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VOLTAIRE Ecritures p. 170, Examens de Philosophie

Voltaire, l'un des philosophes des Lumières les plus importants, a connu une vie ... 5) Critique de l'optimisme : Toute la philosophie se ramène ainsi à la ...

Typologie: Examens

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

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Télécharge VOLTAIRE Ecritures p. 170 et plus Examens au format PDF de Philosophie sur Docsity uniquement! 143 VOLTAIRE Ecritures p. 170 Voltaire, l’un des philosophes des Lumières les plus importants, a connu une vie mouvementée marquée par l’engagement au service de la liberté. Travailleur infatigable et prolixe, il laisse une œuvre considérable et très variée qui touche à tous les domaines, renouvèle le genre historique et donne au conte ses lettres de noblesse. Ses contes et romans les plus importants sont : ESSAIS HISTORIQUES 1731 : Histoire de Charles XII. 1752 : le Siècle de Louis XIV. 1753 : Annales de l’Empire. 1756 : Essai sur les mœurs et l’esprit des nations. 1759-1763 : Histoire de la Russie sous Pierre le Grand. THEATRE 1717 : Œdipe, tragédie. 1732 : Zaïre, tragédie. 1734 : Adelaïde du Guesclin, tragédie. 1735 : la Mort de César, tragédie. 1736 : Alzire, tragédie ; l’Enfant prodigue, comédie. 1741 : Mahomet, tragédie. 1743 : Mérope, tragédie. 1748 : Sémiramis, tragédie. 1749 : Nanine, comédie. 1759 : Tancrède, tragédie. 1760 : l’Écossaise, comédie. 1778 : Irène, tragédie. OUVRAGES PHILOSOPHIQUES 1734 : Lettres philosophiques 1738 : Éléments de la philosophie de Newton 1747 : Zadig 1752 : Micromégas 1759: Candide 1763 : Traité sur la tolérance. 1764 : Dictionnaire philosophique portatif. BIOGRAPHIE François-Marie Arouet est originaire d'un milieu bourgeois, son père était notaire. Il fait de brillantes études chez les jésuites de Louis-Le-Grand. Des vers irrévérencieux l'obligent à rester en province, puis provoquent son incarcération à la Bastille (1717). Une altercation avec le chevalier Rohan-Chabot le conduit à nouveau à la Bastille, puis le contraint à un exil de trois ans en Angleterre. Au contact des philosophes d'Outre-manche où la liberté 144 d'expression était alors plus grande qu'en France, il s'engage dans une philosophie réformatrice de la justice et de la société. De retour en France, Voltaire poursuit sa carrière littéraire avec pour objectif la recherche de la vérité et de la faire connaître pour transformer la société. Au château de Cirey, en Champagne, il écrit des tragédies ("Zaïre", "La mort de César"…) et, avec moins de succès, des comédies ("Nanine"). Il critique la guerre dans "L'Histoire de Charles XII" (1731) puis s'en prend aux dogmes chrétiens dans "Epîtres à Uranie" (1733) et au régime politique en France, basé sur le droit divin, dans "Lettres philosophiques" (1734). Des poèmes officiels lui permettent d'entrer à l'Académie Française et à la Cour comme historiographe du roi en 1746. Cependant "Zadig" l'oblige à s'exiler à Potsdam sur l'invitation de Frédéric II de Prusse, puis à Genève. Voltaire s'installe définitivement à Ferney, près de la frontière Suisse, où il reçoit toute l'élite intellectuelle de l'époque tout en ayant une production littéraire abondante. En 1759, Voltaire publie "Candide", une de ses œuvres romanesques les plus célèbres et les plus achevées. S'indignant devant l'intolérance, les guerres et les injustices qui pèsent sur l'humanité, il y dénonce la pensée providentialiste et la métaphysique oiseuse. Avec ses pamphlets mordants, Voltaire est un brillant polémiste. Il combat inlassablement pour la liberté, la justice et le triomphe de la raison (affaires Calas, Sirven, chevalier de la Barre...). En 1778, il retourne enfin à Paris, à l'Académie et à la Comédie Française, mais épuisé par son triomphe, il y meurt peu de temps après. Esprit universel ayant marqué le siècle des "Lumières", défenseur acharné de la liberté individuelle et de la tolérance, Voltaire a beaucoup de succès auprès de la bourgeoisie libérale. Il laisse une œuvre considérable. A cause de la censure, la plupart de ses écrits étaient interdits. Ils étaient publiés de manière anonyme, imprimés à l'étranger et introduits clandestinement en France. ………………………………………………………………………………………. THEMES FONDAMENTAUX …………………………………………………………………… 1) Nouvelle méthode historique : Voltaire a voulu que l'histoire soit philosophique, c’est- à-dire réelle : les faits doivent être exactement établis, contrôlés par la consultation des témoins oculaires et des documents écrits ; tout ce qui est contraire à la raison, à la vraisemblance et à la nature doit être écarté ; les récits légendaires et les miracles n'ont pas leur place dans une œuvre historique, sauf comme exemples de la crédulité et de l'ignorance des siècles passés. Les idées, la religion, les arts, les lettres, les sciences, la technique, le commerce, et ce que Voltaire appelle les « mœurs » et les « usages », occupent une place croissante : ils constituent la civilisation, dont Voltaire écrit l'histoire, 147 s’exprime dans la bienfaisance voltairienne, une des formes de l’activité de l’écrivain. 8) Tolérance et abolition de la peine de mort : En 1764, Cesare Beccaria publia sous le titre Dei delitti e delle pene (Des délits et des peines), dont le succès secoua l'Europe et déclencha une réforme profonde des institutions répressives. Son ouvrage développe une nouvelle logique du droit de punir qui doit être dégagé de toute considération religieuse ou morale et ne peut se fonder que sur la seule utilité sociale : « Pour qu’un châtiment produise l’effet voulu, il suffit qu’il surpasse l’avantage résultant du délit ». Il met en doute la légitimité de la peine de mort et constitue le socle fondateur de la pensée abolitionniste. Inspiré de la philosophie des Lumières et de ses réflexions critiques sur le système judiciaire et pénal, il condamne tout ce qui s’inspire d’un esprit de vengeance et peut sembler dicté par la loi du talion. Les peines doivent être proportionnées au délit, sans cruauté inutile. La peine de mort doit donc être écartée comme irréparable et excédant le droit qu’a la société de se défendre. De nombreux pays européens limiteront alors les cas d’incrimination passibles de la peine de mort. Léopold II abolit la peine de mort en Toscane en 1786, Joseph II la supprime en Autriche en 1787. L’ouvrage fut salué par Voltaire comme le « vrai code de l’humanité « et qu’il était le correspondant de Cesare Beccaria, l’un des premiers auteurs à avoir lancé le combat contre la peine de mort. Tout d'abord réticent quant à l'idée de rejoindre le parti abolitionniste, Voltaire publia tout d'abord œuvres sous couvert d’ironie attaquant plus la façon de pensée française de son époque que la peine capitale elle-même. ………………………………………………………….. 9) Ironie : L'ironie de Voltaire est libération de l'esprit et du cœur. : Micromégas est plus optimiste, Candide plus pessimiste. Mais dans tous, Voltaire s'est mis lui-même, totalement, assumant ses contradictions (car il est à la fois Candide et Pangloss) et les dépassant (car il n'est ni Pangloss ni Candide), répondant aux questions du monde qui l'écrase par une interrogation socratique sur ses expériences les plus profondes. Car l'ironie y est elle-même objet d'ironie. L'écrivain, en utilisant l'ironie, dit le contraire de ce qu'il pense pour se moquer de quelqu'un ou de quelque chose. Un décalage existe entre l'énoncé, que découvre le lecteur, et la pensée réelle de l'auteur. Pour comprendre le propos ironique, le lecteur doit identifier l'opinion dont l'auteur se moque. Il doit aussi identifier la pensée véritable de l'auteur. a) L'attaque. L'ironie affaiblit, détruit une opinion en la présentant comme dérisoire ou absurde. b) La déstabilisation. L'ironie déstabilise le lecteur. Elle le contraint à s'interroger sur la valeur d'une opinion ou d'une certitude. 148 c) L'adhésion. L’ironie vise non plus seulement les préjugés et la sottise, mais l'homme en général, être misérable et fragile, borné dans ses connaissances et dans son existence, sujet aux passions et à l'erreur, qui ne peut pas considérer sa condition sans éclater de rire. ………………………………………… OEUVRE La carrière littéraire de Voltaire se déroule autant sur la première partie du siècle que sur la seconde. Caractérisée par un relatif optimisme, la première partie apparaît comme une période de recherche et de formation. Dès le début, Voltaire s'intéresse à tous les domaines de la connaissance: science, philosophie, religion, histoire, politique, économie. Sa production est donc extrêmement riche et variée. Voltaire compose un long poème en vers, La Henriade (1728), où il célèbre les exploits d 'Henri lV qui a su établir la pacification après les guerres de religion. Pour la première fois, Voltaire exprime toute son horreur pour le fanatisme religieux : ce sera l'un des thèmes principaux de ses œuvres futures. Passionné aussi de théâtre, Voltaire écrit des tragédies en vers tout au long de sa vie. Racine est le modèle qu'il suit en respectant les règles classiques. Mais, dans ses sujets, Voltaire abandonne progressivement l'Antiquité pour choisir un cadre exotique, comme dans Mahomet (1742), ou médiéval, comme dans Zaïre (1732), tragédie inspirée d’Othello de Shakespeare, dont il connaît et apprécie l'œuvre pendant son séjour en Angleterre. Cette production en vers, qui de son vivant fait de Voltaire le plus grand poète d'Europe, tombe progressivement dans l'oubli. Ce sont, au contraire, ses contes, ses lettres et ses essais philosophiques qui feront de lui le maitre à penser de son époque LETTRES PHILOSOPHIQUES (1734)……………………………………………………………. En Angleterre, Voltaire commence à composer les Lettres anglaises intitulées ensuite Lettres philosophiques. Par cet ouvrage, qui sera condamné par le Parlement de Paris, Voltaire contribue à faire connaître en France ce pays d'outre-manche qui depuis longtemps fascine les écrivains français. Voltaire exprime son admiration pour tout ce qu'il voit en Angleterre: les institutions, d'abord, qui par leur nature et par leur esprit lui semblent garantir la liberté des individus et de la nation ; la liberté de religion et l'esprit de tolérance; l'évolution scientifique et la condition sociale des hommes de lettres. Voltaire est frappé aussi par le dynamisme économique de ce pays et par son pragmatisme qui s'opposent aux pesanteurs, à l'immobilisme et aux <<préjugés » qui discréditent en France, aux yeux de la noblesse, toute activité commerciale. En faisant l'éloge de ce pays qui paraît si 149 largement en avance par rapport à la France, Voltaire critique les usages français et invite ses contemporains à réfléchir sur la situation de la France. Avenir 1 p. 258 MOLTAIRE L'auto-da-fé Après le tremblement de terre qui avait détruit Les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n'avaient pas trouvé En moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel auto-da-fét, il était décidé par l'université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu?, en grande cérémonie, est En secret infaillible pour empêcher la tetre de trembler. On avait en conséquence saisi un Biscayen® convaincu d'avoir épousé sa commère“, et deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide, l'un pour avoir parlé, et l'autre pour avoir écouté avec un air d'approbation: tous deux furent menés Séparément dans des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquels on n’était jamais incommodé du soleil: Buit jours après ils furent tous deux revêtus d'un san-benitof, et on orna leurs têtes de mitres de papier”: la mitre £t Le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées, et de diables qui n'avaient ni queues ni griffes; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites, Ils marchèrent en procession Æinsi vêtus, et entendirent un sermon très pathétique, suivi d'une belle musique en faux-bourdonÿ, Candide fut Éssé? en cadence, pendant qu'on chantait; le Biscayen et les deux hommes qui n'avaient point voulit manger de Brd furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume, Le même jour, la terre trembla de mouveau avec un fracas épouvantable. Candide, épouvanté, interdit, éperdu, tout sanglant, tout palpitant, se disait à lui-même: «Si c'est ici le meilleur des æondes possibles, que sont donc les autres? Passe encore si je n'étais que fessé, je l'ai été chez les Bulgares!; mais, & mon cher Pangloss! Le plus grand des philosophes, faut-il vous avoir vu pendre, sans que je sache pourquoil Ô mon cher anabaptistel le meilleur des hommes, faut-il que vous ayez été noyé dans le port! Ô mademoiselle Gunégondel la perle des filles, faut-il qu'on vous ait fendu Le ventrel» E s'en retournait, se soutenant à peine, prêché, fessé, absous et béni, lorsqu'une vieille l'aborda, et lui dit: Mon Bis, prenez courage, suivez-mob. Candide ou l'optimisme (1759) M esecuzione della condanna al rogo di un accusato di eresia - 2, a fuoco lento - 3, originario della provincia di Biscaglia, nella garte nord della Spagna -4. comare. Il matrimonio tra padrino e madrina di uno stesso battezzato era allora proibito dalla Chiesa Æzttolica - 5, i due portoghesi si erano comportati come gli ebrei - 6, casacca rituale il cui colore indicava il tipo di condanna - 1. la mitra 8 il copricapo usato dai vescovi nelle cerimonie religiose. Le mitre di carta erano utlizzate come copricapi d'infamia = & &lsobordone, tipo di canto usato nelle cerimonie religiose - 9, frustato sul sedere - 10. à raccontato nel secondo capitolo @ Qui sont Les sages du pays? Pourquoi cet euphémisme de La part de Voltaire? À Par quelle périphrase Voltaire explicite-t:il La nature de l'auto-da-fé? D Qui sont Les victimes arrêtées et pour quels motifs sont-elles condamnées? Que veut insinuer Voltaire? @ Décrivez La cérémonie de l'auto-da-fé, Sur quels détails insiste Voltaire? MO Que se passe-t-il après l'auto-da-fé? Voltaire a choisi de rapporter l'événement avec une phrase très simple et à la fois très forte, Pourquoi? “O Comment Candide sort-i de l'épreuve? Quel procédé de style utilise Voltaire pour accentuer l'état de Candide? 152 153 LES CONTES………………………………………………………………………………………………..…………………………. MICROMEGAS (1752)…………………………………………………………………………….. Micromégas est un conte philosophique de Voltaire paru en 1752. Il est considéré (rétrospectivement) comme une des premières œuvres de science-fiction. Le conte décrit la visite de la Terre par un être venue d'une planète de l'étoile Sirius nommé Micromégas et de son compagnon de la planète Saturne. Il souligne la notion philosophique de relativité et contient une critique de la religion. Dans Micromégas (qui signifient « petit- grand»), écrit en 1739 mais publié en 1752, Voltaire raconte les aventures d'un géant de la planète Sirius. Arrivé sur Terre, il entre en relation avec les hommes qui lui paraissent minuscules (des << animalcules », des « petites mites »). Il les entend exposer leurs théories philosophiques, mais leur prétention de tout expliquer lui parait bien vaine. Montrant le peu de place que l'homme occupe dans l'univers, Voltaire veut donner une leçon de relativité.……………………………………………………………………………... Résumé : Un géant nommé Micromégas, exilé de sa planète: "Sirius" arrive sur Saturne. Il discute avec le secrétaire de l'Académie de Saturne et remarque la petitesse de cette planète et de ses habitants comparé à la sienne. Il discuta de beaucoup de choses importantes relevant de la philosophie. Puis, ces deux personnages partirent voyager ensemble. Ils s'arrêtèrent sur la TERRE. Au début, ils ne virent rien, mais avec des loupes, ils y parvinrent. Ils discutèrent avec des philosophes humains qui leur apprirent que la Terre n'était pas un paradis: partout des guerres et conflits. Après cela, Micromégas leur promit d'écrire un livre pour eux avant de reprendre son voyage. Il s'en alla avec les siens, mais son livre était vide, seulement des pages blanches. CANDIDE (1758) …………………………………………………………………………………. Candide est le plus célèbre conte de Voltaire. Voltaire y affronte la question du bonheur. Il critique l’optimisme et il dit que le monde est un chaos où règne le mal naturel (calamités) et humain (injustice). ………………………………………………………………….. Résumé: Chassé de son «paradis », un château en Westphalie, par le père de Cunégonde, Candide fait le tour du monde entrainé dans des expériences aventureuses souvent cruelles. Il connait la guerre, la tempête, le tremblement de terre, l'Inquisition et l'égoïsme des hommes. De l'Europe au Paraguay, de l'Eldorado, où règne le bonheur parfait, à Constantinople, le jeune homme, naïf et vertueux, s'efforce de croire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme lui a enseigné son maitre Pangloss (en grec, le tout-langue),un philosophe partisan de l'optimisme. Mais cette candeur finit 154 par céder aux épreuves. Candide retrouve Cunégonde et l'épouse, bien qu'elle soit devenue laide. Avec elle, il s'installe dans une ferme pour « cultiver son jardin ». Au fil des aventures de Candide, le lecteur aborde !es questions essentielles posées par les philosophes des Lumières, en particulier la recherche du bonheur. Traité sur un mode à la fois réaliste et burlesque, Candide est la réponse de Voltaire à l'optimisme des philosophes (CPR. Rousseau). La vision du monde qui se dégage est une vision douloureuse : le monde est un chaos où règnent le mal naturel inexplicable (le tremblement de terre) et le mal dont les hommes sont responsables (l'injustice, l'intolérance, la violence). Cette vision n'est pourtant pas désespérée et ne conduit pas à l'athéisme. Pour Voltaire, la seule réponse possible est une morale naturelle fondée sur la sagesse et la modération : « Il faut cultiver notre jardin. » Pour Voltaire l’unique possibilité est une morale naturelle : la force est dans l’homme, qui dit savoir vivre bien avec soi-même. Le jardin peut représenter le travail qui aide l’homme à rejoindre le bonheur ou bien le monde intérieur, où il faut que l’homme soit capable de vivre. .Devant les deux possibilités, « vivre dans les convulsions de l'inquiétude au dans la léthargie de l'ennui », Candide suit le conseil de Martin : << Travaillons sans raisonner. » C'est l'activité laborieuse qui produit le bonheur de l'homme, le seul qui lui soit accessible. En effet, s'il ne faut pas s'efforcer de comprendre le monde, on peut cependant espérer de l'améliorer par l'action. Le conte a ainsi rempli sa double mission : il a tourné en dérision bon nombre d'idées conventionnelles afin de donner tout son prix à la dernière ligne du texte qui propose une leçon de sages· se simple et concrète. L'argent est un grand thème à travers l'histoire de Candide. Mais parce que l'argent peut être une bonne ou une mauvaise chose, il est représenté de manières différentes. L’argent est une source de pouvoir, l’argent est une des causes du mal, L’argent cause l’appât du gain, L’argent est une source de corruption, et finalement, L’argent peut faire le bonheur. La guerre est un thème omniprésent dans Candide ou l"Optimisme. Il y a la guerre des Abares et des Bulgares, mais en réalité, Voltaire parle de la guerre entre La Prusse et La France, ou aussi appelée 'La guerre de Sept Ans' (1756-1763) La guerre nous est présentée comme un spectacle, comme une chose de magnifique. On l'observe à travers les yeux d'un garçon naïf, comme Candide. Voltaire s'oppose aux injustices et brutalités vers les femmes, les enfants, et les personnes innocentes qui souffrent sans raison. Dans Candide, la religion est utilise comme une manière de justifier des actes cruels et inhumains. Par exemple, quand Candide est chasse de la maison du baron, il rencontre 157 idées. Après une série d'épreuves, il finit par assimiler la civilisation dans ce qu'elle a de meilleur (éducation, savoir, tolérance) et devient un homme social. TRAITE SUR LA TOLERANCE (1763) ……………………………………………………… Au XVIIIe siècle, l'opinion se sensibilise aux excès et aux carences du système judiciaire. Le célèbre traité de Beccaria est traduit en français dès 1766 : Des délits et des peines témoigne du désir de mieux proportionner les châtiments aux délits, de supprimer la torture, de mieux définir le pouvoir des juges. Voltaire publie en 1766 ses commentaires de l'œuvre, inspirés par l'expérience de l'affaire Calas. Le Traité de Voltaire est le texte qui a le plus contribué à la prise de conscience de la part des milieux éclairés de la nécessité de réformer l'appareil judiciaire et ses procédures. En effet, Voltaire aide son public à comprendre les rouages d'une erreur judiciaire et propose une large réflexion sur !es conséquences du fanatisme. Caractérisé par une grande variété de tons (de l'ironie à l'éloquence) et de formes (lettres, maximes, dialogues, faits divers, exposés), le Traité s'élève à la fois contre l'athéisme de la doctrine dangereuse pour l'ordre social, et contre le fanatisme religieux : « Un athée qui serait raisonneur, violent et puissant, serait un fléau aussi funeste qu’un superstitieux sanguinaire. » Voltaire refuse donc !es « religions artificielles », celles qui imposent des dogmes et des rites. Il admet pourtant la nécessité pour les masses d'une « religion naturelle » qui croit en l'existence d'un Dieu créateur. << Telle est la faiblesse du genre humain >> : sans la crainte de Dieu, le peuple n'aurait plus aucune règle de conduite. Le texte a la forme d’une prière en apparence, en réalité le contenu de la demande du texte est adressé aux hommes. Le but de Voltaire est d’amener les hommes à une tolérance mutuelle sur le plan religieux et social. C’est un appel à la fraternité entre les hommes. C’est un texte qui développe également le déisme de Voltaire : condamnation de la hiérarchie et des pratiques religieuses qui divisent les hommes. Ce texte fait parti du combat qu’ont mené au 18ème Siècle les philosophes pour la tolérance et le respect entre les hommes. Il achève son ouvrage par une prière à Dieu, véritable manifeste déiste qui fait de la tolérance la plus haute des vertus Texte S; p- 169 Prière à Dieu Vue d'ensemble æ Voitaire s'adresse à Dieu (LL. 1-2) et Les phrases som injonctives. soit à l'impératif Caargnre, L. 5. etc-), soi au subjonctif (que... puissent. L. 30) pour formules des prières, qui sont autant de vœux pour La société. Lecture méthodique & L'homme apparaît ici dans sa faiblesse de créatus perdue dans l’immensité (L 2-3), dotée d'un deb corps.(L. 9-10), menant une we pénible et passager CL 8-9). semblable à un_atome Ç(L 13). Dieu, a contraire, est éternel CL. 5) et a tout créé CL. 4)- & Vottaire dit que l'existence humaine est déja assez pleine de maux, pour ne pas en créer d'autres pu l'intolérance; L'homme est déjà imparfait; Le de, Dieu, de l'univers et l'éternité. C'est l’idée de|fraternité entre des êtres de la méme espèce qui devrait l'emporter sur Les différences de coutumek, de couleur de peau. richesse, de religion: puissent tous Les FAOINTIIES SE souverir qu'ils sont frères! Le style > =) Voltaire fait ici La satire du clergé catholique et de son intolérance pour Les autres religions (notamment Le protestantisme). IL montre Les pratiques du Cut comme quelque peu stupides (Les cierges en pleis midi, Les aubes de toile blanche, l'emploi du Latin) il termine par une critique acerbe de La richesse des hauts membres du clergé qui, parce qu'iés posséder queiques fragments arrondis d'un certain métat dornirent sur une parcelle d'un petit tas de bou manifestent de l'orguert. b}> Pour montrer La faiblesse de l'être humain sur terres les commençant souvent : imperceptibles. débiles, Voltaire multiplie imparfaites. disproportionnées. IL use aussi de Ls périphrase pour présenter Les choses sous un angle par un préfixe négatif adjectifs synonvmes e# insuffisants, insenséess lecteur ne peut donc jamais entrer dans La fiction interventions. du narrateur rappellent qu'il s’agit bien d'une fiction. en même temps que Les personnages, puisqu'il ne connaît d'eux que ce qu'ils veulent bien dire à haute voix... IL est spectateur mais narrative, puisque Les Bb) Le lecteur avance surtout auditeur. IL avance aussi au rythme des interventions du marrateur: chaque fois qu'it croit L'histoire lancée, Le narrateur Le remet sur une autre voie- Le narrateur s'adresse à Lui sans cesse: vous voyez. lecteur.--- (Cl. 26). CT Synthèse vous faire attendre (CL 273. æ Le roman n'est pas une fiction narrative: Diderot se moque des romans d'aventures: l'action est toujours arrêtée au moment crucial. l'auteur fait sembler d'obéir à La vérité; mais en fait. ses deux personnages m'en sont pas: ils ne font que représenter deux thèses différentes sur La liberté ou Le déterminisme. Ce roman est plutôt un conte philosophique. nouveau et ridicule: l'aube devient une robe de toile blanche, le latin un jargon d'une ancienne langue et l'argent un certain métal. Les phrases sont amples et bâties sur les mêmes rythmes qui évoquent le style biblique et évangélique: à toi qui, fais que … et que... , que ceux qui. Le vocabulaire rappelle aussi La Bible: créatures, erreurs, aimer, grandeur, vanités. Synthèse © Voltaire semble sincèrement ému et réussit à 158 convaincre de la stupidité du racisme ou de l'intolérance. Cependant, la satire reprend le dessus dans la deuxième partie du texte et c'est Voltaire qui manifeste de l'intolérance: l'ironie et la raillerie font un peu oublier l'émotion du début. 159 DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE (1764) … C'est au cours d'un diner à la cour de Frédéric Il, à Berlin, que voit le jour l'idée d'un dictionnaire rédigé collectivement, recueillant les principaux arguments contre l'Église de Rome et contre le fanatisme religieux. Voltaire se met à l'ouvrage. Plus tard, installé à Ferney, il revient sur le projet du Dictionnaire. l est particulièrement motivé par son indignation devant la remontée de l'intolérance religieuse, comme le témoigne l'affaire Calas. << Écraser l'infâme >> (la religion révélée, l'absurdité des dogmes et l'exercice du pouvoir temporel de la religion catholique comme de toutes les religions portant au fanatisme) est désormais le mot d'ordre du vieux combattant que la seule évocation de l'inquisition fait entrer en fureur, qui a chaque année la fièvre le jour anniversaire de la Saint- Barthélemy. D'autre part, l'Encyclopédie déçoit Voltaire: l'ouvrage n'est pas assez militant, pas assez incisif. Il fera donc son propre Dictionnaire philosophique, et il le fera << portatif>>, témoignant ainsi de sa volonté de porter rapidement la pointe, d'emporter vivement l'adhésion. C'est ainsi que l'écriture elle-même mobilisera toutes les figures de style au service du combat philosophique. Le génie de Voltaire est d'aller vite, de toucher juste à travers l'éloquence, la passion l'ironie, l'humour, la satire, l'indignation, en utilisant toutes les formes, tous les types de textes au service de l'argumentation. 162 DENIS DIDEROT Ecritures p. 178 Denis Diderot est un écrivain, philosophe et encyclopédiste français. Diderot marque par sa culture, son esprit critique, sa puissance de travail et un certain génie. Jugée parfois comme peu cohérente et contradictoire, la pensée de Diderot présente au contraire une continuité profonde. Personnalité très éclectique, douée d'une verve exceptionnelle, Diderot offre une production extrêmement variée dans laquelle on reconnait l'attitude d'un homme qui ne cesse de s'interroger. Il laisse son empreinte dans l'histoire : il révolutionne le roman avec Jacques le Fataliste (1765), il invente la critique à travers ses Salons. Diderot est le maître et créateur de la célèbre Encyclopédie (1772), qui est une œuvre qu’il dirige avec D’Alembert. L’Encyclopédie est une sorte de synthèse de l’esprit des Lumières. Elle contient 60600 articles sur les sciences, arts, philosophie. L’objectif est d’améliorer la culture de tous les hommes et de former une capacité critique dans tous les lecteurs. BIOGRAPHIE Né à Langres et fils d'un maître coutelier, Denis Diderot suit ses études chez les Jésuites, puis au lycée Louis-Le-Grand et devient maître ès Art en 1732. Il mène jusqu'à son mariage, en 1743, une vie de bohême qui lui fait perdre la foi. Pendant cette période, il fait la connaissance de Jean-Jacques Rousseau. Dans ses "Pensées Philosophiques" (1746), Diderot plaide pour une religion naturelle. Se montrant trop libéral par rapport à la religion et aux "mystères", il est condamné par l'Eglise. En 1747, il est chargé par le libraire Le Breton de diriger avec d'Alembert les travaux de l'Encyclopédie. La "Lettre sur les aveugles et à l'usage de ceux qui voient" (1749) provoque son incarcération au château de Vincennes pendant trois mois. Pour Denis Diderot, le seul critère auquel répond la connaissance est l'expérience. Il défend l'idée qu'il n'y a qu'une seule substance, la matière, et que le processus de passage du minéral à la vie est continu. Cette théorie peut être considérée comme une intuition du transformisme de Lamarck. Après sa libération, Diderot se consacre entièrement et pendant plus de vingt ans à la réalisation de l'Encyclopédie, véritable travail d'éditeur, qui lui assure la notoriété. Le premier volume est publié en 1751 et le dernier en 1772. En parallèle à l'Encyclopédie, Diderot poursuit son œuvre littéraire tout en menant une vie éclectique et tumultueuse. Ses 163 romans, ses critiques et ses essais philosophiques, dont une grande partie ne sera publiée qu'après sa mort, montrent le souci de définir la véritable nature de l'homme et sa place dans le monde. Diderot propose une morale universelle assise, non pas sur Dieu, mais sur les sentiments naturels de l'homme et sur la raison. Sa santé étant fragile, Diderot ralentit ses publications à partir de 1776 et meurt en 1784. Principales œuvres : Pensées philosophiques (1746) Promenade du sceptique (1747) Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient (1749) Pensées sur l'interprétation de la nature (1753) La Religieuse (1760) Le Neveu de Rameau (1762) Le rêve de D'Alembert (1769) Jacques le fataliste (1771) Essai sur la vie (1778) THEMES FONDAMENTAUX………………………………………………………………….… - Sciences comme explication du monde : Diderot préfère à l'évidence cartésienne la certitude expérimentale. La philosophie doit s'inspirer des sciences. Les sciences s'éclairent par des théories qui sont, pour le philosophe, une recherche des principes constituant certes une métaphysique, mais une métaphysique sans Dieu ni âme qui recherche les principes constitutifs du monde et de la nature (et donc de l'expérience). - Athéisme : selon Diderot, à différence des autres philosophes, Dieu n’existe pas. Il est athée : l’homme et la nature sont la production des molécules. Le monde est un tout matériel. La nature se réduit à une seule substance matérielle (d'où le terme de "monisme matérialiste, du grec monos qui veut dire "seul"). La matière, sans vide, est constituée de molécules hétérogènes (il n'y en a pas deux d'identiques). Le mouvement est essentiel à la matière c'est à dire qu'elle se meut d'elle-même sans avoir besoin d'une impulsion divine (cette thèse s'oppose aux déistes). Le matérialisme renverse l’affirmation que la pensée détermine l’existence. Donc Diderot s’oppose fortement à Pascal et semble anticiper le « je suis donc Je pense » de Sartre. La pensée est une des fonctions du corps parmi d’autres. La nature et la nature humaine existent sans Dieu, elles n’ont pas besoin de lui ni comme créateur ni comme conservateur. ………………………………………… - Matérialisme : L’homme fait partie de la grande chaîne des causes et des effets de la production et reproduction de la matière. La grande hypothèse de Diderot, c’est celle de la matière sensible. Une profonde parenté chimique existe entre le règne animal, le règne 164 végétal et la matière inerte. Il ne faut donc pas opposer l'inanimé au vivant ou l'âme au corps. Les molécules sont, d'une certaine façon, vivantes. S'assemblant au hasard, durant l'infinité des siècles, elles forment les organismes. La sensibilité morte des molécules devient sensibilité vive. De la pierre à l’homme pensant, tout est constitué par des molécules de matière qui peuvent sentir : il suffit qu’elles se trouvent dans des organisations telles que leur sensibilité peut s’exprimer. Dans la pierre, la sensibilité est empêchée. Mais si on brise une statue, qu’on l’incorpore à de la terre, qui nourrit une plante, si cette plante est mangée par un animal et cet animal par nous ; alors dans le processus de la digestion nous allons nous régénérer grâce à ses molécules, en faire notre propre chair. Or, sous forme de pierre ou de chair humaine, ce sont toujours les mêmes molécules. ……………………………………………………………………………. - Attaque au Christianisme : Diderot combat, on le sait assez, la conception chrétienne de la nature et de la nature humaine. Le problème des thèses chrétiennes sur l’homme et la nature est qu’elles ne permettent de comprendre ni l’homme, ni la nature. La religion chrétienne ne résout pas, qu’il s’agit là d’une vision illusoire, imaginaire, destinée à nous plaire et nous consoler. …………………………… ---- -L’homme est prisonnier de son corps : Pour les théologiens, l’homme est un composé de deux substances : un corps, qui est une substance matérielle, et une âme, qui est une substance spirituelle. Pour Diderot, il est clair que l’idée de l’âme est une idée vide de correspondant réel ; elle n’existe pas ailleurs que dans notre imagination. C’est donc le corps qui commande le corps (CPR. Rabelais). ……………………………………………… -La sensualité est une pulsion incontrôlable : L’homme est en apparence un être libre qui décide de ce qu’il veut et doit diriger librement sa vie. En opposition à la chasteté, il soutient que l’homme est un être sensible qui cherche le bonheur, mais qu’il est naturellement porté vers le sexe, en raison de son instinct de conservation et de plaisir. Il n’y a là ni pure liberté ni pure volonté : l’homme est esclave de ses besoins physiques, en étant de la matière vivante. Un pas de plus encore, et on peut envisager que, de même qu’il y a des corps naturellement plus résistants que d’autres à la maladie ou la fatigue, ou des organes qui fonctionnent plus ou moins bien. -De la philosophie à la physiologie humaine : Le corps peut être considéré à la fois comme le sujet et l’objet de la philosophie de la nature humaine. Il est philosophe et philosophique. Mais on peut peut-être aller plus loin encore, et trouver dans la physiologie humaine les normes de la morale et de la politique. Si nous sommes des corps en effet, 167 prouver l'existence de Dieu, les merveilles de l'univers, n'a pas de sens pour les aveugles. Il parvient ainsi à la conclusion que les sens déterminent la morale et les idées des individus et il donne une explication évolutionniste du monde. Selon lui, il n'y a ni Dieu ni âme: la nature est le produit d'un assemblage fortuit de molécules; l'homme n'est qu'un hasard de cette nature en perpétuel mouvement. ……………………….. LE REVE DE D’ALEMBERT (1769)……………………….. …… Dans Le Rêve de d'Alembert (1769), le philosophe précise que la matière peut se transformer grâce à la sensibilité, qui est une << qualité générale et essentielle de la matière >>. Dans cette vision déterministe, l'homme, réduit à son corps, ne saurait être qu'une machine mue par des forces qui lui sont extérieures. Mais si l'homme n'est pas libre, il n'a plus aucune responsabilité et échappe au bien et au mal (Lettre à Landois, 29 juin 1759). Et si le monde change à chaque instant, quelle valeur a la pensée de l'homme? Est-elle inutile? La raison et le cœur de Diderot protestent contre de telles conclusions. Toute une part de sa réflexion vise donc à expliquer le passage de la matière sensible à la matière << pensante >> (l'homme) et à mettre en relief les capacités qui distinguent l'homme des autres êtres vivants. Diderot donne une explication de type physiologique: tout dépend de l'organisation particulière du système nerveux humain. Grâce à ce système fortement centralisé, l'homme n'est pas abandonné à l'anarchie de ses sensations et de ses émotions, mais possède la capacité de !es contrôler. Tout est en un flux perpétuel… Tout animal est plus ou moins homme ; tout minéral est plus ou moins plante ; toute plante est plus ou moins animal. Il n’y a rien de précis en nature… Le ruban du père Castel… Oui, père Castel, c’est votre ruban et ce n’est que cela. Toute chose est plus ou moins une chose quelconque, plus ou moins terre, plus ou moins eau, plus ou moins air, plus ou moins feu ; plus ou moins d’un règne ou d’un autre… Donc rien n’est de l’essence d’un être particulier… Non, sans doute, puisqu’il n’y a aucune qualité dont aucun être ne soit participant… et que c’est le rapport plus ou moins grand de cette qualité qui nous la fait attribuer à un être exclusivement à un autre… Et vous parlez d’individus, pauvres philosophes ! laissez là vos individus ; répondez-moi. Y a-t-il un atome en nature rigoureusement semblable à un autre atome ?… Non… Ne convenez-vous pas que tout tient en nature et qu’il est impossible qu’il y ait un vide dans la chaîne ? Que voulez-vous donc dire avec vos individus ? Il n’y en a point, non, il n’y en a point… Il n’y a qu’un seul grand individu, c’est le tout. Dans ce tout, comme dans une machine, dans un animal quelconque, il y a une partie que vous appellerez telle ou telle ; mais quand vous donnerez le nom d’individu à cette partie du tout, c’est par un concept aussi faux que si, dans un oiseau, vous donniez le nom d’individu à l’aile, à une plume de l’aile… Et vous parlez d’essences, pauvres philosophes ! laissez là vos essences. Voyez la masse générale, ou si, pour l’embrasser, vous avec l’imagination trop étroite, voyez votre première origine et votre fin dernière… Qu’est-ce qu’un être ?… La somme d’un certain nombre de tendances… Est-ce que je puis être autre chose qu’une tendance ?… non, je vais à un terme… Et les espèces ? Les espèces ne sont que des tendances à un terme commun qui leur est propre… Et la vie ? La vie une suite d’actions et de réactions… Vivant, j’agis et je réagis en masse… mort, j’agis et je réagis en molécules… Je ne meurs donc point ? Non, sans doute, je ne meurs donc point en ce sens, ni moi, ni quoi que ce soit… Naître, vivre et passer, c’est changer de formes… 168 Cette œuvre témoigne l'impact de la biologie sur la pensée de Diderot : il se développe une démonstration convaincante, dont la thèse centrale plaide en faveur de l'unité de la matière. Avec "circulent" et "flux perpétuel", le mouvement et la durée refusent les frontières entre chaque strate du vivant et font percevoir la solidarité générale de tous les organismes. "Tout animal est + ou - homme ; tout minéral est + ou - plante ; toute plante est + ou - animal." : cette juxtaposition des "espèces" se convertit en une perméabilité universelle de la matière qui assimile les êtres dans un unique mouvement de régénération et de transformation permanente. Et c'est une apologie de l'indétermination qu'il s'agit, quand d'Alembert fusionne les 4 règnes (minéral, végétal, animal) et les 4 éléments (terre, eau, air, feu) qui divisaient normalement la matière. Il y a critique radicale de la notion d'individu à laquelle se livre ensuite le rêveur. Et pour dénoncer l'absurdité de la notion classique d'individu, Diderot soutient que rien n'est immuable ni éternel SUPPLEMENT DU VOYAGE DE BOUGAINVILLE (1772) Avenir 1 p. 269 Dans le Supplément du Voyage de Bougainville (1772), mettant en relief le problème de la relativité des coutumes, il met en cause certaines institutions comme le mariage et pose le problème de la liberté sexuelle. Dans ce texte, Diderot souligne l'opposition entre deux nations, les qualités des Tahitiens devant les défauts de la culture blanche. Nous verrons en quoi ce discours présente les méfaits de la civilisation, fait un éloge de la vie naturelle et sur quoi repose sa force oratoire. L'action du Supplément se situe à Tahiti. Un personnage nommé B, porte-parole de Diderot, dialogue avec A. Il parle de la supériorité du « bon sauvage » tahitien qui vit heureux selon les lois de la nature, alors que les hommes « civilisés », soumis au « code des nations », sont malheureux. 169 Mais il ne souhaite pas une subversion de la société et à la fin du dialogue il déclare: « Nous parlerons contre les lois insensées jusqu'à ce qu'on les réforme; et, en attendant, nous nous y soumettrons. » Comme pour son « frère ennemi » Rousseau, l'image du peuple primitif et innocent n'est pas une simple évasion mentale, mais l'occasion d'une réflexion critique, sur les conventions et les abus présents qui vont contre nature. LES ROMANS ET LES DRAMES ……………………………………………… La conception esthétique de Diderot est étroitement liée à sa réflexion philosophique. Dans ses écrits théoriques sur le théâtre, rédigés entre 1757 et 1773, Diderot précise les caractéristiques d'un nouveau genre théâtral, le drame, fondé sur le pathétique de la vie quotidienne, source d'impressions fortes. Mais l'acteur ne doit pas éprouver les passions qu'il exprime; au contraire, il doit dominer sa sensibilité, garder son sang-froid, pour mieux étudier l'expression des émotions et ensuite les reproduire. De même, le peintre ne doit pas s'abandonner à son imagination : il doit dominer ses émotions afin de donner l'unité à son œuvre en équilibrant enthousiasme et raison. Dans ses Salons, Diderot fait des descriptions assez précises des tableaux qu'il analyse : il apprécie le réalisme de Chardin et la sensibilité de Greuse ; il critique l'immoralisme des nus de Boucher car la peinture doit « inspirer la vertu «. Indifférent aux genres traditionnels, Diderot est constamment à la recherche de modes d'expression nouveaux. Dans ses œuvres, parfois difficilement classifiables, le dialogue occupe une place privilégiée : Diderot a besoin de s'inventer un interlocuteur pour fixer ce mouvement de recherche et d'interrogation qui le conduit avec son interlocuteur, et avec ses lecteurs, vers une conclusion toujours problématique. LA RELIGIEUSE (1760) …………………………………………………………………….. Résumé: Suzanne, une des trois filles de la famille Simonin, est rejetée par ses parents: sans doute est-elle le fruit d'un adultère. Voyant que le promis de sa sœur aînée s'intéresse à elle, car elle est belle et spirituelle, contrairement à ses deux sœurs, elle l'avoue à sa mère qui la place dans un couvent. Une fois ses deux sœurs mariées, elle espère en sortir, mais ses parents décident de lui faire prendre le voile. Malgré ses réticences, en proie aux conseils insidieux de la mère supérieure, elle accepte de devenir novice. Vient le moment de confirmer ses vœux. Pour s'attacher un protecteur, le marquis de Croismare, elle entreprend ses mémoires. ………………………………………… L'histoire originale est celle d'une religieuse du couvent de Longchamp, Marguerite Delamarre, dont tous les salons parisiens parlèrent beaucoup en 1758, lorsqu'il fut connu qu'elle avait écrit à la justice pour demander qu'on la délivra du cloître où ses parents 172 JACQUES LE FATALISTE (1765) …………………………………………………………… Résumé : Le « roman » de Diderot a deux personnages principaux, Jacques et son maître, également curieux et diserts, qui voyagent sans but apparent. Ils s'arrêtent volontiers en route, reviennent sur leurs pas, tentent toutes les aventures qui se présentent à eux. Ils sont toujours prêts, dans une conversation à bâtons rompus, à raisonner de tout, de l’art ou de l’inéluctable enchaînement des causes et des effets. Pendant leur voyage, les deux parlent ensemble des différentes choses. Ils se racontent des histoires de leurs propres vies ou de leur entourage. Ils rencontrent quelques personnes avec lesquelles ils ont des discussions très intéressantes, de la vie humaine en particulier. Jacques pense que l’homme est seulement un composé de matière, « écrit sur un grand rouleau et l’homme lui-même ne peut pas du tout le changer ». - Le maître est tout à fait le contraire de Jacques. Il croit par contre en l’importance de l’homme. Il pense que tout être humain ou animal fait partie de l’équilibre de la nature. L'auteur intervient souvent pour réfléchir sur ses personnages et sur leur conduite, pour nous faire part de ses hésitations sur ce qu'il leur fera dire ou faire. Pour distraire son maître, Jacques a entrepris de lui raconter l'histoire de sa vie et de ses amours, mais son récit est sans cesse arrêté par les réflexions de son maître ou encore par ses propres digressions philosophiques. Dans la suite chaotique des aventures de Jacques s'insèrent d'autres récits : histoire des amours du marquis des Arcis, aventure d'un moine défroqué, vie et aventures de M. Desglands… Jacques le Fataliste (1765) est l'œuvre littéraire la plus intéressante tant pour les idées exprimées que pour l'originalité de la construction. Le roman est construit selon quatre niveaux de narration : 1) le récit du voyage de Jacques et de son maitre et leur dialogue sur le fatalisme et la liberté ; 2) « le récit des amours de Jacques; 3) le dialogue de l'auteur avec le lecteur sur le genre romanesque ; 4) deux récits incorporés et de nombreuses anecdotes. À la fin, Jacques est jeté en prison à la suite d'une rixe. Diderot rejette : 1) les contes d’amour : Si l’auteur nous fait des contes d’amour, c’est pour les parodier. « Toutes vos nouvelles sont des contes d’amour. » 2) le portrait et la lettre. Ainsi on ne connaît pas les lettres qui figurent dans ces contes d’amour, au nom du vrai. De même, Diderot dénigre les portraits, 3) le roman d’aventures : de même Diderot en démonte les procédés et met en évidence leurs ficelles, coïncidences, événements rocambolesques avant l’heure, pour les dénoncer, dont il critique la fausseté 4) le roman picaresque : Jacques et son maître évoquent Don Quichotte et Sancho. 5) le roman historique pour l’imprécision temporelle absolue. Voilà pourquoi on peut définir Jacques le fataliste comme un 173 « antiroman», parce qu’il est en effet un roman expérimental caractérisé par le refus des conventions romanesques et par le refus du rôle omniscient du romancier. Jacques le fataliste et son maître est un roman complexe, déconcertant et déroutant par ses digressions, qui s’inspire à la Vie et opinions de Tristam Shandy de Laurence Sterne. Il raconte des voyages sans fins et des faits paradoxaux. Jacques le Fataliste est un antiroman : Diderot ne raconte rien ; il dit que Jacques racontera ses amours, mais il ne les raconte jamais et le narrateur dira au lecteur de les imaginer et de les inventer. Il y a plusieurs interruptions d’un narrateur exaspérant et omniprésent. Le narrateur n’a rien à raconter ! Le roman est dialogue sur le néant: le dialogue entre Jacques et son maitre est sur le néant…le roman ne raconte rien et le lecteur est appelé en cause du narrateur Diderot invite le lecteur à terminer l'histoire des amours et propose lui-même trois dénouements possibles. L'essentiel du récit se présente sous forme de conversation (comme un dialogue théâtral) que le narrateur interrompt pour introduire des réflexions à la première personne. Mal accueilli par les critiques de son temps à cause de sa complexité, le roman apparait aujourd'hui dans toute sa modernité et sa richesse. Diderot : Jacques le fataliste Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut. LE MAÎTRE: C'est un grand mot que cela. JACQUES: Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d'un fusil avait son billet. LE MAÎTRE: Et il avait raison... Après une courte pause, Jacques s'écria: Que le diable emporte le cabaretier et son cabaret! LE MAÎTRE: Pourquoi donner au diable son prochain ? Cela n'est pas chrétien. JACQUES: C'est que, tandis que je m'enivre de son mauvais vin, j'oublie de mener nos chevaux à l'abreuvoir. Mon père s'en aperçoit; il se fâche. Je hoche de la tête; il prend un bâton et m'en frotte un peu durement les épaules. Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy; de dépit je m'enrôle. Nous arrivons; la bataille se donne. LE MAÎTRE: Et tu reçois la balle à ton adresse. JACQUES: Vous l'avez deviné; un coup de feu au genou; et Dieu sait les bonnes et 174 mauvaises aventures amenées par ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d'une gourmette. Sans ce coup de feu, par exemple, je crois que je n'aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux. LE MAÎTRE: Tu as donc été amoureux ? JACQUES: Si je l'ai été! LE MAÎTRE: Et cela par un coup de feu ? JACQUES: Par un coup de feu. LE MAÎTRE: Tu ne m'en as jamais dit un mot. JACQUES: Je le crois bien. LE MAÎTRE: Et pourquoi cela ? JACQUES: C'est que cela ne pouvait être dit ni plus tôt ni plus tard. LE MAÎTRE: Et le moment d'apprendre ces amours est-il venu ? JACQUES: Qui le sait ? LE MAÎTRE: A tout hasard, commence toujours... Jacques commença l'histoire de ses amours. C'était l'après-dîner: il faisait un temps lourd; son maître s'endormit. La nuit les surprit au milieu des champs; les voilà fourvoyés. Voilà le maître dans une colère terrible et tombant à grands coups de fouet sur son valet, et le pauvre diable disant à chaque coup: "Celui-là était apparemment encore écrit là-haut..." Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu'il ne tiendrait qu'à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu'il me plairait. Qu'est-ce qui m'empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? d'embarquer Jacques pour les îles ? d'y conduire son maître ? de les ramener tous les deux en France sur le même vaisseau ? Qu'il est facile de faire des contes! Mais ils en seront quittes l'un et l'autre pour une mauvaise nuit, et vous pour ce délai. Unité 11 - Diderot 1. VIE. Choisissez la bonne réponse. 1 Diderot a beaucoup travaillé à l'Encyclopédie, à partir de [a]1746 [b]1764 [bj17es. 2 1lya travaillé pendant [a] cinquante (b] trente vingt années de sa vie. 3 Il est condamné pour avoir parlé de son athéisme dans la Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui [ane voient pas [b] voient [c]parlent. 4 Il a écrit tout au long de sa vie, mais beaucoup de textes ont été publiés seulement après sa [a]mort b] renommée confirmation. 5 Il est passé du théâtre, au roman - Jacques le Fataliste -, aux ouvrages philosophiques, jusqu'à [a]des poèmes [b]des notes des réflexions esthétiques. 6 Sur le théâtre, il a écrit une réflexion théorique, le Paradoxe sur [alle théâtre [b]le comédien les planches. 7 la écrit aussi un roman sur [a June chanteuse b] une religieuse [e] un prêtre. 8 llest mort à El soixante et onze ans b] soixante et un an soixante ans. 177 2. EXTRAITS. Choisissez la bonne réponse ; si ce n'est pas la bonne réponse, corrigez-la. 1 Pour Diderot, la liberté est un présent du ciel et toute autorité est une convention. L'autorité paternelle a ses concessions à l'autonomie de l'enfant. En ce qui concerne les autres types d'autorité, si elle prise par la force, elle n'est qu'une usurpation (...). ..) si elle naît d'un consentement entre les hommes, elle permet le bien commun et le progrès de la société. Dans Prenez garde aux blancs, le vieillard est le symbole du refus de la civilisation américaine. 1! voit déjà la fin des Tahitiens dans l'alcool. Dans son discours à Bougainville, il dénonce les mérites des colons et leurs impositions : le pays est aux indigènes. M 178 JEAN-JACQUES ROUSSEAU Ecritures p. 186 Jean-Jacques Rousseau est un écrivain, philosophe suisse de langue française. Rousseau occupe une place unique dans la société et dans la pensée de son siècle. Par son œuvre, il s'inscrit dans la réflexion philosophique des Lumières, mais il se détache du « parti philosophique » pour exprimer sa méfiance à l'égard du rationalisme et du progrès. D'où son isolement et sa solitude (parfois recherchée, parfois imposée) qui ne l'empêchent pas d'élaborer avec vigueur et cohérence un système de pensée qui influencera, plus que tout autre, les hommes de la Révolution et qui ouvrira des voies nouvelles à la littérature. Il est l'un des plus illustres philosophes du siècle des Lumières, Ses œuvres principales sont : La nouvelle Héloïse (1762) qui est un grand succès, puis coup sur coup Du contrat social (1762) et 'Émile ou de l’éducation. Son politique dans Le Contrat social inspire la Révolution Française. Avec l’Emile, il fonde la pédagogie moderne. BIOGRAPHIE Né à Genève dans une famille calviniste, Jean-Jacques Rousseau, qui est orphelin de mère, est abandonné par son père à l'âge de 10 ans et élevé par son oncle. Son éducation se fait au gré de ses fugues, de ses errances à pied, et de ses rencontres, en particulier Mme de Warens. Sa maîtresse et bienfaitrice qui influencera son œuvre s'attache à parfaire son éducation. En 1741, Jean-Jacques Rousseau devient précepteur des enfants de Mme de Mably à Lyon. Passionné de musique, il élabore un système de notation musicale qui ne rencontre pas le succès espéré à Paris. Après un séjour à Venise, il retourne à Paris et se lie d'amitié avec Diderot qui lui demande d'écrire des articles sur la musique pour l'Encyclopédie. Jean-Jacques Rousseau vit en ménage avec Thérèse Levasseur, modeste servante, avec laquelle il a cinq enfants. Ne pouvant les élever correctement, il les confie aux Enfants-trouvés, ce que lui reprocheront plus tard ses ennemis. Jean-Jacques Rousseau acquiert la gloire en 1750 avec son "Discours sur les sciences et les arts". Il y prend comme hypothèse méthodologique ce qui va devenir le thème central de sa philosophie : l'homme naît naturellement bon et heureux, c'est la société qui le corrompt et le rend malheureux. Il réfute ainsi la notion de péché originel. Jean-Jacques Rousseau retourne dans sa patrie d'origine en 1754. Après un séjour chez Mme d'Epinay, il est recueilli à Montmorency en 1757 par le maréchal de Luxembourg et 179 va y passer les années les plus fécondes de son existence. Son œuvre principale, "Du contrat social", analyse les principes fondateurs du droit politique. Pour Rousseau, seule une convention fondamentale peut légitimer l'autorité politique et permettre à la volonté générale du peuple d'exercer sa souveraineté. Il va plus loin que Montesquieu et Voltaire dans la défense de la liberté et de l'égalité entre les hommes, en proposant un ordre naturel qui concilie la liberté individuelle et les exigences de la vie en société. Le "Contrat social" a inspiré la Déclaration des Droits de l'Homme et toute la philosophie de la Révolution. Dans "L'Emile ou l'Education", Jean-Jacques Rousseau soutient que l'apprentissage doit se faire par l'expérience plutôt que par l'analyse. Il y professe également une religion naturelle, sans dogme, par opposition à la révélation surnaturelle, ce qui lui vaut d'être condamné en 1762 par le parlement de Paris. Il se réfugie alors en Suisse puis en Angleterre où il est hébergé par David Hume avec lequel il se brouille rapidement. Il revient en France en 1769. Critiqué par les philosophes et attaqué par Voltaire (qui se moque de sa théorie où la société dénature l'homme), Jean- Jacques Rousseau se sent persécuté. Il tente de se défendre et de s'expliquer dans "Les Lettres écrites de la montagne" et les "Confessions". Attisée par Voltaire, la population va même jusqu'à lapider sa maison et brûler ses livres. Les dernières années de sa vie se passent à Ermenonville dans la maladie et l'isolement. Principales œuvres : Discours sur les sciences et les arts (1750) Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755) Discours sur l'économie politique (1755) Julie ou la Nouvelle Héloïse (roman, 1761) Du contrat social (1762) L'Emile ou De l'éducation (1762) Lettres écrites de la montagne (1764) Les Confessions (1665-1770, publié en 1782) Pygmalion (1770) Rousseau, juge de Jean-Jacques ou Dialogues (1772-1776 publié en 1780) Les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778, publié en 1782) THEMES FONDAMENTAUX………………………………………………………………… ----- -La nature comme refuge : La nature est un refuge : la vie à la campagne est une vie paisible et authentique. Elle s'oppose à la vie mondaine, frivole, agitée, mensongère : Rousseau élève Émile loin de la ville. L'individu s'abandonne à l'influence apaisante du paysage. Le cadre naturel restitue à l'individu son unité intérieure et fait vibrer le simple sentiment de l'existence. C'est au cours de longues promenades au bord de l'eau que Rousseau oublie l'hostilité du monde. 182 publication du Contrat social (1762). Les grandes idées que Rousseau a exprimé dans ses livres peuvent se résumer ainsi : A) L’homme est né libre et bon, c’est la société qui l’a corrompu. B) La naissance du droit de propriété est la source de tous les maux. C) Les inégalités se créent avec le pouvoir des possédants, des riches contre les pauvres. Rousseau condamne la tyrannie de l'absolutisme royal ou tout autre pouvoir autoritaire et arbitraire. - Entre déisme et panthéisme : Rousseau est, certes, contre le dogmatisme catholique et sa religion n'a rien de cléricale. Il admet trois dogmes : 1) L'existence de Dieu; 2) l'immortalité de l'âme; 3) la liberté de l'homme. Rousseau prône une « religion naturelle » qui se vit par l'expérience individuelle et qui ne repose pas sur une tradition écrite. Rousseau (CPR. Voltaire) rejette la plupart des événements surnaturels (prophétie, miracles) et affirme en général que Dieu (ou « l'Architecte suprême »). Son Dieu n'a rien à voir avec l'horloger de Voltaire. Ce n'est pas la vision intellectuelle de Dieu mais l'exigence d'un rapport interpersonnel de Dieu et soi-même par une sorte de présence immanente : " Dieu plus intime à moi-même que moi-même ", comme disait Saint Augustin. Ceci est dans la droite ligne de la conscience. Ici aussi, le cœur, la conscience me permet d'affirmer que Dieu existe parce que j'en suis intimement persuadé. Chez Rousseau existe une importance du regard et surtout de la parole de Dieu. En effet, nous sommes sous le regard de Dieu, alors que nous nous contentons de paraître sous le regard des autres hommes. Dieu peut voir dans moi et ma vie intérieure est de l'ordre de l'être. Ce n'est que par rapport aux autres hommes que je parais. Pour Rousseau on peut aussi parler d’un Déisme qui s’unit avec le Panthéisme, parce qu’il retrouve Dieu aussi dans la nature. ………………………………………………………………………. – Pédagogie de la nature. Dans l’Emile Rousseau fonde la pédagogie moderne. Rousseau propose avec Emile ou de l’éducation un projet éducatif révolutionnaire pour son temps. A son époque l’éducation relevait de systèmes anciens qu’il jugeait inadaptés pour mener l’homme vers le progrès et l’émancipation avec l’esprit critique. La grande innovation de cet ouvrage consiste à placer l’enfant au centre du processus éducatif et à redonner une place essentielle à la mère. Pour l’extraire des influences de la famille et des traditions sociales, Rousseau place son enfant « modèle » à la campagne. La nature est bonne et loin du progrès, l’enfant deviendra juste. L’expérience et l’observation sont plus importantes que les livres. Le travail manuel ainsi que les exercices physiques sont fortement encouragés pour le développement de l’homme idéal dont rêve Rousseau. Le 183 seul livre qui fait exception est Robinson Crusoé, le roman de Daniel Defoe. - L’écriture : L'aspect le plus caractéristique de l'écriture de Rousseau est la fusion entre l'éloquence et la poésie. Pour soutenir ses thèses, il a recours à tous !es procédés de la rhétorique (apostrophes, fausses interrogations, ironie), mais son langage n'est jamais abstrait. L'idée s'exprime toujours à travers la représentation poétique du monde sensible, l'évocation nostalgique d'un passé idyllique, la peinture suggestive du paysage nature! Sa prose devient ainsi tine prose poétique qui fait appel à toutes les caractéristiques de ce mode d'expression: les images, les sonorités, les rythmes. ………………………………… OEUVRE LES DISCOURS ……………………………………… DISCOURS SUR LES SCIENCES ET LES ARTS DE 1750 ………… Le texte de Jean-Jacques Rousseau répond en deux temps à cette question. La thèse qu’il veut démontrer dans cet ouvrage est que les différents luxes rendus possibles par les sciences et les arts sont contraires à la vertu. Dans la première partie, Jean-Jacques Rousseau démontre que les arts et les sciences ont l’apparence de la vertu mais n’en sont pas : « L’astronomie est née de la superstition ; l’éloquence, de l’ambition, de la haine, de la flatterie, du mensonge ; la géométrie, de l’avarice ; la physique, d’une vaine curiosité ; toutes, et la morale même, de l’orgueil humain. Les sciences et les arts doivent donc leur naissance à nos vices : nous serions moins en doute sur leurs avantages, s’ils la devaient à nos vertus. (p.14) Dans la deuxième partie, Rousseau argumente sur le fait que les sciences et les arts conduisent à des vices tels que l’orgueil, l’oisiveté ou la luxure. Or, le fait de vivre dans le luxe n’amène pas forcément la victoire en cas de conflit : « L’empire romain à son tour, après avoir englouti toutes les richesses de l’univers, fut la proie de gens qui ne savaient pas même ce que c’était que richesse ». S'opposant au courant de pensée dominant, dans le Discours de 1750, Rousseau défend la thèse que la littérature, les sciences et les arts sont responsables de la corruption des mœurs. À ses yeux, le développement de la culture entraine la recherche de la célébrité, le goût du luxe, les raffinements des mœurs et !es inégalités sociales. Illumination, paradoxe, provocation? Il parle lui-même d'une illumination au cours de laquelle des << Joules de grandes vérités >> se sont imposées à lui. DISCOURS SUR L’ORIGINE ET LES FONDEMENTS DE L’INEGALITE’ (1755) …… Cet essai philosophique fut commencé en 1753 et publié en 1755, en réponse à un sujet de l'Académie de Dijon intitulé: 'Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ?' La préface de Rousseau fait figurer en bonne place la 184 question suivante: « Quelles expériences seraient nécessaires pour parvenir à connaître l'homme naturel ; et quels sont les moyens de faire ces expériences au sein de la société?». L'état de nature, pour Jean-Jacques Rousseau, occupe une place essentielle dans le questionnement philosophique. Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de 1755, Rousseau précise sa philosophie politique en montrant que l'inégalité des conditions provient de l'altération que l'humanité a subie en s'éloignant de ses bienheureuses origines. L'homme origine!, en effet, mène une vie heureuse et active au cœur des forets : il est robuste car il doit chercher sa subsistance et se défendre contre les animaux sauvages ; il a peu de besoins et ses facultés intellectuelles sont peu développées. Lors de cette étape de l'humanité, l'inégalité naturelle est sans conséquence car les hommes vivent dans un isolement relatif. Lorsque les hommes deviennent sédentaires, le langage se perfectionne, leurs passions et leurs violences se développent, mais surtout apparaissent l'agriculture et la métallurgie. La division du travail et la culture des terres imposent l'idée de propriété: « Le premier qui, ayant enclos un terrain s'avisa de dire, "ceci est à moi" et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. » Dès lors, l'inégalité des conditions se développe rapidement : les pauvres sont asservis aux riches qui imposent des lois qui leur sont favorables. L'inégalité politique succède à l'inégalité économique : les magistrats d'abord élus deviennent des despotes. L'homme moderne est donc victime du perfectionnement de ses facultés et des progrès de la vie en société. Rousseau est ainsi le seul penseur du siècle à ne pas croire à la sociabilité de l'homme. La démarche de l'auteur est, plus que de promouvoir une République, de fustiger les inégalités politiques ou sociales en démontrant que leur cause n'est pas celle de la nature. ……………………………………………………. LETTRE A D’ALEMBERT SUR LES SPECTACLES (1758) ……………………………… C'est une réponse à l'article "Genève" de l'Encyclopédie, dans lequel d'Alembert, inspiré par Voltaire, demandait l'établissement d'un théâtre à Genève où, depuis Calvin, les représentations étaient interdites. Rousseau répond en présentant son point de vue sur le théâtre. Selon lui, la tragédie est condamnable, parce qu'elle excite les passions, et la comédie où « tout est mauvais et pernicieux. » parce qu'elle ridiculise la vertu. En outre, les comédiens, dont les mœurs sont dépravées, offrent un exemple déplorable aux honnêtes citoyens. Rousseau s'oppose encore une fois à Voltaire, lui-même auteur dramatique, et à Diderot qui a élaboré le drame bourgeois. L'une des cibles principales de 187 plus fort. Le chapitre 4 s’en prend à ceux comme Hobbes qui conçoivent une autorité politique légitimée sur un pacte de soumission. Les chapitres 5 à 9 présentent eux ce que Rousseau estime comme le fondement de la légitimité politique. LIVRE II Le livre II porte sur la souveraineté. Dans les chapitres I à III, Rousseau présente les propriétés de la souveraineté. Dans les chapitres IV à V, Rousseau étudie les limites de la souveraineté. Son pouvoir se borne aux conventions générales, autrement dit elle ne peut pas statuer sur des problèmes particuliers. Dans les chapitres VI à XII, Rousseau examine l’exercice de la souveraineté. Dans le chapitre VI, il définit les lois au regard de l’exercice de la souveraineté. Les chapitres VII et VIII vont évoquer le législateur, une personne qui peut guider le souverain dans l’établissement de sa volonté générale. Le chapitre XII revient sur les lois et leurs diverses espèces. LIVRE III Le livre III étudie les différentes formes de gouvernement et les remèdes à leur dégénérescence. Dans les chapitre I à II, il définit ce qu’est un gouvernement et comment le souverain peut le choisir. Dans les chapitres III à IX, Rousseau présente les divers types de gouvernements en fonction de leur convenance à un peuple. Dans les livres X à XVIII, il expose la tendance naturelle des gouvernements à dégénérer (chapitre X et XI) et propose des remèdes à cette tendance pour prolonger la vie de l’Etat. Il s’agit que le peuple s’assemble et n’exerce pas sa souveraineté à l’aide de représentants (chapitre XV). LIVRE IV Le livre IV étudie le fonctionnement d’une République à l’exemple du modèle romain. Le chapitre I reprend les spécificités de la volonté générale. Les chapitres II à VI étudient en détail l’exemple de la République romaine. Au chapitre VI, Rousseau justifie l’idée de dictature en temps de crise pour sauver l’Etat. Les chapitres VII à VIII vont étudier l’importance des mœurs pour la vie de l’Etat. Le chapitre VII parle de la censure. Le chapitre VIII va parler d’une religion civile en évoquant le christianisme et les religions antiques. On s’éloigne ici du modèle romain car ce chapitre a été rajouté en fait au Contrat social comme nous l’apprend une lettre à son éditeur Rey du 23 décembre 1761. Le chapitre IX est à vrai dire ce qui reste du projet plus vaste dont le préambule nous apprend que le Contrat social n’est qu’une partie. En effet, l'individu isolé ne peut garantir sa liberté : le contrat social transpose sa liberté naturelle au sein de la société et la transforme en liberté morale et politique. Rousseau y exprime son idéal républicain en quatre parties : 1) renonciation à nos droits naturels au profit de l’Etat, qui, par sa protection, conciliera l’égalité et la liberté 2) le peuple tout- puissant sauvegarde, par le truchement d’un législateur, le bien-être général contre les groupements d’intérêts 3) la démocratie doit maintenir sa pureté par des assemblées 188 législatives 4) création d’une religion d’Etat, ou religion civile. Selon Rousseau, la justice ne peut pas se définir comme «le droit du plus fort». Si la justice était ainsi, les individus les plus puissants seront toujours les plus justes. La justice chez Rousseau consiste en l’harmonie des actes individuels avec l’autorité civile. Mais les individus ne sont contraints à agir que si l’autorité est légitime. Afin de se protéger et de protéger leurs biens, les personnes s’accordent sur une relation contractuelle par laquelle les individus s’engagent à accepter diverses fonctions et obligations en échange des avantages offerts par la coopération sociale : donc le citoyen renonce à certaines libertés, il a des devoirs vers la société, mais par contre il reçoit des droits. La souveraineté est la volonté générale. Ce souverain s’incarne dans le corps politique. Rousseau utilise le terme de «république» pour désigner toute société régie par la loi ou qui est gouvernée par la volonté générale de son peuple. Le contrat social implique un abandon total et inconditionnel par chaque individu de ses propres droits naturels afin d’obtenir les droits associés à la citoyenneté. Avenir 1, p. 274 Après avoir examiné l'exemple des Romains, « le plus libre et le plus puissant peuple de la terre », Rousseau aborde la question de la religion. Il distingue une « religion de l'homme », qui est une foi individuelle, sans rites collectifs, et une « religion civile » avec des dogmes et des pratiques fixés par l'État. La soumission à cette religion coïncide avec le respect des lois et du contrat social. Le Contrat social aura une influence considérable sur l'évolution de la pensée et sur !es événements politiques de la fin du siècle. 189 Contrairement aux autres philosophes, Rousseau ne se limite pas à proposer des réformes à partir de la situation réelle ; il définit un régime idéal, fondé sur les principes de la liberté et de l'égalité sociale. Cependant son projet se situe sur le pian de l'utopie (qui est par définition ce qui n'existe pas) car Rousseau imagine un peuple de citoyens où chaque individu n'existe que par les rapports et les liens qui l'unissent à la cité, à l'État : ses idées, ses sentiments, ses actions, la totalité de son être découlent de ces liens. On comprend alors pourquoi Rousseau, considéré le père de toutes les révolutions, peut devenir aussi le père de toutes les tyrannies, notamment des conceptions modernes d'un État totalitaire.……………………………………….………………………………………… EMILE OU DE L’EDUCATION (1762)………………………………………………… Dans ce traité, divisé en cinq livres, Rousseau expose ses principes sur l'éducation. Résumé : Le traité est composé de cinq livres retraçant les étapes chronologiques de ce programme éducatif. LIVRE I Le livre I est consacré à la première enfance, et aux toutes premières impressions et sensations. LIVRE II Le livre II suit l'enfant, en gros de deux à sept ans : le précepteur guide le développement de sa sensibilité et de son raisonnement. L'expérience pratique, la découverte par soi-même, ainsi que l'éducation physique jouent un grand rôle. LIVRE III Le livre III (de sept à douze ans) aborde l'éducation de l'intelligence : l'observation de la nature fournit la matière à des leçons d'astronomie, de physique, etc. Dans le même temps, Emile est formé à un métier manuel, pour être capable au besoin de gagner sa vie : il sera menuisier. LIVRE IV Dans le livre IV, Emile a seize ans : la vie morale et sensible s'éveille en lui. Il est temps d'aborder les questions de sexualité, de morale et de religion. C'est ici que prend place la célèbre Profession de foi du vicaire savoyard, dans laquelle Rousseau définit la religion naturelle. LIVRE V Dans le livre V, il s'agit de marier Emile. Il rencontre, aime et épouse Sophie, une jeune fille que l'on a élevée dans les mêmes principes que lui. C'est ainsi qu'est envisagé le problème de l'éducation des filles. • Le bébé: obéir à la nature, pas de maillot, pas de nourrice, c'est la mère qui allaite son bébé. Jusqu'à 5 ans: épanouissement physique • De 5 à 12 ans: éducation du corps et des sens + "liberté bien réglée" • De 12 à 15 ans: éducation intellectuelle et technique par l'observation de la nature (=cosmographie, physique, géographie) mais sans livres. préparation à la vie sociale = travail manuel 192 leur enfance. Tant qu’on ne remontera pas à ce principe, on s'écartera du but, et tous les préceptes qu'on leur donnera ne serviront de rien pour leur bonheur ni pour le nôtre. 193 L'abus des livres tue la science. Croyant savoir ce qu'on a lu, on se croit dispensé de l'apprendre. Trop de lecture ne sert qu'à faire de présomptueux ignorants. (…) Un Parisien croit connaître les hommes, et ne connaît que les Français; dans sa ville, toujours pleine d'étrangers, il regarde chaque étranger comme un phénomène extraordinaire qui n'a rien d'égal dans le reste de l'univers. Il faut avoir vu de près les bourgeois de cette grande ville, il faut avoir vécu chez eux, pour croire qu'avec tant d'esprit on puisse être aussi stupide. Ce qu'il y a de bizarre est que chacun d'eux a lu dix fois peut-être la description du pays dont un habitant va si fort l'émerveiller. C'est trop d'avoir à percer à la fois les préjugés des auteurs et les nôtres pour arriver à la vérité. J'ai passé ma vie à lire des relations de voyages, et je n'en ai jamais trouvé deux qui m'aient donné la même idée du même peuple. En comparant le peu que je pouvais observer avec ce que j'avais lu, j'ai fini par laisser là les voyageurs, et regretter le temps que j'avais donné pour m'instruire à leur lecture, bien convaincu qu'en fait d'observations de toute espèce il ne faut pas lire, il faut voir. LES ŒUVRES AUTOBIOGRAPHIQUES ………………………………………………… Pour prouver la vérité de sa pensée et montrer la cohérence de ses idées, Rousseau rompt avec ses relations mondaines, adopte un style de vie austère et décide de vivre simplement de son métier de copiste de musique. Attaqué par les philosophes (Voltaire, en particulier, gui a révélé que l'auteur de l'Emile a abandonné ses enfants), condamné par le Parlement et les Églises, Rousseau se sent en effet persécuté, victime d'un complot. De là, son besoin de se justifier, de dire toute la vérité sur lui-même, de montrer qu'aucune contradiction n'existe entre l'homme et son système de pensée. LES CONFESSIONS (1782-1789) ………………………..…………………………… Les Confessions sont composées entre 1765 et 1770 et publiées entre 1782 et 1789. Elles racontent 53 ans de vie de rousseau et elles ne cessent de nous montrer un sujet conscient de lui-même, de sa propre valeur, capable de trouver en lui des principes moraux plus authentiques que toutes les conventions sociales. C'est la société qui est dans l'erreur, dès lors qu'elle se montre incapable de reconnaitre la richesse réelle des individus. La « sensibilité » de Jean-Jacques, thème constant, fil conducteur des Confessions, se dresse devant le monde comme un défi. Dans son âme sensible, Rousseau se sait plus sincère, plus moral, plus proche de l'ordre naturel que les nobles qui font de lui un simple domestique. - l'autoportrait : Rousseau est le précurseur de l'autobiographie. La chronologie permet de suivre l'évolution de son personnage dont le lecteur sera le juge. Rousseau y expose ses 194 défauts en toute sincérité. Les Confessions marquent la volonté de Rousseau d'instruire et de se défendre des graves accusations dont il est victime à l'époque. Par son autobiographie, il veut s'absoudre. Cependant, il y a des limites : le choix des faits qu'il raconte est forcément subjectif, sa mémoire est parfois défaillante, et il insiste plus sur ses qualités que sur ses défauts. - la religion : le titre place l'œuvre sous la double autorité de la pratique religieuse et de saint Augustin. Mais contrairement à lui, Rousseau laïcise l'autobiographie. Sous la plume de l'auteur, Dieu n'est que le garant de la vérité de ses propos. Rousseau fait par ailleurs une critique très vive de la religion catholique (il était lui-même protestant) - la nature : La nature occupe une place centrale dans sa vie : il réfléchit sur l'état de nature (état mythique où l'homme vit dans un état d'innocence et de liberté, opposé à l'état social où l'homme est asservi). Mais avant d'être une notion, la nature est d'abord paysage: le jeune Jean-Jacques y ressent des émotions vives qui vont façonner sa sensibilité et sa mémoire. La rêverie idyllique et rétrospective lie un paysage à des personnes aimées (Mme de Warens associée au paysage que Jean-Jacques voit de sa fenêtre à Annecy). Cette rêverie imaginaire s'épanouit de façon euphorique, et projette Jean-Jacques vers un futur pressenti comme heureux. Le paysage campagnard : simplicité, innocence, abondance. La nature de Bossey est la simplicité et à l'innocence de l'enfance, à l'atmosphère paisible. Bossey est le paradis de l'enfance dont la perte coïncide avec celle de l'innocence. La nature champêtre est prodigue. Rousseau la voit toujours abondante et nourricière. Jean-Jacques jouit de cette abondante simplicité avec autant de sobriété Le paysage alpestre : Rousseau goûte aussi les paysages de montagne. Par ce besoin de nature, il se démarque de ses contemporains et annonce le Romantisme. - l'enfance : Rousseau assimile souvent l'enfance au mythe de la chute du Paradis. Lui- même donne souvent l'image d'un homme qui passe du bonheur à la déchéance. L'auteur offre une vision de l'enfance très novatrice pour l'époque (et qui annonce à certains égards la psychanalyse de Freud)…………………………………………… Cette oscillation constante du texte autobiographique entre le récit et son commentaire ne manque de poser quelques problèmes quant à l'authenticité de son intention. Pourquoi raconte-t-on sa vie ? pour se justifier des fautes qu'on a commises? pour voir plus clair en soi, organiser le chaos de sa vie intérieure ? laisser un témoignage, viser une certaine exemplarité ? sauver le passé de l'éphémère et s'opposer à la mort ? 197 LES REVERIES (1776-1678) ………………………………………………… Les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778) sont la dernière œuvre de Rousseau, celle où il s'adresse à la postérité (« Me voici donc seul sur la terre. ») pour alterner des propos de moraliste et des récits de promenades. Les complots, les ennemis, les critiques sont oubliés, effacés. Seule la conscience du moi reste, absorbée dans les sensations que suscite le spectacle de la nature, dans l'extase et dans la solitude. Œuvre mêlant autobiographie et réflexions philosophies, les Rêveries du promeneur solitaire constituent un ensemble d'une centaine de pages, l'auteur employant très généralement la première personne du singulier et apportant par digressions quelques détails sur sa vie. Le livre se compose de dix chapitres de taille inégale, ou promenades, comme autant de réflexions sur la nature de l'Homme et son Esprit. Rousseau, à travers cet ouvrage, présente une vision philosophique du bonheur, proche de la contemplation, de l'état ataraxique, à travers un isolement relatif, une vie paisible, et surtout, une relation fusionnelle avec la nature, développée par la marche, la contemplation, l'herboristerie que Rousseau pratique. Ces Rêveries cherchent à produire chez le lecteur un sentiment d'empathie, un huis-clos, qui permettrait à travers l'auteur de mieux se saisir lui-même. Mais si l'œuvre fait historiquement suite au texte Les Confessions, il serait également réducteur de ranger les deux livres dans la même catégorie : ces dernières, également posthumes, voulaient d'abord faire la lumière sur le citoyen Rousseau et sur sa vie. Ici, il ne s'agit bien que d'une invitation au voyage... Une réflexion générale sur son mode de pensée. Unité 12 - Rousseau 1. VIE. Choisissez [a bonne réponse ; si ce n'est pas la bonne réponse, corrigez-la, 1 Rousseau arrive à Paris à vint et un ans. MI 2 Rousseau a abandonné ses enfants. ME 3 Rousseau devient célèbre quand il gagne le concours avec le Discours sur les sciences et les arts. 4 Le Discours sur les sciences et les arts a été publié en 1750. 5 Le Contrat social a été publié en 1872. 6 Ses deux conceptions d'éducation sont : l'éducation « négative » (0-12 ans) et l'éducation « positive » à partir de 12 ans. M 7 C'est la Nouvelle Héloïse annonce le romantisme. [MT 8 Les Confessions sont un roman d'analyse. [V] 9 Il meurt en 1787. 10 Les cendres de Rousseau sont à Paris, au Panthéon ME 198 2. EXTRAITS. Choisissez la bonne réponse ; si ce n'est pas la bonne réponse, corrigez-la. 1 Dans l'extrait des Confessions Rousseau raconte qu'il a volé des poules. MT 2 Pour ce faire, il a utilisé une broche, des Supports, un couteau, une latte, des tréteaux. M 3 Il a bien réussi dans son entreprise. 4 Ilarrêtera de voler. 5 Dans le passage de l'état de nature à l'état civil, l'homme passe de l'instinct à la justice et à la moralité. 6 Au passage, il gagne sa transformation en être supérieur. ME 7 La liberté civile est limitée par l'état. El 8 Une leçon de géographie donne les principes de pédagogie de Rousseau. 9 Il faut rendre l'apprenant passif. 10 C'est la découverte personnelle qui permet l'apprentissage. M
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