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Rabelais Chapitre 1 analyse, Notes de Français

Aide pour me Bac de Français pour les année de 1er

Typologie: Notes

2022/2023

Téléchargé le 17/02/2023

maud-bakker
maud-bakker 🇫🇷

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Télécharge Rabelais Chapitre 1 analyse et plus Notes au format PDF de Français sur Docsity uniquement! EAF 2023 Explication linéaire n°6 « La généalogie de Gargantua » ( chapitre 1, p 32 : « Retournons à nos moutons... ») Introduction : - Dans Gargantua, publié en 1534 sous le pseudonyme d’Alcofribas, Rabelais propose le récit des exploits du père de Pantagruel. Des questions essentielles, comme l’éducation humaniste, l’art de la guerre juste ou la critique de la religion, y sont abordées à travers le récit de vie du géant. Mais au lieu du récit généalogique attendu, le lecteur doit se contenter de digressions générales, le renvoyant au récit de Pantagruel (1532). Ainsi, si la quête de l’origine débouche systématiquement sur le vide, en quoi ce début de roman apparaît-il comme la célébration de la fiction littéraire par opposition à la stérilité de la science historique ? Après avoir exploré le tombeau du héros éponyme avec le narrateur (l. 32 à 42), puis découvert les objets qui s’y trouvent (l. 43 à 52), nous verrons qu’Alcofribas tente de donner de lui-même l’image d’un historien sérieux (l. 53 à 58). I. La découverte du tombeau (l. 32-42) 1. Comment Rabelais s’y prend-il pour se moquer de la censure ? • Le narrateur désigne clairement les censeurs en les appelant « les calomniateurs et les cafards », mais aussi les « diables » : cela lui permet de renverser l’accusation d’impiété des théologiens, puisque ce sont eux qui deviennent des représentants des ennemis de la religion (« calomniateur » a d’abord le sens de « chicaneur, celui qui fait un emploi abusif de la loi » puis de « faux accusateur (en justice) » ; et enfin de « trompeur », s’appliquant en particulier au diable, voir le « calomniateur infernal » dans le Tiers Livre). • Surtout, Rabelais utilise ici le procédé de la prétérition : il prétend ne pas parler de la généalogie du Christ (dont la généalogie du personnage éponyme, dans Pantagruel, était une parodie) mais ce faisant il en parle quand même, tout en feignant d’en être empêché par ses censeurs. Il met donc en scène l’impuissance de la censure, qui ne peut l’empêcher de parler, de façon oblique et rusée, de ce qu’il veut. 2. Pourquoi peut-on dire que ce début de texte comporte une dimension réaliste ? • Le terme « réaliste » est évidemment à prendre avec des pincettes. Pour mémoire, en littérature, il désigne deux choses très différentes : d’un côté un mouvement littéraire, de l’autre un type de récit reposant sur des procédés d’écriture particuliers. • Si le texte de Rabelais peut être qualifié de « réaliste » c’est donc au sens courant du terme : la présence de toponymes authentiques, d’un nom propre (Jean Audeau), de précisions matérielles (le bronze), relève de la recherche de précision concrète propre au discours du chroniqueur, qui est ici pastiché : Alcofribas se présente comme un historien sérieux faisant état de fouilles archéologiques méticuleuses. 3. En quoi présente-t-il à l’inverse une dimension purement fantaisiste ? Malgré cette mise en scène sérieuse, l’ensemble demeure néanmoins fantaisiste, par la disproportion du tombeau, qui s’inscrit dans la veine « gigantale ». Le tombeau est infini (on n’en trouve pas le bout), comme la généalogie de Gargantua : du côté de la naissance comme du côté de la mort, tout est ici démesuré. Le contraste entre notations réalistes et univers fantaisiste produit la satire du discours historique et la célébration de l’imagination débridée. II. Les objets trouvés dans le tombeau (l. 43-52) 1. Quels sont les éléments qui évoquent la science et l’érudition ? De nouveau, le sérieux du chroniqueur est satirisé. La science et l’érudition sont en particulier évoquées par la mention des lettres « étrusques » ou « chancelières », ainsi que de la matière du support (avec l’énumération « non sur du papier, non sur du parchemin, non sur des tablettes de cire, mais sur de l’écorce d’ormeau », qui mime l’analyse scientifique) qui rappellent la lecture des manuscrits ou des inscriptions par des philologues. 2. En quoi y a-t-il néanmoins une dimension joyeuse voire comique ? Là encore, le thème de la boisson (typiquement « pantagruéliste») permet de colorer l’ensemble du passage d’une dimension joyeuse. L’inscription latine (le latin est la langue savante, philologique) renvoie à cette idée (« Hic Bibitur »). Le thème du jeu est également présent, avec le symbole mystérieux et en apparence ésotérique qui se révèle en fait simplement l’image d’un jeu de quilles. L’alliance du jeu et de la boisson se retrouvera tout au long de l’œuvre (voir à la fin, Frère Jean et le jeu de paume ; et à Thélème, les exclamations « buvons » et « jouons » qui introduisent un peu de pantagruélisme dans l’espace un peu trop aseptisé de l’abbaye). III. La figure de l’historien (l. 53-58) 1. Par quels moyens Alcofribas tente-t-il de donner de lui-même l’image d’un historien sérieux ? Le sérieux du philologue humble et érudit se manifeste d’abord par le procédé traditionnel rhétorique de l’excusatio propter infirmitatem, consistant à se présenter modestement comme n’étant pas à la hauteur du sujet ou de la tâche : « bien qu’indigne de cette tâche ». Il allègue en outre l’autorité d’Aristote, philosophe central dans la scolastique médiévale (la scolastique est une philosophie qui entend proposer une synthèse entre Aristote et le christianisme). Le motif concret des besicles renvoie de même à une image stéréotypée du savant. 2. De quelle manière cette posture savante est-elle néanmoins tournée en dérision ? Ici encore le motif pantagruéliste de la boisson permet de mettre à distance la posture du savant. Lecteurs et lectrices sont invités à lire le précédent volume mais surtout à boire, comme si la boisson permettait d’accéder aux mêmes résultats que la science. La lecture aristotélicienne, le déchiffrement des manuscrits, s’apparentent au délire d’un ivrogne.
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