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Le Romantisme et le Realisme francais, Appunti di Francese

Il Romanticismo francese. Riassunti dal testo "Plumes" e appunti del docente. Contesto storico, preromanticismo, caratteristiche del romanticismo, autori (Mme de Stael, Chateaubriand, Vigny, Musset, Lamartine. Hugo). Caratteristiche del realismo, autori (Balzac, Stendhal, Flaubert)

Tipologia: Appunti

2022/2023

Caricato il 31/03/2023

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Scarica Le Romantisme et le Realisme francais e più Appunti in PDF di Francese solo su Docsity! Romantisme HISTOIRE ET SOCIÉTÉ L’ascension de Bonaparte Napoléon Bonaparte, né en 1769 dans une famille de la petite noblesse d’Ajaccio, s’est fait connaître pendant les guerres révolutionnaires en reprenant le port de Toulon aux Anglais et en venant à bout d’une insurrection royaliste à Paris en 1795. En 1796, il se voit confier le commandement de la campagne d'Italie et mène des batailles victorieuses qui aboutissent rapidement à la capitulation autrichienne, formalisée par le Traité de Campoformio. Bonaparte enchaîne les succès avec la campagne d’Égypte en 1798-1799. Fort du soutien du peuple et de la bourgeoisie modérée qui aspirait à un retour à l’ordre, Bonaparte par un coup d’État impose un nouveau gouvernement à trois têtes: le Consulat. Il a deux autres consuls à ses côtés, mais c’est lui, le Premier Consul, qui détient en réalité le pouvoir. Bonaparte fait disparaître les assemblées et nomme pour chaque département un préfet et un sous-préfet, renforçant de ce fait la centralisation. Bonaparte prend alors une série de mesures qui sont encore à la base de la société française d’aujourd’hui. Napoleon empereur (1804-1815) Le 2 décembre 1804, Bonaparte se fait sacrer empereur par le pape lui-même. Napoléon s’entoure d’une cour et crée de nouveaux titres de noblesse. Mais la noblesse ancienne est toujours exilée. Napoléon rêve de dominer l’Europe. Poursuivant la guerre contre les ennemis de la Révolution, les Coalisés, il la transforme bientôt en véritable guerre de conquête. Il dispose d’un instrument extraordinairement puissant, la grande armée. Il obtient sa plus grande victoire à Austerlitz, qui est devenue le symbole de sa puissance. En 1811, Napoléon contrôle 44 millions de sujets: partout, on abolit la féodalité et le Code civil est appliqué. Les ambitions de Napoléon se heurtent au reste de l’Europe et en particulier aux trois grandes puissances: l’Angleterre, l’Autriche et la Russie. Il tente de neutraliser l’Autriche en épousant en secondes noces, en 1810, Marie-Louise, fille de l’empereur d’Autriche. Mais, progressivement, les nations soumises relèvent la tête. En Espagne, que les troupes de Napoléon envahissent, la répression de la guérilla est terrible, mais le peuple résiste. Lorsque Napoléon arrive en Russie en juin 1812, il a contre lui le peuple entier qui pratique la politique de la terre brûlée, et se retire au fur et à mesure de l’avancée des troupes françaises. Napoléon subit sa première grande défaite sur la Bérézina (novembre 1812). La Prusse et la Russie envahissent la France. Napoléon abdique à Fontainebleau; il est exilé à l’île d’Elbe. En février 1815 il parvient cependant à s’évader, et, pendant 100 jours, il essaie de reconquérir le pouvoir. Sa dernière défaite à Waterloo (Belgique), le 18 juin 1815, marque la fin de son règne. Napoléon est exilé sur l’îlot anglais de Sainte-Hélène, où il meurt, dans la solitude, en 1821. Il est vrai que la plus grande conquête de Napoléon, c’est celle de l’imagination. L’histoire, avec ses moments de gloire et ses défaites, a été dépassée par le mythe. La Restauration et la Monarchie de juillet Débarrassés de Napoléon, les pays royalistes alliés contre la France rétablissent les Bourbons sur le trône. Âgé de 60 ans, ayant passé toutes les années de la Révolution en exil, Louis XVIII est très attaché à l’Ancien Régime. Mais il ne remet pas en cause certains acquis libéraux, et il octroie, sous le nom de Charte, une constitution à la France. La Charte institue un régime parlementaire sur le modèle anglais: le roi a le pouvoir exécutif; le pouvoir législatif est détenu par la Chambre des pairs, dont les membres sont nommés par le roi, et 1 Romantisme par la Chambre des députés, qui sont élus au suffrage «censitaire», c’est-à-dire que seuls les plus riches peuvent voter. Charles X succède à son frère en 1824. Sous la pression des conservateurs royalistes et du clergé, le gouvernement devient de plus en plus réactionnaire. On veut museler la presse, et on limite le droit de vote aux propriétaires fonciers en excluant la bourgeoisie d’affaires et de finances. Alors la bourgeoisie s’allie au peuple contre la monarchie qui menace les libertés. En trois journées de combat, appelées les Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830), le peuple parisien chasse Charles X du trône. C’est le duc d’Orléans qui monte sur le trône sous le nom de Louis Philippe, roi des Français et non plus roi de France. Louis Philippe est le roi des industriels, des banquiers et des grands négociants qui le soutiennent, et il instaure une véritable monarchie constitutionnelle. En 1846-1847 la crise d’origine agricole est encore une crise d’Ancien Régime: le mécontentement politique grandit. Les opposants au régime, républicains et libéraux, réclament le suffrage universel. Les ouvriers aspirent à avoir eux aussi des représentants à l’Assemblée. La révolution se prépare. Les idées républicaines et libérales On voit apparaître dès le début du siècle des idées nouvelles, connues sous le nom de libéralisme, destinées à un avenir durable. C’est à cette époque que naît le grand mouvement romantique qui cristallise à la fois le sentiment d’appartenance nationale et le désir pour les peuples de participer à la vie politique. En outre, les régimes absolutistes veulent perpétuer un équilibre statique alors que l’évolution socio-économique porte vers le libéralisme. C’est ainsi que l’on peut expliquer la prolifération en Europe, dans les années 1820, des sociétés secrètes d’inspiration libérale. Le mot de «peuple» regroupe des catégories sociales aux intérêts divergents. D’un côté, la bourgeoisie n’apprécie pas d’être dépossédée du pouvoir politique et s’engage du côté des libéraux aussi bien par conviction politique que par intérêt économique. De l’autre côté, on voit se dessiner un clivage républicain de gens déçus par l’issue des journées révolutionnaires de 1830 qui contribuent à entretenir l’agitation révolutionnaire. Les jeunes républicains s’orientent alors vers une doctrine plus jacobine et sociale. En 1848, c’est l’Europe entière qui bouge. La crise agricole et industrielle frappe durement les États, et les mouvements révolutionnaires se durcissent. En France, 1848 marque un tournant important de la vie politique. Les journées de février Le 22 février, les gens descendent tout de même dans la rue. Le 23, l’agitation grandit. Un incident éclate et la troupe tire sur la foule. Les gardes nationaux fraternisent avec le peuple. Le roi abdique. Le gouvernement provisoire de la République Un gouvernement provisoire est formé et proclame la République dont, pour un temps, Lamartine sera le chef. Il comprend essentiellement des bourgeois républicains, mais aussi des socialistes. Les prolétaires attendent beaucoup de ce gouvernement. Le suffrage universel (sauf pour les femmes) est institué; la liberté de presse et de réunion est reconnue; la peine de mort et l’esclavage dans les colonies sont abolis. Du point de vue social, le droit du travail est proclamé et on crée des Ateliers Nationaux, qui sont de grands chantiers publics. 2 Romantisme Mais il y a une autre idée très importante. Une littérature nouvelle doit correspondre au temps nouveau, donc il faut s'affranchir à l'égard des modèles anciens. Par exemple en poésie on renonce à la mythologie pour se tourner vers la philosophie ou vers la peinture de la passion et de la nature. “Poésie classique et poésie romantique” Dans De l’Allemagne Madame de Staël fait une comparaison entre la poésie classique et la poésie romantique. La poésie classique est la poésie des anciens. Il est une sorte de poésie d’imitation, qui est importée. Elle a déjà obtenu la perfection. Par contre la poésie romantique est la poésie moderne, que dérive de la littérature chevaleresque. Elle se fonde sur le christianisme, donc il est une poésie d’inspiration. Elle est indigène, populaire. Et elle seule peut encore se perfectionner. “L’alliance de l’homme et de la nature” Mme de Staël avait découvert la poésie allemande en voyageant dans ce pays, où elle découvre le Romantisme à ses débuts et le fait connaître en France. Elle fait un exemple d'une œuvre de Goethe qui parle d'un pêcheur sur le bord d'un fleuve quand arrive une nymphe lui convaincre à se plonger. Le pêcheur le faut et enfin il meurt. Avec ce roman, Goethe a réussi à expliquer la puissance de la nature et surtout le fascine et le «pouvoir mystérieux» que l'eau exerce sur les hommes. Les sentiments des hommes se réfèrent à la nature. Elle explique cet argument avec les mots alliance secrète, correspondent et lien (mots de correspondance). Seulement le poète sait établir ce lien entre le monde physique et le monde moral grâce à son imagination. Le mouvement de l'eau représente le mouvement de l'intérieur de l'homme. OSSIAN Ossian est un barde légendaire de l’ancienne Irlande. Les premières références à Ossian se trouvent dans les écrits de Giraldo Cambrense, du XIIe siècle. Mais la véritable histoire littéraire a explosé lorsque James MacPherson a écrit Les Chants d’Ossian. MacPherson a prétendu avoir traduit fidèlement les poèmes originaux d’Ossian, alors qu’en réalité, il s’est appuyé sur des fragments et a inventé de nombreuses “chansons". Le succès de ses prétendues traductions est néanmoins extraordinaire. La prose puissante, la référence à une nature sauvage, en font une œuvre fondamentale du Préromantisme. À titre d'exemple, il convient de rappeler l'importance des Chants d'Ossian dans la formation de la sensibilité du mouvement Sturm und Drang; en outre, les lecteurs enthousiastes de MacPherson étaient Ugo Foscolo et Goethe. CHATEAUBRIAND Il passe par une jeunesse tourmentée qui aboutira à un retour à la foi, suivi par une carrière littéraire et une carrière politique. Il fait des études classiques, il hésite longuement sur l'orientation qu'il va donner à sa vie car il se croit impropre à l'action. Il séjourne en Amérique en 1791 et il regagne la France pour s'engager dans l'armée des princes. Il se réfugie en Angleterre en 1793 et à Londres il publie un Essai historique politique et moral sur les révolutions anciennes modernes, considérées en rapport avec la Révolution française (1797). Dans cette œuvre de la jeunesse on voit bien l'influence des philosophes du XVIIIe siècle mais il exprime une 5 Romantisme certaine inquiétude religieuse, tout en reprenant les arguments de la pensée rationaliste contre la foi chrétienne. La mort d'une de ses sœurs et la mort de sa mère déterminent en lui un brusque retour à la foi de son enfance. Le nouveau siècle s’ouvre sur une fracture historique entre l’Ancien Régime et le «Nouveau Monde» instauré par la Révolution de 1789. Certains esprits sensibles vivent d’une manière douloureuse cette rupture. Chateaubriand en est le représentant le plus exemplaire. Chez Chateaubriand, l’homme et l’écrivain sont inséparables. Trois thématiques se dégagent de l’œuvre de Chateaubriand et annoncent le Romantisme: l’attention portée aux états d’âme, le goût pour la nature, le retour aux sources chrétiennes comme fondement de l’identité des peuples européens. “L'étrange blessure” L'étrange blessure est un texte écrit par François-René de Chateaubriand qui fait partie du roman "René". René c'est une œuvre autobiographique écrite en 1802. Le texte est divisé en deux parties: le jour et la nuit. Dans ce texte on y trouve la majorité des thèmes romantiques. La première partie du texte se déroule pendant la journée. René (le protagoniste) est dans un bois tout seul et il souffre et pour cette raison il veut mourir. Il y a un passage clé (13-16) dans laquelle Chateaubriand utilise une apostrophe: il parle directement à la nature, il parle en troisième personne, en disant qu'il veut mourir. La deuxième partie du texte se déroule pendant la nuit. La nuit est associée avec la tranquillité (la lune et les nuages). Il veut une personne avec laquelle partager ses sentiments. Il fait une apostrophe à Dieu. Il décrit son étrange blessure ("qui n'était nulle part et qui était partout"). Et à la fin il dit que la seule chose qu'il peut faire pour guérir c'est mourir. “Vague à l'ame" Le vague des passions est selon lui un état d'âme, qui précède le développement des passions. Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état d'âme augmente. Il reste des désirs en soi mais on n'a plus d'illusions. On habite un monde vide avec un cœur plein. C’est un ennui et un dégoût maladif de la vie à un âge où le cœur déborde des plus belles passions. Le jeune homme civilisé devient «habile sans expérience» puisqu'il peut appréhender les sentiments humains par les livres et non par la vie. Désenchanté, il voit ainsi le feu des passions s'éteindre avant qu'il n'ait pu s'embraser. En outre, selon l'écrivain, la femme, par sa «nature excessive, craintive, inconstante et l'incertitude de ses sentiments», entraîne les jeunes hommes dans la mollesse de leurs passions à mesure qu'ils fréquentent leur société. “Atala” (1801) Ce roman (qui se passe dans une tribu indienne de Louisiane) conte l’amour d’Atala, chrétienne, et de Chactas. Atala s’empoisonne pour rester fidèle à son vœu de consécration à la Vierge et demande à Chactas de se convertir. 6 Romantisme “La Génie du Christianisme” (1802) Ce livre a fait de Chateaubriand une sorte de guide spirituel pour sa génération: après le siècle des Lumières, l’auteur y fait l’apologie de la foi et veut montrer le rayonnement de la religion chrétienne. “Les Mémoires d’Outre-Tombe” (1848) Suivant la tradition de l’autobiographie, Chateaubriand raconte sa vie pour perpétuer sa mémoire, ce qui implique une reconstruction, pas toujours fidèle, de son existence. Souhaitant que ces Mémoires ne paraissent qu’après sa mort, il prend le lecteur à témoin de ce qu’il a vécu et de la perspective donnée à son existence. Mais ces Mémoires sont aussi l’«épopée d’une âme et d’un siècle», d’un auteur témoin des grands bouleversements qui marquent l’histoire de France depuis la Révolution. "René" (1802) Ce roman décrit ce fameux mal de René, ce sentiment de lassitude et d’impuissance à vivre, cette désespérance qui envahit le cœur et qui deviendra «le mal du siècle». Toute une génération se reconnaîtra en René: René raconte à ses amis sa jeunesse pleine de rêveries folles et passionnées, sa vie marquée par l’ennui, son penchant pour sa sœur Amélie (inspirée par Lucile, la sœur de Chateaubriand). René finit par s’enfuir en Amérique tandis que sa sœur se retire dans un couvent, effrayée par ce qu’elle ressent pour son frère. La mélancolie et l'ardeur caractérisent Chateaubriand. Son incurable mélancolie l'incite à se replier sur lui-même dans une isolément hautain. La solitude lui permet de goûter de joie splendide mais elle est aussi sa misère parce qu’elle le convainc qu'il est destiné à un malheur exceptionnel. Parfois il a un retour d'énergie et une ardeur effrénée, il est ivre de nature de liberté d'amour. Son âme vit surtout par l'imagination et se crée un monde de rêve. LES GRANDES THÈMES ROMANTIQUES Les thèmes romantiques par excellence se sont exprimés dans tous les genres, mais plus particulièrement en poésie. Dans un monde en plein bouleversement, le poète laisse libre cours à ses émotions, à son drame intérieur dont la nature se fait l’écho. La découverte intérieure devient matière de l’œuvre littéraire. L’écrivain se peint lui-même, raconte ses joies comme ses souffrances. C’est le règne de l’exaltation du moi, de la subjectivité, du refus du monde extérieur qui n’est considéré que comme une projection du moi. Cette insatisfaction conduit alors à la recherche d’une réalité au-delà du monde réel. On renonce à la recherche d'une vérité universelle et abstraite et on y préfère la description d'une expérience particulière et concrète. On reproche aux classiques d'avoir posé en principe la souveraineté de la raison, qui impose les mêmes exigences à tous les hommes et qui sacrifie les caprices de la Rêverie et les élans du cœur, les seuls qui peuvent révéler les secrets des âmes individuelles. Il faut révéler au public les profondeurs de la sensibilité ou bien s'évader en imagination vers des siècles disparus ou des contrées lointaines. Le Romantisme ouvre la dimension du rêve et des fantasmes, retrouve le sens du merveilleux. Il se présente d’abord comme refus du culte de la raison, caractéristique du 7 Romantisme La troisième partie nous dévoile la morale. Le mot « silence » qui caractérise toute la première partie du poème devient ainsi le mot clé de tout le poème. Grâce au loup, l’homme apprend ainsi qu’il faut s’opposer à la triste réalité existentielle (= le destin) avec le silence et avec une fierté stoïque. L’homme n’a aucun espoir et Dieu n’existe pas. Dans les moments de souffrance, la seule chose à faire est de rester digne et vertueux. ALPHONSE DE LAMARTINE Lamartine a beaucoup écrit, en prose et en vers. Mais c’est sa poésie qui a passé la barrière du temps, et en particulier la poésie lyrique à tonalité élégiaque des Méditations. Alphonse de Lamartine passe une enfance heureuse au contact de la nature dans le petit domaine de son père. Il a fait ses études au collège jésuite, il s'est passionné pour la lecture et il découvre en soi une vocation poétique. Il fait un bref passage dans l'armée sous la première restauration, la maladie mûrit son expérience. Il va faire une cure thermale à Aix-les-Bains et il connaît une jeune fille qui lui inspire un amour profond mais l'année suivante il l'attend vainement à Aix parce qu'elle est morte pendant l'hiver. De cette idylle tragique naissent les Méditations (1820). Les pièces de ce recueil permettent de suivre les principales étapes de son aventure sentimentale et aussi la mélancolie du temps après la mort de la fille. Mélancolie vague, désenchantement et aussi exaltation et esprit mystique. En 1830 Lamartine fait sortir les Harmonies poétiques et religieuses. Il y a encore quelques éléments d’amertume mais surtout il s'agit d'une symphonie à la gloire de Dieu. On exprime la sécurité d'une âme qui confie à la Providence En 1830, après la révolution, il abandonne la carrière diplomatique. En 1848 Lamartine prend position contre les émeutes et sa popularité finit. Alors commence pour lui une vieillesse misérable, pleine de dettes criardes à cause desquelles il doit travailler sans répit. Mais l'inspiration intime reste encore en lui comme dans La Vigne et la Maison. (1857) C’est un poème qui a une profondeur émouvante et une admirable variété du rythme. On peut le définir comme son chef d'œuvre lyrique: il exprime la mélancolie chargée du deuil et des déceptions d'une vie entière, trouvant encore une élévation dans le spiritualisme religieux. Il donne à l'analyse de l'amour un caractère profondément personnel. Il révèle un désespoir récent, il évoque la douceur par exemple de son épouse, Il exprime, à travers les filles et les femmes dont il parle, toutes les nuances du charme, de leur charme particulier et la peinture d'un sentiment éternel. Il associé à ses joies ou à ses peines la nature: la nature est une consolation pour sa tristesse ou, au contraire, elle demeure étrangère et il y retrouve, par une association cruelle, une douleur oubliée. Les paysages reflètent les états de son âme. En plus, il est obsédé par la pensée de la mort. Parfois il y aspire, parfois il la redoute. Il songe toujours aux créatures qu'il a perdues, il appelle surtout les morts, la miséricorde de Dieu. Il rêve à la vie éternelle. Il exprime ses doutes, ses repentirs et ses élans de confiance ou d'adoration. “Méditations poétiques” (1820) Lamartine retrace dans les Méditations l’aventure sentimentale qu’il a connue avec Julie Charles. Ses états d’âme, ses sentiments, ses émotions sont évoqués dans des poèmes émouvants: l’inquiétude avant la mort de celle qu’il a célébrée sous le nom d’Elvire (Le Lac), 10 Romantisme la détresse profonde après sa mort et l’apaisement. En même temps, dans son désir de retrouver la paix de l’âme, Lamartine exprime un sentiment religieux fervent. “Le Lac” Le poème se déroule sur les rives du lac du Bourget, un an après la première rencontre entre le poète et la femme aimée, Julie Charles, à laquelle on donne le surnom d’Elvire. Le poème est divisé en strophes de quatre vers chacune. Le thème principal de l’œuvre est le rapport de confiance, amical établi entre Lamartine et la nature. En fait, au cours de la poésie, le poète demande à la nature de garder le souvenir de la première rencontre entre lui et sa bien-aimée. Un an plus tard, Julie ne se présente pas au rendez-vous au bord du lac en raison d’une grave maladie débilitante. Le poète est alors submergé d’un fort sentiment de tristesse et de nostalgie pour un temps qui ne reviendra jamais. En effet, selon la pensée des deux amoureux, le temps est quelque chose d’inexorable, qui continue son cours sans se soucier de l’homme. Julie, qui apparaît de toute façon dans le poème, demande au temps de passer plus vite pour ceux qui souffrent; vice versa, de ralentir son cours pour ceux qui vivent une belle expérience. En outre, apparaît le thème catullien du Carpe Diem, à savoir : saisir l’instant, vivre la vie jour après jour. MUSSET Il jouit d'une adolescente brillante, il fait d'excellentes études au lycée puis il connaît Hugo et, à peine âgé de 18 ans, il est introduit au Cénacle de rue Notre-Dame de Champs en 1830 et il publie son premier recueil de vers à la fin de la même année. D’ailleurs il condamne le caractère de mission sociale qui anime le romantisme, il refuse les idoles politiques et il veut abandonner la lutte. Il rend hommage à la Grèce, mère des arts, et à l'Italie, mère de la Renaissance. L’art impersonnel des poètes néoclassiques ne l' intéresse pas mais il veut retrouver l'esprit et l'âme du classicisme éternel, tout en exprimant une inspiration intime qui fut celle du premier romantisme. Un grand amour caractérise la période entre 1833 et 1835, il est amoureux de George Sand. Il part pour l'Italie avec elle et bientôt des nuages traversent leur bonheur. Le poète est trop léger et cela irrite sa maîtresse qui bientôt l'abandonne pour un autre homme. Musset rentre à Paris en mars 1834. La distance ranime la passion, il y a des lettres ardentes, mais ils ne connaîtront plus un accord profond et ils rompent définitivement en mars 1835. Cette aventure douloureuse blesse gravement son cœur mais rend plus riche son génie. “Les Nuits” (1835-1837) Les quatre longs poèmes des Nuits donnent la mesure du lyrisme de Musset. Leur thème central est le problème de l’inspiration et de la création poétiques liées à l’état d’âme du poète qui privilégie toujours les «élans du cœur», et veut traduire l’intensité des émotions. • La Nuit de Mai (1835): la Muse dialogue avec le poète désespéré et l’incite à écrire, car la souffrance est le ferment de la poésie. • La Nuit de Décembre (1835): le poète dialogue avec son double qui l’a toujours accompagné. Puis le double se révèle: c'est la solitude. • La Nuit d’Août (1836): la Muse reproche au poète de se laisser distraire par de nouvelles aventures amoureuses et de négliger la poésie. Mais le poète se tourne vers l’amour. 11 Romantisme • La Nuit d’Octobre (1837): le poète voudrait rejeter son passé, mais la Muse lui montre que la souffrance l’a fait mûrir. Sachant que l’écriture lui permet de calmer sa douleur, le poète guéri se tourne vers la vie. “La Nuit de Mai” La “Nuit de mai” est un poème qui appartient au recueil Les Nuits, publié en 1835 par Alfred de Musset. En tant que poète romantique du XIXème siècle, il accorde, dans ses productions littéraires, une grande place à l'exaltation de ses sentiments, notamment de ses peines. De fait, Les Nuits est un recueil de poèmes qui relate, de manière symbolique, la relation amoureuse qu'il entretint avec George Sand, une écrivaine de son époque. Leur histoire fut pour Musset cause de beaucoup de souffrances, qu'il entend exposer et dépasser par la poésie. Dans le poème, Musset se met en scène à travers la figure du «Poète» en parlant à une «Muse», c'est-à-dire l'incarnation de son inspiration. Ce dialogue lui permet tout à la fois de dévoiler les moteurs de sa création tout en exprimant ses propres souffrances. “La Nuit de mai” est avant tout l'expression d'un désespoir amoureux. C'est la douleur qui prime dans le discours du poète. Mais celui-ci contraste avec celui de la Muse, dont la présence contribue à l'établissement d'un dialogue. Il est à noter que cette souffrance est totale, aussi bien mentale que physique. Mais en contrepoids se trouvent les paroles de la Muse, où l'alexandrin vient alléger la dureté des mots du poète. La Muse, en tant que femme, représente ainsi une pluralité de figures, qui sont toutes motrices pour l'inspiration. De fait, elle est l'allégorie de la Poésie: elle protège et inspire. La dynamique poétique est fondée sur cette allégorie, qui permet à Musset de dialoguer avec son propre poème. Le poète est seul, et pourtant il parle. Musset entretient l'ambiguïté et suggère à son lecteur que la Muse n'est personne d'autre que lui-même. C'est lui-même qui s'exhorte à la création et qui sait sa douleur utile à sa création. Le poème est l'occasion pour lui d'exprimer son «moi» profond, ou mieux, de l'explorer. “Les Confessions d’un enfant du siècle” (1836) Publié tout juste après la rupture avec George Sand, le livre déguise sous la fiction un caractère autobiographique. Le jeune héros, Octave, commence par définir les causes du «mal du siècle» dont semble souffrir toute une génération d’écrivains, désœuvrée et sans espoir après l’éclat de la Révolution et de l’Empire. Le chapitre 2 est devenu une sorte de manifeste de la génération romantique. Puis, à partir du chapitre 3, Octave fait le récit de sa vie, comme un exemple de ce mal qu’il dénonce. Le jeune Octave en fait a perdu toutes ses illusions sur l’amour après la trahison de la femme qu’il aimait et il s’est laissé aller à la débauche. Il rencontre une jeune veuve, Brigitte, mais les relations s’enveniment à cause de la jalousie et Octave renoncera à l’amour. Le théâtre Musset est aussi un grand dramaturge: il a écrit quinze pièces de théâtre contre cinq recueils de vers, quatre romans et des contes et nouvelles. Mais la particularité de son théâtre, c’est d’avoir été écrit pour être lu et non pour être joué. 12 Romantisme haut de la cathédrale. Puis il s’enfuit pour mourir près du corps de la bohémienne dont il était lui aussi amoureux. “Une larme pour une goutte d’eau” Quasimodo, un géant monstrueux et difforme, a été exposé au pilori pour avoir tenté d’enlever la jeune bohémienne Esmeralda. Il vivait au marge de la société pour sa diversité car avoir des malformations physiques voulait dire avoir une âme qui incarne le mal. Il souffrait et il était pitoyable mais le peuple qui assiste au condamné est mauvais. Si quelqu’un lui avait apporté de l’eau, il aurait été jugé, mais parmi toute la foule, une jeune fille s'approchait en lui donnant de l’eau car il avait soif. Ce geste fait tomber une larme de son visage parce qu’il n’a été jamais traité comme une personne et donc il n’avait jamais eu l’occasion d’exprimer et montrer ses sentiments. “Quasimodo et les cloches” Quasimodo est extrêmement joyeux et il s’empresse de monter au clocher. Quasimodo lui parle doucement, il la flatte et la caresse. On le devine très attaché à la cloche. La cloche apparaît comme un cheval et comme un bourdon. La métamorphose de la cloche en cheval supplante celle du bourdon. À la fin de l’extrait, Quasimodo et la cloche ne font plus qu’un et forment une symbiose parfaite : Quasimodo s’est transformé en homme-cloche. “Les Misérables” (1862) Cette œuvre offre une fresque sociale assez réaliste de 1815 à 1832 où le croisement des intrigues donne l’impression de foisonnement du réel. Cependant, Victor Hugo est peut-être plus préoccupé par le côté moral et spirituel de ses personnages que par l’analyse sociologique. Son roman raconte le passage des ténèbres aux lumières, la marche du mal vers le bien, l’histoire du salut des âmes «misérables». Il nous touche par son humanité profonde et par sa générosité. Jean Valjean a été condamné aux travaux forcés pour avoir volé du pain. Libéré, il est un paria jusqu’à ce que la bonté d’un évêque le pousse à se réhabiliter. Il devient un honnête bourgeois sous le nom de M. Madeleine, honoré de tous, jusqu’au jour où il apprend qu’on va condamner un innocent en le prenant pour lui. Au terme d’une terrible crise de conscience, il décide de se livrer à la justice et retourne au bagne. Jean Valjean avait cependant promis à une de ses ouvrières qui allait mourir de s’occuper de sa fille, Cosette. Il s’évade du bagne et va chercher l’enfant chez les horribles Thénardier à qui elle avait été confiée, et il s’installe à Paris avec sa protégée, en se cachant de l’inspecteur Javert qui le traque. Cosette grandit et Marius, un jeune étudiant, tombe amoureux d’elle. Les émeutes éclatent à Paris. Bien qu’il soit son ennemi, Jean Valjean sauve l’inspecteur Javert, prisonnier des insurgés. Celui-ci n’a plus le courage d’arrêter son sauveur et se suicide. Puis Valjean sauve Marius en l’entraînant à travers les égouts de Paris. Marius et Cosette se marient. Marius apprend l’identité du père adoptif de Cosette. Ne sachant pas que c’est lui qui l’a sauvé, il éloigne sa femme du vieil homme qui se retrouve seul. Lorsqu’enfin il apprend la vérité, Cosette revoit une dernière fois son père adoptif. Jean Valjean peut mourir. C’était un paria. Il est devenu un saint. 15 Romantisme Hugo dramaturge Hugo a pour ainsi dire inauguré officiellement le Romantisme français le jour de la présentation de son drame, Hernani, en 1830. Une véritable bataille s’est engagée, lors de la première, entre partisans et opposants de la nouvelle génération, et s’est poursuivie durant toutes les représentations. Hugo en outre a théorisé les principes du drame romantique dans les préfaces de deux de ses pièces, Cromwell (1827) et Hernani. “Hernani” Ce drame en cinq actes a séduit par ses audaces. Les unités de lieu et de temps du théâtre classique sont abolies: l’action se passe sur plusieurs mois, d’abord en Espagne puis en Allemagne, et se déroule entièrement sous les yeux des spectateurs, car les confidents ont disparu. Drame passionnel et drame politique, Hernani mêle les genres et les tons: on passe du comique au tragique, du familier au sublime; on y retrouve tous les thèmes: l’honneur que l’on doit venger, la raison d’État et la conjuration contre le tyran, l’amour-passion, la lutte du bonheur et de la fatalité. Le théâtre romantique À l’aube du XIXe siècle, les formes théâtrales existantes se fanent. Le «mélodrame» né à la fin du siècle précédent a un très grand succès populaire, mais il est trop banal. C’est alors que l’on redécouvre Shakespeare. Le dramaturge anglais exerce une influence décisive sur les romantiques. La forme nouvelle qu’inventent les jeunes romantiques français, c’est le drame, lancé officiellement lors de la première d’Hernani. S’il refuse les trois unités, le drame romantique comme la tragédie classique répond pourtant à des règles précises. Victor Hugo en définit les grands principes dans les préfaces de deux de ses pièces, Cromwell (1827) et Hernani (1830). “La Préface de Cromwell” Sans réellement innover, cette préface, par son ton éclatant et agressif, a un accent novateur: elle prône le mélange des genres pour unir dans le drame comme dans la vie le grotesque au sublime; elle rejette les vieilles règles classiques des unités, contraires à la vraisemblance; elle demande la couleur locale, historique, pour donner l’impression de la vie; elle exige enfin la liberté dans l’art. La préface de Cromwell exprime la théorie des 3 âges et la théorie du drame. La théorie des 3 âges. On peut distinguer 3 grandes époques dans l'histoire de l'humanité: -le temps primitif quand l'homme est encore proche de l'innocence originale et conduit une vie pastorale. Il est naïf et pieux. C’est l'âge du lyrisme. -le temps antique, c'est-à-dire le temps ou les États se constituent et la guerre naît de leur constitution. La poésie chante la guerre et pour faire cela elle évolue du lyrisme spontané au poème héroïque ou à la tragédie. C’est l'âge de l'épopée. -le temps moderne : le spiritualisme chrétien oppose le corps à l'âme, la terre au ciel. Cette opposition dans l'homme définit la forme dramatique de l’art qui porte à la poésie moderne. C’est l'âge du drame. La théorie du drame. Le drame doit illustrer l'idée chrétienne de l'homme qui est à la fois une créature périssable de chair et une créature immortelle éthérée. Séparer les genres signifie diviser les aspects différents de l'homme, donc on ne peut pas le faire. 16 Romantisme L'homme tout entier et exprimé par le drame qui mêle le grotesque au sublime. Voilà pourquoi le mélange des genres et l'abandon des unités. Les unités de temps de lieu sont contraires à la vraisemblance. L’unité d'action permet d’avoir une vue d'ensemble sur l'histoire donc elle est la seule vraie et fondée et elle doit être maintenue. Le décor doit avoir en soi l'impression de la vie, la couleur historique géographique doit être réelle et elle imprègne le fond du drame. Il faut proscrire l'imitation qui asservit le génie, il faut libérer le style. Le vers n'est pas incompatible avec le naturel et la rime devient la grâce de notre poésie. LE ROMAN PENDANT LA PÉRIODE ROMANTIQUE Avec le Romantisme, on voit s’affirmer un genre qui a longtemps cherché sa voie et que des écrivains comme Balzac, à mi-chemin entre Romantisme et Réalisme, porteront à son apogée. Le roman intimiste Le roman romantique est très proche par ses thèmes de la poésie lyrique et cède volontiers aux tentations de l’autobiographie plus ou moins déguisée: Vigny dans Stello, Constant dans Adolphe et Senancour dans Oberman, Chateaubriand dans René, créent des personnages qui leur ressemblent comme des frères. Le roman historique Dans leur désir de renouer avec les origines de leur peuple, les romantiques redécouvrent l’Histoire. Le roman historique devient le genre à la mode. Hugo écrit Notre-Dame de Paris (1831), dont l’action se situe au Moyen Âge, et Quatre-vingt-treize (1874), qui retrace les luttes vendéennes lors de la Révolution. La peinture historique est à la fois chez l’écrivain le fruit d’un souci de vérité et d’une puissante imagination. Le roman social Dans Les Misérables (1862), Hugo peint les réalités sociales avec une sensibilité poignante. Mais c’est sans doute George Sand, influencé à la fois par le catholicisme social et par le socialisme utopique, qui écrit les romans les plus engagés en faveur de l’égalité réelle, de la solidarité, du pacifisme. BALZAC Honoré de Balzac naît à Tours dans une famille de bonne bourgeoisie. Son père s'intéresse aux problèmes sociaux et, suivant le désir de ses parents, il entre comme clerc chez un avocat et commence son droit. Enfin à 1819 il affirme sa résolution de devenir un écrivain. Le jeune romancier essaie son jeune talent dans des directions diverses sans parvenir toutefois à dégager son originalité. En dépit de ses efforts, Balzac ne parvient pas à conquérir le succès. Il se lance alors dans les affaires, il achète une imprimerie et il fait la connaissance du monde du journalisme et des écrivains. Mais il doit liquider son entreprise dans des conditions désastreuses, il a de terribles dettes et pour les pays il leur revient délibérément à la littérature. Il collabore à de nombreux journaux, il fréquente de nombreux salons. La philosophie le hante toujours : il exprime ses préoccupations vitales dans La Peau de chagrin, il énonce ses idées sociales dans le Médecin de campagne, il traduit ses aspirations mystiques dans Louis Lambert. Parallèlement à ces œuvres idéologiques, il publie des Scènes de la vie privée et ses premiers chefs-d’œuvre réalistes, Eugénie 17 Romantisme Les personnages de Balzac sont non seulement des types humains mais des types sociaux, car pour lui il y a autant «d’espèces» qu’il y a de classes sociales. Balzac entend le mot «espèce» comme un naturaliste parlerait d’espèces animales et il est convaincu que l’homme est déterminé par le milieu dans lequel il vit. Ses personnages sont aussi des types psychologiques. Chez eux, la passion est souvent poussée à l’extrême. Il reste à trouver au romancier la situation de crise où les personnages se révéleront dans leur vérité. Le peintre réaliste de la société La Comédie humaine est une mine de documents qui couvre la période allant de la Révolution à 1846 environ, c’est-à-dire l’époque même de Balzac. Cet auteur a le don de l’observation et, avant d’écrire, il procède à des études détaillées, des enquêtes rigoureuses. Ses très longues descriptions ne sont pourtant jamais gratuites mais elles permettent d’insérer les personnages dans un cadre, dans un milieu bien défini. Quant aux personnages, ils sont si variés que Balzac prétend «faire concurrence à l’État civil»: il peindra toutes les couches de la société, des plus grands bourgeois aux gens du commun, ne laissant de côté que les ouvriers ou la petite paysannerie. Il fait des portraits précis de ses personnages, négligeant rien qui puisse éclairer le caractère. Ainsi les Études de mœurs constituent une grande fresque de la société française, véritable document sur la Restauration et la monarchie de Juillet, où l’on voit naître la société capitaliste et son nouveau dieu: l’argent. Mais c’est par le style aussi que Balzac innove. Per rapport aux romantiques qui utilisaient le «je», il utilise la technique du narrateur omniscient qui conduit son récit, expliquant, commentant, ménageant des effets de surprise, anticipant parfois sur ce qui se passera plus tard, et s’accordant parfois des pauses dans la narration pour présenter ses propres réflexions de narrateur. Le visionnaire Balzac procède beaucoup par intuition et imagination. Les hypothèses métaphysiques de sa jeunesse l’accompagnent toujours. Il croit que tous les phénomènes se ramènent à l'action d'une substance unique, un fluide éthéré qui chez l'homme prend la forme de la pensée. Donc les idées qui naissent du cerveau de l'homme sont des êtres véritables qui se meuvent dans l'univers. Tout en s’appuyant sur la documentation et l’observation, il donne consistance à ses personnages selon une intuition visionnaire. Ses personnages sont certes des types humains ou des types sociaux, mais Balzac réussit à leur donner crédibilité et épaisseur humaine en les montrant en proie aux passions les plus fortes: avarice, ambition, cruauté, cynisme, etc. L’amour, thème romanesque par excellence, n’est pas absent, mais il n’est pas au cœur de la narration, si ce n’est dans le plus romantique des romans, Le Lys dans la vallée. Avec sa puissance visionnaire, Balzac recrée un monde, rivalise avec Dieu. STENDHAL Dans l’univers imaginaire d’Henri Beyle, mieux connu comme Stendhal, qui est un pseudonyme du nom d’une ville d’Allemagne où il avait un poste dans l’administration, l’Italie occupe une place très importante. Il la découvre tout jeune, à 17 ans, à la suite de Napoléon, participant à la campagne d’Italie. En 1821, la France perd l’Italie. Stendhal cherchera à y séjourner le plus souvent possible en tant que diplomate. Cet amour passionné l’accompagnera toujours: il aime l’atmosphère de la péninsule, ses paysages, ses beautés artistiques, ses villes, ses habitants, ses femmes. C’est pour lui le pays de la 20 Romantisme beauté, du plaisir de vivre et de l’amour. Lors de ses premiers voyages en Italie, Stendhal écrit une sorte de journal qui sera publié sous le titre Rome, Naples et Florence: Stendhal raconte l’Italie, et au fil des anecdotes et des événements, il commente les mœurs des habitants, il fait sentir la richesse culturelle de ce pays qu’il affectionne. “Le Rouge et le Noir” Stendhal s’est inspiré de faits divers: un ébéniste assassin de sa maîtresse, un séminariste précepteur qui avait tiré sur la femme d’un notable, guillotiné en 1827. Mais le livre va au-delà de l’anecdote. Le titre met l’accent sur un dilemme social: pour réussir, faut-il choisir le rouge qui représente la carrière des armes (si utile sous l’Empire) ou le noir qui représente la carrière ecclésiastique plus rentable sous la Restauration? Julien incarne les aspirations d’une jeunesse pauvre mais éduquée qui ne parvient pas à se faire une place digne de sa valeur dans la société, et qui vit douloureusement l’inégalité des classes sociales. Le mérite de Stendhal toutefois est d’avoir su mêler critique sociale et intérêt psychologique, car le héros, parti pour conquérir la haute société avec un certain cynisme, révèle en fait sa profonde sensibilité et rachètera son crime par la découverte de l’amour véritable. Julien Sorel est un jeune paysan jurassien, instruit, admirateur de Napoléon et plein d’ambition. Le maire de la ville de Verrières, M. de Rênal, le choisit comme précepteur de ses enfants. Julien et la jeune Mme de Rênal se sentent vite attirés l’un vers l’autre et Madame de Rênal finit par succomber à cette passion qui, d’autre part, flatte le jeune plébéien. Renvoyé par M. de Rênal, Julien entre au séminaire, puis obtient une place de secrétaire chez le marquis de la Môle à Paris. Julien se plaît dans ces milieux aristocratiques. Il séduit la belle et orgueilleuse Mathilde, fille du marquis, devient lieutenant des hussards et demande la main de Mathilde qui est enceinte. Mais le marquis reçoit alors une lettre de dénonciation écrite par Mme de Rênal. Toutes les ambitions de Julien s’évanouissent. Furieux, celui-ci se rend à Verrières, et dans l’église tire sur Mme de Rênal qu’il blesse. Il est emprisonné et condamné à mort, mais assume avec détermination son acte. Il goûte en prison quelques rares moments de bonheur avec Mme de Rênal venue lui rendre visite et qu’il découvre aimer sincèrement. Il est exécuté et quitte ce monde corrompu où seule «la peine de mort ne s’achète pas». Mathilde, venue à l’exécution, emporte la tête de son amant pour l’ensevelir elle-même. Quant à Mme de Rênal, elle meurt en embrassant ses enfants trois jours après Julie. “La Chartreuse de Parme” Stendhal compose La Chartreuse de Parme en sept semaines en s’inspirant d’un fait de chronique italienne du XVIe siècle. Mais il situe l’action dans le duché de Parme au début du XIXe siècle.Comme dans Le Rouge et le Noir, le contexte historique est important et on peut faire une lecture politique du roman: Stendhal décrit, à travers le duché de Parme, les mécanismes d’un état policier où tout est soumis au bon vouloir du prince. Néanmoins, le héros n’est pas aussi déterminé que Julien Sorel par le milieu, car ce qui intéresse Stendhal, c’est de peindre une personnalité, dans tous les recoins de son âme. Le roman est en effet d’une grande profondeur psychologique: c’est le roman de l’intériorité. La Chartreuse de Parme raconte l’histoire de Fabrice del Dongo, jeune homme séduisant et libertin, épris de liberté au point de vouloir suivre Napoléon à Waterloo. À son retour, il se 21 Romantisme réfugie dans le duché de Parme sous la protection de sa jeune tante qui lui est très attachée, la duchesse de Sanseverina. Celle-ci et son amant, le comte Mosca (figure de l’homme d’État), poussent le jeune homme vers la carrière ecclésiastique. Mais Fabrice fait passer la quête du bonheur avant la carrière. Ayant tué au cours d’un duel un rival, il est emprisonné dans la Tour Farnèse. C’est là qu’il découvre le véritable amour. Entre lui et Clélia Conti, la fille du gouverneur de la prison, se noue une tendre passion. Clélia accepte de trahir son père et de favoriser l’évasion de Fabrice projetée par la Sanseverina. Mais, ce faisant, elle jure de ne jamais plus revoir le jeune homme et elle épouse un vieux marquis. La Sanseverina, qui éprouve pour son neveu une passion toujours plus exigeante, intrigue et se compromet pour sauver Fabrice. Elle doit alors quitter Parme et finit par épouser le comte Mosca. Fabrice reprend la carrière ecclésiastique et revoit, la nuit, Clélia dont il a un enfant. À la mort de Clélia, Fabrice se retire à la Chartreuse de Parme. Le sens de l’oeuvre À sa mort, Stendhal est presque un inconnu. Stendhal a été découvert à la fin du XIXe siècle et seulement par une élite. Ses romans en effet n’ont pas connu le grand succès populaire de ceux de Hugo ou de Balzac. Mais aujourd’hui, il plaît au public par son style et ses idées très modernes. La tentation de l’autobiographie Toute sa vie, Stendhal a poursuivi sa propre identité. Attiré par l’autobiographie, il craignait de tomber dans le piège de la justification comme Rousseau ou dans celui de la complaisance comme Chateaubriand. Il a donc toujours cherché à s’observer et à se juger avec détachement, ironie et lucidité. Cette quête du «moi», connue sous le nom d’égotisme, transparaît dans ses héros de roman qui lui ressemblent beaucoup. Le héros stendhalien Le héros stendhalien conjugue le désir de grandeur et l’épicurisme. Il aspire à être quelqu’un et il cherche le bonheur avec rage. C’est un être passionné et lucide à la fois qui aime se défier lui-même. Mais il est la victime de cruels dilemmes: que choisir entre l’armée ou l’Église, la femme mûre et intelligente et la femme innocente et pure, entre l’opportunisme calculateur et le noble idéalisme, entre le travail et le dilettantisme, entre les conservateurs et les libéraux? Finalement le héros stendhalien ne trouve pas vraiment sa place dans le monde. Sa réussite se situe sur un autre plan, celui de la grandeur. À travers ses héros, Stendhal définit une certaine conception de la vie que l’on a appelé le beylisme, dont les valeurs sont la quête du bonheur, l’énergie, la passion, la sincérité, le refus du vulgaire, l’individualisme qui devient égotisme. Stendhal entre Romantisme et Réalisme «Un roman, c’est un miroir qu’on promène le long d’un chemin»: le roman est donc pour Stendhal un fidèle reflet de la réalité, et le romancier doit copier les personnages et les faits d’après nature. Stendhal préfère la relation précise des «petits faits vrais». Le roman est une chronique de vie qui se déroule dans un espace réel et au rythme des événements qui se succèdent. Pour garantir l’objectivité, l’auteur s’applique à faire sentir au lieu de dire. Il montre ses personnages en train d’agir et de parler, et c’est souvent le lecteur qui tire des conclusions. Le style dépouillé, net, incisif correspond à cette recherche de la vérité objective. 22 Romantisme Le réalisme Sur la fin de sa vie, Flaubert a été reconnu par de jeunes écrivains comme un «maître», même s’il s’est vivement défendu d’être un chef de file. La voie qu’il a ouverte est celle du réalisme, et en fait l’étiquette lui convient: ses deux plus grands romans sont au cœur du monde réel. Flaubert utilise les faits divers, les événements politiques qu’il intègre dans le récit. Ses personnages ont l’épaisseur du réel. En outre, la production de cet auteur s’appuie sur une vaste documentation. Ce qui est fondamental pour donner l’illusion du vrai, c’est la technique narrative qu’inaugure Flaubert: l’impersonnalité. Sa narration est à la fois précise et dépouillée, sèche. On a l’impression que celui qui raconte est complètement neutre et objectif; il présente les faits, il donne à voir et à entendre: au lecteur de tirer les conclusions. On entre ainsi davantage dans la subjectivité des personnages; c’est pourquoi Flaubert utilisera beaucoup le style indirect libre à travers lequel le discours du personnage envahit le récit. Par l’intermédiaire de cette technique d’un détachement apparent, se glisse alors souvent cette ironie qui caractérise la prose flaubertienne. Les préoccupations esthétiques On sait que chacune des œuvres de Flaubert, qui a consacré sa vie entière à la littérature, a nécessité des années de gestation. Cette lenteur est en réalité le fruit d’un travail intense sur l’écriture, dont les différents manuscrits possédés ont conservé les traces. Flaubert est obsédé par la perfection formelle et il rêve d’écrire un livre sur rien qui ne tienne debout que par la vertu de son propre style. C’est pourquoi il ne cesse de remanier son texte, comme en témoignent ses brouillons surchargés. Il déclame à haute voix pour écouter les sons de la langue et le rythme des phrases et choisit ses mots pour obtenir le meilleur effet. Madame Bovary (1857) Le réalisme. Madame Bovary est le premier grand roman réaliste. Flaubert s’est inspiré d’un fait véridique. Un médecin, élève de son père, avait épousé une jeune femme très romanesque. Celle-ci s’éprit d’un Dom Juan local, puis d’un clerc de notaire, et mourut à vingt-sept ans s’étant probablement suicidée. Non seulement Flaubert est fidèle à l’histoire, mais son réalisme va plus loin. La minutie des détails dans la peinture des lieux, des personnages et des milieux (paysannerie, petite bourgeoisie et aristocratie normandes) laisse une impression de vérité profonde, et peut-être aussi de malaise, car le regard de Flaubert est ironique, décapant et sans aucune complaisance pour la laideur, la mesquinerie, la faiblesse de Charles Bovary ou la bêtise de l’apothicaire. Le bovarysme. Le personnage d’Emma, héroïne du roman, a donné son nom à un état de crise psychologique et morale, le bovarysme, correspondant à un sentiment de profonde inadaptation sociale compensé par l’évasion dans le rêve et dans l’imagination. Emma déteste la vie banale, étriquée et monotone qu’elle mène aux côtés d’un mari sans aucune envergure, dans une province où il ne se passe rien. Ses ambitions sociales sont déçues, d’où un sentiment de frustration qui va bien au-delà de l’ennui. Elle trouve refuge dans ses rêves «romanesques», fruits de ses lectures, et s’invente une autre réalité en «cristallisant» sur des hommes qui ne sont que médiocres. Éternelle insatisfaite, elle finira par se suicider. Le procès de Madame Bovary. Lorsque Flaubert fit paraître Madame Bovary, le scandale fut immense. Flaubert fut accusé «d’outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs». Flaubert avait publié son livre dans un journal, «La Revue de Paris», dont le 25 Romantisme pouvoir aurait voulu se débarrasser. Le résultat a été que tout le monde s’est arraché le livre, pour y trouver, comme le dit Flaubert lui-même, «des obscénités qui ne s’y trouvent pas». Flaubert ne sera pas condamné, mais probablement encore pour des raisons politiques: l’auteur appartenait à la grande bourgeoisie de Rouen que le pouvoir ne tenait pas à indisposer en vue des élections. Emma Bovary est la fille d’un aisé fermier normand. Enfant, elle a été élevée dans une école religieuse et se délecte de romans sentimentaux. Romanesque, elle pense donc que le mariage lui ouvrira les portes du bonheur. Elle épouse un médecin médiocre, Charles Bovary. Mais ses espoirs sont vite déçus: son mari n’est pas intéressant, sa vie au village de Tostes est monotone à pleurer. Or Emma sait qu’il existe un autre monde fait de fastes et de passions; elle l’a entrevu au cours d’un bal où elle et son mari ont été invités. Voyant sa femme de plus en plus affligée, Charles Bovary accepte d’ouvrir un cabinet dans le bourg voisin à Yonville. Mais l’ennui d’Emma reparaît vite, malgré la naissance d’une petite fille. La jeune femme s’éprend alors d’un clerc de notaire, Léon Dupuis, qui n’ose pas se déclarer et part travailler à Rouen. Rodolphe, un Don Juan local, vient un jour au cabinet de Charles Bovary. Il y voit Emma qu’il trouve jolie, et décide de la séduire, ce qui à son avis ne sera pas difficile, car il devine son ennui. Emma vit avec Rodolphe quelques mois de passion. Mais celui-ci s’effraie devant l’exaltation de la jeune femme et l’abandonne. Emma, très choquée, se lance dans une folle vie de dépenses inconsidérées; elle renoue avec Léon. Cependant, elle est toujours aussi insatisfaite, et elle est en plus criblée de dettes. Elle dérobe alors de l’arsenic chez le pharmacien du village et se tue, laissant son mari abruti de chagrin. L’Éducation sentimentale (1869) L’Éducation Sentimentale est tout à la fois un roman personnel, le roman d’une génération et un roman historique. Le génie de Flaubert est sans doute d’avoir su rendre en même temps l’échec de l’individu et l’échec collectif. Un fond autobiographique. L’Éducation Sentimentale est le deuxième grand roman de Flaubert. Il a mis cinq ans à l’écrire, mais sa gestation est en fait plus longue encore, puisque l’expérience personnelle de sa rencontre avec Mme Schlésinger, qu’il transpose dans le roman, était déjà au cœur des écrits de jeunesse. Toutefois, le projet romanesque de Flaubert est beaucoup plus ambitieux que ne pouvait l’être par exemple la première version de L’Éducation où tout se terminait selon les vœux du héros. Flaubert a mûri et l’amour de Frédéric ne peut que se diluer dans le néant, condamné à l’échec. Dans les dernières pages, Frédéric et Mme Arnoux se voient pour la dernière fois; elle lui donne une mèche de ses cheveux blancs, et part. Et Flaubert conclut laconiquement: «Et ce fut tout». Ainsi se termine l’histoire d’un amour rêvé et jamais vécu. Le roman des désillusions d’une époque. Flaubert ancre sa fiction dans la réalité historique. Il s’est documenté sur le Paris de la Monarchie de Juillet et sur la Révolution de 1848 avec le même souci qu’il avait mis à chercher des renseignements pour Salammbô. Le romancier nous fait pénétrer dans les milieux des jeunes opposants au régime de la Monarchie de Juillet. Il peint une jeunesse emplie d’espoir, d’idéaux, dans une période historique agitée par deux révolutions (1830 et 1848), mais qui ne parvient pas à concrétiser ses rêves, et se dilue dans l’inaction. C’est l’échec du Romantisme, non seulement sur le plan personnel de l’amour, mais aussi sur celui de la morale collective. 26 Romantisme Frédéric Moreau, un jeune provincial de Nogent, arrive à Paris en 1840 pour faire son droit. Sur le bateau qui le conduit à Paris, il s’éprend d’une passion fulgurante pour Mme Arnoux. Elle est la femme d’un éditeur d’art dont il devient l’ami et qui l’initie à la vie légère de Paris et lui fait connaître sa maîtresse Rosanette. Mais Frédéric rêve de Mme Arnoux. Finalement il obtient un rendez-vous; toutefois, au dernier moment la jeune femme ne peut s’y rendre à cause de son fils malade. Frédéric par dépit se jette dans les bras de Rosanette. À ce moment éclate la Révolution de 1848 à laquelle Frédéric assiste passivement. Rosanette lui donne un fils. Il devient l’amant de Mme Dambreuse, épouse d’un riche homme d’affaires, qui, à la mort de son mari, propose à Frédéric de l’épouser. Mais lorsque Mme Dambreuse achète un coffret ayant appartenu à Mme Arnoux lors d’une vente aux enchères de tous les biens de son mari en faillite, Frédéric la quitte. C’est le jour du coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte en 1851. Frédéric voyage. Quinze ans après, en mars 1867, il revoit Mme Arnoux, mais il est trop tard. Il restera avec ses désillusions amoureuses comme d’autres, parmi ses amis, ont perdu leurs illusions politiques. 27
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