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Yyes Bonnefoy et “Quelques remarques sur le XIXe siècle”, Notes de Poésie

Notre dessein est d'analyser plutôt un article écrit par Bonnefoy, en 2001, ... nalité (l'alchimie du verbe), fondée sur le jeu avec les mots, ici, ...

Typologie: Notes

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

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Télécharge Yyes Bonnefoy et “Quelques remarques sur le XIXe siècle” et plus Notes au format PDF de Poésie sur Docsity uniquement! Anales de Filología Francesa, n .º 17, 2009 MARTA GINÉ 129 Yyes Bonnefoy et “Quelques remarques sur le XIXe siècle” Marta Giné Universidad de Lleida Resumen: Es sabido que el siglo XIX ha constituido, para Y . Bonnefoy, un mástil fundamental: especial- mente los poetas Nerval, Baudelaire, Rimbaud y Mallarmé, a quienes a dedicados numerosos artículos y libros . El objetivo de este artículo es analizar un estu- dio publicado por Bonnefoy, en 2001 (es decir cuando tiene ya casi ochenta años, al final de una vida plena) y que constituye una síntesis de su reflexión sobre la poesía del siglo XIX. Allí propone o bien una rectificación o bien una reafirmación de lo que, para el poeta de Tours, es lo “esencial” del siglo XIX . Seguidamente se intentará investigarlo . Palabras clave: Bonnefoy, poesía siglo XIX Abstract: It is well known that the 19th century has been, for Y . Bonnefoy, an essential pole: above all the poets Nerval, Baudelaire, Rimbaud and Mallar- mé, to whom he has dedicated a lot of articles and books . The aim of this article is to analyse a work published by Bonnefoy in 2001 (that is to say when he was nearly eighty years old, at the end of a fulfilling life) which is a summary of his reflections on the poetry of the 19th cen- tury . There he proposes either a correction or a reaffirmation of what, for the poet of Tours, is the “essence” of the 19th century . Now we will try to analyse it . Key words: Bonnefoy, 19th-century poetry Nous savons tous que le XIXe siècle a constitué pour Y . Bonnefoy (pour le dire avec les mots du poète) “une chambre d’échos et de réfactions dans laquelle la poésie vivait” (Bonnefoy 2001: 327) . Nerval, Baudelaire, Rimbaud et Mallarmé, surtout . Sur ces poètes, Bonnefoy a écrit de nombreux articles, voire des livres1… Aujourd’hui notre dessein, pourtant, n’est pas de rendre compte de la bibliographie de Bonnefoy sur le XIXe siècle ou de la commenter: l’université de Tours y a consacré un volume de sa revue Littérature et Nation en 2001 . Notre dessein est d’analyser plutôt un article écrit par Bonnefoy, en 2001, pour cette 1 On en trouve le détail dans D . L . (2001) . Anales de Filología Francesa, n .º 17, 2009 YYES BONNEFOY ET “QUELQUES REMARQUES SUR LE XIXe SIÊCLE” 130 même revue. Le poète a alors presque 80 ans, c’est dire que son savoir scientifique et per- sonnel est à son comble. Dans cet article, au fil de la pensée et de la plume, dégagé de toutes obligations académiques, Bonnefoy écrit sur ce qui constitue pour lui “l’essentiel” de la poé- sie du XIXe siècle. Il y propose ou bien une rectification ou bien une réaffirmation de ses pré- férences poétiques dix-neuviémistes . Si nous étudions le sens étymologique de “remarques”, nous apprenons que cela signifie: laisser son signe. Presque à la fin de sa vie, dans cet article, Bonnefoy propose un signe définitif sur l’essentiel, à son avis, de la poésie dix-neuviémiste: “les grandes options à la fois opposées et conniventes” de la poésie (Bonnefoy 2001: 327) . Nous allons essayer d’en rendre compte… Tout d’abord, Bonnefoy propose quelques Remarques préliminaires à l’adresse du lecteur . Pour le poète le système chronologique est discutable pour calculer les époques: quand on dit XIXe siècle, nous pensons tous à la période qui va de 1800 à 1900 . Les périodes temporelles –dit Bonnefoy– devraient être plus “naturelles” et refléter une unité de pensée et d’œuvres . A son avis, le XIXe siècle débute en 1789 et s’achève en 1914 (Bonnefoy 2001: 327-328) . Puis il propose une nouvelle définition de la poésie en tant que “chambre d’échos” (Bonnefoy 2001: 327). Que faut-il comprendre par cette définition ? Au-delà du sens évident (les liens qui nous unissent à nos ancêtres), revenons à l’étymologie: écho signifie bruit répercuté, instruire de vive voix . Bonnefoy fait appel, encore une fois, à la notion d’être “marqué” par quelqu’un, d’avoir trouvé un chemin à l’aide d’autres poètes; à la notion d’être à l’écoute pour trouver son chemin . Pour justifier ces affirmations, Bonnefoy cite un poème de son enfance, un poème qu’on a déclamé, prononcé, récité pour lui et qu’il a appris par cœur (expérience que vous avons tous réalisée), plus concrètement, un fragment de Victor Hugo qu’il a lu dans un ma- nuel d’écolier de son enfance (Bonnefoy 2001: 332) . Bonnefoy enfant reçoit –dit-il– un choc à l’écoute de ce poème de V . Hugo qui l’accompagne tout au long de sa vie: il cherche à le trouver dans l’œuvre immense de V . Hugo; il y réussit en 1999 ! C’est un fragment des Voix intérieures. Bonnefoy va au primitivisme de l’acte poétique: pour G . Bachelard et aussi pour Bon- nefoy, la poésie déclamée évoque “la force”, “la douceur”, “la colère poétique”, “la tendresse poétique”, en définitive, “une administration heureuse de l’air parlant”, le poème est alors “un merveilleux calmant” (Bachelard 1943: 271) . La poésie, pour Bonnefoy, est par consé- quent, avant tout, un “son”, accru par le rythme, la rime, les assonances, le poème est avant tout “la grâce de vers d’une musicalité extrême” (Bonnefoy 2001: 334) . Alors la poésie devient une “épiphanie par la grâce de la parole” (Bonnefoy 2001: 333), “l’expérience du saisissement” (Bonnefoy 2001: 332) . La poétique de la voix . . . . Il s’agit là en effet d’une catégorie délaissée par la critique littéraire. On trouve par exemple un chapitre intitulé “Voix” à la fin de Figures III de Genette, Anales de Filología Francesa, n .º 17, 2009 MARTA GINÉ 133 Ces deux vers, fin du poème, surprennent par sa leur beauté et aussi sa leur tristesse: si l’amour donne un compagnon de voyage dans la vie, celui-ci est défini comme un avoir chétif: il ne réussit guère la communication, il est prêt à s’éteindre, source, donc, de pleurs plus que de joies . Voilà la grande beauté de la poésie: “j’aurai fait acte de présence ! Je me serai peut- être senti vivre !” disait, à son tour, le héros villiérien qui aimait Vigny (Villiers 1986, I: 288) . Aidé par la présence féminine, le poète Vigny récoltait (toujours dans “La Maison du berger”) sa force dans la création artistique: il voulait un art voué à l’homme, peindre les Destinées de l’humanité . La poésie est évoquée en tant que sagesse humaniste, moderne religion… Instant rare, mystérieux où la mémoire découvre une présence qui dépasse les propres limites et fait deviner, du même coup, qu’existe en dehors d’elle-même, au-delà d’elle-même, l’existence vraie . La distance, le temps ne comptent plus: omniprésence… Présence en notre cœur, sacrée et puissante, de quelque chose qui nous dépasse tout à fait: “resserrer sur de la réalité immédiate la perception de la transcendance” (Bonnefoy 2001: 335) . Arrivés à ce point de la réflexion, il nous faut remarquer que Bonnefoy, qui a tant travaillé Mallarmé, se détourne de celui-ci, l’accusant de se détourner de la réalité en faveur de la seule beauté: La beauté, la vraie beauté s’ouvre à celui qui, du sein de son engagement dans sa propre finitude, c’est-à-dire avec d’autres êtres que lui, et dans le hasard des rencontres, où son désir le plus ordinaire cherche sa voie, lève les yeux sur ce qui alors, dans cet horizon d’existence, est présence, être ou chose comme présence, et découvre dans ces vies désormais au même plan que la sienne des réponses du tout de chacune d’elle au tout de la sienne propre . (…) C’est cette inscription de la finitude dans la nature, l’aménageant comme terre, et nouvel être, que Mallarmé n’a pas su ou voulu savoir (Bonnefoy 2001: 336) . Ainsi donc, dans cet article, Bonnefoy désavoue Mallarmé parce que celui-ci a choisi uniquement la seule voie esthétique, alors que le poète né à Tours proclame son engagement dans la “pâte” humaine . Pour Bonnefoy, Mallarmé s’est éloigné de l’émotionnel humain . Non qu’il refuse l’exigence esthétique, mais Bonnefoy ouvre celle-ci à une dimension socia- le, voire philosophique (dans le sens de lucide): un nouveau rapport de l’homme à lui-même et aux éléments; une relation directe, authentique, aux hommes et à la nature . Conscient du cours tragique de l’homme, Bonnefoy ne le détourne pas ni le suspend, mais, dans sa densité, il lui oppose la dignité d’une conscience qui fait face grâce à la poésie et à ses harmonies . Dans l’optique de Bonnefoy, il y aurait une voie qui permet de progresser vers une vérité faite de beauté, qui détourne l’homme d’une autre voie: celle qui permet de progresser vers Anales de Filología Francesa, n .º 17, 2009 YYES BONNEFOY ET “QUELQUES REMARQUES SUR LE XIXe SIÊCLE” 134 l’humanité souffrante, vers la charité… C’est encore cet engagement qui conduit Bonnefoy à citer Baudelaire, brièvement4, dans une phrase essentielle: l’Autre est le “lieu naturel de la conscience de soi . Baudelaire a cherché dans les mots à y faire exister vraiment, à y faire «tenir», la finitude” (Bonnefoy 2001: 338) . Cette idée n’est pas en désaccord avec celle de la musique et du son évoqués aupara- vant . Les êtres sont, tout d’abord, pour les autres, un regard et une voix, conscience affective qui établit ou ruine la communication: comment percevoir l’autre, comment sortir de soi, comment lui transmettre son propre intérieur . Les interrelations supposent interpréter, déchi- ffrer, mais aussi imaginer . . . Conscience suraiguë, le fait des grands poètes: la métaphore du sensible (voix, vue, odorat) devient synonyme de la conscience . Quelquefois, cette commu- nion avec l’autre est parfaite . Baudelaire, puis Bonnefoy, associent l’âme aux sens de l’homme; ils adoptent le prin- cipe que les sensations produites en l’homme peuvent lui faire sentir les choses hors de lui . Plus tard la psychanalyse dira que les perceptions des sens physiques sont elles-mêmes, sui- vant les sens, plus ou moins “projetées” au dehors (Bonaparte 1952: 59) . Déjà l’odorat pro- jette un peu ses perceptions . L’ouïe les situe autant au dehors qu’au-dedans . Quant à la vue, ses perceptions sont tout entières projetées: au contact des hommes et des choses, la vue va s’imprégner de leurs caractéristiques et elle révèlera les hommes et les choses mêmes . L’œil reflète et concentre la vie de l’âme. En lui, le physique et le spirituel se confondent. Baudelaire va des sens au sensible . Ainsi, il s’oppose à l’idée qu’on ne peut faire au- cune confiance à la connaissance sensible, pensée très répandue à son époque, toute tournée vers la raison . Il prend le parti de critiquer les méprises liées aux interprétations rationnelles . Pour lui, vue, ouïe et toucher reçoivent les représentations, les modèrent pour en façonner une représentation unique qui sera recueillie et tranchée par l’esprit5 . Ouïe et regard supposent l’autre qu’on regarde ou que l’on écoute . Pour Baudelaire, ils sont les sens par excellence . Face à la solitude ontologique, le moi regarde et parle au monde et le monde le regarde et lui parle: Un éclair… puis la nuit ! –Fugitive beauté Dont le regard m‘a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ? Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais, peut-être ! Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais . 4 Tout simplement parce que Bonnefoy vient de consacrer à Baudelaire son dernier livre (2000) . Les rapports entre les deux poètes ont été étudiés par Avice (2001) . 5 À sa manière, il adapte le même message que Maupassant livre dans le conte « Lettre d’un fou » . Anales de Filología Francesa, n .º 17, 2009 MARTA GINÉ 135 O toi que j’eusse aimé, ô toi qui le savais ! (Baudelaire 1980: 69) Mais le regard ne peut entrer en harmonie avec l’objet ou la personne contemplée qu’un instant: la communication est perdue . Sens véritable: du sensible, on parvient à toute une métaphysique sur l’incommunicabilité dans le monde moderne; les êtres se croisent, qui ne se reverront plus . Deux identités anonymes mais non pas indépendantes, deux solitudes au milieu des foules de la ville . Embrouillés dans les bruits du monde, les hommes modernes sont assimilés à la mort: défunts qui ont perdu la sensibilité, donc la conscience, soumis à l’ignorance . Selon Bonne- foy, l’homme vraiment digne de ce nom est celui qui se meut grâce à l’instinctive spontanéité et à l’autonomie transcendante de sa conscience souveraine . Le moi représente alors une positivité totale: libre et plein de son être . Puis Bonnefoy se tourne vers Rimbaud6 . Il cite le célèbre “Bateau ivre” mais pour insister sur le “J’ai trop pleuré” rimbaldien (Bonnefoy 2001: 339) et non pas sur ce qui a as- suré le grand succès de ce poème, c’est-à-dire, le sens de la révolte idéologique qui s’appelle aventure, évasion, hallucination . . . car cette vérité esthétique (tout comme pour Mallarmé) dé- tourne le poète de la vérité essentielle, la vérité éthique, l’autre humain souffrant . Bonnefoy aime la beauté mais strictement lorsque celle-ci reflète, simultanément, une éthique. Pour Bonnefoy, le plus important de Rimbaud est Une saison en enfer et il insiste sur la conclusion, “Adieu” . Nous savons que ce livre, le seul que Rimbaud décida lui- même de publier, semble condamner ses orientations précédentes: tout d’abord, c’est une succession de prose (avant c’étaient des poèmes); par ailleurs, si Rimbaud avait autrefois choisi une position joyeuse devant la vie grâce à une poétique langagière hors de la ratio- nalité (l’alchimie du verbe), fondée sur le jeu avec les mots, ici, Rimbaud établit la défaite de ses options précédentes et semble accepter la vie, avec ses tâches simples et avisées: il est rendu au sol. C’est-à-dire, entre la littérature et la vie, Rimbaud, choisit, finalement, la vie, sans plus écrire . La réalité s’impose au voyant, une réalité que le poète ne peut pas réconcilier avec la littérature . Dans “Adieu” Rimbaud entre déjà (à 19 ans !), dans son arrière-saison, mais il ne regrette pas la destinée car il a découvert la vigueur dans sa conscience . Il s’était cru mage, il avait vécu dans les mondes imaginaires, et le voici, après avoir surmonté les faiblesses du cœur et la tentation divine, retrouvant son matin . Il est prêt à partir vers les pays lointains . Selon Bonnefoy, la grandeur de Rimbaud sera de témoigner de l’aliénation de l’homme et de l’appeler à affronter la réalité: Reconduire cette énergie vers les événements de la vie en son quotidien, ceux dont le plan, horizontal, est le seul qui ne soit pas illusoire . Cette vocation critique à se porter en 6 Sur les rapports entre les deux poètes voir Finck (1993), Née (1996), Gasarian (2001) et Bancquart (2003) . On trouvera aussi la liste exhaustive des études portant sur les liens Rimbaud- Bonnefoy dans D . Lançon (1996: 174) .
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