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Vieille chanson du jeune temps, Lectures de Littérature française

Poème de Victor Hugo de 1831 dans le volume Les Contemplations: texte et analyse

Typologie: Lectures

2018/2019
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Téléchargé le 01/08/2019

Violette_Toulouse
Violette_Toulouse 🇫🇷

4.4

(83)

599 documents

Aperçu partiel du texte

Télécharge Vieille chanson du jeune temps et plus Lectures au format PDF de Littérature française sur Docsity uniquement! - 132 -      Vnh Ðào dolescents, nous avons connu un jour ou l'autre nos premières expériences amoureuses. Elles étaient, quelquefois, souvent même, désastreuses en raison de notre maladresse, notre inaptitude à comprendre et à saisir l'occasion qui se présentait. Elles laissent un souvenir amer, parfois des regrets qui ne s'estompent pas avec le temps. Mais, maigre consolation, cela n'est pas arrivé spécialement à nous, c'est une vieille histoire de ceux qui atteignent l'âge d'être amoureux. %    & '    ( Je ne songeais pas à Rose; Rose au bois vint avec moi; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. J'étais froid comme les marbres; Je marchais à pas distraits; Je parlais des fleurs, des arbres Son œil semblait dire: "Après ?" La rosée offrait ses perles, Le taillis ses parasols; J'allais; j'écoutais les merles, Et Rose les rossignols. Moi, seize ans, et l'air morose; Elle, vingt; ses yeux brillaient. Les rossignols chantaient Rose Et les merles me sifflaient. Rose, droite sur ses hanches, Leva son beau bras tremblant Pour prendre une mûre aux branches; Je ne vis pas son bras blanc. Une eau courait, fraîche et creuse, Sur les mousses de velours; Et la nature amoureuse Dormait dans les grands bois sourds. Rose défit sa chaussure, Et mit, d'un air ingénu, Son petit pied dans l'eau pure; Je ne vis pas son pied nu. Je ne savais que lui dire, Je la suivais dans le bois, La voyant parfois sourire Et soupirer quelquefois. - 133 - Je ne vis qu'elle était belle Qu'en sortant des grands bois sourds. "Soit; n'y pensons plus !" dit-elle. Depuis, j'y pense toujours. Victor Hugo Les Contemplations Victor Hugo écrivit ce poème en 1831, poème qui fut publié par la suite dans le premier tome des Contemplations, en 1855. Ce n'est pas une des compositions les plus connues de Hugo, mais son ton léger empreint d'une douce nostalgie en fait une œuvre plaisante à lire. C'est le récit d'une mésaventure qui peut arriver à bien de jeunes adolescents naïfs et maladroits ayant fait la rencontre de jeunes filles plus mûres et plus averties. C'est l'histoire d'une occasion manquée qui laisse des regrets amers. Le malheureux adolescent apparaît sous un jour peu flatteur tandis que la jeune fille resplendit dans son image de femme triomphante, initiatrice et finalement inoubliable. Le poète évoque le souvenir de sa rencontre avec Rose, de quatre ans son aînée - il avait seize ans et elle, vingt - et c'est rétrospectivement, en se remémorant sa mésaventure qu'il prit conscience de sa navrante naïveté. Il ne se rendait pas compte que le cadre de la promenade dans le bois était extrêmement propice mais, en raison de son inexpérience, il ne voyait rien. La beauté et le calme du paysage devraient inciter à toutes les hardiesses, mais il n'a pas su saisir l'occasion. La rosée offrait ses perles, Le taillis ses parasols… A mesure qu'ils s'aventuraient plus profondément dans le bois, le cadre idyllique devenait encore plus favorable et délivrait un message silencieux. La nature, calme et généreuse, invitait à l'amour. Mais il ne comprenait pas le message de la nature complice qui offrait tout ce qu'il fallait pour rendre l'occasion propice : Une eau courait, fraîche et creuse, Sur les mousses de velours; Et la nature amoureuse Dormait dans les grands bois sourds. Devant ce grand garçon décidément trop bête pour savoir profiter de l'occasion, Rose vient même généreusement à sa rescousse. Voyant son manque d'initiative, elle ne cesse de l'encourager discrètement, d'abord malicieusement par le langage des yeux : Je parlais des fleurs, des arbres Son œil semblait dire: "Après ?" Ne voyant rien venir, elle continue à lui envoyer des signes. Mais il ne comprendra toujours pas : Rose, droite sur ses hanches, Leva son beau bras tremblant Pour prendre une mûre aux branches Je ne vis pas son bras blanc.
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