Télécharge Textes oral bac de français et plus maturité tests effectués au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Le portrait d’Arrias. Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c’est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d’un grand d’une cour du Nord : il prend la parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent ; il s’oriente dans cette région lointaine comme s’il en était originaire ; il discourt des mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu’à éclater. Quelqu’un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu’il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l’interrupteur : « Je n’avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d’original : je l’ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j’ai fort interrogé, et qui ne m’a caché aucune circonstance. » Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencée, lorsque l’un des conviés lui dit : « C’est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive fraîchement de son ambassade. » La Bruyère, Les Caractères, 1688. LE PORTRAIT D’ARRIAS, LA BRUYERE INTRODUCTION : Dans Les Caractères, collection de textes brefs de genres variés, La Bruyère peint les défauts humains, conformément à l'idéal classique qui entend « plaire pour instruire ». Il propose notamment une série de portraits satiriques acérés. Le livre V des Caractères, intitulé « De la société et de la conversation », est l'occasion d'évoquer la vie mondaine de son époque et de dénoncer les travers de ses contemporains. Dans le caractère 9, La Bruyère met en scène un personnage dénommé Arrias dans une conversation qui en révèle sa pédanterie. [LECTURE] PB : Comment, à travers Arrias, La Bruyère brosse t’il le contre portrait d’un honnête Homme et dépeint-il une société artificielle ? Nous répondrons à cette question en séparant le texte en 2 mouvements distincts : Le contre portrait d’un honnête homme et une confrontation à la société. 1ERE PARTIE : CONTRE PORTRAIT DE L’HONNETE HOMME « Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c’est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. » Arrias a tout lu, a tout vu ; hyperbole du registre satirique : Arrias est placé dans l’excès, la démesure. Il est défini comme un pédant, celui qui étale un savoir mal maitrisé et qui suscite l’ennui. C’est un homme universel ; affirme une supériorité qu’on devine, autoproclamée du personnage, il se compare en quelque sorte à Dieu et son ubiquité ce qui est une forte opposition a l’idéal de l’honnête homme. il se donne pour tel ; Arrias use de la tromperie, il avance masqué. C’est la marque de l’homme Caméléon, il change en fonction de son entourage alors que l’honnête homme, au contraire, s’adapte mais en change pas. il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose ; Il valorise le vice, donc le mensonge, à la vertu, se taire. Pour lui le silence ne vaut rien, il se situe du côté du paraitre.
