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Rimbaud, Roman: analyse, Lectures de Littérature

Typologie: Lectures

2020/2021

Téléchargé le 27/08/2021

Gabrielle89
Gabrielle89 🇫🇷

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Télécharge Rimbaud, Roman: analyse et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! Roman - Un beau soir, foin des Des tapageurs aux lustres - On va sous les Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ; Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin - A des parfums de vigne et des parfums de bière. Il D'azur sombre, encadré d'une branche, Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite et toute blanche... - Voilà au aperçoit un tout ER: Nuit de juin ! Dix-sept ans ! se laisse griser. La sève est du champagne et monte à la tête... DA divague : Blse sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête... IT à travers les HSE] Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère, Passe une demoiselle aux petits airs charmants, Sous l'ombre du faux col effrayant de son père... Et, comme elle trouve immensément naïf, Tout en faisant ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vi - Sur vos lèvres alors meurent les cavatines| IV êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire. Tous vos amis s'en vont, Mets mauvais goût. - Puis l'adorée, un soir, a daigné MS écrirclll] - Ce soir-là.] - Vous demandez des rentrez aux 29 sept. 70 Arthur Rimbaud © SUPPORT Cahiers de Douai (870) d'Arthur Rimbaud. © PRÉSENTATION DU POEME Dans ce poème qu'il compose alors qu'il a seize ans, Rimbaud fait le portrait d’un adolescent de dix-sept ansil », âge de l'ouverture au monde. Le titre même du poème «l Romanll > renvoie au récit d'aventures fertiles en expériences, ici la découverte, 4] un beau soir de juin! », d’un monde jusque-là inconnu. & PROBLÉMATIQUES & Quelle image Rimbaud donne-t-il de cette aventurell ? & Que signifie le titre ? & Comment comprenez-vous la dernière strophe ? & En quoi le poème montre-til qu'"On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" ? © AI-JE BIEN LU ? 1. À quoi correspond le découpage en quatre parties, numérotées de T à IV ? 2. Pourquoi la première et la dernière strophes se ressemblent-lles ? 3. Quels sont les deux pronoms (personnel et indéfini) utilisés dans ee poème ? 4. Comment le mot "sérieux" est-il mis en valeur, dans les vers 1 et 31 ? 5. Sur combien de temps l'anecdote racontée se déroule-t<lle ? 6. Relevez le vers dans lequel se trouve le mot "roman" : a. pourquoi Rimbaud utilise-t-il œ mot ? b. à quel roman Rimbaud fait-il référence dans ce vers ? 7. Quel signe de ponctuation, aux vers 28 et 29, montre qu'une étape de l'anecdote n'est pas racontée ? © DES AXES L L'importance des sensations dans l'évocation des lieux / la découverte de l'amour / le changement de l'adolescent. II. L'insouciance des premières émotions amoureuses / le récit d'une aventure amoureuse. III. Le portrait amusé de l'adolescent / un regard critique ou ironique sur lui-même. © LES NEUF IDÉES ESSENTIELLES 1. Il explique ce qu'est l'adolescence. 2. Rimbaud s'appuie sur sa propre expérience pour nous raconter un amour d'été. 3. Il nous en apprend sur la naïveté de l'adolescence. 4. Il s'invente un “Roman”. 5. Cela se passe durant l'été, la saison des amours. 6. Son “amoureuse” est pratiquement absente car au final peu importante. 7. Tout recommence lors du prochain été. 8. Sa routine reprend en attendant la prochaine. 9. Il refuse de parler à la première personne : il généralise. & LES PROCÉDÉS Axe |Outils Relevé Interprétation I Titre Roman Il est bien sûr curieux de donner le titre « Roman » à Le term e|Le coeur fou Robinsonne à travers les romans un poème de trente-deux alexandrins. Peut-être “roman” voulait-il tout simplement faire allusion à une belle histoire d'amour. Associé à l’imagination : référence au roman de Daniel Defoe (Robinson Crusoë). Cf. “Les poètes de sept ans” I Découpage dull, IL II, IV Le poème est découpé en quatre parties égales (de texte deux quatrains chacune). Chaque partie marque une Chapitrage d’un roman étape de l’histoire du jeune homme : 1°) Il fuit les cafés pour la nature (critique du romantisme ?) 2°) Il se sent amoureux, mais cet amour ne se fixe pas © UN COMMENTAIRE REDIGE. Un commentaire partiellement rédigé, trouvé sur internet : http:/Avww.bibliolettres.com/w/pages/page.php?id_page=192 I- Un poème autobiographique et universel A- La présence du poète - Absence du « je » à proprement parler autobiographique mais v.1 « On n'est pas sérieux quand on a 17 ans » fait référence à la jeunesse de l'auteur (qui se vieillit car il a 15 ans), le présent utilisé semble un présent de vérité générale dans lequel se retrouve Rimbaud. - Le poète : même à 15 ans, l'état de poète pour Rimbaud est sérieux dans le sens où il s'agit d'une vocation. V.26 « vos sonnets » témoignent de l'activité poétique de l'auteur. De plus le thème, la rencontre amoureuse évoque l'expérience de jeune homme, l'atmosphère des bars «tapageurs aux lustres éclatants » rappelle les fugues du jeune adolescent, le cadre naturel ( strophe 2), l'apparition de la jeune fille ( strophe 3 }et le baiser imaginaire ( strophe 4) ravivent des souvenirs proches chez Rimbaud, le jeu des temps renforce cette impression car le présent est à la fois général (refrain de la première et deuxième strophe ), de narration « on va », « les tilleuls sentent bon », il s'agit d'un récit donc on pourrait utiliser Le passé simple ou l'imparfait pour les descriptions, or Rimbaud a choisi le présent afin de faire coïncider le moment de l'action ( la rencontre) et le moment de l'écriture. En cela il s'éloigne de l'une des caractéristiques fondamentales de l'autobio. Selon Philippe Lejeune. En effet il n'y a pas d'écart temporel entre les 2 moments. Enfin, le poète dévoile ici une partie de sa personnalité. « pas sérieux », le ton du poème est enjoué, léger. Répétition des vers 1 et 31, qui peuvent être compris comme des prétextes et autoriser l'attitude désinvolte du jeune homme. Le dernier vers est significatif car il semble que la fait d'avoir 17 ans et de ne pas être sérieux soit lié aux tilleuls verts sur la promenade, la conjonction de coordination « et » montre une relation de cause à effet comique. Entre les deux strophes, Rimbaud s'amuse à se mettre en scène à la fois enfant et adulte, comme le montrent les vers 2 et 30 qui font allusion à la bière et à la limonade. Rimbaud a grandi parmi les adultes qui ont reconnu son génie poétique, dont Verlaine, et l'ont protégé. Les bars représentent aussi ce monde où l'on grandit trop vite. La rupture finale avec la jeune fille après l'envoi de sa première lettre montre l'oscillation de R. entre l'âge adulte, qui recherche l'engagement, et le monde enfantin qui refuse les contraintes et le « sérieux » des grandes personnes. B- Les liens avec le lecteur - Rimbaud n'utilise jamais le « je » mais le « on » qui l'inclut lui et le lecteur, et donne à son poème un aspect généralisant, qui correspond lui à l'autobiographie car à travers l'expérience d'un individu chacun peut se retrouver. De plus, le « vous » à partir du vers 21 est encore une façon de parler de soi par un détour, le « vous désigne le lecteur, amoureux, et R. lui-même. Ce poème s'adresse en priorité aux jeunes timides du sexe masculin ! - L'expérience rapportée est commune à tous les lecteurs, la période estivale de « juin » à « août » est propice aux rencontres amoureuses (à notre époque on parlerait d'amours de vacances) et favorise l'identification entre l'auteur et ses lecteurs. De plus le portrait de l'amoureux aux strophes 7 et 8 rappelle inévitablement des souvenirs : l'enthousiasme est traduit aux v. 25 et 26 qui fonctionnenet sur une anaphore : « Vous êtes amoureux ». La description de l'amant reclus qui ne pense qu'à sa belle et fait le vide autour de lui est elle aussi universelle : « Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût », deux hémistiches parfaits, symétriques qui montrent l'avis sans appel de l'entourage, peut être sa superficialité face aux choses de l'amour, qui demeurent incomprises parfois. - Enfin, le lecteur au XIX se retrouve plus certainement qu'un autre car le poème évoque les codes sociaux de l'époque. Il s'agit d'une jeune fille « piqué (e) d'une mauvaise étoile », v. 11, rappelée au vers 20, par la métonymie du « col » représentant le père. Ce dernier est caractérisé par son habit, « faux col » qui donne une allure sévère de grand bourgeois, auquel R. a attribué l'adj. « effrayant ». Ainsi l'autorité patemelle très forte à l'époque, notamment en ce qui concernait les filles, à marier, est décrite de manière péjorative, proposant ainsi le schéma traditionnel du père obstacle au bonheur de sa fille. II- Un poème d'amour, lyrique A- Le cadre de la rencontre Le cadre naturel est propice aux rencontres amoureuses dans la poésie traditionnelle. « tilleuls verts de la promenade », v.10 « branche », l'atmosphère est agréable « air si doux qu'on ferme la paupière », évocation sensuelle d'un climat estival, v.5 « les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! », répétition de l'adj. Bon et point d'exclamation enthousiaste. Le mot « soir » favorise la rêverie, donc l'apparition d'un être aimable ( qui peut être aimé), les sens participent à la description du cadre : l'ouie « le vent chargé de bruits ( mais lointains) », l'odorat « a des parfums de vigne et des parfums de bière », les exclamatives renforcent le pétillement naissant produit par les diverses sensations. Rimbaud a d'ailleurs écrit un autre poème « sensations » qui se déroule en été et « Ma bohème » qui rapporte la vie de vagabond, libre et léger du jeune poète. L'ivresse de cette atmosphère est enfin exprimée dans le vers 13 « Nuit de juin ! Dix-sept ans ! » qui résume à lui seul l'état d'esprit de Rimbaud, les phrases nominales, élémentaires épousant la simplicité du moment. B- La jeune fille - Sa venue est mise en évidence par le présentatif « Voilà qu'on aperçoit. »v. 9. De même lorsqu'elle passe, on remarque aux vers 18, 19, que le CCL « dans la clarté d'un pâle réverbère » retarde l'apparition « passe une demoiselle », comme pour créer une attente, prolonger le plaisir de la voir marcher. - Le portrait qui en est fait est métonymique : « tout petit chiffon » qui peut évoquer sa robe, « petite et toute blanche », la couleur et les proportions de la jeune fille. L'adverbe « tout » suivi de l'adj « petit » caractérise la demoiselle, comme un petit être fragile, l'allitération «nt « renforçant cette impression (« tout petit chiffon, petite branche, petite et toute blanche »). Sa féminité est évoquée au v. 19 « une demoiselle aux petits airs charmants », adj « petit » est à nouveau utilisé et l'adj « charmants » traduit un envoñtement, un charme tout à fait féminins. De même son allure est vive, énergique, symbole de jeunesse voire de coquetterie , v. 22« tout en faisant trotter ses petites bottines ( allitération en « t » se poursuit, montre à la fois la rapidité de la démarche et la petitesse des pas) Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif. » Le déplacement de son corps intéresse R. sensible à la légèreté, à la fraîcheur, peut être provocante de la demoiselle, car cette dernière si elle se « tourne » voit Rimbaud et s'en va quand même, échange de regards sous- entendus, complices et séducteurs. Mais la Belle passe, et le jeune homme se retrouve seul, « sur vos lèvres meurent alors les cavatines… », un sifflement de contentement vient de se perdre dans l'atmosphère sensuelle de l'été.… - L'attitude la jeune fille après cette rencontre témoigne d'un caractère profondément féminin. Cette dernière est flattée mais aussi gênée par la correspondance du jeune homme « vos sonnets La font rire. », v. 26, le rire est un moyen de tenir à distance l'amoureux, de le traiter avec légèreté, de ne pas le prendre au sérieux, et en même temps, les lettres continuent, car « sonnet » est écrit au pluriel. Le jeu de séduction se comprend aussi dans le v. 21 « et, comme elle vous trouve immensément naïf », en effet il est convenu que l'amant soit aux pieds de la Dame, en adoration, et que celle-ci juge l'amoureux fou, extravagant, « naïf » car sincère, ne sachant caché ses sentiments, ceux-ci étant trop puissants. Bref, cette jeune fille est l'incarnation parfaite des clichés de l'époque concernant ces figures féminines un peu capricieuses, coquettes, donc adorables ! C- L'ivresse de l'amour L'amour enfin est exprimé à travers les sensations qui foisonnent dans le poème. Il s'agit ici de rendre compte des tout premiers émois amoureux de notre jeunesse. L'ivresse proprement dite est évoquée à la strophe 4 : champ lexical explicite « griser », « sève est du champagne », « monte à la tête », de même le mouvement traduit l'emportement « « divague », « monte », « palpite », « petite bête » ( allitération en « t » qui traduit le mouvement ascendant de la petite bête qui monte ! A noter les enjambements v. 13-14, 15-16, qui épousent l'élan passionnel culminant à cette envie de baiser, envie chamnelle et sensuelle. L'expression enthousiaste, au v.17, « le cœur fou Robinsonne » repose sur les mêmes procédés : voc. Amoureux et déplacements excessifs, aventureux dans le « roman de l'amour ». La ponctuation, points d'exclamation et de suspension, mime un état d'excitation liée à la fraîcheur et à la jeunesse de l'auteur. Enfin, les sens sont en émois : le goût, avec le « champagne », le toucher « on sent », les « doux frisons » annonciateurs de ce fameux baiser ! Poème lyrique et juvénile, "Roman" traduit l'état d'ivresse universel au contact d'un amour naissant. Mais il est une deuxième lecture, moins naïve, qui montre bien que Rimbaud maîtrisait parfaitement tous les codes littéraires, et qu'à 15 ans, il pouvait en jouer afin de créer sa propre poésie. III- Un poème ironique se en scène de la fiction : réflexion sur le titre "Roman" -Roman : signifie fiction, la mise en page avec des strophes présentées en I, IT, etc rappelle la présentation en chapitres dans les romans. Ex, I = un contexte propice à la rencontre, II- la rencontre, III- L'amour fou, IV- Suite et fin de la rencontre. De plus, le vocabulaire est simple, peu d'images « poétiques », une écriture certes en vers mais qui rappelle la prose. - Robinsonne : allusions aux robinsonnades, néologisme construit sur le titre du roman d'aventure Robinson Crusoé, le verbe ou le nom évoque les escapades peu sérieuses, la recherche de sensations à travers l'aventure. Le terme est péjoratif et nous invite à relire l'excès de lyrisme amoureux de Rimbaud dans le sens de la dérision, d'une histoire inventée, fantasmée par le jeune adolescent en mal d'aventure. Le poème s'inscrit dans une tradition littéraire (romans d'amour ou poésies amoureuses) jugée puérile et productrice de clichés (l'amour « impossible » = présence du père auprès de la jeune fille). - Enfin dans la narration même Rimbaud se moque de sa petite histoire : il introduit une certaine dramatisation, voire un certain suspense, comme nous pouvons le constater dans les vers 19 et 20 qui évoquent la présence du père. Les points de suspension laissent deviner la suite et suscitent une certaine curiosité chez le lecteur. Le même schéma se reproduit au vers 24. L'air est inachevé et que se passe-t-il après le départ de la jeune fille ? La rupture entre les 2 amants est aussi mise en scène aux vers 28 et 29. Les points de suspension et l'exclamation traduisent la stupeur du jeune poète quand il reçoit une lettre de la jeune fille, stupeur car réponse inespérée et un peu effrayante car engageante. De fait v. 29 la césure est déplacée après les 3 syllabes (« ce soir-là » ) et mime le bouleversement du jeune homme, puis les points de suspension laissent à nouveau planer le mystère. L'adverbe « là » met en relief le caractère inattendu de cette soirée pas comme les autres, qui s'achève sur une chute désinvolte et puérile: « vous rentrez aux cafés éclatants » : le poète a préféré la fuite ! B- Remise en cause du modèle de la poésie romantique - Le thème par excellence de ce courant est l'amour, pas étonnant que Rimbaud, dans son souci de contestation des normes sociales et littéraires, ait choisi ce thème. Les poèmes ou écrits romantiques sont marqués par un style emphatique, amplifié, des sentiments enthousiastes, des élans du cœur désespérés et grandioses. Aussi Rimbaud reprend-t-il ces clichés et les détourne avec une jubilation, enfantine. - Le cadre de la rencontre est en effet banal : des «tilleuls », une « promenade », une description plate « «les tilleuls sentent bons dans les bons soirs de juin ! », «un beau soir ». Tous les clichés sont réunis. - Une anomalie s'immisce pourtant avec l'antithèse comique v. 8 « a des parfums de vignes et des parfums de bière » qui rime avec « paupière » ! Mélange d'un vocabulaire « poétique « , évoquant la nature, et d'un vocabulaire plus prosaïque évoquant la réalité des bars. Le « vent » élément naturel est associé aux « bruits de la ville ». R. fait se rencontrer 2 univers qu'il affectionne , et manifeste ainsi son souci du décalage. - La jeune fille est évoquée par un L « La font rire », hyperbole qui donne une image idéalisée de la femme, or il s'agit d'une simple jeune fille,actrice q'une histoire très banale. - De même le vocabulaire est enfantin, puérile : répétition de l'adjectif « petit » tout au long du poème, l'utilisation d'expression familières détonent dans un poème amoureux « foin des bocks », « loué jusqu'au mois d'août », v.25, la chute même du poème est « triviale » : le poète préfère les bars à une jeune fille ! - Enfin Rimbaud s'amuse avec le rythme régulier, solennel de l'alexandrin en déplaçant les césures : v.16 ( 5 et 7 syllabes), 21 le rejet de « et », v. 28 (4 et 8 syllabes), v. 29 (3 et 9 syllabes), etc. Le rythme semble disloqué, volonté de prendre à contre-pied les élans lyriques, fluides et triomphants des romantiques. C- Enfin il s'agit d'un poème ironique envers soi-même Rimbaud se disait « gauche dans (ses) allures, timide et sans élégance ». Ce regard peu flatteur se retrouve dans les jugements de la jeune fille « vous trouve immensément naïf », le « vous » mettant encore plus à distance le poète, comme s'il ne voulait pas assumer cette maladresse, « vos sonnets la font rire », sont-ils mauvais ? banals ? ou bien sont-ils trop bien écrits et mettent-ils la jeune fille mal à l'aise ? Les amis fuient et vous trouvent « mauvais goût », c'est-à-dire qu'avec eux aussi l'amoureux n'est pas adroit, tient mal son rôle. Enfin, le refus de l'engagement clôt le poème, frayeur devant les responsabilités de l'adulte ? Peur de ne pas être à la hauteur ? La lettre est solennelle, elle n'est pas fictive, elle engage celui qui l'écrit, alors que dans les poèmes on peut inventer (« roman »), on peut se cacher («utilisation du « vous »). Bref, la poésie est préférable à la « vraie vie « des bourgeois selon Rimbaud !
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