Louis raconte en fait ce qui précède le corps de la pièce, son projet d’aller voir sa famille : « je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage » ce qui est surprenant au théâtre, où le spectateur est rarement mis au fait de ce qui précède l’action avant que celle-ci ne commence. Mais les informations qui précèdent créent ainsi la possibilité d’une ironie tragique, le spectateur sachant dans quel état d’esprit désespéré Louis se trouve avant son ouverture. L’emploi du passé simple semble détacher Louis de son propos et le faire parler a posteriori : il est le conteur de la pièce qui va nous être présentée. Son projet, COI du verbe « décidai », est constitué de quatre groupes verbaux à l’infinitif, liés au champ lexical du retour et du voyage, «retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage » (l.18). On peut observer que les deux infinitifs encadrés sont liés à une quête identitaire de Louis, qui cherche peut-être une explication à ce qu’il est, qui est en tout cas un retour à ses origines, ce qu’indique l’emploi de l’adjectif possessif « mes » : ce sont «[s]es traces », «[s]es pas », qu’il veut voir. On voit également apparaître en creux la présence des autres personnages de la pièce, désignés par le pronom personnel « les », sans référent ; il sera repris (l.22) par un « eux » tout aussi imprécis. Mais cette imprécision même laisse entendre la distance avec ces autres personnages, qui est confirmée par le GN « le voyage ». Cela dit aussi au spectateur qu’il s’agit de gens qui sont comme une évidence pour lui, sans doute sa famille. Suit, de façon anaphorique, le but avoué de ce retour aux origines – thème clé de l’œuvre de Lagarce – : « annoncer » (l.19, 24 et 28) sa « mort prochaine et irrémédiable » (l.27). Ce n’est pas dit simplement, le COD étant situé très loin de la 1ère occurrence du verbe, mais
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