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TRAITE DES PARTIES DES ANIMAUX D'ARISTOTE LIVRE ..., Notes de Arts

TRAITE DES PARTIES DES ANIMAUX D'ARISTOTE. LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. 1. 1 Toute étude intellectuelle, toute exposition méthodique, la plus humble aussi ...

Typologie: Notes

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

Yves90
Yves90 🇫🇷

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Télécharge TRAITE DES PARTIES DES ANIMAUX D'ARISTOTE LIVRE ... et plus Notes au format PDF de Arts sur Docsity uniquement! TRAITE DES PARTIES DES ANIMAUX D'ARISTOTE LIVRE PREMIER CHAPITRE I 1. 1 Toute étude intellectuelle, toute exposition méthodique, la plus humble aussi bien que la plus haute, peut être considérée sous deux faces différentes. L'une de ces faces peut s'appeler proprement la science même de la chose ; l'autre n'exige qu'une sorte d'instruction générale. 2 En effet, quand on a reçu une éducation convenable, on doit être en état de juger pertinemment, quant à la forme, si celui qui parle d'un sujet l'expose bien, ou s'il l'expose mal. C'est même à ce signe que nous reconnaissons l'homme instruit ; et c'est là ce qui nous fait penser de quelqu'un qu'il a été généralement bien élevé, l'instruction consistant surtout à pouvoir faire une distinction de ce genre. La seule différence qui reste alors entre ces deux personnes, c'est que l'une, bien qu'elle ne soit toujours qu'un seul et même individu, numériquement parlant, nous semble capable de prononcer sur toutes choses, tandis que l'autre ne nous paraît compétente que sur une matière définie et limitée ; ce qui n'empêche pas que cet autre individu ne puisse, tout en s'occupant d'un objet particulier, avoir aussi l'instruction dont on vient de parler. 3 De ces considérations, il résulte évidemment que, pour l'histoire de la nature, il est bon de poser également certains principes supérieurs, auxquels on devra se reporter pour juger de la forme adoptée dans l'exposition qu'on en fait, indépendamment de la question de savoir si c'est bien la vérité, et si la chose est réellement de telle façon ou de telle autre. Par exemple j'entends que pour cette étude il s'agit de savoir s'il faut, en prenant chaque être substantiel à part, ne le considérer absolument qu'en lui- même, que ce soit d'ailleurs la nature de l'homme, celle du lion, celle du bœuf, ou celle de tel autre être étudié isolément ; ou bien, s'il ne faut pas plutôt réunir en une exposition commune les phénomènes communs que présentent tous ces animaux. 4 Il est en effet beaucoup de fonctions qui sont identiquement les mêmes pour des genres d'êtres qui sont fort différents les uns des autres ; telles sont les fonctions qu'on nomme le sommeil, la respiration, la croissance, le dépérissement, la mort ; et, à côté de celles-là, une foule d'autres fonctions et d'autres phénomènes organiques, que nous croyons devoir omettre pour le moment, parce que nous ne pourrions en parler à cette heure que d'une façon obscure et indécise. 5 II est bien clair en effet que, si nous parlions successivement de chaque animal en particulier, nous aurions à répéter à tout instant les mêmes choses dans bon nombre de cas, puisque chacune des fonctions que nous venons d'énumérer se retrouve, et dans le cheval, et dans le chien, et dans l'homme. Par conséquent, si l'on allait pour chacun de ces animaux parler de toutes ces fonctions successivement, on serait exposé à des redites sans fin, toutes les fois que l'on traite de fonctions qui sont identiques dans des êtres de genres très-divers, et qui n'offrent entre elles aucune différence appréciable pour chacun d'eux. 6 II se peut aussi fort bien que telle fonction, qui a reçu une dénomination toute pareille, présente néanmoins une énorme difference sous le rapport de l'espèce et de la forme. Telle est la locomotion dont les animaux sont doués. Formellement et spécifiquement, la locomotion n'est point une, puisqu'il y a une difference évidente entre le vol, la natation, la marche, et la reptation. 7 ll importe donc de se bien rendre compte du procédé qu'on doit adopter dans cet examen ; et ce que je veux dire, c'est qu'on doit bien savoir s'il faut tout d'abord étudier par genre les fonctions communes, et analyser ensuite toutes les fonctions propres et particulières à chaque espèce d'animal, ou bien s'il faut étudier sur-le-champ chaque animal considéré isolément. C'est là un point qui n'est pas encore fixé, non plus que cet autre point que nous devons également indiquer : A l'exemple des mathématiciens, dans leurs démonstrations d'astronomie, ne faut-il pas, dans l'étude de la nature, constater d'abord tous les faits relatifs aux animaux, et en expliquer ensuite le pourquoi et les causes ? Ou bien est-il par hasard quelque autre méthode qu'on doive adopter ? 8 De plus, comme il y a, ainsi que nous pouvons le voir, bien des causes diverses pour tout ce qui se produit dans la nature entière, et par exemple, la cause du pourquoi, la cause initiale du mouvement, etc., faut-il s'occuper aussi de ces causes, et examiner quelle est la première d'entre elles, quelle est la seconde, etc. ? On peut croire que la première de toutes les causes est celle que nous nommons la cause du pourquoi, la cause finale; car elle est la raison dernière des choses ; et la raison est un principe. Sous ce rapport, il en est tout à fait de même des productions de l'art et de celles de la nature. C'est après avoir déterminé les choses, ou par la réflexion ou par la simple observation sensible, que le médecin, pour la santé, l'architecte pour la maison, expliquent l'un et l'autre les raisons et les causes de ce qu'ils ont fait pour chacune, et pourquoi ils devaient faire les choses ainsi qu'ils les ont faites. 9 Mais la cause finale, le bien de la chose, se manifeste dans les œuvres de la nature bien plus encore que dans celles de l'art. C'est que, même dans les choses naturelles, la nécessité ne s'applique pas identiquement à toutes sans exception ; et ceux qui cherchent à ramener toutes les raisons des choses à la raison unique de la Nécessité, ne se sont pas donné la peine d'analyser toutes les acceptions où peut se prendre le mot de Nécessaire. Absolument parlant, Nécessaire ne s'applique qu'aux choses éternelles ; mais le nécessaire résultant d'une hypothèse se montre dans toutes les choses qui sont sujettes à naître et à devenir, comme le sont les produits de l'art, tels que la maison, ou tout autre objet de cette sorte, indistinctement. 10 Ainsi, il y a nécessité qu'on emploie une matière d'une certaine espèce, si l'on veut bâtir une maison, ou si l'on se propose tel autre objet analogue ; il y a nécessité que là tout d'abord telle chose existe préalablement, ou qu'elle soit mise en mouvement de telle ou telle façon, pour qu'à la suite, il se produise telle autre chose; et pour que, de cette manière on atteigne sans interruption la fin qu'on poursuit, et le résultat pour lequel a lieu et existe chacune des choses que l'on fait. 11 Il en est absolument de même pour les phénomènes naturels ; seulement la forme de la démonstration et de la nécessité change pour la science de la nature, et elle est autre que pour les sciences purement théoriques. Mais c'est là une question que nous avons traitée dans d'autres ouvrages. Ainsi, le principe, le point de départ pour l'étude de la nature, c'est ce qui est, tandis que pour l'art, c'est ce qui doit être. Par exemple, la santé, ou l'homme, étant telle ou telle chose, il y a nécessité que préalablement telle autre chose existe ou se soit réalisée ; mais de ce que cette autre chose existe ou a été produite, il ne s'ensuit pas qu'elle soit ou qu'elle doive être de toute nécessité. 12 Or il n'est pas possible non plus de rattacher à l'éternel la nécessité que suppose une démonstration de ce genre, de manière à pouvoir dire : Puisque telle chose est, telle autre chose est aussi. Du reste, ce sont là des questions que nous avons également approfondies ailleurs ; nous y avons indiqué les choses auxquelles la nécessité s'applique et celles auxquelles elle est inapplicable ; et nous avons montré la cause de cette différence. 13 Mais un point qu'il ne faut jamais perdre de vue, c'est de savoir s'il faut procéder comme les philosophes antérieurs l'ont fait dans leurs théories, et s'il convient de rechercher avec eux comment les choses se sont naturellement produites au début, plutôt que d'observer comment elles sont maintenant. Ces méthodes ne diffèrent pas médiocrement l'une de l'autre. Quant à nous, il nous semble, ainsi que nous l'avons déjà dit, qu'il faut d'abord recueillir les faits dans chaque genre de choses, et que c'est seulement ensuite qu'on peut en dire les causes et remonter à leur origine. 14 Cet ordre, il est vrai, se montre encore plus clairement dans certaines choses, par exemple dans la construction d'une maison. La forme essentielle de la maison étant telle chose, ou la maison elle-même étant telle chose aussi d'un certain genre, il est clair qu'elle doit être construite dans telles conditions, puisque la production des choses dépend de ce que ces choses sont essentiellement, et que leur essence ne dépend pas du tout de leur production. 15 Aussi, Empédocle s'est-il bien trompé quand il a prétendu qu'une foule de choses dans les animaux sont par cette seule raison qu'elles ont été comme elles sont dès leur origine : par exemple, que les animaux ont la colonne vertébrale faite telle que nous la voyons en eux, parce qu'en se tournant sur elle-même il lui est arrivé de se briser. En ceci, Empédocle a oublié et méconnu deux choses : d'abord qu'il faut que le germe constitutif existe avec une puissance relative à son objet ; et en second lieu, il a oublié que l'agent qui a fait la chose devait exister antérieurement au produit, non pas seulement au point de vue de la pure raison, mais aussi dans le temps. Car c'est l'homme qui engendre l'homme ; et c'est parce que l'homme est rapporter l'origine du monde, s'il a toutefois une origine, bien plutôt que lui rapporter l'origine des êtres mortels. L'ordre et la stabilité immuablement définis éclatent dans les choses du ciel beaucoup plus fortement que dans ce qui nous entoure. Pour les choses mortelles, ce qui se manifeste surtout, c'est le changement perpétuel des choses, qui fait qu'elles sont tantôt d'une façon, tantôt d'une autre, et qu'elles vont au hasard. Nos philosophes disent bien que chaque animal existe ou naît grâce à la nature ; mais ils soutiennent que le monde s'est constitué tel que nous le voyons au hasard et spontanément, le monde, où rien cependant ne semble être jamais dû au hasard et où rien n'est sujet au désordre. 31 Quant à nous, nous affirmons qu'une chose a lieu en vue d'une autre chose partout et toutes les fois que se montre une fin vers laquelle se dirige et s'accomplit le mouvement, si aucun obstacle ne vient l'arrêter. Il est donc de toute évidence que c'est bien quelque chose de ce genre que nous appelons la Nature. Certes, ce n'est pas un être quelconque que le hasard fait sortir de chacun des germes ; mais toujours de telle chose, c'est précisément telle autre chose qui sort ; pas plus que ce n'est au hasard que de tel corps il sort tel germe indifféremment. 32 Sans doute, le germe est un principe, et c'est bien lui qui fait l'être qui vient de lui. Tout cela est dans la nature, puisque c'est du germe que cela sort. Pourtant, il n'en faut pas moins avouer que ce dont vient le germe est encore antérieur au germe même ; le germe n'est qu'un produit qui se développe, et c'est l'être substantiel qui est le but et la fin. Bien plus, ce dont vient le germe lui-même existe antérieurement aux deux, c'est-à-dire d'abord au germe, et ensuite à l'être que le germe produit ; car le germe peut être considéré en deux sens, en premier lieu, dans l'être d'où il vient lui-même, et en second lieu, dans l'être dont il est le germe. C'est qu'en effet le germe est à la fois le germe de l'être d'où il vient, par exemple, le germe qui vient d'un cheval ; mais il est aussi le germe de l'être qui viendra de lui, par exemple, du mulet. Ce n'est pas, si l'on veut, de la même manière ; mais l'expression de Germe s'applique également à l'un et à l'autre. 33 Ajoutons que le germe n'est qu'en simple puissance, et nous savons quel est le rapport de la puissance à la réalité complète, à l'entéléchie. 34 Nous devons aussi savoir qu'il y a deux causes qu'il faut distinguer : l'une qui a une fin en vue, et l'autre qui vient de la nécessité ; car il y a beaucoup de choses qui arrivent uniquement parce qu'elles sont nécessaires. Mais quand les philosophes parlent de nécessité, on peut se demander de quelle nécessité ils entendent parler positivement. Des deux faces de la nécessité qui ont été définies par nous dans nos livres sur la Philosophie, aucune en histoire naturelle n'est possible. 35 Mais il y a une troisième espèce de nécessité qui se trouve dans les choses sujettes à naître et à devenir. En ce sens nous disons de la nourriture qu'elle est nécessaire, sans que ce soit dans aucun de ces deux premiers sens, mais uniquement parce que, sans elle, il ne serait pas possible de vivre. Cette nécessité-là est donc comme une nécessité hypothétique ; car, de même que pour couper quelque chose avec une hache, il faut que la matière de la hache soit dure et qu'en tant que dure, elle peut être en airain ou en fer ; de même aussi, le corps n'étant qu'un instrument, attendu que chacune de ses parties comme le corps entier lui-même a un certain but, il y a nécessité que le corps soit fait de telle façon, et qu'il soit composé de tels éléments, pour que cet instrument puisse remplir son office particulier. 36 La notion de cause a donc deux nuances diverses ; et quand on parle de cause, on doit tenir le plus grand compte de toutes les deux. Si l'on ne prend pas ce soin, il faut au moins essayer de les mettre en évidence ; et tous ceux qui n'éclaircissent pas ce point ne nous apprennent rien, pour ainsi dire, sur la nature des choses, quoique la nature soit un principe bien plus que ne l'est la matière. Parfois, Empédocle lui-même, entraîné par la force de la vérité, est obligé de retomber sur ce principe et contraint de dire que la substance et la nature des êtres sont le rapport des éléments entre eux. C'est ce qu'il fait, par exemple, dans sa définition de l'os ; car il ne dit pas que l'os soit un des éléments, ni deux, ni trois, ni la réunion de tous les éléments ; mais il dit précisément que c'est le rapport de leur mélange. Il est clair que la même explication s'appliquerait également à la chair et à chacune des autres parties du corps analogues à celle-là. 37 Ce qui a pu empêcher nos prédécesseurs d'arriver à la découverte de la vérité, c'est qu'ils n'étaient pas en état de définir l'essence et la substance qui font que la chose est ce qu'elle est. Ce fut Démocrite qui, le premier, l'essaya, bien qu'on ne crût pas que ce fût nécessaire à l'étude de la nature ; mais il fut arraché à cette erreur par la réalité même. Grâce à Socrate, cette direction nouvelle se développa ; mais, du même coup, l'étude de la nature se ralentit, et ceux qui faisaient alors de la philosophie penchèrent vers l'étude des vertus utiles et de la politique. CHAPITRE II Quelques naturalistes prétendent arriver à la connaissance de l'individu en divisant toujours le genre en deux différences. Mais c'est là un procédé qui tantôt n'est pas très facile, et qui tantôt est impraticable. Certains cas ne présentent qu'une seule et unique différence, et alors tout le reste est parfaitement inutile. C'est, par exemple, quand on dit : Animal pourvu de pieds, animal pourvu de deux pieds, animal pourvu de pieds fendus, animal dépourvu de pieds ; il n'y a que cette dernière différence qui soit importante. Si l'on ne s'y tient pas, on se voit forcé de faire nécessairement bien des répétitions de la même chose. 2. De plus, il conviendrait de ne pas disloquer les genres, et, par exemple, celui des oiseaux, en plaçant ceux-ci dans telle division, et ceux-là dans telle autre. Or, c'est là ce que font les divisions qu'on en a tracées, où l'on voit tels oiseaux divisés et rangés parmi les animaux aquatiques, et tels autres oiseaux classés dans un genre tout différent. D'abord, d'après une ressemblance quelconque, on attribue à l'animal le nom d'oiseau ; puis, d'après une autre ressemblance, on en fait un poisson. 3 D'autres divisions sont restées sans nom, et l'on peut citer celle des animaux qui ont du sang et des animaux qui n'ont pas de sang, puisqu'il n'y a pas de nom unique et commun applicable à chacun des deux. Si donc c'est un principe de ne jamais séparer les êtres homogènes, la division par deux, la dichotomie, peut paraître absolument vaine ; car, en divisant les choses par ce procédé, on ne peut nécessairement que les séparer et les disloquer ; et c'est ainsi que, parmi les polypes, les uns se trouvent classés avec les animaux terrestres, tandis que les autres le sont avec les animaux aquatiques. 38 En résumé, le mode de démonstration qu'il faut adopter est celui-ci : en supposant, par exemple, qu'il s'agisse de la fonction de la respiration, il faut démontrer que, la respiration ayant lieu en vue de telle fin, cette fonction a besoin, pour s'exercer, de telles conditions, qui sont indispensablement nécessaires. Tantôt, donc, Nécessité veut dire que, si le pourquoi de la chose est de telle façon, il y a nécessité que certaines conditions se réalisent ; et tantôt Nécessité signifie simplement que les choses sont de telle manière et que telle est leur nature. Ainsi, l'on voit que, pour la respiration, il est nécessaire que la chaleur sorte du corps et qu'elle y rentre de nouveau par répercussion, pour que l'air puisse s'introduire et circuler. C'est là une nécessité évidente ; grâce à la chaleur intérieure qui résiste au refroidissement et qui le compense, l'air venu du dehors peut entrer et sortir. 39 Tel est donc le procédé de la méthode que nous suivrons ; tel est le nombre et la nature des objets dont nous aurons à rechercher les causes. CHAPITRE III On doit ajouter qu'on est nécessairement amené, avec cette méthode, à faire les divisions sous forme négative et par privation ; et c'est bien là, en effet, le procédé des partisans de la division par deux. Mais la privation, en tant que privation, ne présente plus de différences, puisqu'il est bien impossible de trouver des espèces dans ce qui n'existe pas ; par exemple, dans la classe des animaux sans pieds ou dans la classe des animaux sans ailes, comme on en trouve dans la classe des animaux qui ont des ailes ou dans la classe des animaux qui ont des pieds. Il n'y a qu'une différence générale qui puisse avoir des espèces. 2. S'il en était autrement, comment pourrait-il y avoir des espèces pour des universaux et n'y en aurait-il pas pour les individus ? Il y a des différences qui sont générales et universelles, et alors elles ont des espèces, comme, par exemple, la qualité d'être ailé ; car on peut diviser l'aile en aile fendue, en aile non fendue, de même, que pour la qualité d'avoir des pieds, on peut distinguer le pied qui a plus de deux divisions, le pied qui a deux divisions, comme l'ont les animaux à pied fourchu ; et aussi le pied non divisé et non fendu, comme l'ont les solipèdes. 3 II est déjà assez difficile de bien diviser, même par celles des différences qui ont des espèces, de façon à ce que, après avoir classé un animal dans une de ces différences, on ne répète pas le même animal dans plusieurs autres classes, en le faisant tout à la fois ailé et sans ailes ; car le même animal peut avoir les deux qualités à la fois, comme la fourmi, la lampyre et quelques autres. 4 Mais quand on fait une classe des animaux qui n'ont pas de sang, la division est bien autrement difficile ou même impossible ; car nécessairement chaque différence doit s'appliquer à une des espèces particulières ; et la différence opposée ne s'y applique pas moins. (643a) Mais s'il n'est pas possible qu'une seule espèce de substance, indivisible et une, appartienne à des êtres d'espèce différente, et s'il doit y avoir toujours entre eux une différence, comme il y en a une, par exemple, de l'oiseau à l'homme ; car la qualité d'être bipède est autre et toute différente pour ces deux genres d'animaux, on aura beau faire de l'homme et de l'oiseau des animaux qui ont du sang, c'est alors le sang qui devrait être la différence entre eux ; mais ne faut-il pas reconnaître que le sang n'a rien à faire dans l'essence des êtres ? 5 Si le sang ne peut être pris pour différence, il ne restera plus que la seule et même différence pour les deux. Il faut donc conclure de ceci qu'il ne se peut pas que la privation constitue une différence. Les différences seront au même nombre que les individus-animaux ; et s'ils sont indivisibles, et que les différences le soient ainsi qu'eux, il n'y a plus de différence commune. 6 Mais s'il n'est pas possible qu'une différence commune soit en même temps indivisible, il est évident que, sous le rapport tout au moins de cette différence commune, certains animaux, tout en étant d'espèce différente, seront compris dans la même classe. Une conséquence nécessaire, si les différences sous lesquelles tombent toutes les espèces individuelles leur étaient particulièrement applicables, c'est qu'aucune de ces differences ne pourrait être commune. Sinon des animaux, tout en étant autres, rentreraient dans la même difference. Or, il ne faut ni qu'un être qui reste le même et qui est indivisible puisse aller d'une différence à une autre différence dans les divisions que l'on fait, ni que des êtres différents rentrent dans la même division ; mais il faut que tous soient compris dans ces différences sans distinction. 7 On voit donc clairement qu'on ne peut atteindre les espèces indivisibles avec la méthode qui consiste à diviser toujours par deux les animaux, ou tout autre genre d'objets ; car selon cette méthode, il faut nécessairement que les dernières différences soient en un nombre égal à celui de tous les animaux qui sont spécifiquement indivisibles. Ainsi, un certain genre étant donné dont les différences premières seraient la blancheur de certains êtres, l'un et l'autre membre de la division ayant encore d'autres différences, et ce procédé étant poussé ainsi jusqu'aux individus eux- mêmes, les dernières différences seront au nombre de quatre, Ou en tel autre nombre, en doublant toujours à partir de l'unité. Les espèces aussi seraient donc également nombreuses. 8 Mais la différence n'est que l'espèce dans la matière, puisque aucune partie de l'animal ne peut exister sans matière, pas plus que la matière ne peut exister toute seule. Un animal ne peut pas exister en ayant un corps fait au hasard et d'une façon quelconque, non plus qu'aucun de ses organes ne peut existera cette condition, ainsi que nous l'avons répété bien souvent. 9 Il faut encore que la division porte sur les éléments compris dans l'essence même et non pas sur de simples attributs de la chose en soi ; et par exemple, si ce sont les figures géométriques qu'on divise, il faut dire que les unes ont leurs angles égaux à deux droits, et que les autres les ont égaux à plus de deux ; car ce n'est qu'un attribut accidentel du triangle d'avoir ses angles égaux à deux angles droits. 10 On peut encore diviser par les opposés ; car les opposés sont différents les uns des autres, comme le sont le blanc et le noir, le droit et le courbe. Si tous les deux sont différents, l'opposé peut servir à la division ; mais l'on ne pourrait pas diviser si l'un des opposés était, par exemple, la natation, et que l'autre fût la couleur. 11. II faut dire en outre que les êtres animés ne peuvent pas être classés selon les fonctions qui sont communes au corps et à l'âme, ainsi qu'on le fait dans les divisions qui viennent d'être indiquées, quand on les classe en êtres qui marchent sur le sol et en êtres qui volent ; car il y a des genres où ces deux organisations se réunissent, et qui sont à la fois pourvus d'ailes et privés d'ailes, comme l'est le genre des fourmis. 12 Mais on peut encore moins diviser les animaux en animaux sauvages et en animaux privés ; car ici encore on semblerait séparer et diviser des espèces qui pourtant sont les mêmes, puisque tous les animaux privés peuvent tous à peu près se trouver aussi à l'état sauvage : hommes, chevaux, bœufs, chiens de l'Inde, porcs, chèvres, moutons. Chacun d'eux a beau recevoir un nom homonyme, il n'a pas cependant été classé séparément, et s'ils ne forment réellement qu'une seule espèce, le sauvage et le privé ne peuvent constituer une différence. 13 Voilà les conséquences où l'on aboutit nécessairement en ne divisant une différence quelconque qu'une seule fois. Ce qu'il faut essayer de faire au contraire, c'est de prendre les
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