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Letteratura francese 2 - dal XIX al XX secolo, Appunti di Letteratura Francese

Appunti del corso di Cultura e Letteratura francese 2. | Argomenti principali: XIX secolo, contesto storico; il Romanticismo; il Realismo; il Naturalismo; XX secolo, contesto storico; la poesia moderna; il romanzo nel '900; il Surrealismo; l'Esistenzialismo. | Margine a sinistra per rilegatura.

Tipologia: Appunti

2019/2020

In vendita dal 18/07/2020

ChiaraDigi
ChiaraDigi 🇮🇹

4.6

(8)

18 documenti

Anteprima parziale del testo

Scarica Letteratura francese 2 - dal XIX al XX secolo e più Appunti in PDF di Letteratura Francese solo su Docsity! Cultura e letteratura francese 2 Le XIXème siècle Politiquement, le Romantisme est une période très mouvementée : - L’Empire (1804-1815) | Napoléon - La Restauration (1815-1830) | Louis XVIII et Charles X - La monarchie de Juillet (1830-1848) | Louis Philippe 1er - La Deuxième République (1848-1851) - Le Second Empire (1852-1870) - La Troisième République (1870-1940) Le XVIIIème siècle, le siècle des Lumières, s’est terminé dans un grand bain de sang. Les Français, mécontents du gouvernement de Louis XVI qui les écrase de taxes mais exempte d’impôts la noblesse, se révoltent. Le 14 juillet 1789, des insurgés et des soldats du roi, s’emparent de la Bastille, prison stratégique de Paris où se trouvent les prisonniers politiques, ce qui encourage la population à se rebeller. C’est bientôt tout le pays qui fait la révolution. En 1793, le roi, Louis XVI est exécuté. On guillotine aussi la reine et des milliers de nobles, ainsi que tous ceux que l’on soupçonne d’être contre la Révolution. Cette période sanglante sera baptisée la Terreur. À la suite de cet épisode, les révolutionnaires promettent aux autres nations de les aider à se libérer de la monarchie. C’est ainsi que la France commence à envahir les pays voisins. Afin de se protéger, l’Angleterre et l’Autriche attaquent la France en 1793. La France sortira vainqueur de cette guerre de deux ans. À la tête des armées françaises se trouve alors un jeune et brillant (ainsi qu’ambitieux) général corse, Napoléon Bonaparte. Ayant progressivement concentré tous les pouvoirs entre ses mains, Bonaparte se fait sacrer empereur par le Pape Pie VII en 1804. Il promulgue des nouvelles lois – entre autres, il donne le droit à tous les Français d’accéder à la propriété (même des maisons) et d’exercer un bon métier –, mais son régime est autoritaire. Napoléon soumettra la presse et la littérature à une étroite censure. Son pouvoir est fondé sur la force militaire et la guerre ; en 1812, il a déjà conquis une grande partie de l’Europe occidentale. Cependant, sa tentative de conquête de la Russie s’est soldée par un échec en 1814. Lorsqu’il perd contre les Britanniques et les Prussiens à Waterloo en 1815, il est définitivement exilé sur la petite île de Sainte- Hélène. De 1815 à 1830, c’est la Restauration. Il s’agit d’un difficile compromis entre la monarchie parlementaire (le modèle anglais) et le désir des royalistes de revenir à l’Ancien Régime. Personne n’est pleinement satisfait de ce retour ambigu de la monarchie, ce qui conduira, en juillet 1830, à une révolution (les « Trois Glorieuses ») et à l’exil de Charles X, le dernier des Bourbons. En 1830, Charles X abdiqua en faveur de son petit-fils. Mais c’est Louis-Philippe, soutenu par la bourgeoisie qui accède au trône comme roi des Français (et non de France). La fin du règne de Charles X marque la fin des Bourbons en France, Louis-Philippe 1er, en effet, est issu des Orléans. Il est le dernier roi en France et aussi le seul Orléans à avoir régné. De 1830 à 1848, c’est donc la monarchie de Juillet. Louis-Philippe est cependant surtout un « roi bourgeois », c’est- à-dire qu’il défend les intérêts des bourgeoises. Pendant la monarchie de Juillet le suffrage est censitaire, ce qui signifie que les électeurs sont une faible minorité de la population, et le régime de Louis-Philippe entrave la liberté d’expression et refuse les réformes. C’est ainsi qu’en 1848 une insurrection éclate à Paris, ce qui déclenche une vague de révolutions à travers l’Europe. La révolte des ouvriers parisiens est très durement réprimée, et la Seconde République (1848-1852), proclamée dans l’enthousiasme, laisse vite place à la désillusion. L’instauration du suffrage universel conduit à l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte. Ce dernier met fin à la république par un coup d’état le 2 décembre 1851, et c’est le début du Second Empire. Opposant déterminé au coup d’état, Victor Hugo est contraint à l’exil et ne regagnera la France qu’en 1870. Le Second Empire amène une période de prospérité économique. Les infrastructures, l’industrie et le système bancaire se développent, et une nouvelle forme de commerce fait son apparition : les grands magasins (Émile Zola examine d’ailleurs ce phénomène dans son roman Au bonheur des dames). Mais le régime est toujours autoritaire et il se heurte, à partir de 1860, à des oppositions croissantes. La guerre franco-allemande et le désastre de Sedan – ou Napoléon III, après avoir capitulé, sera fait prisonnier – entraineront la révolution du 4 septembre 1870 et l’effondrement du second Empire. La Révolution industrielle La révolution industrielle est le phénomène économique fondamental du XIXe siècle. L’invention de la machine à vapeur par l’Anglais James Watt (1782) a permis à l’Angleterre d’accélérer une industrialisation déjà bien avancée, ce qui a provoqué là-bas le phénomène d’urbanisation (exode massif vers la ville de la population campagnarde). Il y a tant d’usines en Angleterre qu’on la surnomme alors « l’atelier du monde ». L’industrialisation massive amène d’autres phénomènes importants : • Les conditions misérables des ouvriers, qui doivent travailler de longues heures à des très faibles salaires et sont souvent blessés ; • L’expansion de l’industrie minière : pour obtenir de la vapeur pour les moteurs, il faut faire bouillir de l’eau et, pour cela, de grandes quantités de charbon sont nécessaires, ce qui fait qu’hommes, femmes et enfants travaillent en grand nombre dans des mines. La révolution industrielle s’accompagne ainsi de la naissance d’une classe nouvelle : le prolétariat. Les conditions de vie des nouvelles masses ouvrières sont particulièrement précaires. Ils habitent nombreux dans de minuscules maisons, sans toilettes ni eau courante, alignées le long de rues étroites et insalubres. L’air, saturé par les fumées des usines, est à peine respirable. Les maladies se propagent rapidement. Ceux qui sont sans emploi doivent voler pour survivre, ce qui accroît d’autant le taux de criminalité des faubourgs surpeuplés et sous-scolarisés. Mais il est bien certain que l’essor de la mécanisation n’a pas que des mauvais côtés et qu’il permet l’amélioration des moyens de transport (le développement du chemin de fer, entre autres). La révolution industrielle amène à l’ascension sociale de la bourgeoisie et des fortunes considérables s’édifient (il n’est alors pas étonnant de voir la place qu’occupe l’argent dans les romans réalistes de Balzac et Zola). Le progrès scientifique est remarquable et touche tous les domaines, y compris l’instruction. Avant 1800, les écoles étaient payantes, donc peu nombreuses étaient les familles qui pouvaient y envoyer leurs enfants. En 1833, la loi Guizot oblige les communes à entretenir une école primaire, ce qui permet une extension de la scolarisation. Puis, les républicains, tirant une bonne leçon de l’échec de 1848, mettent au premier rang de leurs préoccupations l’éducation laïque, gratuite et obligatoire avec la loi Jules Ferry (1882). Ils espèrent former des citoyens conscients et responsables en séparant l’éducation et la religion. En effet, l’Église étant favorable aux idées conservatrices et monarchiques, les républicaines souhaitent réduire son emprise sur les consciences par le développement d’une éducation laïque. C’est donc l’accès gratuit à l’éducation ainsi que l’éducation obligatoire – d’abord jusqu’à douze ans puis, jusqu’à seize – qui fera reculer l’analphabétisme. Plus de la moitié des soldats étaient illettrés en 1850, ils sont moins de 20% en 1875 et, après la loi Jules Ferry ils ne seront que 5% en 1910. C’est le développement de la presse, au XIXe siècle, qui permet une diffusion plus importante de la littérature. En effet, alors que le combat pour la liberté de la presse (consacrée par la loi de juillet 1881) fait rage, de nombreux écrivains, de Chateaubriand à Zola, publient dans les journaux des articles, des critiques, des lettres d’opinion. La littérature trouve sa place dans les journaux à travers le roman feuilleton. À la fin du siècle, les progrès techniques permettent une diffusion encore plus importante et le développement d’une presse très populaire. Apparaît alors une distinction plus nette entre les lectures cultivés et les romans feuilletons, qualifiés de « populaires », diffusés par les journaux à grand tirage. C’est ainsi que le statut de l’écrivain se trouvera modifié. Il peut maintenant vivre de sa plume (le droit d’auteur existe depuis la fin du XVIIIe siècle) et il doit satisfaire les goûts du public pour vendre. Les auteurs bénéficient cependant alors d’une grande considération sociale. Toutefois, il arrive aussi souvent qu’écrivains et artistes se sentent incompris, isolés dans une société égoïste et matérialiste où la littérature ne fait figure que de simple divertissement ; ce malaise est déjà présent dans le mouvement romantique comme il le sera plus tard chez Baudelaire. C’est un début difficile pour la Troisième République (qui ne s’achèvera qu’en 1940) puisque, en réaction contre l’élection d’une majorité conservatrice et favorable à la paix, le peuple de Paris insurge et s’organise en Commune (mars-mai 1871). Mais le gouvernement, installé à Versailles, reprend militairement Paris avec l’aide des Allemands et les communards sont sévèrement réprimés. Rome, il entreprend des voyages en Orient et en Espagne. En 1811, il est reçu à l’Académie française et il publie les Martyrs et l’Itinéraire de Paris à Jérusalem qui lui apportent encore plus de célébrité. Après la Restauration, il fait sa rentrée sur la scène politique et est encore ambassadeur à Berlin et à Londres et ministre des Affaires étrangères. Depuis 1809, il travaille à sa gloire personnelle en écrivant les Mémoires d’Outre-Tombe, une véritable épopée. Il meurt à Paris, à 80 ans, sous les émeutes, en 1848. Œuvres Atala (1801) Les Martyrs (1809) René (1802) Les Mémoires d’Outre-Tombe (1848) Le Génie du christianisme (1802) Avec Mme de Staël, Chateaubriand a eu une grande influence sur le romantisme. 1) Il a ranimé et restauré le sentiment religieux. Le Génie du Christianisme est une apologie sentimentale qui fait entendre le langage du cœur. Ses idées religieuses sont basées sur le sentiment. En célébrant les vieilles églises, il remet en valeur l’art gothique et le Moyen Âge, méconnus au cours des siècles précédents ; 2) Il a renouvelé dans la littérature française le sentiment de la nature : il a senti la poésie profonde et mystérieuse qui se dégage du spectacle des lieux spectaculaires dans Atala et René ; 3) Il a contribué à la faveur des études historiques : il a fait revivre le passé dans Les Martyrs. Il a éveillé la curiosité du public pour les civilisations et les littératures étrangères. En ce qui concerne la forme, il reste assez classique mais il éblouit par ses descriptions pittoresques et son style splendide. L’œuvre maîtresse de Chateaubriand est Le Génie du Christianisme, apologie esthétique de la religion catholique. Après la mort de sa mère et sa sœur, Chateaubriand devient chrétien. Dès lors, il choisit de se réhabiliter en mettant son talent au service de la religion. Dans Le Génie, l’apologie rationnelle est faible : les preuves de l’existence de Dieu sont contestables et Chateaubriand ne fait qu’exalter la beauté du christianisme pour en démontrer la vérité. Mais Chateaubriand ne voulait pas prouver la vérité du christianisme à la manière des théologiens, il voulait « frapper vivement l’imagination » et il réussit. Quatre romans se groupent autour du Génie du Christianisme : 1) Dans Atala (1801) Chactas, chef indigène, raconte au jeune Européen René ses aventures de jeunesse et son amour pour la belle Atala ; 2) Dans René (1805) le jeune Européen dit au sauvage son amour exalté pour sa sœur Amélie et son mal du siècle ; 3) Les Martyrs (1809) a pour cadres les Gaules, la Grèce et Rome. L’œuvre montre les paganismes aux prises avec le christianisme pendant la persécution de l’empereur Dioclétien. 4) Les derniers des Abencérages (1826) raconte un épisode chevaleresque des guerres des Maures en Espagne. Restent deux ouvrages personnels : Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811) et Mémoires d’Outre-Tombe (1849), une autobiographie. Dans René, le poète raconte sa propre histoire, exacte dans les traits principaux. Le protagoniste éprouve un profond dégout pour la vie, aime sa sœur, s’exile en Amérique. Ce nom de René même est son propre nom. C’est une forme d’autofiction narrative. René, roman très célèbre, est fort représentatif du mal du siècle. Si Victor Hugo est le père du Romantisme, Chateaubriand en est le grand-père (Gautier a dit de lui qu’il avait « inventé la mélancolie moderne »). Alphonse de Lamartine (1790-1869) Né à Mâcon, il passe sa jeunesse à la campagne en étroit contact avec la nature et sous l’influence de sa mère qui lui donne une éducation catholique. De 1808 à 1811, il mène une vie d’aristocrate, consacrée à la rêverie et à la lecture de la poésie chrétienne. Il tente une carrière dans l’armée mais démissionne après Waterloo. C’est la douleur d’un amour brisé pour une jeune femme malade qui lui inspire les Premières méditations poétiques : du jour au lendemain, Lamartine est un poète célèbre. Il devient attaché d’ambassade à Naples et à Florence. C’est pendant cette période (1819-1825) qu’il écrit la plupart des Harmonies. En 1832, il veut raffermir sa foi et fait un voyage en Orient pour visiter les lieux Saints. De 1833 à 1851, il est député à Mâcon et devient un de plus grands orateurs politiques de son temps. Sa carrière politique termine en 1848, quand il ne gagne pas les élections présidentielles contre le prince Napoléon. Couvert de dettes, il doit écrire pour survivre. Il meurt, dans l’oubli complet, en 1869. Œuvres Premières Méditations poétiques (1820) Harmonies poétiques et religieuses (1830) La Mort de Socrate (1823) Nouvelles Méditations poétiques (1823) Jocelyn (1836) Les confidences (1849) Les Premières Méditations poétiques (1820) Le thème principal de tous ces poèmes est celui de l’amour brisé, la plainte du cœur. Pour Lamartine ces douleurs sont inséparables du sentiment de la nature qu’il associe à son état d’âme. Au thème de l’amour se lie le thème de l’inquiétude religieuse : certains poèmes sont consacrés à la philosophie morale et aux grands problèmes métaphysiques. Les Méditations furent le premier recueil de poèmes qui répondit aux nouveaux besoins de sensibilité et de mélancolie qui avaient déjà trouvé leur expression dans la prose de Chateaubriand. Le lyrisme lamartinien Dans les Méditations, le lyrisme a pour thème principal l’élégie de l’amour brisé par le destin. Il se renouvelle dans les Harmonies, où l’inquiétude religieuse occupe la première place. Le Lac Ce poème est inspiré par Mme Julie Charles, immortalisée sous le nom d’Elvire, avec qui Lamartine avait rendez- vous à Aix-les-Bains. La maladie de Julie la retient à Paris et Lamartine se retrouve seul au rendez-vous. Attendri par le spectacle du lac de Bourget, le poète exprime son angoisse devant la fuite du temps. La jeune dame ne vint pas au rendez-vous et mourut peu de temps après sans que le poète pût la revoir. Il traduit une idée générale, indépendante des temps et des lieux : - Nos joies passent rapides - La nature qui leur sert de cadre en gardera-t-elle le souvenir ? - Comment le poète traduit-il cette impuissance de l’homme à retenir le bonheur ? - Le poète adresse une prière à la nature pour lui demander de garder le souvenir de son bonheur. Victor Hugo (1802-1885) Victor Hugo est le plus grand auteur romantique et le plus grand poète du XIXe siècle. Une grande partie de son œuvre est populaire, par les idées sociales qu’elle a contribué à répandre et par les grands sentiments humains et simples : amour paternel, patriotisme, grandeur des humbles. Il se distingue pour : - Le poète est un guide qui doit mener l’homme à la vérité, investi d’une mission humanitaire et religieuse ; - Sa Préface de Cromwell expose la théorie romantique telle qu’il la conçoit ; - Hernani est restée célèbre pour la bataille qu’elle provoqua à la première entre les tenants de l’esthétique classique et les romantiques. Parmi ses œuvres les plus connues : Cromwell (1827) Hernani (1830) Odes et Ballades (1828) Ruy Blas (1838) Les Contemplations (1856) Notre-Dame de Paris (1831) La Légende des siècles (1859) Les Misérables (1862) Les Châtiments (1853) Victor Hugo est né à Besançon en 1802 d’un père Lorrain, colonel, général d’empire puis gouverneur et d’une mère bretonne. Tout jeune, il accompagne son père dans ses déplacements de garnison. Son enfance est mouvementée entre Paris et les lieux de mutation de son père. En 1816, à l’âge de quatorze ans, le futur poète écrivit sur un cahier d’écolier : « Je veux être Chateaubriand ou rien ». À vingt ans, il publie un recueil d’Odes (1822) qui lui vaut une pension royale. Il le remaniera plus tard sous le titre d’Odes et Ballades (1828). Il épouse Adèle Foucher, son amie d’enfance, qui lui donne quatre enfants : - Léopoldine (1824) - Charles (1826) - François-Victor (1828) - Adèle (1830) La préface de Cromwell En 1827, Cromwell, pièce en 5 actes couvrant 74 scènes et plus de 60 personnages, est un drame injouable qui le désigne comme le chef de cette nouvelle école. Il y expose, dans sa préface, sa théorie du drame : - Au début de la Préface, Hugo distingue trois âges de l’humanité : « Les temps primitifs sont lyriques, les temps antiques sont épiques, les temps modernes sont dramatiques ». C’est l’idée chrétienne de l’homme double qui est à l’origine du drame. L’homme est composé de deux êtres, l’un périssable (le corps) et l’autre immortel (l’âme). - Hugo condamne les règles classiques d’unité de lieu et de temps, mais recommande l’utilisation de l’unité d’action. Pour ce qui concerne l’unité de lieu, c’est le réel qui la tue. Le fait qu’une pièce se déroule dans un même lieu est invraisemblable. De la même façon, l’unité de temps est aussi ridicule parce que l’action ne peut pas être encadrée dans 24 heures. Au contraire, l’unité d’action est la seule admise parce qu’elle résulte d’un fait : elle crée une sorte de perspective du théâtre et permet de se concentrer sur l’action principale. Cela n’est pas à confondre avec la simplicité d’action. - Enfin, le drame doit se fonder sur le mélange des genres afin de représenter la réalité sous tous ses aspects, même les plus laids et le plus grotesque. Le 25 février 1830, Hernani donne à Hugo l’occasion de mettre lui-même en pratique ses principes. Le triomphe de la pièce voit s’affronter les défenseurs de la tradition et les tenants des nouvellesle doctrines au cours d’une soirée restée dans l’histoire sous le nom de « bataille d’Hernani ». L’éclatante révélation de Hugo comme poète romantique commence en 1829 avec le recueil des Orientales, nourri d’images de la Grèce et de visions de villes espagnoles. Hugo n’a jamais vu l’Orient, mais il lit les récits des voyageurs. Dans Les Feuilles d’automne (1831) et Les Rayons et les Ombres (1840), s’affirment les thèmes majeurs de la poésie hugolienne : la nature, l’amour et le droit du rêve Hugo va devenir le romancier du petit peuple évoluant du catholicisme et du monarchisme vers une pensée libérale et sociale. En 1831, parait Notre-Dame de Paris, qui met en scène une couple devenu mythique, Quasimodo et Esméralda. Il s’intéresse à la politique, à la misère ouvrière, et s’interroge sur les moyens par lesquels le peuple pourrait conquérir le droit à la parole. Malgré quelques démêles avec la censure, le succès ne se dément pas. Elu à l’Académie française en 1841, Victor Hugo est affecté, en 1843, par l’échec de son drame, Les Burgraves, signe de la décadence du théâtre romantique, et surtout par la mort tragique de sa fille Léopoldine, noyée dans la Seine avec son mari. Le poète compose Les Contemplations (1856), où il se lance à l’assaut de tous les domaines de la connaissance, la nature, le moi, l’univers. L’œuvre s’articule autour de la terrible épreuve que fut la mort de sa fille, les poèmes « Autrefois » et « Aujourd’hui » y évoquent Léopoldine. Détourné de l’activité littéraire, Hugo va chercher un dérivatif dans l’action politique. Libérale et progressiste, il n’accepte pas le coup d’État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte et il s’exile, tout en se consacrant à la littérature. En exile, Hugo écrit d’œuvres politiques, comme un pamphlet qu’il consacre à « Napoléon le petit ». Il écrit aussi Les Châtiments (1853), un recueil qui s’ouvre sur le poème Nox (« nuit »). Ce dernier fait allusion aux ténèbres qui enveloppent le temps présent (le règne de Napoléon III). Un autre poème, Lux (« lumière, jour »), symbolise l’espérance d’un avenir meilleur. La Légende des siècles (1859) est le projet d’une épopée qui embrasse la totalité de l’histoire et dont les poèmes illustrent la suite des âges. Nous assistons ainsi à « l’épanouissement du genre humain de siècle en siècle ». Un fil unit le passé au présent et à l’avenir, « le grand fil mystérieux du labyrinthe humain, le Progrès ». Hugo publie ensuite Les Misérables (1862), accueilli avec enthousiasme par le public, tant en Europe qu’aux États- Unis. Le titre désigne toutes les victimes d’un ordre social dont Hugo dénonce les rigueurs et les injustices à travers les personnages principaux : Fantine, Jean Valjean, Cosette, Marius, Gavroche. Hugo revient triomphalement en France en 1870, il est élu député à la Constituante. Il a de vastes projets : - Abolition de la peine de mort - Réforme de la magistrature - Défense des droits de la femme - Instruction obligatoire et gratuite - Création des États-Unis d’Europe Seul petit « inconvénient » est que l’investigation psychologique conduit souvent le narrateur à exprimer soit le sentiment du héros, soit celui de l’auteur, et l’amène ainsi à quitter l’objectivité pour un Réalisme subjectif. Par Réalisme subjectif on entend un des procédés fondamentaux de la conduite du récit chez Stendhal qui pense que chacun est enfermé dans sa subjectivité et ne peut percevoir le monde que dans les limites de son propre regard. La grande originalité de Stendhal est l’usage important de la focalisation interne pour raconter les événements. Les événements sont vus en grande partie par les protagonistes. Stendhal refuse donc le point de vue du narrateur omniscient et pratique la « restriction du champ ». Ce choix cause des descriptions assez brèves et la disparition soudain de certains personnages, car tout est vu par les yeux d’un personnage central. En outre, les événements se dévoilent graduellement. Les héros de Stendhal sont souvent un peu étonnés de ce qu’ils voient et n’en comprennent le sen que progressivement. Balzac (1799-1850) se propose de faire concurrence à l’état civil pour représenter dans sa Comédie humaine la société de son temps en son entier. Les personnages qu’il projette, les abondantes descriptions de ses romans semblent épuiser le réel qui l’entoure. Cette ambition de la totalité prend la forme d’un Réalisme visionnaire. Dans la Comédie humaine, Balzac donne une description complète des mœurs de la société de son siècle. Chaque personnage de La Comédie est caractérisé par la présence d’un vice ou d’une vertu et à second de la prédominance de l’un ou de l’autre, il devient un type. Cette œuvre immense se divise en trois parties : 1) Les Études de mœurs, qui se partagent en six « scènes » différents qui ont pour objectif principal, celui de représenter la société sous tous les aspects : - Scènes de la vie privée - Scènes de la vie de province - Scènes de la vie parisienne - Scènes de la vie politique - Scènes de la vie militaire - Scènes de la vie de campagne 2) Les Études philosophiques, qui cherchent les causes des comportements humains ; 3) Les Études analytiques, qui exposent les règles qui sont à la base de la vie sociale des hommes. Les portraits de Balzac proposent une description physique des héros, à travers laquelle on peut reconstruire leurs caractères. Son analyse est négative, parce que ses personnages ne doivent atteindre à aucun but. Ses romans doivent représenter la totalité du monde, les dimensions morales, psychologue, historique et sociale. Il ramène le roman à la vérité et décrit les infortunes de la vie réelle. Son Réalisme est ainsi visionnaire. L’ironie est souvent employée pour créer une distance entre l’histoire et la voix qui raconte et aussi pour mettre en relief certains aspects irrationnels de la société et des types humains. Flaubert (1821-1880), lui aussi, s’astreint à la représentation du réel. Madame Bovary s’inspire d’un fait divers, et l’Éducation sentimentale relate l’histoire morale et sentimentale de la génération de l’auteur. Son Réalisme est le fruit d’une observation méthodique et objective que dérive certainement du milieu médical duquel il provient. Stendhal (Henri Beyle, 1783-1842) Stendhal, de son vrai nom Henry Beyle, est né à Grenoble le 23 Janvier 1783 dans une famille honorable. Son père, Chérubin Beyle, est avocat au Parlement et son grand-père maternel est un médecin très estimé. À sept ans, il perd sa mère. Enfant très sensible, il se révolte contre sa famille et participe aux événements de la Révolution. Il trouve refuge chez son grand-père maternel qui lui donne une bonne éducation et commence en 1800 une carrière militaire et rejoint l’Armée d’Italie. L’Italie le charme et notamment Milan, qui restera pour lui la « beauté parfaite », mais l’armée l’ennuie et il démissionne en 1802. En 1805 il devient l’amant de l’actrice Mélanie Guilbert, la suit à Marseille et s’essaye au commerce, sans grande motivation ni grand succès. Mais, ces années d’apprentissage auront une grande influence sur le personnage de Julien Sorel dans Le Rouge et Le Noir. En 1806, Stendhal reprend service et exerce ses fonctions en Allemagne, en Autriche, devient Conseiller d’État, mène une vie de dandy, participe aux campagnes de Russie et tombe avec Napoléon en 1811. Il voyage en Italie et fréquente la Scala qui à l’époque est le temple de la musique mais aussi le lieu de réunion de l’intelligentzia milanaise. L’héritage de son père ayant disparu, Stendhal est ruiné et doit vivre de sa plume. À 43 ans, Stendhal devient romancier et publie un roman d’analyse (Armance, 1827). À la fin de 1830 il donne son premier chef d’œuvre, Le Rouge et Le Noir. La Révolution de Juillet fait de lui un Consul de France en Italie, d’abord nommé à Trieste l’autrichienne qui le refuse, il est ensuite nommé en 1831 à Civitavecchia. Il entreprend durant cette période de grands œuvres inachevées. Le beylisme L’œuvre de Stendhal révèle une conception de la vie et un art de vivre très personnel, que l’on a appelé le beylisme. Beyle et ses héros les plus typiques sont individualistes jusqu’au culte du moi. Stendhal aime les tempéraments ardents, originaux et passionnés. Des traits comme l’individualisme, les passions puissants, la vie dangereuse et le goût du plaisir font de Stendhal un héritier du XVIIIe siècle, fortement marqué par l’esprit voltairien. Il ignore le sentiment religieux, se défie du lyrisme et de l’éloquence. Le Réalisme de Stendhal Réputé pour la finesse d’analyse des sentiments de ses personnages et pour la sécheresse délibérée de son style, l’œuvre de Stendhal consiste aussi bien en des textes autobiographiques (La Vie de Henry Brulard) que des romans (Le Rouge et Le Noir, Lucien Leuwen, La Chartreuse de Parme). Le Rouge et Le Noir est le premier grand roman de Stendhal. Il est le premier roman à lier de façon si subtile la description de la réalité sociale de son temps et l’action romanesque. Julien Sorel, le héros principal du livre, est le pur produit de son époque. Littéralement ivre d’ambition à cause de la lecture du Mémorial de Sainte-Hélène de Napoléon et conscient que depuis la Révolution c’est le mérite et non plus la naissance seule qui compte, il rêve de devenir lui-même un nouveau Bonaparte. Le Réalisme de Stendhal c’est aussi la volonté de faire du roman un « miroir », c’est-à-dire un reflet de la réalité sociale et politique de l’époque, comme l’indique le sous-titre de Le Rouge et Le Noir : « Chronique de 1830 ». La peinture de mœurs chez Stendhal ne se veut jamais impartiale, mais critique. Malgré son Réalisme, il n’y a pas de descriptions détaillées, le narrateur décrit a peine les lieux. En revanche, Stendhal dépeint avec souci de Réalisme psychologique les sentiments des personnages principaux. Les sentiments amoureux sont dépeints avec beaucoup de soin : le narrateur expose longuement la naissance de la passion amoureuse et ses péripéties. La peinture des lieux est fonctionnelle. Le narrateur ne décrit le monde uniquement dans la mesure où c’est nécessaire pour l’action. Le thème de l’argent est souvent lié à des personnages secondaires ou détestables : l’attention du lecteur se tourne plutôt vers les protagonistes principaux. L’œuvre de Stendhal est profondément autobiographique : ses romans sont inspirés par sa propre vie et constituent aussi son autobiographie idéale. Son roman est une autofiction narrative où le personnage principal corresponde à son alter ego. Ses œuvres autobiographiques sont de deux natures : 1) D’une part, Stendhal a tenu un Journal où il raconte les évènements de sa vie ; 2) D’autre part, Stendhal a rédigé deux grandes œuvres autobiographiques (La Vie d’Henry Brulard et Souvenirs d’égotisme). Honoré de Balzac (1799-1850) Balzac est un romancier, dramaturge, journaliste, imprimeur et critique littéraire français, né le 20 mai 1799 à Tours où il était issu d’une famille bourgeoise. Il aura deux sœurs et un frère. Son père comme sa mère ne se soucient guère de lui, ce qui provoque une tristesse mélancolique. De 1807 à 1813, Balzac étudie au collège de Vendôme. L’année suivante, la famille s’installe à Paris et il étudie le Droit. En 1818, il avoua à ses parents qu’il désirerait devenir écrivain et il bénéficia d’une année pour se mettre à l’épreuve. Cromwell fut le premier essai qu’il écrivit mais cette tragédie ne reçut que peu d’encouragements. C’est pourquoi il écrivait ses premières œuvres en partenariat avec d’autres auteurs et sous un pseudonyme. En 1826, Balzac se fit également éditeur puis imprimeur et contracta un grand nombre de dettes (environ 100 000 francs). C’est pour pouvoir rembourser toutes ses dettes qu’il devint journaliste dans La Silhouette, La Caricature et La Chronique de Paris en 1836. À partir de cette date, la plupart des romans de Balzac furent d’abord publiés en feuilleton – ce qui était assez récurent à l’époque. Le Dernier Chouan ou La Bretagne en 1800 fut le premier roman que Balzac signa de son vrai nom. Le génie balzacien arriva en octobre 1829 quand Balzac rédigea La Maison du chat qui pelote. En 1832, l’auteur annonça à une correspondante l’œuvre Eugénie Grandet. Cette histoire parle d’une jeune fille, Eugénie Grandet, qui tombera amoureuse de son cousin de Paris, Charles Grandet. Son père est très avare et va vite mettre fin à cet amour. Les parents d’Eugénie meurent et elle reçoit leur fortune. Après sept ans d’attente pour Charles, elle apprendra qu’il ne veut plus d’elle. La riche héritière épousera un président de la cour en premières noces et un marquis en secondes noces. Enfin, apparut le premier tome de Scènes de la vie privée. En mai 1832, apparut le second tome. En 1842, pour la première fois, une édition de La Comédie Humaine apparut de façon complète. C’est alors que l’œuvre ne cessa de s’enrichir. En 1845, Balzac chercha à donner une structure plus ferme à La Comédie Humaine et décida que l’œuvre complète comprendrait 137 romans, qu’il groupa en trois parties : - Études de mœurs - Études philosophiques - Études analytiques Atteint de crises cardiaques successives, Balzac mourut le 18 août 1850. Le style de Balzac Avec la parution en 1833 de Eugénie Grandet, la technique balzacienne est trouvée. Le roman est une analyse détaillée d’un milieu, d’une passion. La description des décors, des personnages et des caractères est minutieuse. Le roman fonde le style particulier de Balzac. Le style est donc surchargé de détails et descriptions interminables → stylisation esthétique : GIGANTISME. L’ouvrage est réparti en trois parties, et suit ainsi le schéma des compositions dramatiques traditionnelles : L’exposition Longue description où l’on arrive peu à peu aux personnages, qui en sont comme le résultat, comme si le contexte déterminait les personnages. Ainsi, les objets qui les entourent sont comme les signes révélateurs de la psychologie des personnages. La dramatisation de l’intrigue Une fois le décor établi, l’intrigue prend place et l’action se précise. Le dénouement Extrêmement dramatique, il est le résultat d’une crise, contenue potentiellement dans l’exposition et mise en place par les différents pôles de l’intrigue. Les nombreuses descriptions, à l’image de celle de la pension Vauquer (Le Père Goriot), soulignent l’interaction entre le milieu présenté et les personnages qui y évoluent. La Comédie humaine de Balzac L’ensemble romanesque de La Comédie Humaine fait de Balzac l’inventeur du roman moderne. Il s’agit de 137 œuvres comprenant des roman réalistes, fantastiques, philosophiques, ainsi que des contes, des nouvelles, des essaies et des études analytiques. Classées par milieux sociaux, géographiques ou psychologiques, ces œuvres ont magnifié la thématique du personnage et de son retour. La Comédie propose un tableau des mœurs sous la Restauration et la monarchie de juillet et compte environ 2500 personnages, qui forment un véritable microcosme social. L’ambition de Balzac était de décrire de façon presque exhaustive la société de son époque, avec l’idée de « faire concurrence à l’état civil ». Avec Le Père Goriot (1834), la technique romanesque de Balzac introduit un nouvel élément : le retour systématique de certains personnages d’un roman à l’autre, ce qui a pour effet de renforcer la cohésion d’ensemble de La Comédie Humaine. Balzac lui-même estime qu’à travers ses romans, il a créé « la somme des types que représente une génération ». La Comédie Humaine développe plusieurs thématiques : le retour des personnages, l’argent, les milieux sociaux, l’hérédité. La Comédie Humaine suppose un référence au théâtre avec l’idée que le monde est un théâtre, les hommes sont tous sur scène et jouent un rôle. L’observation de la société contemporaine conduit Balzac à l’idée que les passions qui dirigent le monde sont la soif de l’argent et l’ambition, conditionnée elle-même par la richesse. D’où l’importance dans La Comédie Humaine des hommes d’argent. Balzac est le témoin de son temps. Pour écrire ses romans, il fait des enquêtes sur les lieux et les milieux sociaux. Il donne une image fidèle de la société, on peut faire une analogie avec Zola et « Les Rougons-Maquart ». Les types balzaciens deviennent, par le jeu des passions, tyrans ou victimes. D’autre part, les grandes passions détruisent ceux qui ne parviennent pas à les dominer froidement. soutenu par les faits diverses, le romancier crée l’impression de réalité par des détails qu’il a observés lui-même. La rédaction commence en 1851 et durera cinq ans. Madame Bovary paraisse en six épisodes dans la Revue de Paris, dirigée par son ami Maxime du Camp. Du Camp, qui craint la censure impériale, procède à plusieurs suppressions, qui touchent les passages où Flaubert se joue le plus du bon goût et de la morale. Pourtant, les services de la censure impériale font interdire la publication en volume. L’accuse est d’outrage à la morale publique et religieux. Le scandale lié au procès assure une publicité considérable. Le libre paraît en avril chez Michel Levy, et les ventes s’envolent rapidement. Madame Bovary est la première œuvre littéraire majeure d’un nouveau régime politique, le Second Empire. Les caractères, le « Bovarysme » Sur le plan psychologique, le Réalisme consistera à observer les hommes selon une parfaite objectivité afin d’imaginer avec le maximum de vraisemblance les traits des personnages. Dans le cas d’Emma Bovary, Flaubert s’est attaché à marquer l’influence des impressions d’enfance et de jeunesse, puis des événements extérieurs sur l’évolution des sentiments de son héroïne. En outre, tout au long du roman, en vertu d’une sorte de déterminisme, c’est par l’interaction des circonstances et des travers de son caractère qu’elle glisse vers l’ennui, le mensonge, l’infidélité, et enfin le suicide. Emma Bovary est surtout victime des illusions qu’elle nourrit sur elle-même et d’aspirations qui ne s’accordent nullement avec sa situation de petite bourgeoisie. Le roman est caractérisé par un travers profondément humain que Flaubert avait étudié sur lui-même : « Madame Bovary, c’est moi ». Quand il écrivait « Ma pauvre Bovary souffre et pleure dans vingt villages de France », il sentait qu’en observant un cas individuel il avait fait de son héroïne un type universel. Salammbô (1862) et L’Éducation sentimentale (1869) Flaubert projet d’écrire un « roman dont l’action se passera trois siècles avant Jésus-Christ », qui deviendra Salammbô, pensant pouvoir l’achever en un an. Toutefois, il comprend qu’il ne peut représenter l’Orient antique, parce qu’il ne l’a pas vécu. L’écrivain entreprend alors un voyage en Afrique du Nord, pour mieux se documenter. Le roman est achevé à mi-avril 1862. La réaction des critiques est cette fois aussi virulente : Flaubert est accusé d’avoir voulu imiter les Martyrs de Chateaubriand. La polémique ne fait qu’amplifier le succès du livre. Flaubert choisit finalement de se consacrer aux expériences d’un jeune homme dans son temps : le projet initial, formulé en 1864, est un roman d’amour (dont le titre de travail était « Madame Moreau ») qui a pour cadre la fin de la Monarchie de Juillet et la IIe République. Flaubert finit par l’intégrer à une fresque historique d’envergure, qu’il nomme L’Éducation sentimentale. La critique se montre hostile, à l’exception de Zola, Banville et George Sand. L’œuvre est également un échec auprès du public. Le canevas de L’Éducation sentimentale est délibérément autobiographique, et mêle les souvenirs de ses amours, études, de sa vie parisienne et de son expérience de spectateur des événements politiques de 1848. Pourtant, l’histoire de Frédéric Moreau n’est pas l’histoire de sa vie. De fait, le livre représente l’ensemble de la société parisienne du milieu du siècle (politique, journalisme, arts, révolution). Surtout, il met en scène la jeunesse romantique, la lente dégradation de ses espérances politiques et sociales : Flaubert rend compte avec lucidité des désillusions romantiques. L’Éducation sentimentale constitue une rupture dans l’histoire du roman historique et du roman réaliste. Flaubert a toujours à cœur de représenter l’histoire, comme il l’a fait dans Salammbô. Il se consacre à des recherches sur la Révolution de 1848 et se renseigne sur divers sujets qui lui permettent de donner une image authentique de la société réelle. Le fondement du travail du romancier est bien scientifique. Flaubert choisit de se dégager du roman balzacien, refusant que L’Éducation sentimentale en soit une simple forme évolutive. Son roman est une réponse au Lys dans la vallée et aux Illusions perdues de Balzac. De fait, Balzac se définissait comme le « secrétaire » de la société ; Flaubert entend être perçu comme l’adversaire de telle société. La société qu’il décrit est composée de ce qu’il n’aime pas, des erreurs faites par sottise et des espérances trahies par l’histoire. Son œuvre et donc fortement engagée. Le perfectionnisme stylistique de l’écrivain doit également être compris dans cette perspective : son style est conçu comme une vengeance permanente sur la médiocrité et la laideur qui, pour lui, caractérisent le XIXe siècle. L’impersonnalité L’art doit être objective, il faut observer l’âme humaine sans exprimer sentiments ou opinions. L’impersonnalité absolue est impraticable, il faut se transporter dans/vers les personnages et non par les attirer à soi. Un autre principe est celui du déterminisme : Flaubert souligne ce qui, dans l’hérédité, le milieu, les circonstances, conditionne et explique les actes se ses personnages. La méthode scientifique du Réalisme flaubertien Flaubert provient d’un milieu médical qui détermine son observation rigoureuse. Le lecteur de Flaubert doit participer aux sentiments et aux réactions du personnage et s’identifier avec lui à un tel point qu’il doit avoir la sensation de prendre part aux évènements. L’écriture de Flaubert est imbue d’une puissance de l’autosuggestion. La poésie réaliste ou parnassienne La poésie réaliste est une poésie intellectuelle et scientifique qui observe et reproduit la nature extérieure qu’intérieure. Les réalistes vont à la recherche du vers parfait et ont un grand souci de la forme. Sous l’influence du Réalisme, paraît en poésie l’école parnassienne, qui doit son nom à l’éditeur Lemerre. En 1806, il fait paraître un recueil intitulé Le Parnasse Contemporain, qui contenait des vers de 37 poètes qui ont bientôt reçu le nom de Parnassiens. Le groupe des poètes parnassiens se constitue entre 1860 et 1866. Ils suivent la doctrine de Théophile Gautier et choisissent Leconte et Lisle comme leur maître. L’école parnassienne est, comme le Réalisme, une réaction contre le culte du Moi et le sentimentalisme des romantiques et restaure le culte de la forme. Ce groupe n’a jamais formé une vraie école. Ce n’était qu’un groupe de poètes qui poursuivaient le même idéal : le culte de la perfection formelle. L’initiateur du mouvement est Théophile Gautier (1811-1872), l’animateur du mouvement de l’art pour l’art. D’après lui, l’art est désintéressé, ne sert à rien et prévaut sur la morale. L’écrivain n’a qu’à s’occuper de la beauté. Pour atteindre la beauté, l’artiste doit travailler la forme, il faut bannir tout ce qui est facile : adopter des mètres difficiles, soigner la rime, veiller aux sonorités etc. Le risque de cette formule peut être une poésie froide, pleine d’astuces esthétiques mais sans sentiments. Charles Baudelaire (1821-1867) Charles-Pierre Baudelaire est né à Paris le 9 février 1921. Son père meurt et sa mère se remarie avec un homme qu’il détestera. Au lycée, Baudelaire est connu comme un élève cynique et qui est sujet à des crises de mélancolie. De 1839 à 1841, il mène une vie de bohème au quartier latin parisien. Il y fréquent Leconte de Lisle et devient un disciple de Théophile Gautier. Pour l’arracher à cette vie scandaleuse, sa famille le fait voyager aux Indes, mais il sera de retour dans six moins. À bord du bateau, il se distancie de tout ce qui n’a rien à voir avec la littérature. Ce voyage a enrichi sa sensibilité et l’a éveillé à la poésie de la mer et de l’exotisme. À son retour, il réclame sa partie de l’héritage de son père et mène une vie riche. Il s’habille en dandy, mais cette élégance matérielle n’est pour lui qu’un symbole pour montrer la supériorité de son esprit. Il se lie à la mulâtresse Jeanne Duval, qui restera sa compagne jusqu’à sa mort. C’est une période heureuse dans sa vie, et il écrit quelques poèmes qui feront partie des Fleurs du Mal. Le recueil des Fleurs du Mal paraît enfin en 1857 et il est aussitôt condamné en correctionnelle pour immoralité. Miné par la maladie, abusant de l’opium et du haschich, il est contraint de produire pour payer ses dettes. En 1864, il s’exile en Belgique. Il séjourne à Bruxelles et écrit quelques Poèmes en prose. Abattu par une crise en 1866, il est transporté à Paris, aphasique et à demi paralysé. Il meurt en 1867. Œuvres Les Fleurs du Mal (1857) Les Paradis artificiels (1860) Petit Poèmes en prose (1869) Baudelaire tient du romantisme par son imagination, par son lyrisme et par sa conception du rôle du poète, mais sa poésie est plus amère et désespérée que celle des romantiques. Baudelaire observe rigoureusement la réalité extérieure et a un grand souci de la forme. Il est l’inspirateur des symbolistes par la musicalité de ses vers et l’abondance de symboles. Dans son vocabulaire poétique, Baudelaire innove peu. Le plus souvent il restitue aux termes simples l’éclat qu’ils avaient perdu dans l’usage banal. Quelquefois il emploie de vocables rares ou triviaux. Il marque une prédilection pour les mots qui traduisent les états dominants de sa conscience, comme par exemple spleen, angoisse, volupté. Baudelaire utilise le symbole à la manière romantique, c’est-à-dire sous la forme d’une image associée à une idée qui se précise à la fin du poème (cf. L’Albatros). Il associe aussi des sensations de nature différente (cf. Les Correspondances). C’est là qu’il se montre un précurseur des symbolistes. Les Fleurs du Mal (1857-1861) La première édition de 1857 comporte 100 poèmes, dont 48 avaient déjà été publiés dans diverses revues. Suite à la condamnation en correctionnelle, six poèmes incriminés ont été supprimés dans la seconde édition de 1861, qui comprend 35 pièces nouvelles. Dans une édition posthume de 1868, on ajoute encore 25 pièces nouvelles. L’unité des Fleurs du Mal tient à la douloureuse sincérité du poète qui nous parle de son mal, de ses espérances, de ses défaillances. À travers sa propre existence, le poète a voulu retracer la tragédie humaine. C’est le conflit perpétuel entre Dieu et Satan qui explique la composition du recueil. À des ensembles où dominent les aspirations vers l’Idéal, succèdent d’autres ensembles qui évoquent les chutes, les sources du mal moral, appelé le Spleen. Le titre du recueil repose sur le paradoxe que Baudelaire a tenu à entretenir durant toute sa vie littéraire. En effet, l’auteur considère la Nature comme étant, par définition, laide ; il considère la beauté comme artificielle. Cette même beauté est vue comme de nature provocatrice et tentatrice (donc pouvant entrainer l’être humain vers le péché – rapport à la conception immanente qu’a eu Baudelaire par rapport à la religion) : l’Homme ne peut lui résister. « Les fleurs du mal » en sont ici l’allégorie. 1. Spleen et Idéal → C’est la première partie de l’œuvre. Elle débute par une dizaine de pièces sur la condition du poète et la mission de la poésie. Voulant guérir son âme de l’Ennui, Baudelaire s’adresse à la Poésie, puis à l’Amour et à d’autres remèdes impuissants à dissiper le Spleen ; 2. Tableaux parisiens (poèmes LXXXVI à CIII) → Sans se décourager, le poète se tourne vers d’autres moyens d’évasion ; 4. Fleurs du mal (poèmes CIX à CXVII) → Le poète explore les « paradis artificiels », les vices et les péchés, le désespoir d’un être qui n’a jamais trop de courage pour « contempler (son) cœur et (son) corps sans dégoût » ; 5. Révolte (poèmes CXVIII à CXX) → Tous les tentatives sont vaines. Le poète vit un moment de la colère contre Dieu « menteur » ; moment de la compromission avec Satan, lui aussi victime, marginal et « aliéné » ; 6. La mort (poèmes CXXI à CXXVI) → Quand toutes les possibilités terrestres ont été épuisées, Baudelaire se tourne vers le dernier remède, le grand « Voyage » vers un autre monde, « Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ». Thème de la femme Le thème de la femme est présent durant tout le recueil. Les Fleurs du Mal sont divisées en quatre cycles, dont les premiers s’inspirent de trois des maîtresses de Baudelaire. On distingue ainsi : 1) Le cycle de Jeanne Duval, qui représente l’amour comme passion sensuelle ; 2) Le cycle d’Apollonie Sabatier, une demi-mondaine, une madone pure et inaccessible, un amour spiritualisé ; 3) Le cycle de la comédienne Marie d’Aubrun, femme d’une beauté inaccessible ; 4) Un quatrième cycle consacré à des femmes diverses, réelles ou fictives. Le Naturalisme Le Naturalisme est un mouvement littéraire qui est né dans la seconde moitié du XIXéme siècle, qui s’est attaché à décrire la réalité telle qu’elle est et non telle qu’elle devrait être. Par sa description qui se voulait objective de la réalité sociale, le Naturalisme a contribué à : • La prise de conscience des inégalités sociales • La naissance des droits de l’homme • L’émergence du droit d’expression L’art est ainsi devenu accessible à tous car une esthétique nouvelle avait été créée, celle d’une littérature ou d’une peinture qui traitait des sujets quotidiens. Dans quel contexte naît le Naturalisme ? Le second empire (1851-1870) fut un période de grande activité économique. C’est l’époque de la naissance des banques et la bourse joue un rôle considérable. L’argent devient ainsi le thème récurrent des romans : • Le père Goriot et Eugénie Grandet de BALZAC • L’argent et La curée de ZOLA Les moyens de communications se développent (chemins de fer, canal de Suez, électricité, télégraphe). De même, la métallurgie se développe et les usines envahissent les campagnes de l’Est et du Nord de la France. Paris se transforme grâce aux travaux d’Haussmann et « Le Bon Marché », premier grands magasin parisien, ouvre en 1852 (Au bonheur des dames de Zola). Paris organise deux expositions universelles (1855 et 1867) et devient le point de mire de l’Europe. du roman, ce qui permet à l’écrivain de faire vivre une grande variété de types humains, et à brosser une des plus larges fresques sociales de notre littérature. Ces personnages « s’irradient dans toute la société contemporaine ». C’est bien l’ « histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire ». Zola est un évocateur des foules en mouvement, avec la diversité des vêtements, des attitudes, des visages : ainsi la cohue des ouvriers vers leur travail, l’agitation des spéculateurs à la Bourse, la charge de la cavalerie, etc. nous font percevoir l’existence d’une âme collective chez ceux qui partagent la même détresse ou la même exaltation. Germinal (1885) Fils de Gervaise Macquart et de son amant Lantier, le jeune Etienne Lantier, chômeur part dans le Nord de la France, en pleine crise industrielle. Il se fait embaucher aux mines et connaît des conditions de travail effroyables. Etienne s'intègre vite parmi le peuple des mineurs. Il est révolté par l'injustice qu'il découvre et par les conditions de vie des mineurs. Il propage assez rapidement des idées révolutionnaires. Lorsque la Compagnie des Mines décrète une baisse de salaire, il pousse les mineurs à la grève. Il parvient à vaincre leur résignation et à leur faire partager son rêve d'une société plus juste. Lorsque la grève éclate, la Compagnie des Mines refuse toute négociation. Affamés par des semaines de lutte, le mouvement se durcit. Les grévistes cassent les machines et agressent les bourgeois. Les soldats viennent rétablir l'ordre mais la grève continue. La grève est un échec et les mineurs se résignent à reprendre le travail. C'est alors qu’un ouvrier anarchiste sabote la mine. De nombreux mineurs meurent, mais Etienne sort vivant de cet enfer, et part pour Paris. Même si la révolte a échouée, Etienne est plein d’espoirs dans la lutte que les ouvriers mènent contre les inégalités. Un jour, il en est persuadé, ils vaincront l'injustice. Symbolisme et décadentisme Vers 1880, plusieurs jeunes poètes vont refuser la stricte discipline parnassienne. Bientôt ils se pareront du titre de décadents, péjoratif dans la bouche de leurs adversaires. Le « décadisme » est bientôt détrône par le Symbolisme, et Le Décadent par de nouvelles revues, parmi lesquelles Le Symboliste. Symbolisme Le terme Symbolisme désigne un courant d’idéalisme poétique et une école littéraire. Le Symbolisme repose sur le sens du mystère, qui est l’essence même de la réalité. Ainsi, pour atteindre l’âme des choses, la poésie usera du symbole et se fera suggestive, fluide, musicale et incantatoire. Elle sera liée à une philosophie de l’inconnaissable et du subconscient : c’est le rêve de chaque poète qui s’exprimera dans son œuvre. Dès 1822, Hugo affirme l’existence d’un monde idéal. Mais, les véritables initiateurs du symbolisme sont Nerval et Baudelaire, le premier par son expérience du surréel et l’épanchement du rêve dans sa vie, le second par sa théorie poétique et mystique des correspondances. Arthur Rimbaud (1854-1891) Né à Charleville en 1854, Rimbaud est élevé sévèrement par sa mère. Il montre un caractère difficile et des tendances à la fugue : bientôt, il se révolte contre le milieu familial, les convenances, la morale et la religion. Les événements de 1870-1871 accentuent son attitude de révolte. Rimbaud applaudit à la chute de l’Empire, apprend avec joie l’insurrection de la Commune et s’indigne de la répression. Dans ses poèmes, il attaque violemment Napoléon III, le conformisme bourgeois et le catholicisme. Son rêve se réalise quand il envoie des poèmes à Verlaine et celui-ci, enthousiaste, l’invite à Paris. Ils quittent la capitale en juillet 1872 et mènent une existence errante qui inspire les Illuminations de Rimbaud. Finalement c’est le drame : en 1873 Verlaine blesse son ami d’une balle de revolver. Ils cesseront de se voir après une dernière réunion en 1875. L’aventure du voyant D’après Rimbaud, le poète se fait voyant par un long dérèglement de tous les sens. Rimbaud juge les poètes d’après un seul critère : dans quelle mesure ont-ils étés voyants ? Ainsi « Hugo a bien vu dans les derniers volumes », et « Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes ». Le poète doit chercher du nouveau et arriver à l’inconnu. Rimbaud se soucie peu de sa personne, « car JE est un autre » ; c’est-à-dire qu’il distingue de son être apparent le moi profond capable de sonder l’inconnu. Le XXème siècle Introduction au XXème siècle La période 1900-1914 est caractérisée par l’apogée des puissances européennes : la France (république), l’Angleterre (monarchie parlementaire), le Reich Allemand et l’Empire Austro-Hongrois (régimes autoritaires). L’essor économique est grand et justifie un climat de général optimisme. La France se place rapidement au premier rang dans le développement industriel. La première ligne de métro est inaugurée en 1900, le télégraphe, le téléphone, le phonographe et le cinéma (la première représentation est donnée par les frères Lumières en 1895) modifient rapidement les habitudes de vie des Français. La structuration de Paris continue et la ville se transforme. L’exposition de 1900 apporte le pont Alexandre III et le Petit et le Grand Palais. L’éclairage électrique de la capitale transforme Paris en la « ville lumière ». L’expansion coloniale et économique engendre un certain optimisme mêlé d’insouciance. C’est la « Belle Époque », les aristocrates et les bourgeois aiment s’amuser et fréquentent music-hall et cabaret. En revanche, sous ces apparences de frivolité, la vie n’est pas aisée pour tout le monde et les tensions sociales s’accentuent. Les nouvelles catégories sociales : le prolétariat et les femmes Les catégories sociales restent nettement différenciées, surtout en ville. À côté d’une aristocratie parisienne qui survit avec ses fêtes, ses intrigues politique et son snobisme, la grande bourgeoisie dispose de fortunes immenses et se distingue par un style de vie mondain. La petite bourgeoisie partage avec la grande bourgeoisie la même conception de vie fondée sur la propriété et le profit. À Paris, le prolétariat ne cesse d’augmenter, provoquant des spéculations sur le logement. Si les conditions de travail des ouvriers s’améliorent (réduction de la journée de travail à 10h en 1904, repos hebdomadaire obligatoire en 1906), ils sont guettés par le chômage et par la hausse des prix incessante. Réunis en syndicats, ils manifestent. Les femmes, qui travaillent dans les usines et ateliers dans des conditions pénibles, se révoltent à leur tour. Grâce à l’appui des femmes de la grande bourgeoisie, elles réclament l’égalité des droits civils, la libre disposition de leurs salaires et l’accès à certaines professions (le droit de vote réclamé dès 1900 ne sera acquis qu’en 1945). La Belle Époque « Le XIXe siècle finit le 4 août 1914 » (Pierre Gaxotte). L’époque de 1870 à 1914 est en général caractérisée par un pessimisme total, un sentiment de décadence, de « fin de siècle ». C’est la Belle Époque qui appartient par sa mentalité encore plutôt au XIXe siècle. Mais les conflits sociaux annoncent une émancipation définitive de la classe ouvrière. Des alliances internationales préparent la première guerre mondiale. La Grande Guerre de 14-18 fut un désastre humain, politique et économique pour tous. L’engagement politique Dans ce temps où naît le mouvement ouvrier, l’anarchisme, le socialisme (de Jean JAURÈS), où la France est divisée par l’affaire Dreyfus, où la Gauche arrive au pouvoir, le rôle de l’écrivain est celui d’une conscience, qui doit « éclairer ses contemporains ». Par exemple, dans son J’accuse (1898), Zola défende Dreyfus. L’irrationalisme Bien que la pensé positiviste, héritée du XIXe siècle, continue à influencer tout le XXe siècle, on va aussi contester les résultats absolus de la science positive. Les travaux de Sigmund FREUD sur l’inconscient et la théorie de la relativité d’Albert EINSTEIN (1905) font perdre confiance dans les découvertes scientifiques. Le dandysme littéraire en France Le dandysme est à la fois un phénomène sociohistorique et un courant artistique et littéraire. Il est né en Angleterre et est introduit en France dès 1815, où il s’établit définitivement pendant la Monarchie de Juillet en 1830 et connaîtra un second grand essor à la fin du XIXe siècle, pendant la Belle Époque. L’étymologie du terme « dandy » n’est pas nette. Les opinions divergent dans l’attribution d’une racine anglaise ou française. En tout cas, les différentes racines françaises possibles ont toutes une nuance péjorative, qui réduit le dandy à une figure dérisoire, sans valeur : son image est donc au début négative. En tout cas, le dandysme se présente tout d’abord sous sa forme mondaine, comme un phénomène de mode. Dandy mondain : tenue élégante, équipement splendide, demeure magnifiquement décorée, des manières extravagantes, des divertissements exclusifs. Les dandys mondains se préoccupent beaucoup de leur toilette et passent leur temps en divertissements variés ; Dandy écrivain : en opposition à la futilité du dandysme mondain, le dandy littéraire fonde sa dignité individuelle sur la culture de l’esprit et les capacités intellectuelles. Ces dandys ne se soucient pas de la position sociale, leurs moyens financiers sont restreints et fréquentent le milieu des romantiques. Le dandy est un être individualiste et non conformiste qui s’affiche au public et dans son œuvre par le biais d’un exhibitionnisme narcissique : • Culte de soi-même : cultiver l’idée du beau dans leur personne ; • Esthétisation du quotidien, de la toilette et du mode de vie. Le dandy s’invente, propose et impose une image de lui-même dans un acte d’autogenèse. Apparence superbe, provocante, scandaleuse : le dandy se dresse contre les normes sociales et les conventions morales de la société qui l’entoure. Pour Baudelaire, le dandy « doit vivre et dormir devant un miroir » : son assurance est le résultat d’une sévère discipline intérieure qui l’oblige à maîtriser les élans de son cœur. Le dandy, soucieux de surprendre son public, cherche à rester imperturbable et à suivre la devise du nul mirari (rien voir) : froideur ostentatoire, apparence glaciale et impeccable. Il s’agit d’une forme de cuirasse qui cherche à dissimuler la sensibilité de l’écrivain et exorciser la faiblesse. Le dandysme littéraire vise une autre forme de révolution : il est conçu comme un projet élitiste contre l’embourgeoisement de la société. Le dandy écrivain proteste contre la mentalité rationnelle et matérialiste du siècle, contre sa morale plate et utilitaire et son éloge du travail et du profit, contre le nivellement social et économique. Le dandysme est un culte de la différence dans le siècle de l’uniforme (Baudelaire). En littérature, le style dandy se distingue par plusieurs critères : - Ironie pour se moquer du lecteur ; - Afficher le caractère fictionnel d’un roman, détruisant l’illusion d’une histoire « vraie » ; - Vocabulaire rare, métaphores osées, syntaxe complexe (style original pour surprendre, étonner, choquer) ; - Discours discontinu et fragmentaire, sans aucun ordre logique. La naissance du dandysme George Bryan Brummell (1778-1840), nommé Beau Brummell par ses contemporains, est un prolétaire parvenu qui pénètre sans titre de noblesse dans la High Society anglaise (démocratisation de la figure du dandy). Il se lie au Prince de Galles, le futur roi George IV (1811-1821). Brummell représente la première figure du dandy anglais, un véritable man of fashion. Il est l’inventeur du costume classique du « gentleman » moderne. Il crée une toilette discrète, mais de qualité, austère (une sorte de minimal chic). À l’âge de 16 ans, il sait déjà se distinguer par l’élégance de sa tenue et la grâce de son allure, et il réussit facilement à divertir par son esprit. Le soin de soi-même et l’importance de la présence extérieure constituent un premier critère important dans la vie de tout dandy : l’apparence est le symbole de la personnalité. Le deuxième trait du dandy est sa mine expressive, son arrogance. Quant au comportement social, la maxime fondamentale de Brummell est celle de l’insolence : il cherche à provoquer l’étonnement, à produire la surprise. Ces provocations restent dans les limites des convenances pour ne risquer pas le bannissement de l’haute société. Les dandys poètes Le premier dandy-poète est Lord Byron (1788-1824). Il mène une vie de luxe, fréquentant les clubs et les salons, tout en publiant ses poèmes. Lord Byron est une personnalité contradictoire, qui réunit des traits de caractère incompatibles : • Origine sociale et conviction politique → Il est un aristocrate qui s’engage pour la cause du peuple (il fréquente les Carbonari pour un régime démocratique en Italie) ; • Vie émotive → Il ne domine pas ses pulsions, au contraire il se laisse aller à des réactions spontanées ; • Vestiaire → Byron cherche au début d’imiter le style de Brummell, mais il finit par créer la mode du dandy romantique et artiste au style extravagant ; • Dandy et poète → Les dandys de son époque s’éloignent des écrivains, vu qu’ils ont souvent origines modestes. Le temps (mémoire, nostalgie, souvenir, regret des amours perdus) et l’eau, symbole de rêverie et de fugacité, y occupent une place centrale. Le Roman avant 1914 Il y a eu vers 1890 en France, une réaction contre le Naturalisme à qui on reproche sa conception trop matérialiste du monde, sa peinture de la laideur et son esthétique qui n’a pas de sensibilité à l’égard de ce qui est beau. Un romancier et essayiste de cette période est Paul BOURGET (1852-1935), qui excelle dans l’analyse psychologique, la description des états d’âme et la présentation des crises intérieurs. Il y a également Anatole FRANCE (1844-1924), pseudonyme d’Anatole Thibault, qui est l’auteur de romans d’analyse. Il est un des représentants du dilettantisme, mouvement littéraire en France de 1860 à 1914, qui se caractérise par l’amour du beau, le scepticisme, l’ironie et le culte du style. Les romanciers du XXe siècle avaient l’intention de libérer la littérature de ses limites traditionnelles pour arriver à une vision totale du monde. Le novateur dans ce domaine est Romain ROLLAND (1866-1944), qui inaugure le genre du roman-fleuve. De 1903 à 1912, paraît son chef d’œuvre, Jean Christophe, roman en dix volumes. Le roman est l’histoire d’un musicien allemand qui, par ses traits physiques, fait penser à Beethoven. Jules RENARD (1846-1910) est un auteur impressionniste qui choisit des sujets de la vie réelle et qui s’intéresse plus à l’individu. Alain FOURNIER (1886-1714), pseudonyme d’Henry Fournier, n’a laissé qu’un seul chef d’œuvre : Le Grand Meaulnes (1913). C’est un roman poétique, individualiste et en partie autobiographique qui met les personnages dans un climat de mélancolie. C’est le type du roman symboliste au style sobre et fluide. Les années qui ont précédé la guerre de 1914 furent des années de révolution intellectuelle ; ainsi s’explique l’importance prise par la littérature philosophique, idéologique et politique. La pensée philosophique est dominée par le spiritualisme psychologique d’Henri BERGSON. La vie politique est bouleversée par l’affaire Dreyfus et ses suites. Naturellement la littérature politique inclut aussi le journalisme. Henri Bergson (1859-1941) Henri Bergson est né à Paris en 1859. Brillant élève, il entre à l’École normale supérieur. Il devient professeur en Provence. En 1889, il publie sa thèse de doctorat, Essai sur les données immédiates de la conscience. En 1896, il publie un ouvrage très remarqué, Matière et mémoire, où ses considérations philosophiques s’appuient sur des recherches dans le domaine médical. Cet essai se penche sur les fonctions du cerveau (la perception, la mémoire, etc.) en relation avec le corps. En 1900, il obtient la chaire de philosophie grecque et latine au Collège de France. La même année, il publie un court essai, Le rire, sur les sources du comique. Il s’intéresse ensuite à la théorie de l’évolution, et écrit L’évolution créatrice, paru en 1907. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il renonce à tous ses titres d’honneurs, en signe de condamnation des lois antisémites du régime de Vichy. Il décède en 1941, à 81 ans. Dans L’évolution créatrice, Bergson développe la distinction entre : • Le temps abstrait, mesuré par les horloges et qui contredit l’idée de création ; • La durée concrète et vécue, qui relève d’une expérience irréductible et constitue une force créatrice. Il existe ainsi un temps intérieur, intime, sans mesure, avec pour seule référence l’émotion, la perception subjective et sensorielle ; et un temps extérieur, plus objectif. TEMPS ≠ DURÉE Marcel Proust (1871-1922) Fils d’un médecin, Proust est né à Paris en 1871. En 1882, Proust commence à étudier au lycée, malgré une santé fragile. Parallèlement, il collabore à la Revue Lilas, écrite et lue par des lycéens. Après une période sous les armes, Proust est rendu à la vie civile et fréquente la Sorbonne. En 1892 il obtient sa licence en lettres. Les années suivantes furent marquées par l’affaire Dreyfus (octobre-décembre 1894). Proust vit une période d’importantes rencontres dans les milieux mondains. Ainsi, alors qu’il pourrait être distrait par ces milieux, il observe et analyse avec l’attention d’un naturaliste ; il se jette dans la gueule du monstre afin de nous en donner une peinture exacte. Et, peu à peu, vont prendre corps les personnages de la comédie mondaine. Cette formule forme le titre d’un chapitre dans le premier ouvrage publié de Proust, Les Plaisirs et les jours (1896). En 1898-1899, le procès Zola et la libération d’Alfred Dreyfus occupent l’opinion française. Proust, qui est un « dreyfusard », conservera une lucidité aigüe sur le comportement et erreurs des divers partis politiques. En 1900, Proust part pour Venise et publie divers articles, mais il continue aussi son étude des salons mondaines. Après la mort de sa mère en 1905, Proust va se consacrer à la réalisation de son œuvre, sans craindre maintenant de blesser la sensibilité maternelle. Il ne fait que travailler et s’enferme chez lui, même pendant la guerre. Traqué par la maladie, il meurt en 1922. Dans son Contre Sainte-Beuve, Marcel Proust explique que l’œuvre d’un écrivain n’est pas le reflet de sa vie. En fait, un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes. À la recherche du temps perdu (1908) Le roman est publié en sept tomes. De toute façon, l’œuvre apparaît organique : 1) Du côté de chez Swann (1919) 2) À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919) 3) Le Côté de Guermantes (en deux volumes, 1920-1921) 4) Sodome et Gomorrhe I et II (1921-1922) 5) La Prisonnière (posth. 1923) 6) Albertine disparue (posth. 1925) 7) Le Temps retrouvé (posth. 1927) La guerre interrompt la publication du deuxième tome et permet à Proust de remodeler son œuvre. Il crée un univers, comme l’avait déjà fait Balzac, après avoir étudié de près les caractères et les mœurs de son siècle. Le climat de l’œuvre est tout différent : il n’y a qu’un ordre social et certains milieux mondains sont extrêmement frivoles. De fait, les classes populaires sont représentées seulement par les domestiques, et presque tous les autres personnages appartiennent à la bourgeoisie snob ou à l’aristocratie. Toutefois, cette société veut et doit être superficielle : cette image est en réalité le reflet d’une œuvre profonde. Comme les impressionnistes, Proust sait que le sujet n’est jamais insignifiant. Les personnages proustiens sont doués d’une inoubliable présence. Chacun a son rythme et son langage différents de tous les autres et toujours reconnaissables. Même les rôles secondaires sont nettement dessinés. La psychologie de Proust n’est pas statique mais évolutive. Il sait que le moi se transforme sans cesse. La mémoire va ressusciter les paradis perdus de notre passé, accueillant l’apparition mystérieuse grâce à laquelle va se construire, sur le goût d’un gâteau ou d’un parfum, « l’édifice immense du souvenir ». André Gide (1869-1951) Né à Paris le 22 novembre 1869, Gide reçoit une stricte éducation protestante. Son enfance en est marquée, tant qu’il éprouve le sentiment de n’être pas comme les autres, jusqu’à l’angoisse. Eon père meurt en 1880. Grâce à sa fortune il n’est pas obligé d’exercer un métier et il peut très tôt s’abandonner à l’écriture sans nul souci de réussite matérielle : ainsi, il entre dans le monde du symbolisme. À vingt-quatre ans il s’embarque pour la Tunisie et il y arrive malade. Croyant sa vie menacée, il se laisse au péché. Deux ans après, en 1895, il revient guéri et libéré des interdits physiques et moraux. Il se trouve transformé par la certitude qu’il est fait pour tous les désirs et pour l’homosexualité. Mais en même temps il ne peut pas non plus abolir sa soif de communion spirituelle. C’est pour cette raison qu’en 1895 il épouse Madeleine Rondeaux, qui accepte un mariage blanc. Il croit trouver la solution dans un étrange partage qui réserve au mariage la pure communion des âmes et accorde au plaisir une place tout aussi légitime. Après cette crise, le monde littéraire lui paraît hypocrite. Il publie Les Nourritures terrestres (1897), des drames et donne L’Immoraliste (1902). Toutes ces œuvres sont pleines de l’expérience qui a fait de lui « un nouvel être ». À partir de 1914 et tout au long du premier conflit mondial Gide va s’imposer le silence. Il réserve alors sa pensée et ses aveux à son fameux Journal, commencé dès 1889. Après la guerre, Gide publie des nouvelles œuvres. Ainsi sa production s’installe au premier plan de l’actualité, à la fois par son profond intérêt mais aussi par l’attrait du scandale. Alors se dresse contre lui un pamphlet anonyme le dénonçant comme « malfaiteur ». En 1936 il part pour la Russie, mais il revient déçu. Sa loi de vérité l’oblige à dire ses craintes et sa répugnance devant le formalisme stalinien (Le Retour d’U.R.S.S., 1936). À la veille de la Seconde Guerre mondiale il livre au public cinquante ans de sa conscience en publiant son Journal 1889-1939. Condamné à l’éloignement et puis à l’exil par l’occupation allemande, il retrouve la Tunisie. À plus de soixante-dix ans, il choisit un héros vieilli qui, comme lui, a épuisé les aventures : Thésée paraît en 1946. Honoré par le prix Nobel (1947) qui constitue sa revanche sur d’anciens dénigrements, Gide meurt en 1951. Le « gidisme » Gide a toujours parlé de lui-même par l’entremise de ses personnages. On a parlé du « gidisme » comme d’un enseignement d’un maître « en rupture avec tout décence, toute convenance, toute loi » : un tel enseignement est apparu comme scandaleux. Mais Gide réclame avant tout l’originalité et l’autonomie de l’individu. Seuls croient pouvoir le prendre comme modèle ceux qui l’ont mal compris. Gide entre naturellement dans la tradition classique par la primauté qu’il accord à l’étude de l’âme humaine faite à travers lui-même. Mais il a aussi formulé sa propre définition du classicisme qui est toujours victoire sur le « romantisme intérieur », et par conséquent pudeur dans l’expression littéraire. Le vocabulaire de Gide est très étudié, il y a même des archaïsmes et des provincialismes en petit nombre. Mais il y a surtout des néologismes parfois audacieux. De même, sa syntaxe n’est pas strictement régulière. Chacun des effets obtenus est au profit des nuances de la pensée et de la sensibilité. Gide obtient ainsi la parfaite unité du fond et de la forme qui constitue un sûr critère de classicisme. L’âge du Surréalisme Lorsqu’en 1918 meurt Guillaume Apollinaire, les milieux littéraires et artistiques sont animés d’une profusion d’idées. En peinture, le cubisme triomphe et c’est Apollinaire qui en avait écrit le premier la « défense et illustration ». La musique participe aussi à cette même recherche de nouveauté technique et d’exaltation spirituelle. Bientôt, le cinéma va à son tour entrer dans le mouvement. Donc, le surréalisme n’est pas un mouvement exclusivement littéraire : il concerne toutes les formes de l’expression artistique, car il prétend remettre en question à la fois la matière, le langage et la signification de l’Art. Dans l’aventure surréaliste, la poésie était appelée à jouer ce rôle de pilote que lui avait déjà assigné Apollinaire. Mais il ne s’agit que d’un moyen d’exprimer ce qu’André Breton nomme « la vraie vie » : la poésie est alors comme une introduction expérimentale à la conquête d’une manière d’exister assumant tous les aspects de la vie. Ce qui fonde la valeur poétique du surréalisme c’est la pratique de l’art comme technique d’exploration de l’Inconnu. Ainsi se trouve repris dans le surréalisme le thème nervalien et baudelairien du voyage. Malgré l’existence de ses Manifestes, le surréalisme n’est pas une école. Ses principaux représentants se sont progressivement affirmés chacun dans sa singularité. Dadaïsme Dès 1918 va s’affirmer un mouvement qui se propose une révolte totale, jusqu’à une complète désagrégation du langage et de la vie de l’esprit. Le but est de soumettre le contenu et la forme de la poésie à l’irruption incontrôlée de la violence. Le dadaïsme est un mouvement de type anarchiste, mais qui, à travers la violence anarchique, espère obtenir l’authentique brut, désormais matière et forme de la poésie ; c’est un peu comme si le poète se disait : détruisons tout, et voyons ce qui reste ; telle sera la vraie réalité. Le groupe surréaliste Pendant la Grande Guerre, un jeune étudiant en médecine mobilisé, André Breton, est affecté à divers centres neuro-psychiatriques et s’initie ainsi aux travaux de Sigmund Freud. Il découvre les possibilités offertes à l’art par une exploration systématique de l’inconscient. En 1919, le futur groupe surréaliste commence à se constituer lorsque Breton fonde la revue Littérature, où paraît le premier texte surréaliste, Les Champs magnétiques. Le groupe surréaliste affirme son unité d’orientation dans le Manifeste du surréalisme (1924). On y lit cette définition : « SURRÉALISME, n.m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer […] le fonctionnement réel de la pensée […] » En 1930 paraîtra un Second Manifeste du surréalisme ; et le titre de la revue devient : Le Surréalisme au service de la Révolution. Alors se pose le problème d’une politique surréaliste, et en particulier des rapports du surréalisme avec le communisme. Ce problème amènera à la désagrégation du groupe. En marge du surréalisme L’essentiel du surréalisme se retrouve chez la plupart des poètes indépendants de la même génération. L’ambition de cet âge poétique est bien de saisir la poésie dans sa pureté, mais les voies de cette ambition sont multiples et l’aventure poétique reste individuelle. Les surréalistes sont les poètes d’une civilisation de l’image : l’image est la maîtresse du poème. La métrique et la syntaxe peuvent être appliquées si elles sont capables de soutenir le pouvoir suggestif ou expressif de l’image. La Nausée (1938) Antoine Roquentin, trentenaire, écrit un ouvrage sur la vie du marquis de Rollebon. Il remarque un changement qui s’empare de lui : ses sensations sont faussées, il éprouve un sentiment d’étrangeté et de dégout. Sa nausée va croissant, apparaissant d’abord face à des objets, s’étendant ensuit aux personnes rencontrées et envahissant tous ses rapports. Seulement l’écoute d’un morceau, « Some of these days », lui permet d’échapper temporairement à son malaise. Il comprend alors que seulement la création d’une œuvre, romanesque dans son cas, peut le sauver. Le Mur (1939) Sartre attaque l’hypocrisie, l’absurdité et la mauvaise foi qui marquent souvent la société bourgeoise et les conventions sociales. Les Mots (1964) Dans ce livre autobiographique, Sartre essaie de trouver une réponse à la question : « comment est-ce que je suis devenu écrivain ? » Il est convaincu que les germes de sa vocation littéraire se trouvent dans les névroses de son enfance. Une grande partie du livre est consacrée à son enfance jusqu’à 12 ans. Albert Camus (1913-1960) Né en 1913 en Algérie et fils d’un ouvrier agricole, il a connu la misère dans un quartier populaire d’Alger après la mort de son père en guerre en 1914. Il sera élève par sa mère, d’origine espagnole, à Alger. Il est obligé d’interrompre ses études à cause de la tuberculose. De cette époque il fonde la troupe théâtrale de « L’Équipe ». Il débute dans le journalisme aussi. Il fait des voyages à travers l’Europe et, en 1938, il arrive en France où il s’engage dans la Résistance. Essayiste, romancier et auteur dramatique, il se consacrera de plus en plus à sa carrière d’écrivain. Son œuvre pourrait, en gros, s’ordonner autour de deux pôles : l’absurde et la révolte, correspondant aux deux étapes de son itinéraire philosophique. Camus accorde la première place aux idées et refuse de les sacrifier au style. Il ne cesse de lutter en faveur des pauvres et des opprimés. Il meurt en 1960 dans un banal accident de la route. Œuvres Noces (1938) L’Étranger (1942) Le Mythe de Sisyphe (1942) La Peste (1947) Les Justes (1949) (théâtre) La Chute (1956) La morale de l’absurde La prise de conscience du non-sens de la vie conduit à l’idée que l’homme est libre de vivre « sans appel », sans payer pour ses erreurs et épuisant les joies de la terre. Ces idées sont exposées dans Le Mythe de Sisyphe (1942). Camus s’est nettement séparé de l’existentialisme pour une doctrine personnelle, la philosophie de l’absurde. La vie vaut-elle d’être vécue ? Pour la plupart des hommes, vivre se ramène à « faire les gestes que l’habitude commande ». Mais le suicide soulève la question fondamentale du sens de la vie : « Mourir volontairement suppose qu’on a reconnu le caractère dérisoire de cette habitude, l’absence de toute raison profonde de vivre ». Pareille prise de conscience peut naître du sentiment de l’étrangeté de la nature, de l’hostilité primitive du monde auquel on se sent tout à coup étranger. Le temps, qui conduit à l’anéantissement de nos efforts, est notre pire ennemi. Enfin, c’est surtout la certitude de la mort qui nous révèle l’absurdité de la vie. Camus propose deux attitudes d’évasion : d’une part, le suicide, qui est la suppression de la conscience ; d’autre part, les doctrines situant hors de ce monde les raisons qui donneraient un sens à la vie, c’est-à-dire la croyance religieuse. Seul donne une solution logique celui qui décide de vivre seulement avec ce qu’il sait, c’est-à-dire la conscience de l’affrontement sans espoir entre l’esprit et le monde. L’humanisme de la révolte Dans ses œuvres, Camus s’interroge sur le sens de la vie. Pour lui, la vie n’est qu’un enchaînement d’actions banales qui n’ont pas lien avec le destin de l’homme. L’existence n’est qu’un chaos d’actes banals qui conduisent à la mort. Mais Camus rejette le suicide comme réponse à cette absurdité. La solution est celle de la révolte. La révolte donne à la vie sa grandeur et rend l’homme libre. Après la deuxième guerre mondiale, Camus reste fidèle à l’idée de révolte mais y ajoute une dimension humanitaire. La vie n’a pas de sens mais c’est l’homme qui doit lui donner un sens en s’engageant à améliorer la situation des autres. Ainsi, l’homme ne sera plus un étranger mais un être social qui lutte contre le mal. Le Mythe de Sisyphe (1942) Le Mythe de Sisyphe est un essai sur l’absurde. Il constitue, avec L’Étranger, qui en est la forme romanesque, et Caligula, la forme théâtrale, le cycle de l’absurde, qui précède celui de la révolte. Le Mythe de Sisyphe pose la question du suicide dès que l’homme prend conscience de l’absurdité du monde. Pour Camus, le suicide y met fin sans le résoudre. C’est précisément dans le non-sens que réside le sens de l’existence. L’Étranger (1942) Camus met en scène en héros-narrateur, Meursault, qui raconte sa propre existence médiocre comme employé de bureau à Alger. Il se comporte comme si la vie n’avait pas de sens. Le roman se compose de deux parties : la première se termine par le meurtre de l’Arabe (récit sans réelle indication de temps, les moments se succèdent) ; dans la deuxième, Meursault est en prison. Il y a une grande opposition entre l’abus de mots par les juges et les silences obstinés du héros qui se sent innocent. La Peste (1947) Camus s’imagine qu’une épidémie de peste a frappé la ville d’Oran d’Algérie. C’est un récit à la fois réaliste et mythique où la peste symbolise l’existence du mal contre lequel l’homme doit se révolter. C’est aussi un récit psychologique qui analyse les réactions individuelles et collectives ; dans le malheur on apprend la solidarité. Marguerite Yourcenar (1903-1987) Marguerite de Crayencour est née à Bruxelles. Sa mère meurt dix jours après sa naissance et elle est élevée chez sa grand-mère paternelle et par son père, anticonformiste et grand voyageur, qu’elle accompagne dans ses voyages. En 1929, elle publie son premier roman, inspiré d’André Gide. Il s’agit d’une longue lettre dans laquelle un musicien confie à son épouse son homosexualité et sa décision de la quitter dans un souci de vérité et de franchise. En 1939, son père était mort depuis dix ans, elle manque d’argent et l’Europe s’agite dangereusement. Elle part aux États-Unis pour rejoindre sa compagne, avec qui elle vécut jusqu’à la mort de celle-ci en 1979. Son roman Mémoires d’Hadrien (1951), connaît un succès mondial et lui vaut le statut définitif d’écrivain. L’œuvre de Yourcenar s’inscrit en marge du courant engagé de son époque avec ce retour à l’esthétisme et à la tradition, avec le désir d’affirmer la finalité de la littérature : la narration. L’originalité de Yourcenar réside dans son pouvoir de faire vivre ou revivre des personnages, imaginaire ou réels. Œuvres Alexis ou le Traité du vain combat (1929, roman) L’Œuvre au noir (1968) Mémoires d’Hadrien (1951) Le Labyrinthe du monde (I, II, III) Les Mémoires d’Hadrien (1951) est un roman historique. L’œuvre se présente comme une lettre adressée par l’empereur Hadrien, vieillissant, à son petit-fils adoptif, Marc Aurèle, qui doit lui succéder en tant qu’empereur. Hadrien, sur le ton de la confession, y dresse le bilan de sa vie. Il analyse son parcours pour « trouver un sens à sa vie et à sa mort ». Il confie également les circonstances qui lui ont permis de conquérir la sympathie du précédant empereur et être désigné comme son successeur. Homme de paix, Hadrien renonce à certaines colonies et travaille à la pacification de l’Empire. Pour lui, la guerre est un moyen et non un objectif. Pendant son règne, il a travaillé à la consolidation de son empire et à l’amélioration des conditions de vie des femmes et des esclaves. Il a tenté de rendre la société romaine plus juste. Malade, il se retire pour méditer sur sa mort. L’œuvre se termine par une méditation sur le suicide. L’Œuvre au noir (1968) Il s’agit d’un roman paru en 1968. Le terme « œuvre au noir » désigne en alchimie la première des trois phases dont l’accomplissement est nécessaire pour achever l’or. Selon la tradition, l’alchimiste doit mener à bien l’œuvre au noir, au blanc, et enfin au rouge afin de pouvoir accomplir la transmutation du plomb en or. Personnage imaginaire, Zénon Ligre, homme de la Renaissance, est un philosophe, un médecin et un alchimiste qui a beaucoup appris au cours d’une vie errante. Ses activités scientifiques, ses publications et son esprit critique indisposent l’Église. Refugié sous un faux nom, il sera enfermé dans une prison de l’Inquisition où il se suicidera. Le récit se compose des trois parties : La vie errante ; La vie immobile ; La prison. Zénon symbolise l’homme qui cherche la vérité, au milieu de ses contemporains dont certains le comprennent et d’autres non. Il perdra sa liberté, puis sa vie.
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