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prologue juste la fin du monde, Notes de Français

Analyse linéaire pour oral bac français

Typologie: Notes

2023/2024

Téléchargé le 13/06/2024

julie-khavath
julie-khavath 🇫🇷

2 documents

Aperçu partiel du texte

Télécharge prologue juste la fin du monde et plus Notes au format PDF de Français sur Docsity uniquement! « Juste la Fin du Monde », Prologue, Jean-Luc Lagarce, 1990. LOUIS. – Plus tard‚ l’année d’après – j’allais mourir à mon tour –  j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai‚ l’année d’après‚ de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire ‚ à tricher‚ à ne plus savoir ‚ de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini‚ l’année d’après‚ comme on ose bouger parfois‚ à peine‚ devant un danger extrême‚ imperceptiblement‚ sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt‚ l’année d’après‚ malgré tout‚ la peur‚ prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre‚ malgré tout‚ l’année d’après‚ // je décidai de retourner les voir‚ revenir sur mes pas‚ aller sur mes traces et faire le voyage ‚ pour annoncer‚ lentement‚ avec soin‚ avec soin et précision – ce que je crois – lentement‚ calmement‚ d’une manière posée – et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n’ai-je pas toujours été un homme posé ?‚ pour annoncer‚ dire‚ seulement dire‚ ma mort prochaine et irrémédiable ‚ // l’annoncer moi-même‚ en être l’unique messager‚ et paraître – peut-être ce que j’ai toujours voulu‚ voulu et décidé‚ en toutes circonstances et depuis le plus loin que j’ose me souvenir – et paraître pouvoir là encore décider‚ me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis)‚ me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître. INTRODUCTION Jean-Luc Lagarce était un artiste polyvalent, à la fois comédien, metteur en scène, directeur de troupe et dramaturge français, né le 14 février 1957 et décédé le 30 septembre 1995.  Ses œuvres se distinguent par un style introspectif, une écriture fragmentée et des dialogues intenses. Il apprend en 1988 sa séropositivité, qu’il évoquera dans son Journal tenu quotidiennement depuis l’âge de 20 ans et destiné à une publication posthume. Malgré sa mort prématurée, à l’âge de 38 ans, Jean-Luc Lagarce a écrit plus de trente pièces de théâtre, dont certaines sont devenues des classiques contemporains. Parmi ses œuvres les plus marquantes figure "Juste la fin du monde", écrite à Berlin en 1990. Ce fut son premier texte à être refusé par tous les comités de lecture et il ne sera jamais joué de son vivant. Cette pièce, un huis clos familial, raconte l’histoire d’un écrivain nommé Louis, revenant dans sa famille après 12 ans d’absence pour annoncer sa mort prochaine due à une maladie. Lors des retrouvailles, des tensions surgissent entre les membres de la famille qui peinent à communiquer, entre malentendus et non-dits. Louis ne parvient pas à leur parler préférant partir sans rien dire après les avoir revus. Inspirée des tragédies grecques de Sophocle, la pièce est structurée en deux parties, séparées par un interlude et encadrée d’un prologue et d’un épilogue. L’extrait que nous allons étudier est le prologue. Seul sur scène, Louis délivre un monologue d’une seule phrase, composée d’environ 35 lignes, annonçant de manière prophétique sa propre mort et exprimant sa décision de rendre visite à sa famille pour leur annoncer la nouvelle. La parole de Louis progresse par des répétitions, des corrections, des parenthèses illustrant la difficulté qu'il éprouve à trouver le mot juste pour exprimer ses sentiments. Cette construction particulière crée une ambiance d'ambiguïté et de confusion, laissant le spectateur dans l'incertitude quant au sujet de la pièce.  En quoi ce prologue joue-t-il sur la confusion, l’ambiguïté, pour installer le spectateur dans l’annonce d’une intrigue traditionnelle et moderne ? Nous pouvons distinguer 3 mouvements :  Dans un premier temps, du début du prologue à l’année d’après (L17) : Louis annonce qu’il va mourir.  Ensuite, dans un deuxième temps, de je décidai (L18) à et irrémédiable (L27) : Louis décide de retourner dans sa famille pour annoncer sa mort inexorable.  Et pour terminer, de l’annoncer moi-même (L28) à la fin : Louis évoque sa volonté illusoire de rester maître de son destin  Le passage soudain au passé simple avec ‘je décidai’, associé au pronom personnel ‘je’ marque une rupture où Louis évoque la prise de risque volontaire.  Son combat contre le temps se manifeste par un retour aux sources, comme en témoigne le champ lexical du retour, renforcée la répétition du préfixe [re]: « retourner » « revenir sur mes pas » « aller sur mes traces » « faire le voyage »  L’expression faire le voyage est polysémique (Qui a plusieurs sens), signifiant à la fois le déplacement physique vers sa famille et symboliquement pouvant être interprété comme une confrontation avec son passé.  Désignés de manière définie par le pronom personnel « les » et de manière vague et indéfinie avec les tournures « aux autres‚ et à eux », la famille de Louis n'est pas nommée. Ce qui révèle son détachement et la complexité de leur relation mettant en exergue un retour difficile de Louis vers sa famille.  Ainsi, Louis semble conjurer momentanément la mort par un voyage inversé, une remontée dans le temps, un retour dans sa famille.  Son retour est motivé par un but précis, il veut avouer, révéler comme en témoigne  la répétition du Compl. Circonstanciel de but « pour annoncer »   le champ lexical de la parole : «dire» « seulement dire ».  A la manière d’un metteur en scène, Louis prépare et évoque la manière d’annoncer sa mort, soulignée par l'utilisation d’adverbes de manière tels que : « Lentement », « calmement   » « Avec soin», et l’adjectif «posée »  Jean Luc Lagarce crée un effet de théâtre dans le théâtre  Cependant, on comprend qu’il s’agit d’une démarche qui est loin d'être facile. Il se reprend sans cesse pour trouver les mots et l’attitude justes et précis pour annoncer sa mort. « Lentement   », « lentement, calmement   « Avec soin», «avec soin et précision»  L'insistance sur le calme souligne l'effort que Louis doit fournir dans sa démarche. Il essaie même de se convaincre avec la question rhétorique – n’ai-je pas toujours été…? –  Louis donne donc l’image ambivalente d’un être résolu, mais rongé par une constante hésitation, comme en témoignent les passages entre tirets : – ce que je crois – – peut-être–  Tout comme le COD = ma mort prochaine et irrémédiable, du verbe annoncer, n’est donné que 8 lignes plus tard, créant ainsi un effet d’attente, comme pour retarder le moment de parler avec sa famille et renforçant ainsi l’idée d’une parole difficile.  On comprend alors que le cœur de l’intrigue est la capacité de Louis à communiquer avec sa famille et à révéler cette fatalité tragique. MVT 3 : «l’annoncer moi-même … FIN» Louis évoque sa volonté illusoire de rester maître de son destin.  Alors qu’il n’est plus maitre de son destin, comme le montrent les adverbes de temporalité : “trop tard”/“tant pis” /“dernière fois, Louis exprime sa volonté de conserver une certaine maitrise sur le peu de temps qu'il lui reste.  Cette volonté est symbolisée par l'idée d’être l’unique messager " de sa mort, une image rappelant les chœurs de la tragédie grecque, renforçant ainsi le caractère tragique de la situation.  Avec l’expression « et paraître pouvoir là encore décider », il souligne également son désir de paraître capable de prendre cette décision même s'il est conscient des enjeux.  Pourtant, malgré l’emploi d’un champ lexical exprimant sa volonté voulu voulu et décidé décider  responsable, celle-ci est contredite par le champ lexical de l’illusion, paraître peut- être  paraitre pouvoir l’illusion, suggérant une incertitude quant à ses capacités réelles.  En réalité, Louis se rend compte que son désir de contrôler sa propre vie est fragile. Il comprend que l'idée de pouvoir influer sur le cours de sa vie est illusoire, puisque son combat contre le destin est perdu d’avance.  Même s'il utilise l'expression « mon propre maître » pour parler de lui-même à la fin de son monologue, il commence à douter car il sait que la communication ne s’avérera pas aussi facile qu’il y paraît après douze années d’absence. CONCLUSION Le prologue, qui rend compte de la crise personnelle de Louis, se situe donc dans un entre-deux : entre modernité et tradition. En effet, de la tradition le texte reprend la forme du prologue, le rôle de scène d’exposition, les thèmes de la fatalité et de la mort, le personnage du messager, la thématique du retour… Il s’inscrit cependant dans la modernité par son brouillage de la temporalité, par la construction d’une phrase à rallonge, qui multiplie les répétitions, les corrections, tout en avançant, et qui annonce un drame qui sera centré non sur l’action mais bien sur le langage. Il apparaît dès le début de la pièce que « dire » ne sera pas aussi facile. Ouverture : La scène 9 de la première partie renforcera la dimension tragique du personnage de Louis. En effet, au cours de cette scène, Louis ne parviendra pas à annoncer sa « mort prochaine et irrémédiable », Antoine et Suzanne monopolisant la parole et s’adonnant à de futiles querelles.
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