Télécharge Texte mariage de figaro et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! BEAUMARCHAIS : LA FOLLE JOURNEE OU LE MARIAGE DE FIGARO Extrait de la scène 7 de l’acte V Le Comte prend la main de sa femme. Mais quelle peau fine et douce, et qu’il s’en faut que la Comtesse ait la main aussi belle ! La Comtesse, à part. Oh ! la prévention ! Le Comte A-t-elle ce bras ferme et rondelet ? ces jolis doigts pleins de grâce et d’espièglerie ? La Comtesse, de la voix de Suzanne. Ainsi l’amour ? … Le Comte L’amour… n’est que le roman du cœur : c’est le plaisir qui en est l’histoire ; il m’amène à tes genoux. La Comtesse Vous ne l’aimez plus ? Le Comte Je l’aime beaucoup ; mais trois ans d’union rendent l’hymen si respectable ! La Comtesse Que vouliez-vous en elle ? Le Comte, la caressant. Ce que je trouve en toi, ma beauté… La Comtesse Mais dites donc. Le Comte …Je ne sais : moins d’uniformité peut-être, plus de piquant dans les manières, un je ne sais quoi qui fait le charme ; quelquefois un refus, que sais-je ? Nos femmes croient tout accomplir en nous aimant : cela dit une fois, elles nous aiment, nous aiment (quand elles nous aiment) et sont si complaisantes et si constamment obligeantes, et toujours, et sans relâche, qu’on est tout surpris, un beau soir, de trouver la satiété où l’on recherchait le bonheur. La Comtesse, à part . Ah ! quelle leçon ! Le Comte En vérité, Suzon, j’ai pensé mille fois que si nous poursuivons ailleurs ce plaisir qui nous fuit chez elles, c’est qu’elles n’étudient pas assez l’art de soutenir notre goût, de se renouveler à l’amour, de ranimer, pour ainsi dire, le charme de leur possession par celui de la variété.