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Textes Conférence II, Notes de Philosophie

Diogène Laërce, II,65 – Aristippe de Cyrène. Aristippe était de Cyrène. Eschine dit qu'il fut attiré à Athènes par la réputation de Socrate. Une fois à.

Typologie: Notes

2021/2022

Téléchargé le 08/06/2022

Nicole_Lyon
Nicole_Lyon 🇫🇷

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Télécharge Textes Conférence II et plus Notes au format PDF de Philosophie sur Docsity uniquement! Textes Diogène Laërce, II,65 – Aristippe de Cyrène Aristippe était de Cyrène. Eschine dit qu’il fut attiré à Athènes par la réputation de Socrate. Une fois à Athènes, il se mit à enseigner et se fit payer ses leçons, ce qu’aucun des disciples de Socrate n’avait fait avant lui. Aristippe savait se faire aux temps, aux lieux et aux personnes; il était l’homme de toutes les situations. Aussi Denys avait-il pour lui une affection toute particulière, parce qu’il s’accommodait de tout, prenant le plaisir quand il se présentait, sans se donner jamais la peine de le poursuivre. Diogène l’appelle pour cette raison le chien royal. Timon le déchire de son côté, à l’endroit de la gourmandise : Semblable à l’efféminé Aristippe, qui au toucher distinguai! les bonnes choses des mauvaises. On rapporte que Straton (Platon selon d’autres) lui disait, à propos de cette mobilité de caractère : « Il n’y a que toi pour porter également bien la pourpre et les haillons. » II passait un jour auprès de Diogène qui lavait des légumes : « Si tu savais, lui dit celui-ci, te contenter de légumes, tu ne ramperais pas à la cour des tyrans. . — Et toi, dit Aristippe, si tu savais converser avec les hommes, tu ne laverais pas des légumes. » On lui demandait quel avantage il avait retiré de la philosophie : « Celui, dit-il, de pouvoir converser librement avec tout le monde. » « En quoi êtes-vous donc supérieurs au reste des hommes, lui disait-on, vous autres philosophes ? — En ce sens, répondit-il, que si toutes les lois étaient supprimées, notre conduite n’en serait pas moins régulière. » Sotion rapporte au second livre de la Succession des philosophes, qu’il entretenait la courtisane Laïs. Quand on lui en faisait un reproche, il répondait : « Je possède Laïs, mais elle ne me possède point ; du reste, le bien consiste à être maître de ses passions et à ne pas se laisser dominer par elles, mais non à s’abstenir du plaisir. » Quelqu’un lui ayant demandé comment était mort Socrate, il répondit : « Comme je voudrais mourir. » Denys ayant repoussé une prière qu’il lui adressait en faveur d’un ami, il se jeta à ses pieds. On lui reprocha plus tard cette bassesse : « La faute n’en est pas à moi, dit-il, mais à Denys qui a les oreilles aux pieds. » Pendant un séjour qu’il fit en Asie, il fut pris par le satrape Artapherne. Quelqu’un voyant sa tranquillité d’âme, lui dit : « Comment! tu es calme ? — Eh ! quand donc le serai-je, répliqua-t-il, si ce n’est au moment de paraître devant Artapherne ? » Un jour Denys envoya un livre à Platon, et à lui de l’argent. Quelqu’un lui faisant remarquer cette différence, il dit : « C’est que j’avais besoin d’argent, et Platon de livres. » Quant à ceux qui restèrent fidèles à la pensée d’Aristippe et qui prirent le nom de cyrénaïques, voici quelles étaient leurs doctrines : ils distinguent deux modes de la sensibilité, la douleur et le plaisir : mouvement doux, plaisir ; mouvement violent, douleur. Ils ajoutent que tous les plaisirs sont de même nature et qu’il n’y a pas entre eux de plus et de moins ; que tous les animaux recherchent le plaisir et fuient la. douleur. Du reste, ils n’entendent parler que du plaisir corporel ; car c’est celui-là qu’ils assignent pour fin à l’homme, ainsi que l’atteste Panétius, dans le traité des Sectes. Ils n’accordent même pas, comme Épicure, le caractère de fin à ce plaisir calme qui résulte de la suppression de la douleur et qui est comme l’absence de tout trouble. Ils disent encore que la fin de l’homme n’est pas, à proprement parler, le bonheur; car la fin pour eux est le plaisir particulier; tandis que le bonheur est la somme des plaisirs particuliers, en y comprenant ceux du passé et ceux de l’avenir. Le plaisir particulier, disent-ils, est désirable pour lui- même ; le bonheur ne l’est pas pour lui-même, mais à cause des plaisirs particuliers qu’il comprend. Ce qui prouve, suivant eux, que le plaisir est la fin de l’homme, c’est que dès l’enfance nous nous y portons sans réflexion ; que du moment où nous le possédons, nous ne désirons rien autre chose, et que nous ne craignons rien tant que son contraire, la douleur. Ils prétendent, au dire d’Hippobotus, dans le traité des Sectes, que le plaisir est un bien lors même qu’il résulte d’actes déshonnêtes ; car si l’action est mauvaise, le plaisir pris en lui- même n’en est pas moins un bien, et à ce titre il est désirable. Quant à la privation de la douleur, ils n’admettent pas, comme Épicure, qu’elle constitue une jouissance, ni que la privation du plaisir soit un mal ; car le plaisir et la douleur résultent du mouvement, et l’absence de tout sentiment agréable ou désagréable n’est pas un mouvement, mais bien plutôt une sorte d’engourdissement et de sommeil. Ils disent aussi qu’il peut se faire que, par un vice de l’esprit, on ne se sente pas attiré vers le plaisir. Les jouissances corporelles sont, pour eux, supérieures à celles de l’âme ; les souffrances du corps leur semblent plus insupportables, et ils disent que c’est pour cela qu’on les inflige de préférence aux criminels. Ils pensent que pour le corps la douleur est plus poignante, la jouissance plus intime, et par suite presque tous leurs préceptes ont surtout pour objet les affections corporelles. Quoique le plaisir soit désirable pour lui-même, ils reconnaissent que les causes qui le produisent sont souvent douloureuses, d’où ils concluent que l’assemblage de tous les plaisirs, ou le bonheur parfait, est chose presque impossible. Le sage, disent- ils, n’est pas toujours heureux, ni l’insensé toujours malheureux ; mais il en est ainsi ordinairement. Ils enseignent encore qu’un seul plaisir suffit, s’il est souvent répété ; que la sagesse est un bien non pas par elle-même, mais à cause des avantages qu’elle procure ; que l’amitié n’a de valeur qu’en vue de l’utilité qui en résulte, à peu près comme les membres aussi longtemps qu’ils sont unis au corps ; qu’il y a des vertus communes aux sages et à ceux qui ne le sont pas ; que l’exercice du corps est utile à la vertu ; que le sage n’est ni envieux, ni enclin aux mauvaises passions, ni superstitieux, parce que tous ces vices ne tiennent qu’à de vains préjugés ; que cependant il est accessible au chagrin et à la crainte, ces maux étant inhérents à notre nature ; enfin que la richesse doit être recherchée, non pour elle-même, mais comme moyen de plaisir. Ils disent que rien n’est en soi juste, honnête ou honteux, et que ces distinctions ne viennent que des lois et de la coutume ; que cependant le sage doit les respecter, par égard pour l’opinion et dans la crainte des châtiments. Quant à ces questions : le sage existe- t-il ; le progrès est-il possible dans la philosophie et dans les autres sciences ? ils leur donnent une solution affirmative. Enfin ils admettent que les hommes ne sont pas tous également sensibles à la douleur, et que les sensations ne sont pas toujours vraies. Pour les hégésiaques, comme pour les cyrénaïques, il n'y a que deux principes d'action , le plaisir et la douleur. La reconnaissance, l'amitié, la bienveillance, n'ont aucune valeur propre ; nous ne recherchons pas ces sentiments pour eux-mêmes, mais en vue de l'utilité, et, l'utilité cessant, ils s'évanouissent. Le bonheur parfait est impossible ; car le corps est sujet à mille maux, l'âme ressent toutes les douleurs du corps, indépendamment de ses propres agitations ; la fortune trompe souvent nos espérances ; autant de causes qui nous empêchent d'arriver au bonheur. La mort n'est pas moins désirable que la vie. Rien n'est agréable ni désagréable en soi ; car la rareté des choses, leur nouveauté, la satiété, les rendent agréables aux uns, désagréables aux autres. La pauvreté n'a rien à envier à la richesse sous le rapport du plaisir; car le riche ne le ressent pas autrement que le pauvre ; la liberté ou l'esclavage, une naissance illustre ou vulgaire, la gloire ou l'obscurité sont également indifférentes. Pour la multitude ignorante la vie est un bien ; le sage n'y attache aucun prix. Le sage, en toutes choses, n'a en vue que lui-même ; car il se regarde comme supérieur à tous les autres hommes, et les biens qu'il peut en recevoir, quelque grands qu'ils soient, ne valent pas ce qu'il donne en retour. Les sens ne donnent pas la certitude. Ils disent encore que si un homme paraît agir en toutes choses contre la raison, il faut être indulgent pour ses fautes ; car sa volonté n'y est pour rien ; il cède à l'entraînement aveugle de quelque passion ; au lieu de le haïr il faut l'éclairer. Le sage doit s'appliquer moins à rechercher le bien qu'à éviter le mal ; il doit se proposer pour but de vivre exempt d'inquiétude et de douleur, et pour atteindre ce but il lui faut regarder comme indifférents les moyens qui procurent le plaisir. Extrait du Phédon, Platon (trad. Chambry) Phédon, 37 : « Si en effet on accordait à celui qui soutient cette opinion plus encore que tu ne le fais toi- même, si on lui accordait non seulement que nos âmes ont existé dans le temps qui a précédé notre naissance, mais que rien n’empêche, même après notre mort, quelques-unes d’exister encore, de prolonger leur existence, de naître plusieurs fois et de mourir de nouveau, parce que l’âme est naturellement assez forte pour résister à plusieurs naissances ; si on accordait cela, mais qu’on refusât d’accorder qu’elle ne se fatigue pas dans ses nombreuses naissances et qu’elle ne finit point par périr tout à fait dans une de ses morts ; si l’on ajoutait que cette mort et cette dissolution du corps qui porte à l’âme le coup fatal, personne ne la connaît, car il est impossible à qui que ce soit d’entre nous d’en avoir le sentiment, en ce cas tout homme qui affronterait la mort avec confiance, serait un insensé, à moins de pouvoir démontrer que l’âme est absolument immortelle et impérissable. Autrement l’homme qui va mourir doit toujours craindre que son âme ne périsse radicalement au moment où elle se sépare du corps.» 67e : « délivrer l’âme, n’est-ce pas, selon nous, à ce but que les vrais philosophes, et eux seuls, aspirent ardemment et constamment, et n’est-ce pas justement à cet affranchissement et à cette séparation de l’âme et du corps que s’exercent les philosophes ? Est-ce vrai ? — Évidemment. — Dès lors, (…) il serait ridicule qu’un homme qui, de son vivant, s’entraîne à vivre dans un état aussi voisin que possible de la mort, se révolte lorsque la mort se présente à lui. — Ridicule, sans contredit. — C’est donc un fait, Simmias, reprit Socrate, que les vrais philosophes s’exercent à mourir et qu’ils sont, de tous les hommes, ceux qui ont le moins peur de la mort. Réfléchis à ceci. Si en effet, ils sont de toute façon brouillés avec leur corps et désirent que leur âme soit seule avec elle-même, et, si d’autre part, ils ont peur et se révoltent quand ce moment arrive, n’est-ce pas une inconséquence grossière de leur part, de ne point aller volontiers en un endroit où ils ont l’espoir d’obtenir dès leur arrivée ce dont ils ont été épris toute leur vie, et ils étaient épris de la sagesse, et d’être délivrés d’un compagnon avec lequel ils étaient brouillés ? (…). » BIBLIOGRAPHIE Aristote Éthique à Eudème, trad. et présentation par Catherine Dalimier, GF-Flammarion, 2013 Aristote Éthique de Nicomaque (Roger-Pol Droit), Flammarion, 2008 Aristote L’éthique à Nicomaque, traduction J. Voilquin, GF-Flammarion, 1968 Aristote Les Politiques, trad. Pierre Pellegrin, GF-Flammarion, 2015 Chuvin Pierre Chronique des derniers païens – La disparition du paganisme dans l’Empire romain, du règne de Constantin à celui de Justinien, Belles Lettres/Fayard, 2009 Cicéron Fins des biens et des maux, trad. & présentation par José Kany-Turpin, GF, 2016 Cicéron Le bien et le mal, De Finibus, III, édition bilingue, texte et trad., de J. Martha, introduction et notes de Jackie Pigeaud, les belles lettres, 2002 Comte-Sponville André Le sexe ni la mort – trois essais sur l’amour et la sexualité, le livre de poche, 2012 Desclos Marie-Laurence Aux marges des dialogues de Platon – Essai d’histoire anthropologique de la philosophie ancienne, Horos, Millon, 2003 Duhot Jean-Joël Épictète et la sagesse stoïcienne, Bayard Éditions, 1996 Épictète Entretiens – fragments et sentences, introduits et traduits par R. Muller, Vrin, 2015 Épictète Manuel d’Épictète, trad. Emmanuel Cattin, présentation de Laurent Jaffro, GF, 2015 Épicure Lettre à Ménecée, présentation, traduction et notes de Pierre-Marie Morel, GF, 2009 Gouirand Pierre Aristippe de Cyrène, le philosophe du plaisir, Éditions Ovadia, 2013 Hadot Pierre La philosophie comme manière de vivre – Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, Biblio Essais, Librairie Générale française, 2001 Hadot Pierre Exercices spirituels et philosophie antique, Préface d’Arnold I. Davidson, Albin Michel, 2002 Henry Michel Incarnation, une philosophie de la chair, Seuil, 2000 Henry Michel Pour une phénoménologie de la vie – Entretien avec Olivier Salazar-Ferrer, précédé d’une biographie de Michel Henry, Jean Leclercq, suivi de Perspectives sur la phénoménologie matérielle, Grégoria Jean et Jean Leclercq, Éditions de Corlevour, 2010. Hulin Michel La mystique sauvage, Puf-Quadrige, 1993 Lampe Kurt The Birth of Hedonism – The Cyrenaic Philosophers and Pleasure as a Way of Life Lévy Benny – Platon Le Phédon – philosopher en présence de la mort, Verdier Poche, 2018 Lucrèce De la nature – De rerum natura, trad. & présentation par José Kany-Turpin, GF, 1998 Onfray Michel L’invention du plaisir – fragments cyrénaïques, Biblio Essais, Librairie Générale française, 2002 Platon Œuvres complètes, Trad. du grec ancien par Joseph Moreau et Léon Robin, Pléiade, Gallimard, 1977 Platon Phédon, trad. Monique Dixsaut, GF-Flammarion, 1993 Platon Philèbe, trad. et présentation de Jean-François Pradeau, GF, 2002 Rodis-Lewis Geneviève La morale stoïcienne, PUF, 1970 Sénèque Lettres à Lucilius, Présentation et traduction par Marie-Ange Jourdan-Gueyer, GF, 2017 $ Sénèque La vie heureuse – la brièveté de la vie, Présentation de Pierre Pellegrin, trad. José Kany-Turpin et Pierre Pellegrin, GF, 2005 Sénèque Apprendre à vivre – Lettres à Lucilius, traduit par Alain Golomb, Arléa, 1990 Sénèque Lettres à Lucilius, préface, traduction et commentaires de Pierre Mischevic, Éditions Pocket, 1990 Stella Massimo L’illusion philosophique – la mort de Socrate sur la scène des Dialogues platoniciens, Horos, Ed. J. Millon, 2006 Xénophon Mémorables, trad. & présentation de Louis-André Dorion, Les Belles Lettres, 2015
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