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La Globalisation et le Capitalisme : Une Nouvelle Anthropologie ?, Appunti di Crescita e Globalizzazione

Cet extrait analyse la relation entre la globalisation et le capitalisme globalisé, la consommation universelle et la culture mondiale. Il aborde l'État, la philosophie de l'histoire et la théorie de l'évolution, l'environnement technique et la critique de l'aliénation politique et économique.

Tipologia: Appunti

2021/2022

Caricato il 06/06/2022

Malesia00
Malesia00 🇮🇹

4.3

(3)

15 documenti

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Scarica La Globalisation et le Capitalisme : Une Nouvelle Anthropologie ? e più Appunti in PDF di Crescita e Globalizzazione solo su Docsity! CF Théories de la globalisation Théories de la globalisation et débats sur sa réalité SOMMAIRE PREMIERE PARTIE - La Globalisation comme processus de convergence et d’intégration systémique CHAPITRE 1 - L’anthropologie du néo-libéralisme et ses imaginaires. Une illustration : les GAFA CHAPITRE 2 - La consommation universelle et la culture monde (éléments objectifs et rêveries) CHAPITRE 3 - La convergence des sociétés sous l’influence de la rationalité et de la technique DEUXIEME PARTIE - Derrière l’apparente Globalisation, Le maintien d’un monde pluriel fait de rivalités CHAPITRE 4 - Ambivalence historique des relations entre l’Occident et le reste du monde et anti-occidentalismes CHAPITRE 5 - Intensification de la lutte entre capitalistes du monde et entre les classes TROISIEME PARTIE - Vers la désintégration de la société internationale ? CHAPITRE 6 - Vers la guerre ? La remontée des tensions CHAPITRE 7 – Démondialisation et frissons « collapsologiques » Partiel : dissertation en 2 heures, 2 sujets. Exemples de sujets déjà passés : Présenter et discuter l’idée selon laquelle la globalisation est la confrontation des classes Discuter l’idée de « village global ». En quoi le développement de la technique et de l’internet peut être analysé comme de véritables moteurs de la glo ? Le devenir de la glo est-il totalement lié au capitalisme globalisé ? Pertinence de l’idée de gouvernance mondiale ? => Faut passer en revue tout le cours, mise en discussion et en perspective un paradigme avec un autre. Bonne dimension critique 1 CF Théories de la globalisation INTRODUCTION. ① Objectifs du cours. Tout d’abord, fournir un cadre général de compréhension + discuter des théories disponibles. « Globalisation » = mot plutôt employé dans les pays anglo-saxons, plus multiforme / en France, plutôt « mondialisation », plus une dimension géographique et spatiale. Brian Turner, Globalisation Studies : séparé en différentes approches (politiques, économiques, etc.). Ici, dans ce cours, faire quelque chose de transversal, faire toujours tourner toutes ces approches. Eviter le saucissonnage d’un processus qui aboutirait à une juxtaposition superficielle, car c’est justement l’imbrication qui fait la caractéristique de la globalisation. Tout est étroitement lié. On va présenter des analyses concurrentes sur le marché des idées, de manière critique. On n’est pas obligé de tenir la globalisation pour quelque chose d’évident, d’inévitable ou de positif. Rien n’indique qu’elle sera durable. Turner a fait un historique : 1ers travaux portent sur la dimension éco (libéralisation de plus en plus poussées des échanges), puis après on s’est mis à travailler sur des questions culturelles (va-t-on vers une convergence des représentations du monde ?). Période plus récente : travail sur la dimension politique de la glo, notamment le thème de la gouvernance mondiale dans les années 90/2000 ou la question du cosmopolitisme et de la cohésion de cette société. Basculement à partir de 2001 avec les événements du 11 septembre : changement de tonalité dans les travaux occidentaux sur la glo. Période qui précède le 11/09 : une vision ancienne, cad très ouverte sur l’idée d’une histoire qui commence, une histoire de développement de droits humains et de gouvernance mondiale, idée que la glo est le début d’une ère nouvelle, que c’est positif. Entre 2001 et 2008, la tonalité change : on revient à quelque chose de plus pessimiste, critique vis-à-vis de la glo, on prend conscience que la glo c’est aussi de la violence qui circule, une internationalisation et un élargissement de choses très négatives (criminalité, spéculation…). Question des sécurités nationales, liée au thème de la surveillance => refermerture d’espaces. Un univers de littérature très clivé, hétérogène. Une véritable philosophie sous-jacente, une certaine vision du monde, de la société, des rapports entre individus et groupes auxquels ils appartiennent. Des visions optimistes, d’autres pessimistes. Problème de la destruction/appauvrissement des cultures liés à la glo pour la survie même de l’espèce. Les débats ne sont pas clos, parce que la glo est un processus. On ne sait pas aujourd’hui quelles seront ses conséquences d’ici 20 ans. ② Un essai de définition de la « globalisation ». La glo est un processus réorganisateur et c’est en même temps le résultat de ce processus. Certaines approches sont matérielles et spatiales, d’autres plus culturelles et cognitives. Idées les plus transversales à toutes ces approches = ce sont des actions à distance + il y aurait une compression du temps et de l’espace + une érosion des frontières. Cependant, tout cela reste parfaitement discuté et discutable. Après vague de décolonisation, démultiplication des Etats nations. Intensification des échanges interrégionaux, convergence des pratiques et des représentations culturelles. L’échelle pertinente pour comprendre les relations humaines est en évolution constante, de moins en moins locale et nationale, analyse plus globale. Pour Badie, 3 symptômes de la glo : l’inclusion, l’interdépendance et la mobilité. Accentuation et plus de facilité dans la mise en réseau. Interdépendance se trouve dans les institutions + convergence dans les processus de formation des élites. Autre idée : le monde devient de plus en plus fragmenté et complexe, donc de moins en moins facilement gouvernable. Un système de plus en plus anarchique, pas de centre qui pilote. ③ Difficultés. 2 CF Théories de la globalisation → Cette pensée fonctionnaliste a perdu de la vitesse. Ce qui se déploie maintenant est une nouvelle représentation de la société = l’anthropologie du néolibéralisme. Cette conception se diffuse et tend à se substituer à la pensée selon laquelle l’acteur est le système (fonctionnaliste). Cette nouvelle pensée repose sur 2 piliers : l’individualisme et l’économisme. Les êtres humains sont pensés comme des individus, ne sont pas pensés comme appartenant à un corps politique, une entité qui les dépasserait. Dans la pensée fonctionnaliste, la société est transcendante = le collectif dépasse l’individu, celui-ci est second. Alors que dans la conception du néolibéralisme globalisant, l’individu n’appartient pas à une communauté antérieure qui le transcenderait. Ce sont plutôt des atomes individuels qui existent entre eux, connectés entre eux. Il n’y a pas d’entité collective, mais des territoires saisis comme étant des marchés. Il n’y a plus de peuple mais des populations, appréhendées comme étant des consommateurs. Ce qui prime, ce sont des atomes qui sont analysables et pensables en dehors d’une appartenance à une collectivité organique. Quand il y a du collectif, c’est du collectif fonctionnel = ne doit exister au-dessus des individus que ce qui permet de faire fonctionner l’ensemble. La croyance est une croyance collective, le groupe s’adore lui-même (Durkheim) et quand il se rassemble il prend conscience qu’il existe comme groupe. Or les individus vivent de plus en plus séparément, donc la croyance s’effrite. Seuls les individus ont des droits, cela permet d’apprécier la valeur des choses sur la base de la subjectivité, cad l’importance accordée aux goûts, valeurs et ressentis mais aussi aux intérêts des individus. Les droits des individus sont universels = ils sont les mêmes partout. Le monde repose donc sur la primauté des individus. Autrefois les individus étaient soumis au poids des traditions, la légitimité traditionnelle repose sur les habitudes collectives. Dans le néolibéralisme, ce que l’on continue d’appeler société, ce sont des contrats et des intérêts = c’est ce qui fait lien entre les individus. La société est un ensemble, une agrégation de marchés ayant chacun leurs règles de fonctionnement sur lesquelles les individus se positionnent. On y passe des contrats, des transactions, des échanges. Les individus échangent parce qu’ils y ont intérêt, en mode « je reste sur ce marché s’il me procure plus d’avantages que d’inconvénients ». L’appartenance à un marché est toujours révocable. Le monde est pensé comme fait de modes d’êtres et de cultures qui sont interchangeables, un monde sans différence. Les individus sont identiques car rationnels et utilitaristes, donc logiquement ils convergent vers les mêmes prises de décision rationnelles car ce qui prime est la satisfaction de l’intérêt personnel. → Montesquieu, idée du « doux commerce » = le recours à la force dans les relations humaines est une manifestation d’archaïsme, exprime l’empire de la passion et l’instinct de pouvoir. On se laisse aller à une exacerbation de ce qui existe dans l’ordre naturel. Il faut trouver le moyen de juguler cette exagération. C’est pour ça qu’il y a une relation entre la nature des régimes et les échanges économiques, faciliter le commerce est un moyen de contenir ces pulsions. Donc idée qu’on peut agir sur l’être humain et ses relations en développant la raison = la culture. Les régimes démocratiques sont plus susceptibles de faciliter l’échange, ils peuvent connaître la prospérité en maintenant la paix etc. Dans cette conception du monde, tout peut se régler par un deal. Les acteurs gouvernementaux sont là pour créer des lieux dans lesquels il puisse y avoir de la circulation d’information. On facilite la globalisation, et à l’inverse la glo facilite ce que sont les êtres humains. 5 CF Théories de la globalisation Universellement, les êtres humains aspirent à vivre en paix, ils aspirent au bonheur ou fuient la souffrance. Ils préfèrent la prospérité. Sont individualistes, donc leur choix se font à partir de leurs goûts. Ils cherchent à atteindre leurs objectifs afin d’accéder à une place plus enviable au sein de leur groupe. Les individus ont une aptitude naturelle pour la transaction et la coopération. Ils sont naturellement plus animés par la raison et les intérêts que par les passions et l’instinct => ressemble fortement à la théorie du choix rationnel ! Thèse des néolibéraux globalistes : le bien commun est le résultat de l’agrégation de comportements individuels sur la base d’un rapport intéressé au monde. III) La question des imaginaires de la globalisation Textes de Zaki Laidi, La grande perturbation. On peut parler d’un imaginaire social mondial, mais il n’est pas homogène. 2 types d’imaginaires : un imaginaire de l’effacement / un imaginaire de la différenciation. • L’imaginaire de l’effacement est le plus en phase avec l’anthropologie du néolibéral : on rejette l’idée de frontière, de différence. Le monde est pensé comme fini, comme un grand village. Les frontières ne sont plus pertinentes, ni souhaitables. Thèse selon laquelle l’Etat-nation est dépassé, il est archaïque, il faut aller vers des sociétés ouvertes. Idéal d’une société sans étranger, il reste un ensemble d’êtres humains. Cela passe par des processus de désacralisation et de désymbolisation. Donc cet imaginaire renvoie à une rationalité des individus. Il est logique de combattre les institutions qui entravent les libertés individuelles. • Dans l’imaginaire de la différenciation, on pense en termes de groupes et de collectif. Des spécificités propres à chaque groupe qu’il faut conserver (soit parce que le fruit des traditions, soit parce que l’espace naturel des solidarités). IV) L’exemple des GAFA Certains disent que la glo est l’intensification des flux et l’uniformisation des pratiques. Depuis une trentaine d’années, il y a une dynamique qui est sans précédent historique. Quelques chiffres : aujourd’hui, les géants du web détiennent 80% des informations numériques personnelles de l’humanité. Donc par ex Google est valorisé à plus de 2 000 milliards en bourse. Les GAFA sont les 4 entreprises les plus valorisées au monde. Il y a bien une logique d’intégration globalisante des individus, rien à voir avec une globalisation par les institutions et rien à voir avec une gouvernance mondiale. Première fois que l’on a des acteurs privés dotés d’une maîtrise sur une masse d’individus. La glo = un processus d’une ampleur sans précédent. Les chiffres sont planétaires : le 23 septembre 2021, il y a 4 milliards 300 millions d’internautes + 60% d’êtres humains connectés (dans les pays les plus riches, 95%) + 4 milliards d’inscrits sur les réseaux sociaux + 15 millions de SMS à la minute. On est connectés tout le temps ! Une collecte de données est organisée en permanence à l’échelle planétaire. Chacune de nos connexions est enregistrée, tout est stocké. Toutes les données dont disposent les grands acteurs du numérique sont accessibles par les services de renseignement. C’est un objectif de surveillance global, non ciblé. Toute information est bonne à prendre, ce qui importe n’est pas la qualité de la collecte elle-même. Il y a une profession de foi publique = idée que la numérisation va rendre le monde meilleur, c’est un vecteur d’augmentation du bien-être. La technique aujourd’hui a atteint un niveau suffisamment sophistiqué pour qu’on puisse la mettre au service de tous, accès à tous les savoirs + permet d’augmenter l’autonomie des individus, ainsi que leur harmonie. Idée aussi que la technologie permet de construire un monde mieux organisé et pacifié. Une tradition proprement américaine : glorification de l’esprit individuel et de l’initiative individuelle, selon laquelle les entrepreneurs, les ingénieurs sont des forces capables d’améliorer l’existence et de contribuer au salut de l’humanité. Sorte de messianisme 6 CF Théories de la globalisation technique. Une tradition européenne (Saint Simon, Auguste Comte) : idée que le développement de l’industrie et de la science est vecteur de liberté et de bonheur des sociétés. Si on gère le monde de façon plus rationnelle, on le rendra meilleur. Dans cette vision des choses, l’Etat est un obstacle car il a une prétention à contrôler toutes les activités. La démocratie représentative déforme les souhaits des citoyens, car ils passent par des professionnels etc, donc c’est une formule en laquelle on n’a plus confiance. De plus il y a une défiance vis-à-vis de tout collectif organisé parce que dans cette vision, le collectif est lourd, contraignant et coûteux et déforme les souhaits. Enfin, dans cette vision des choses, 2 éléments se sont hybridés : une dimension libertaire (contre-culture des années 60) avec l’adhésion des entrepreneurs du numérique au principe de libre marché. Donc ce sont autant d’éléments qui convergent pour se substituer à l’anthropologie initiale, pour une pensée nouvelle. CHAPITRE 2 : La consommation universelle et la culture monde (éléments objectifs et rêveries). I) La genèse d’une culture nationale (perspective historique) Au départ, un constat : les peuples vivaient dans des cultures distinguables les unes des autres. Au sein des historiens de la culture, il y a un accord sur le fait que pendant des siècles les gens ordinaires vivaient dans des régions d’échanges locaux, le monde pour les gens avait une dimension assez restreinte (univers de la paroisse, du village). Cela ne veut pas dire qu’il n’existait pas de choses supra- ou transnationales => il y avait déjà des empires, des grandes religions monothéistes qui dépassaient les frontières. Mais l’univers culturel des peuples était un univers géographiquement situé et il n’y avait que peu d’échange entre la strate transnationale et la strate locale. A partir du 17/18ème siècle, les choses changent : se produit un mouvement de construction des cultures nationales, qui répond à des besoins financiers des élites. C’est la ressource fiscale qui permet d’entretenir les forces militaires. Donc tout ça suppose de pouvoir capter de la ressource fiscale ! On a donc besoin d’une bureaucratie, pour enregistrer les ressources, propriétés, richesses qui circulent = une administration. Donc création de liens avec cette multitude (entre élites et reste de la population) => à l’origine d’un sentiment d’identité et d’appartenance collective. On passe de plein de petites entités à des communautés nationales tendanciellement unifiées. Cela permet de former de la cohésion. Ces nations modernes reposent donc sur un ensemble d’idées, de représentations, de valeurs et de pratiques. Cela est mis en place grâce à un système éducatif de masse => impératif d’éduquer les populations pour faire de la cohésion en installant les gens dans une langue et une histoire commune. Il y a aussi une politique d’équipement = on construit des routes, ponts, ports, bâtiments publics… cad tout ce qui permet de circuler et transporter des choses et des hommes. On met en place progressivement des systèmes législatifs + des grands marchés. On augmente les possibilités de mobilité. Ces identités nationales sont donc le résultat d’une intentionnalité dont on voit bien les tenants et les aboutissants = sorte d’outil performant des élites pour répondre à leurs besoins. Cette culture nationale se construit sur la base de communautés de destin = des populations qui partagent le souvenir d’événements communs. Donc le travail ne se fait pas à partir de rien, on travaille juste les constructions partagées. C’est à partir de particularités anciennes que l’on construit du commun moderne. Norme de référence moderne = l’Etat-nation = appartenance à une communauté politique. Cette norme se construit sur plusieurs siècles. Les individus sont socialisés à cette norme, jusqu’à ce que cette culture nationale apparaisse naturelle, « cela va de soi ». Cette norme = 7 CF Théories de la globalisation deviennent étrangers à eux-mêmes et se retrouvent dans une situation où le monde extérieur devient incompréhensible. Sentiment de ne plus avoir de prise sur ce qui nous entoure. De plus en plus de peuples s’inscrivent dans une course infinie aux biens matériels et en viennent à se penser eux-mêmes à partir des concepts venus de l’Occident. Ce qui se joue est un impérium culturel = passe par l’imposition douce d’une culture et d’un mode de consommation forgé par les Occidentaux. Donc il n’y a plus simplement une domination par la force et la spoliation, on domine maintenant par le don. On transfère des standards => d’où une standardisation de l’imaginaire, nous dit Latouche. Cette idée de culture-monde fait problème : L’Occident mondialisé (2010) de H. Juvin et G. Lipovetsky, s’inscrit dans une perspective critique de la marchandisation du monde = transformation de TOUS les rapports sociaux en rapports marchands. Cette culture circule comme une marchandise. Ce qui se diffuse est une façon de se rapporter à autrui, de se hiérarchiser, de s’évaluer mutuellement. Lipovetsky pense que ce qui est en marche n’est pas une unification culturelle mondiale mais des versions multiples d’une même culture monde, fondée sur le capitalisme, la technoscience, l’individualisme et le consumérisme. Juvin, lui, est plus radical : il estime que la culture occidentale détruit les autres cultures, il y a un choc frontal entre les cultures plutôt qu’une hybridation. Les auteurs s’accordent sur le fait que l’on vit dans un processus en cours et, même s’ils sont très critiques, rien ne permet d’affirmer avec certitude que va triompher une culture mondiale. Ils laissent la possibilité d’autre chose, sans le définir. CHAPITRE 3 : La convergence des sociétés sous l’influence de la rationalité et de la technique. I) Deux courants pour une convergence des sociétés 2 courants à l’appui de cette vision selon laquelle il y aurait une convergence des sociétés sous l’influence de la rationalité et de la technique : la philosophie de l’histoire + la théorie de l’évolution. * La philo de l’histoire : remonte à Kant et Hegel, se prolonge jusqu’à la fin du 20ème siècle. Il s’agit d’une réflexion menée par des philosophes et théologiens qui se demandent si le cours de l’histoire a une signification. Auteurs comme Saint Augustin, au début du 5ème siècle, ont théorisé le christianisme. La Cité de Dieu (St Augustin) => se place dans le prolongement de la pensée judaïque avec la venue du messie. Après lui, il y a eu Khaldoun au 14ème siècle. Puis Bossuet, Discours sur l’histoire universelle. Vico, Principes de la philosophie de l’histoire (18ème siècle). Condorcet, Esquisses d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain (18ème). Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire. Au 19ème, Burckhardt. Au 20ème, Spengler, Le déclin de l’Occident. Fukuyama, La Fin de l'histoire et le Dernier Homme (1992). => Ne pas confondre avec la philo critique de l’histoire, dont l’un des représentants était R. Aron. Ces auteurs interrogent l’historiographie. 5 objectifs pour ceux qui font de la philo de l’histoire : 1er objectif est de parvenir à dégager des vues synthétiques de l’histoire, pour élever les niveaux de connaissance sur l’humain. Cela se fait en réaction à une tendance qui caractérise une production de la connaissance de plus en plus spécialisée = des micro-savoirs incommunicables. Plus on a de connaissance, moins on a de sens ! 2ème objectif : mettre en évidence les puissances constituantes de l’histoire. 3ème objectif : dégager les éléments qui perdurent, aller vers une typologie des constantes historiques. 4ème : rechercher des principes organisateurs, cad repérer ce qui se répète : l’Etat, la religion et la culture. 5ème : comment comprendre les transformations historiques ? 10 CF Théories de la globalisation Weber : mouvement de rationalisation continue, irrépressible, de toutes les sphères de l’existence. Pour certains, l’histoire n’a pas de sens, on ne peut pas dégager de signification universelle (Hegel : « l’histoire n’apprend rien aux hommes »). * La théorie de l’évolution : un des piliers de cette théorie est le transformisme = idée que les espèces telles que nous les connaissons aujourd’hui n’ont pas toujours existé, elles sont le résultat de transfos continues. Deuxième principe = la spéciation = le nombre des espèces augmente au cours de l’évolution, une différenciation croissante des espèces. 3ème pilier = la complexification des organismes = les organismes apparus le plus récemment ont une organisation plus complexe que celle des organismes qui les ont précédés. 4ème pilier = l’adaptation aux pressions de l’environnement et ses ressources = dans un environnement donné, il y a des espèces qui sont mieux adaptées donc elles ont plus de chance de survivre donc plus de chance de transmettre leurs caractéristiques aux générations d’après. Le néoévolutionnisme : explication des mécanismes de l’évolution => la génétique + mutations aléatoires + sélection sexuelle. S’est développée une connaissance positiviste de l’histoire = on ne peut pas avoir de propos autres que ce qui repose sur la science. La philo de l’histoire a été délégitimée parce qu’on a dit qu’on ne pouvait plus prétendre parler d’histoire sur l’absence de bases rigoureuses, scientifiques. II) Trois auteurs : entre rationalisation et convergence des sociétés 3 auteurs : - Durkheim => une double perspective selon laquelle on est dans un processus de transfo graduelle des sociétés qui réside dans le changement des modes de solidarité. Comprendre la solidarité comme ce qui permet de rattacher les individus les uns aux autres. Chez Durkheim, l’histoire est un mouvement de différenciation fonctionnelle (De la division du travail social, 1893). Idée qu’au cours du temps, les sociétés sont de plus en plus différenciées fonctionnellement. La solidarité sociale se fonde au début sur le fait que les individus se ressemblent beaucoup cad qu’ils ont des activités comparables (très grande majorité était des agriculteurs). La cohésion tient au fait que ces individus soient ressemblants, qu’ils aient la tête remplie des mêmes choses : représentations, croyances, idées partagées et communes. Puis on passe de cette solidarité mécanique à une solidarité organique, cad que les liens entre les individus reposent de plus en plus sur le fait que ces individus sont complémentaires, interdépendants car ils sont tous de plus en plus spécialisés. Cette spécialisation est une condition d’efficacité. Chacun d’entre nous a deux consciences : la conscience collective / individuelle. Séparation progressive entre le politique, l’économique et le religieux. Un processus inintentionnel, cad que ce qui permet cette complexification c’est l’augmentation des échanges. L’augmentation de la densité matérielle et morale permet la spécialisation et la circulation des idées. Il n’y a pas de pilote à cette transformation historique. - Weber => on peut identifier des déterminismes qui font que dans certaines régions, se sont progressivement constituées des conditions favorables à une activité économique rationnelle. Il nous dit qu’à un moment, il y avait des communautés religieuses calvinistes qui se sont retrouvées face à la doctrine de la prédestination, qui amène à penser que Dieu a déjà choisi ceux qui seront sauvés (prédestinés) et deux qui seront damnés pour l’éternité. Donc pour les croyants ça fait peur ! Qu’est-ce qui peut me faire penser, dans le monde, que je suis destiné ou au contraire damné ? Ils vont chercher de leur lecture de la bible que la richesse économique peut être interprétée comme un signe que Dieu considère telle ou telle personne avec bienveillance. Du coup ces gens vont avoir une vie réglée, ils développent une façon de travailler extrêmement contrôlée et rationalisée. Toutes les sphères de leur existence vont être façonnées par ce souci de rationalité. Ce modèle d’existence est ensuite diffusé comme une façon correcte et efficace d’organiser sa vie. Cette rationalisation gagne toutes les sociétés 11 CF Théories de la globalisation occidentales. Thèse du désenchantement du monde : notre rapport au monde est devenu de plus en plus basé sur une exploitation rationnelle. On n’échappe pas à ce mouvement de rationalisation => idée de la « cage de fer » = les Occidentaux sont pris comme dans une cage de fer mentale, où que nous soyons nous somme pris dans ces formes de rationalisation. Selon Weber, toutes les cultures vont devenir marquées par la dépersonnalisation des relations sociales. Ce monde allait devenir de plus en plus basé sur les techniques de calcul, les savoirs spécialisés => tous les processus rentrent dans le dispositif de contrôle rationnel. Ces éléments rationalisateurs sont des sources d’homogénéisation des cultures. - Parsons => synthétise ce que dit Durkheim, Weber et Freud. Projet de construire une théorie générale => cf Théorie générale de l’action. Une approche structuro-fonctionnaliste = un mélange entre une approche fonctionnaliste (Brown, Malinowski, Merton) + une analyse systémique. L’industrialisation a rendu obsolète l’organisation familiale traditionnelle de la production, basée sur une famille confondue avec les fonctions de production, au profit d’une organisation en manufactures, puis de vraies usines. Engendre de meilleures conditions d’existence => revenus plus élevés qu’avant. Permet un enrichissement. Ce modèle d’industrialisation se diffuse, va dans une sphère de plus en plus étendue, induit une différenciation des sociétés cad qu’elle transforme l’organisation sociale. La famille se spécialise dans la consommation. Des secteurs sont dédiés à la construction d’infrastructures. Cela transforme l’Etat. Les médias diffusent des formes d’idéaux adaptés à cette forme de consommation. Donc la thèse de Parsons est qu’il va s’opérer à partir de l’industrialisation une transformation des valeurs qui irriguent les sociétés, qui passe par plus d’individualisme, de rationalité et de sécularisation (le poids des croyances religieuses s’allège). Tout ça est un ensemble de transformations qui constituent la modernisation, comprise comme l’érosion progressive des systèmes de croyance et d’organisation traditionnels. Ce changement social et historique est guidé par une logique fonctionnelle, évolutionniste et adaptative. Idée que chaque composante d’une société, en se spécialisant, augmente son efficacité. Cf la théorie des avantages comparatifs. Le monde change, nous devons nous adapter. Ce changement suit aussi une direction commune à toutes les sociétés. Pour ces raisons, les sociétés se ressemblent de plus en plus sur un principe de division du travail social et de leur intégration dedans => théorie de la convergence. => Donc on a là un double mouvement : recherche du sens de l’histoire / théories actuelles de la globalisation. III) Une globalisation à l’œuvre de la rationalisation et la technique Qu’est-ce que la technique ? J. Ellul, La technique ou l’enjeu du siècle (1954). La technique est quelque chose qui diffuse TOUS les aspects de la connaissance. Des techniques mécaniques/économiques/d’organisation/ humaines. F. Jünger, La perfection de la technique. La technique est un système qui unifie tous les sous-systèmes. Quand nous pensons à technique, on pense à des instruments, à des machines, à un monde industriel. Mais ce n’est qu’une partie de la technique. Technique éco : l’individu rationnel en finalité est celui qui opte pour les moyens les plus adéquats en vue de la finalité. Il y a des techniques d’organisation, cad la façon de penser l’agencement des organismes sociaux. Les techniques humaines = tout ce qui permet de piloter et influencer les individus. Donc la technique chez Ellul est un système, cad un ensemble d’espaces d’action et de domaines d’activité qui s’appuient les uns sur les autres. Le mot « société » désigne un système technique et ce qui distingue les sociétés c’est leur mode d’organisation technique 12 CF Théories de la globalisation technicien se déploie toujours plus universellement, parce qu’il est en phase avec nos dispositions anthropologiques. Nous aimons le système technique parce qu’il répond à nos besoins fondamentaux, nous évitent les tâches les plus pénibles et satisfont les besoins intimes (cf pornographie). CONCLUSION GLOBALE DE LA PREMIERE PARTIE Donc tout ça laisse à penser que oui, il y a bien une globalisation qui implique un processus de convergence. Ces thèses disent que la globalisation se donne sous le signe de l’évidence. Cependant, bien sûr qu’il y a des choses qui convergent mais le monde reste pluriel et repose sur des rivalités. Première série de travaux = les globalistes / deuxième série de travaux = les sceptiques. * PARTIE 2 : DERRIERE L’APPARENTE GLOBALISATION, LE MAINTIEN D’UN MONDE PLURIEL FAIT DE RIVALITES. Thèse des sceptiques : partent d’une discussion sceptique d’une culture monde. Leur premier argument : la construction du sentiment d’appartenance nationale a été quelque chose de laborieux. Il est peu probable que cette construction ait été mise en cause par une « culture globale des masses ». On ne peut pas comparer cet enracinement culturel avec des produits très éphémères qui émanent, par ex, des médias transnationaux. Ce sont des échanges qui restent dans des espaces nationaux – par exemple, se font dans les langues respectives de chaque pays. Cette densification des échanges dans les espaces nationaux favorise plutôt les nationalismes. Deuxième argument : cela permet d’accéder plus facilement aux autres, donc c’est en se comparant à d’autres que l’on prend conscience de ce que l’on est. C’est la confrontation d’une multiplicité de discours qui permet à chacun de mieux apprécier ce qu’il est, en quoi il n’est plus l’autre. Les biens culturels circulent, mais sont interprétés à travers le filtre de nos habitudes. Troisième argument : pour qu’il y ait de la convergence, il faut de la mémoire partagée. Or, pour l’instant, il n’y a pas de mémoire globale dans le sens où il n’y a pas d’histoire commune qui permet aux gens de se penser comme étant des membres d’une même communauté. Les histoires restent des histoires nationalisées. CHAPITRE 4 : Ambivalence historique des relations entre l’Occident et le reste du monde et anti-occidentalismes. I) Origine et critique de l’Occident Objectif de ce chapitre : prendre du recul historique pour voir les fondements historiques entre le monde occidental et non-occidental. Dans les relations actuelles entre ces 2 mondes, il y a tout un arrière-fond historique qui renvoie au fait que l’expansion européenne s’est opérée par une modernisation brutale. Certains auteurs parlent de « traumatisme » pour rendre compte de la façon dont les pays non-occidentaux se considèrent en rapport avec la modernisation occidentale. Idée que ce traumatisme alimente la défiance, voire la rancœur et la haine. La modernisation s’est opérée ici et là en dehors de l’Occident sur le mode du déracinement, sur un mode militaire. Ex du Japon : une des caractéristiques de ce pays = une modernisation qui a été la plus rapide, s’est faite sur quelques dizaines d’années. A ébranlé en profondeur la société + provoqué une dislocation sociale entraînant des mouvements de population + réorganisation 15 CF Théories de la globalisation de l’éco + urbanisation + un matérialisme accéléré + un appauvrissement spirituel, brutalise les croyances traditionnelles + confiscation du pouvoir, avec une élite aux valeurs féodales. Ex de l’Iran : là aussi les choses ont été rapides au début du 10ème siècle, un nouveau Chah qui est lui-même militaire et en quelques décennies impose des mesures de modernisation. Se fait avec autorité, méthodes militaires, on impose à ces populations le renoncement à ce qui les constituait culturellement et historiquement. => Donc idée que la modernisation s’est accompagnée de beaucoup de souffrance. Et cet arrière-fond de souffrance ressort dans l’actualité. Ces modalités historiques génèrent une triple critique contemporaine de l’Occident par des pays non-occidentaux. On peut évoquer 3 arguments dans le cadre de cette critique : 1) un matérialisme destructeur dont l’Occident serait l’agent de propagation. La marque de cette prise de contrôle est le développement d’un rationalisme calculateur et une certaine avidité mercantile, que l’on voit au lendemain des indépendances. Il s’agit de combattre ce rationalisme en s’appuyant sur des définitions qui renvoient au sol et au sang, cad à des enracinements anciens. Nombre de non-Occidentaux considèrent que la civilisation occidentale est incapable de fixer des limites à sa propre hubris, à sa propre volonté de puissance et de développement. Cette civilisation occidentale qui s’est étendue n’a rien respecté, ni la nature, ni les liens traditionnels. La course au profit favorise la concurrence sauvage et la surexploitation des travailleurs. Ce qui est valorisé est une promotion décomplexée des meilleurs, des gagnants. 2) Cette valorisation correspond à un processus de dé-civilisation = aboutit à atomiser la société occidentale. Ce qui caractérise l’Occident, c’est son appauvrissement spirituel. Injonction à consommer. Beaucoup de vulgarité, de violence, d’abrutissement (cf programmes de tv réalité). Des valeurs subversives = des cultures qui contribuent à miner les sociétés occidentales. Souvent une critique dirigée à l’encontre des EU : chez des intellectuels chinois, indiens, ou africains, on trouve souvent l’idée que les EU sont une menace parce qu’ils sont caractérisés par une propension à s’immiscer dans les affaires des autres et imposer leurs valeurs, valeurs qui cachent leurs intérêts. 3) l’hypocrisie des Occidentaux. Nombre d’intellectuels disent que sous l’universalisme occidental, les Occidentaux ont d’autres pratiques et sont en réalité infidèles aux valeurs humaines dont ils assurent être les messagers (notamment au moment de leur entreprise coloniale). En réalité cet universalisme est purement ethnocentrique. Autrement dit, l’universalité est une ruse de la domination. Par ex : les droits de l’homme qui seraient universels, mais ça c’est les Occidentaux qui le disent ! Les critiques disent que ces droits de l’homme ont été un cheval de Troie du libéralisme et ont sapé les bases culturelles des autres sociétés. Ce qui caractériserait aussi les Occidentaux, c’est leur nihilisme + excès de démocratie + excès d’individualisme. Déclin et décadence morale. Il faut donc passer à des modèles civilisationnels différents, alternatifs. Les anti-Occidentalistes opposent un autre paradigme civilisateur, appellent une nouvelle modernité. Les Chinois théorisent la modernité post-Occidentale, qui passerait par la revalorisation de croyances et de représentations abandonnées par les Occidentaux. Par ex, la valeur de la cohésion familiale, le goût de l’éducation, la valorisation du travail et de la frugalité. Il faut penser sur fond d’ambivalence, car c’est un mouvement de répulsion/attirance entre Occident et non-Occident. La civilisation occidentale a été vue comme quelque chose de destructeur mais aussi d’émancipateur. Les sociétés traditionnelles extérieures ont toujours hésité entre imitation et rejet. Ce qui est en train de se construire est des relations d’hybridation. On peut très bien trouver un spectacle vulgaire, et être fasciné par ce spectacle. 16 CF Théories de la globalisation II) La thèse de Huntington Malgré le titre de « clash des civilisations » Huntington ne prévoit ni n’encourage une guerre entre les civilisations, au contraire. Cf p.10 : « Les chocs entre civilisations représentent la principale menace pour la paix dans le monde. Mais ils sont aussi, au sein d’un ordre international désormais fondé sur les civilisations, le garde-fou le plus sûr contre une guerre mondiale. » Une autre formulation un peu plus tard : « Nous éviterons une guerre généralisée entre civilisations si, dans le monde entier, les chefs politiques admettent que la politique globale est devenue multi-civilisationnelle et coopère à préserver cet état de fait. » Huntington est parfaitement conscient des limites de son modèle, il a d’ailleurs lui-même formulé les critiques. Il propose une image de la politique mondiale. Il propose une simplification entièrement assumée. Après la GF, Huntington considère que la politique mondiale est influencée par des facteurs culturels et marquée par des interactions entre Etats qui appartiennent à des civilisations différentes. Il souligne bien que c’est un modèle simplifiant, cette vision omet ou obscurcit certains points. Sa position est de dire que si l’on essaie de penser le monde aujourd’hui, il nous faut une carte simplifiée de la réalité, qui soit un modèle et un paradigme. Part des travaux de Thomas Kuhn : pour être acceptée comme paradigme, une théorie doit sembler meilleure que ses concurrentes. Mais pour cela il n’est pas nécessaire qu’elle explique TOUS les faits auxquels elle est confrontée. Contrairement à la théorie réaliste du monde, tout n’est pas qu’anarchie. On peut construire un modèle qui hiérarchise l’importance des événements. 6 apports de Huntington : 1) les différences entre civilisations sont le résultat d’une longue maturation. 2) le rétrécissement du monde, au sens d’une fluidité plus grande des transports, multiplie les contacts entre les peuples et amplifie le sentiment chez chacun des particularités. 3) la mondialisation économique affaiblit les Etats-nations. Or ces Etats-nations constituaient pour le peuple un échelon d’appartenance distinctif. Favorise les replis identitaires/religieux. 4) la faiblesse avérée de l’Occident encourage un tropisme de rivalité. 5) lorsque les identités se fondent sur une religion, elles ne sont pas négociables, difficilement accessibles au compromis. 6) la régionalisation progressive de l’économie mondiale incite les anciennes nations à se trouver des appartenances communes avec d’autres Etats-nations qui leur ressemblent. Cela tend à creuser les différences entre civilisations. La notion de civilisation : distinction classique entre LA civilisation/LES civilisations. LA civilisation renvoie à l’idée de modération des mœurs, de raffinement de culture. Être civilisé c’est être sorti de la violence. LES civilisations signifient qu’il y a différentes façons d’être civilisés. Une civilisation est une entité culturelle. Civilisation (= culture) renvoie à des manières de vivre, des normes, des institutions, des modes de pensée. Dans une large mesure, les civilisations se sont identifiées aux grandes religions du monde. La division des populations en termes de civilisations se base donc sur des différences culturelles. Ne se réduit pas à la race ! Les différences essentielles entre humains concernent leur institutions et structures sociales, mais pas en fonction de caractéristiques physiques. De plus, les civilisations sont englobantes, cad que c’est la plus grande catégorie, rien ne peut les englober. Les Etats sont plus interdépendants économiquement. On se fait plus la guerre, mais on échange plus. Les civilisations se définissent par des éléments objectifs (religion, culture, histoire, etc), mais aussi par des éléments subjectifs d’auto-identification. Cependant les civilisations n’ont pas de frontière clairement établie, n’ont ni début ni fin précisément identifiables. Les civilisations sont comme des êtres humains => vision organiciste. Faut penser les civilisations comme un concept dynamique, ne sont pas des essences ou des idées pures. Elles changent au cours du temps. 17 CF Théories de la globalisation reprendre si elles veulent s’affirmer elles aussi par rapport à l’Occident. Pourraient même utilement inspirer l’Occident lui-même. Quelques auteurs : JC Guillebaud, Le commencement d’un monde (2008). Thèse critique de Huntington => lecture qu’il en fait a des fois beaucoup de contre-sens. Dire que sa théorie est un appel aux armes est faux. C’est juste une anticipation de conflits possibles avec une réflexion sur comment éviter ces conflits. Mahesh Sharma => met en valeur la civilisation indienne, faut revenir à une pureté hindoue, par rapport aux écarts occidentaux. CHAPITRE 5 : Intensification de la lutte entre capitalistes du monde et entre les classes. Marx est un auteur pertinent pour penser la globalisation. Même s’il est du 19ème siècle et que beaucoup de choses se sont passées depuis, il y a toujours des éléments de compréhension intéressants. 1) Première raison de s’y intéresser : aujourd’hui, on y trouve des considérations morales et des conceptions anthropologiques qui sont au fond identiques à celles de Marx. La conception de Marx équipe encore largement les acteurs qui sont mobilisés de façon critique par rapport à la mondialisation. 2) Deuxième raison : dans la pensée marxiste, on peut trouver des éléments qui aident à penser les conflits et les tensions qui caractérisent nos sociétés. Par ex : la question de la répartition des richesses, de l’évolution des inégalités. 3) Troisième raison : nous aide à penser 2 dimensions de la globalisation => d’une part, l’économico-financier (flux économiques et marchands) et d’autre part, le politique. Question du rapport entre le personnel politique et les acteurs éco dominants. Question de l’autonomie du personnel politique par rapport aux citoyens. 4) Quatrième raison : la globalisation, ce sont aussi des dynamiques culturelles. Avec Marx, question de la marchandisation = relation entre le culturel et le mercantilisme, relation entre le monde des idées et les dynamiques de transformation éco, relation entre ce que nous pensons et l’organisation matérielle de notre société. => Nous sommes donc en face d’un paradigme (= un ensemble de raisonnements, de propositions articulées qui permettent de produire de la connaissance) très puissant. L’une des caractéristiques de Marx = une analyse conjointe de la réalité ET de l’idée que les hommes se font de la réalité. Il faut avoir un point d’ancrage théorique, faut disposer d’un critère de vérité : pour Marx, ce critère de vérité c’est la philo de Hegel. I) L’anthropologie implicite de Marx Cette anthropologie équipe encore beaucoup ceux qui sont opposés à la globalisation. Elle se trouve dans ses conceptions philosophiques, par ex dans les Manuscrits (1844) ou L’idéologie allemande avec Engels (1932). Comment concevait-il les êtres humains et qu’est-ce qu’il souhaitait ? 1) Selon Marx, les êtres humains sont des êtres naturels, cad pas dissociables de la nature. Ils vivent dans et de la nature. Or le monde sépare les êtres humains de la nature. 2) L’être humain est un être existant pour soi, cad réflexif et conscient de lui-même. Un être doté d’intentionnalité, qui poursuit consciemment ses buts. L’être humain est capable de s’élever à l’universel = capable de se hisser à la hauteur du genre humain. 20 CF Théories de la globalisation 2) L’être humain est un être créatif, cad qu’il se réalise par le travail créateur. Il s’auto-réalise par le travail = complètement fondamental. 3) L’être humain est un être social et sociable, c’est le rapport à l’autre qui lui permet d’être humain. Donc l’être humain n’existe que dans une communauté qui lui permet de cultiver ses sens. => Lorsque l’une de ces dimensions est empêchée par la forme que prend la société, les êtres humains sont comme amputés d’une partie d’eux-mêmes, sont aliénés = étrangers à eux-mêmes. C’est sur la base de cette conception anthropologique que Marx construit des critiques de l’aliénation. Idée qu’il faut permettre aux êtres humains de s’affranchir de tout ce qui n’est pas eux-mêmes. Parce que pour Marx, la plupart des êtres humains sont dans un rapport d’irréalité par rapport au monde, donc il faut leur permettre d’accéder à une connaissance réelle de ce que sont les rapports réels dans le monde. Idée que les êtres humains ont l’esprit obscurci par ces chimères. L’objectif est de ramener les êtres humains dans la vraie vie, les mettre en face de la vérité du monde dans lequel ils vivent = un objectif d’émancipation, de libération, de conscientisation. C’est exactement ce que proposent de faire les gens qui travaillent dans les sciences sociales (style Bourdieu). * Critique de l’aliénation religieuse : Marx reprend des idées déjà présentes chez Hegel (Phénoménologie de l’esprit, 1807) ou encore Feuerbach. Premier positionnement de Marx qui consiste à dire que la critique du religieux ne doit pas être menée sur un terrain rationaliste, cad qu’il ne s’agit pas de considérer que la religion est une erreur et que les croyances religieuses seraient un défaut de rationalité. La critique doit être menée sur un terrain existentiel et historique, cad que la religion n'est pas une déraison mais une aliénation. La religion est l’expression du malheur des êtres humains qui sont écrasés par l’histoire. Ne peuvent ni récuser ni accepter cette histoire (guerres…). Hegel : les hommes subissent leur histoire comme un destin étranger. Le monde du divin leur permet de fuir cette réalité. Donc cela montre bien que la croyance n’est pas une erreur. Le monde dans lequel Marx vit = un monde où la religion est très puissante. Marx veut que les êtres humains se réapproprient les forces qu’ils ont rejetées dans le divin, des qualités qu’ils ont projetées dans le divin qui sont des qualités humaines (notamment la qualité de création, de sociabilité, etc). Il faut les forcer à sortir de cette attitude de fuite du réel, pour les amener dans le réel. * En partant de la critique de l’aliénation religieuse, élargit son propos et critique le droit, la morale et la politique. La critique de l’aliénation politique = ce n’est pas l’Etat qui fait le peuple, ni l’inverse. C’est la divergence des intérêts qui doit fonder la pensée. Mais avec ce qu’on nous décrit comme l’idéal républicain, l’organisation politique, loin d’aboutir à l’égalité réelle des citoyens, institutionnalise l’inégalité des individus. Donc Marx note une discontinuité entre la sphère privée et la sphère publique, cad que quand on considère la sphère privée, les individus sont en concurrence les uns avec les autres, poursuivent leurs intérêts égoïstes, alors que dans la sphère publique ils sont fondamentalement soucieux de l’intérêt général. La liberté et l’égalité que confèrent ces institutions sont donc très abstraites, illusoires. N’existent que dans un espace normatif. La fraternité est inauthentique. Un mécanisme de désenchantement, comme pour le religieux. 2 niveaux d’aliénation politique : 1) les êtres humains sont soumis à ce qu’ils ont eux-mêmes créé (par ex, le rapport à la bureaucratie, nous sommes très largement dépendants des bureaucrates qui nous administrent alors qu’ils étaient initialement conçus pour résoudre des problèmes de l’ordre de l’intérêt général) ; 2) les institutions interdisent les êtres humains d’être sociaux et sociables parce que ces institutions sont organisées d’une telle façon qu’elles les mettent en concurrence, impression qu’on n’existe que par le groupe. II) Critique de l’aliénation économique : valeur, force de travail et exploitation 21 CF Théories de la globalisation * Critique de l’aliénation économique : procède des critiques précédentes. Son point de départ : en quoi consiste la valeur d’une chose ? Idée que toute chose peut être appréhendée comme représentant une certaine quantité de travail incorporée. La valeur renvoie à la quantité de travail socialement utile incorporée dans la chose. La valeur d’usage correspond à la quantité d’utilité : certaines choses sont plus utiles que d’autres. Par ex, on peut comparer un aliment à une automobile. Dès l’instant où les choses rentrent dans des processus d’échange, elles acquièrent une valeur d’échange. Pour qu’elles acquièrent une valeur d’échange, faut qu’elles deviennent une marchandise, donc ce n'est pas une valeur en soi mais une valeur qui lui est conférée. Un bien peut ne pas avoir de valeur d’échange s’il n’a pas de valeur d’usage. La force de travail doit être pensée comme étant elle-même une marchandise, dans le sens où la valeur de la force de travail est déterminée exactement de la même façon que n’importe quelle autre marchandise = déterminée par le temps de travail nécessaire pour la reproduire. Ce n’est pas qu’une définition physique ou biologique, mais un ensemble de moyens qu’on juge nécessaire pour la reproduire (salaire…). On échange de la force de travail contre de l’argent. Cela ne signifie pas qu’il n'y a pas d’exploitation. Il y a exploitation au sens technique du terme en ceci que la force de travail a une caractéristique centrale : elle peut créer « une quantité de valeur d’échange considérablement plus importante que la quantité qui correspond à la valeur des produits nécessaires pour reproduire cette force de travail » (Marx). Le temps de travail nécessaire au salarié pour produire une valeur égale à celle qu’il reçoit avec son salaire est inférieur à la durée totale de son travail. S’il reçoit 100€ par jour, il les produit dans les premières heures de sa journée et le reste du temps il produit plus de valeur dans une journée que ce qui correspond à ces 100€ (en gros, il produit bien plus que 100€) = et ça, c’est de l’exploitation ! Il est payé moins que ce qui produit. Le surplus de valeur qui est créé est ce qu’on appelle la plus-value. Le surtravail, c’est la partie de temps de travail qui est au-delà de ce qui est nécessaire pour reproduire la force de travail. Rapport entre la plus-value et le capital = le taux de profit ( ). Le capital peut être fixe (technologie,𝑃𝑉 𝐾 machine) ou variable (salaire, main d’œuvre). La modification du capital pèse donc sur le taux de profit. Le taux de profit pèse sur la profitabilité de l’activité éco. Rapport entre la plus-value et le capital variable = le taux d‘exploitation ou taux de plus-value ( ).𝑃𝑉 𝐾 𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑏𝑙𝑒 III) Capitalisme et matérialisme historique Une constante : idée que ceux qui détiennent les moyens de production cherchent à faire des profits. Des valeurs qui vont devenir basées sur la recherche du profit, une société basée sur des rapports contractuels. Le capitalisme remet en cause l’idée de nation (transnationalité des échanges), de peuple au profit de l’idée de marché. Ce que fascine Marx, c’est cette volonté modernisatrice qui renvoie à l’idée de destruction créative, il faut détruire l’ancien monde pour en créer un nouveau. Une entreprise qui ne s’adapte pas à la concurrence est appelée à disparaître. Les entrepreneurs ont 3 solutions pour maintenir leur taux de profit : 1) augmenter le taux de plus-value, ou taux d’exploitation. Pour cela, on fait travailler les gens plus longtemps, tout en leur donnant le même salaire. Mais 2 inconvénients majeurs dont on se rend rapidement compte : plus les gens travaillent longtemps, moins ils travaillent correctement avec la fatigue et plus les accidents de travail augmentent. 2) réduire les salaires réels, cad diminuer le capital variable. Mais pour réduire les salaires, il faut que le rapport politique soit favorable à l’employeur, ce qui est globalement le cas depuis le début de la globalisation. Le monde s’étant entrouvert, les employeurs ont pu baisser les salaires (parce que sinon, on va chercher ailleurs d’autres salariés !). Le pouvoir d’achat des salariés a en moyenne diminué. 22 CF Théories de la globalisation d’acheter ce qui a été produit. Comment peut-on sortir de cet enchaînement ? Plusieurs réponses : chercher de la main d’œuvre ailleurs (pour continuer d’employer des gens sans les payer plus), ou chercher des marchés ailleurs => c’est là qu’on arrive à un capitalisme globalisé. IV) Lien entre marxisme et globalisation Warren Buffet : il y a une lutte des classes aux EU, évidemment, mais c’est la classe des riches qui mène la lutte et qui est en train de gagner. Toute société est nécessairement basée sur des classes en concurrence. Depuis une perspective marxienne, considérons la globalisation : le monde globalisé peut être compris contre une intensification de la lutte entre les capitalistes du monde et entre les classes. Du temps acheté (Streeck, 2014) + La mondialisation, stade suprême du capitalisme ? (Andreff, 2013) Streeck conçoit la société comme basée sur une division en classes, selon les revenus prédominants. La classe capitaliste tire ses revenus du taux de rendement qu’elle obtient du capital qu’elle a investi. Sont à la recherche du bon placement, du bon investissement pour savoir ce qui rapporte le plus. En face, on a des gens dont les revenus dépendent d’un salaire, de leur force de travail. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau dans la pensée actuelle ? Dimension psychologisante forte, qui établit qu’une des distinctions possibles entre les salariés et ceux qui les emploient sont le fait que les détenteurs du capital seraient moins craintifs par rapport à la prise de risque. Les analyses actuelles prolongent et amplifient les analyses de Marx. Pour ces auteurs qui s’inspirent de Marx, il y a eu 3 basculements dans nos sociétés : 1) retour de ces sociétés vers des marchés auto-régulés. Se distingue de ce qui s’était mis en place après la 2GM (un capitalisme régulé, très encadré, administré par les puissances publiques dans les sociétés occidentales). Aujourd’hui, un capitalisme bridé : il serait temps que la richesse nous revienne après avoir sacrifié tant de choses + un socialisme réel : dans certains pays, la référence était le socialisme, pas le capitalisme, et ça on l’a oublié. Tout ça est remis en cause à partir des 70s, par une forme néolibérale, dans le monde entier => logique d’accumulation du capital par une dérégulation, de moins en moins encadrée. Impulsion qui vient de GB avec Thatcher + EU avec Reagan. Donc dérégulation, privatisation des marchés maintenant. 2) propagation extrêmement rapide de formes de vie adaptées au marché et guidées par lui = la société de consommation ! Cf J. Baudrillard, La société de consommation. Cette société de consommation est accueillie par la population avec enthousiasme ; et ça, ça bouscule beaucoup de choses. De base, les êtres humains réalisent leur plein potentiel par leur travail créateur et leurs relations avec autrui ; or là, les gens acceptent avec enthousiasme la consommation de biens. Se produit alors une demande de travail salarié, notamment à l’initiative des femmes, parce que c’est échapper à la dépendance financière à l’égard du conjoint. L’accession au travail salarié est vécue comme une libération. La situation traditionnelle de femme au foyer est vécue de plus en plus comme une expérience stigmatisante, pas noble. Les théoriciens avaient toujours vu le travail salarié comme une aliénation… or là, l’avènement du salariat de masse aboutit à une « aliénation heureuse » (T. Adorno). Bouleverse les sociétés occidentales, invention du crédit à la consommation pour consommer toujours plus. La société de consommation capitaliste acquiert une très grande légitimité dans les plus vastes couches de la population. Tout ceci remet en cause l’anthropologie de Marx, puisque les individus semblent être heureux dans une division de leur vie entre temps de travail et de non-travail. Sont prêts à accepter une vie de travail contraignante et peu passionnante au nom de ce à quoi ils accèdent pendant leur temps de non-travail. Perçu comme une amélioration de l’existence. 25 CF Théories de la globalisation 3) cette mutation du capitalisme est marquée par des crises éco nouvelles avec 2 caractéristiques principales : la réactivation de niveau d’inflation dans les 70s, que l’on n’avait pas vu depuis longtemps + l’endettement public (l’Etat se met à dépenser plus qu’il ne gagne… depuis 45 ans, toujours le cas). Lourd de conséquences sur les services publics notamment. L’endettement public se double de l’endettement des particuliers : des niveaux d’endettement sans précédent historique. Devient de plus en plus intéressant de développer des activités financières qu’industrielles. Aboutit à une financiarisation de l’économie, qui traduit le fait que l’activité productive industrielle devient de moins en moins intéressante financièrement par rapport à ce qu’on appelle « l’industrie financière ». Ces auteurs réalisent que le capital, ce ne sont pas simplement des acteurs éco. Il faut aussi admettre que le capital est une force sociale et politique. Derrière ça, il y a des stratégies. Ce capitalisme global libéralisé est le résultat d’une stratégie mise en œuvre par les propriétaires du capital. Capitalisme démocratique (basé sur l’encadrement de l’activité économique + équilibre entre les profits et les salaires) a été imposé aux détenteurs du capital face au danger communiste. Et il y a comme une résistance, une révolte menée par les détenteurs du capital contre la régulation, l’encadrement et la redistribution (prélèvement fiscal) = contre le capitalisme démocratique. On arrive à un paradoxe : Marx pensait que les masses rejetteraient le capitalisme. Mais ce ne sont pas eux qui l’on rejeté, ce sont les capitalistes eux-mêmes ! Les revendications révolutionnaires portées par les classes ouvrières reposaient sur l’idée que l’amélioration continue des conditions de travail avaient vocation à se poursuivre. Ils ont durci leurs revendications, ont élevé leurs exigences (années 60s-70s), il faut redistribuer plus. Cela aboutit sur le fait que les capitalistes commencent à avoir du mal à suivre ce mouvement de revendication, car l’activité industrielle en dépend. Capitalistes utilisent la stratégie de trouver de la main d’œuvre ailleurs, plus exploitable. Passage à une autre forme : thèse de Streeck = on sort de la démocratie dans la mesure où la démocratie que nous connaissons repose sur 2 piliers. Le premier = l’Etat de droit / le deuxième = un espace public où la parole est libre. La démocratie, aujourd’hui c’est la possibilité de parler en étant assuré de la protection de ses droits individuels. La démocratie est éloignée d’un pouvoir réel du « demos » (le peuple) sur les décisions. On observe une augmentation continue des inégalités et un durcissement de l’exploitation économique. Ainsi nous sommes les témoins de la fin d’une époque basée sur une démocratie basée sur la redistribution. Des crises qui se renforcent et se complètent mutuellement : - une crise de l’économie réelle, qui se manifeste par des taux de chômage réels structurellement élevés. Si les emplois sont compressés, c’est parce que les consommateurs aiment obtenir des crédits. Approfondissement des niveaux d’endettement des particuliers et des entreprises. Une éco qui repose de plus en plus sur un endettement. La crise des crédits tient au fait que les banques ont une propension de plus en plus grande à fuir le risque, donc de plus en plus réticentes à accorder du crédit. Difficulté à distribuer suffisamment de crédits par le fait que les banques ont été échaudées par la crise de 2008, sont devenues extrêmement prudentes. Les Etats ont l’obligation de couper dans leurs dépenses, ou augmenter les impôts => effet en cascade négatif. Stagnation de l’économie réelle, avec des taux de croissance limités. - une crise fiscale, qui découle de la progression du déficit public depuis plusieurs décennies. Dernier budget voté en équilibre en France date de 1976 ! Cad que l’Etat dépense plus qu’il n’a de recettes. Crise de 2008 a contribué largement à approfondir le déficit public. Il a fallu que l’Etat, pour éviter la faillite généralise, recapitalise les institutions financières. Risque d’insolvabilité étatique = problème de dette souveraine. Un vrai problème aujourd’hui dans l’UE : on contourne le problème en mutualisant les dettes souveraines. 26 CF Théories de la globalisation - une crise bancaire, qui tient au fait que les banques sont encore convalescentes. Trop de gens ont encore trop de crédits à des emprunteurs qui ne sont pas capables de les rembourser. Donc crise de confiance du système bancaire. Développement et transformation profonde des forces productives => passage d’une société industrielle à une société de la connaissance. Parmi ces forces productives, la ressource intellectuelle prend une part de plus en plus importante par rapport au modèle industriel précédent. Dans le secteur industriel, augmentation croissante du capital constant (sous forme de technologies et de moyens nouveaux qui permettent d’accroître la productivité). Aussi une logique de délocalisation => levée des contraintes temporelles et spatiales. Société de plus en plus fluide, mobile. Cela s’accompagne d’une transformation des rapports sociaux de production. Tertiarisation de la population active. Autres modalités de répartition du pouvoir, au sein même des entreprises, au profit des détenteurs du capital. Recherche de profitabilité de plus en plus rapide. Nouvelle façon de manager les entreprises : donner la prééminence aux managers qui ont en charge d’augmenter les profits industriels. Déplacement des logiques de confrontation des intérêts => vers des pays de main d’œuvre à moindre coût, où l’usage de la main d’œuvre est flexible car moins encadré. Approfondissement des inégalités dans la répartition des revenus, qui se traduit par une augmentation spectaculaire de la concentration de la richesse sur les segments de la population les plus riches / une stagnation du pouvoir d’achat réel d’une majorité des salariés. On est revenu à des niveaux d’inégalité aux EU comparables à ce qu’ils étaient à la fin du 19ème siècle. Désengagement d’une masse croissante de la population du système électoral. Nous amène à une transformation dans l’ordre du politique. Transformation des représentations. Cela veut dire que jusqu’aux 80s-90s (début de la régulation et fin du capitalisme démocratique), l’univers mental et politique des détenteurs des moyens de production et des travailleurs est tapissé en arrière-fond d’une alternative politique potentielle au modèle néolibéral (communisme, socialisme). Dans la mesure où cette alternative disparaît, c’est la recomposition des rapports de force politiques entre détenteurs et travailleurs. 2 choses qui se conjuguent dans le même moment : socialisme disparaît + les grandes concentrations ouvrières disparaissent, anciens bastions qui se caractérisaient par la culture ouvrière (caractérisée par le partage physique d’un même espace de travail + fierté au travail de ceux qui construisent des choses) + affaiblissement des institutions + érosion des syndicats salariés. Donc transformation des rapports de force, idée d’un déplacement du lieu et des modalités des conflits de classe. Le capitalisme globalisé a vocation à finir de liquider les cadres culturels du capitalisme du 19ème et 20ème siècle. Destruction du capitalisme centré sur la nation. Ce qu’il faut construire et promouvoir, c’est une nouvelle anthropologie = celle d’un individu connecté à travers les technologies, cosmopolite (profil pluriel, n’a plus à avoir d’origine), et surtout sur-consommateur. On est passé de la question sociale à la question sociétale. Maintenant les questions qui occupent le plus les sociétés = féminisme, environnement, droits de l’homme, identité… La question sociale (inégalités…). Le capitalisme a-t-il un avenir ? (Wallerstein, 2013) => l’économie est une éco marchande et cosmopolite, qui est organisée d’une manière clairement hiérarchique au niveau mondial cad, en simplifiant, il y a les pays du centre et les pays de la périphérie. Entrera dans une spirale d’augmentation des prix. Des coûts classiques (coûts sociaux) / des coûts nouveaux (environnementaux). Paralysie en matière d’investissement : des capacités + des lieux d’investissement. Une des caractéristiques du capitalisme = un système historique, un jeu d’équilibre, condamné à une recherche constante de profit. Cette logique d’accumulation constante du capital est profondément irrationnelle. 27 CF Théories de la globalisation les protagonistes, mais pas tous. La Chine se tient à distance des négociations, en disant que ce sont à ceux qui ont le plus de puissance nucléaire de commencer à mettre de l’ordre nucléaire. Russes : 6 700 têtes nucléaires, EU : 6 200, Fr : 300 (pour ce qui est des stocks connus). • Montée de nouvelles tensions autour des ressources naturelles, qui n’existaient pas en 1945 dans un ordre régulé par les EU. Les pays émergents ont des besoins extrêmement importants compte tenu de leur dynamisme économique (Chine 1er consommateur de ces ressources). Autour des ressources énergétiques, minières, des terres cultivables… Ces tensions augmentent. Aussi liées au réchauffement climatique (fonte des glaces du pôle nord). Depuis 45 ans, dynamisme démographique dans des régions où commence à se poser un problème de survie. Certes, le monde est globalement moins pauvre, mais toujours tensions autour des ressources naturelles… • Montée des tensions intra-nationales = cf Streeck, avec la glo des 30 dernières années, les modes d’agencement des sociétés qui étaient industrielles et riches sont remis en cause. La glo est un vecteur de désintégration des sociétés, cad que les modes d’intégration passés deviennent obsolètes. Fragilisation des modes de compromis sur lesquels se sont construits les sociétés (européennes notamment). Se traduit par une tension entre les acteurs inscrits dans la glo et ceux qui sont perdants dans cette glo (cf mouvement des Gilets jaunes, ex de perdants de la glo). Une fracture sociale source de tensions, met en cause la capacité internationale à produire du collectif et résoudre les problèmes. Montée observable de la ségrégation sociale. • Nouveaux rapports de puissance : les pays émergents ont des moyens de puissance, maintenant au 1er rang du classement (Chine, Brésil…). Les anciens pays dominants deviennent soucieux, ont perdu confiance en eux-mêmes, se perçoivent comme minoritaires et comme étant dans une position d’affaiblissement relatif. Les Occidentaux (= les anciens dominants) deviennent de plus en plus prudents à l’égard de l’usage potentiel de la force armée, parce que depuis 50 ans ils perdent leurs guerres. Aujourd’hui il y a une intolérance des Occidentaux quant à la perte de vies humaines. Donc ils ont des armées dont ils ne veulent plus se servir. Donc les rapports de force ont totalement évolué, et quand les choses évoluent on a plus de mal à les réguler. Les Occidentaux considèrent qu’ils n’ont plus d’ennemi. Pourtant, les sociétés se sont toujours construites sur un rapport avec un ennemi => les EU ont trouvé la Chine comme ennemi... ↓ II) Cas des tensions entre la Chine et les EU Allison, Vers la guerre. L’Amérique et la Chine dans le piège de Thucydide ? (2019) => Ce livre répond à un projet de construire une nouveauté, ce que l’auteur appelle « l’histoire appliquée ». Eclairer les problèmes actuels en analysant les problèmes historiques et comparer le présent avec le passé. Donc on part d’un problème actuel et on cherche dans les archives historiques pour dégager des perspectives, anticiper ce qui peut se produire. Un travail empirique : étude de 16 cas de relation entre différents pays, qui s’étalent de la fin du 15ème siècle jusqu’à aujourd’hui. Sur ces 16 cas de confrontation, 12 se sont terminés par des guerres. S’agit de dégager des régularités dans les situations qui font que dans certains cas, on va à la guerre et dans d’autres, les tensions ne débouchent pas sur une guerre. Thucydide (premier historien grec) a étudié la guerre du Péloponnèse qui a opposé Athènes à Sparte. Défaite d’Athènes. Ce qui permet de comprendre les conflits, ce sont des causes structurelles ; cad des conditions dans lesquelles ce que d’habitude on arrive à réguler échappe au contrôle et débouche sur une escalade qui mène à la guerre dans les cas les plus graves. Donc Allison veut comprendre comment la situation peut échapper aux protagonistes. 30 CF Théories de la globalisation Thucydide propose un théorème qu’Allison reprend : quand une puissance ascendante menace de supplanter une puissance établie, il en résulte une tension structurelle dont on ne peut pas sortir et qui aboutit à ce que le conflit de la guerre devienne la seule issue envisagée. => Ainsi, la Chine et les EU se feront-ils la guerre ? Allison dit que la grande question dans les RI est de savoir si la Chine et les EU peuvent échapper au piège de Thucydide, cad la logique inéluctable du conflit entre la puissance ascendante et la puissance établie. Presque à chaque fois qu’une question comme ça s’est posée dans l’histoire, les choses ont mal tourné. Mais dans 4 cas sur 16, la guerre a pu être évitée parce qu’on a trouvé des compromis => changement dans les actes et les attitudes. Les relations sont beaucoup fondées sur de la symbolique, de la fierté, l’image que l’autre a de nous. Donc la guerre n’est pas toujours l’issue la plus certaine, pour l’éviter il faut un changement dans les attitudes. Les enseignements qu’Allison tire des 5 siècles écoulés : - relations entre le Japon VS la Chine et la Russie. Allison considère le Japon fin 19ème, début 20ème => caractérisé par quelque chose qui relève de l’angoisse, cad que les élites japonaises à la fin du 19ème ont l’impression d’être victimes des puissances occidentales. Ont besoin de revanche => « syndrome de la puissance montante » = des situations dans lesquelles la puissance qui monte est indignée par le traitement qu’on lui inflige et qu’on lui a infligé dans le passé. Mémoire des choses humiliantes. C’est sur la base de cette indignation que la puissance montante est farouchement déterminée à s’emparer de la place qu’elle estime mériter dans la place des puissants. Aspiration à redéfinir la hiérarchie mondiale, y acquérir une place meilleure correspondant à ce qu’ils estiment être leur place légitime. S’appuie sur un retour sur son propre passé, en souligne la grandeur et la richesse. Donc il faut retrouver ce rang, être reconnu par les autres comme tel. - relation entre la France et la Prusse (dernier tiers du 19ème). La France est dans une position régnante par rapport à la Prusse, c’est LA grande puissance continentale. « Syndrome de la puissance régnante » : fait de peurs, d’inquiétudes exagérées, crainte du changement. Débouche sur des réponses irréfléchies. La crainte de la perte, le risque du déclin est plus fort que l’espoir du bien (comme des joueurs au casino). Entraîne à prendre des risques déraisonnables, les nations n’arrivent plus à faire une analyse claire des risques qu’elles prennent. Ainsi Bismarck était en train de construire l’Allemagne moderne, avait un problème : faire accepter la puissance dirigeante de la Prusse à l’ensemble de l’Allemagne. Va provoquer les Français sur des motifs pas très sérieux, exploite la crainte des Français de la perte de leur statu quo. Alors les Français foncent tête baissée dans un conflit par peur de perdre leur position dominante. Bismarck a très finement joué de cette psychologie, en a tiré des profits politiques puisqu’à l’issue du conflit la Prusse a pu unifier l’Allemagne sous son contrôle. - relations entre l’Angleterre et la République hollandaise (au milieu du 17ème) : la puissance montante estime qu’il y a une lenteur dans le changement des institutions parce que ceux qui règnent ne veulent pas que les choses changent. Par ex, estiment qu’il faudrait modifier l’organisation du FMI ou de l’ONU. A l’inverse les puissances régnantes pensent que les institutions sont bonnes, il faut être très prudent quant à la modification de ces institutions. CE sont des situations de « friction transitionnelle ». - cas de l’Allemagne à la veille de la 1GM : est devenue LA 1ère puissance continentale. Offre un profil qui ressemble beaucoup, selon Allison, au profil de la Chine aujourd’hui. Parce qu’elle estimait qu’elle était lésée dans la place qui lui était faite, due aux autres puissances (surtout Fr et GB) qui ont abusé d’elle quand elle était faible. Donc désir de changer ce statu quo. Situation en 2020 : le réveil de la Chine. Lee Kuan Yew = lui qui a fondé et dirigé la cité-Etat de Singapour. Quel effet de la montée en puissance de la Chine sur l’équilibre des RI ? Réponse : l’effet sera tel que le monde devra 31 CF Théories de la globalisation trouver un nouvel équilibre. « La Chine est le plus grand protagoniste de l’histoire mondiale ». Donc plus qu’une perspective d’équilibre => changement complet du rapport de puissance, changement complet d’impérium au profit de la grande puissance chinoise. En une trentaine d’années, la Chine qui n’apparaissait dans aucun classement international apparaît désormais dans tous. Quelques chiffres : en 1980, PIB de la Chine était de moins de 300 milliards de dollars / en 2015 : était de 11 000 milliards. Dès 2015, deuxième économie mondiale. En 1980, commerce extérieur de la Chine s’élevait à moins de 40 milliards / 2015 : 4000 milliards. De 1980 à 2016, l’économie chinoise a doublé tous les 7 ans. Entre 2011 et 2013, la Chine a produit et utilisé plus de ciment que les EU pendant tout le 20ème siècle => donne une idée de l’intensivité et la cadence de la production ! Première fois que l’Asie est plus riche que l’Europe en ce qui concerne l’accumulation des richesses privées. Une puissance aussi leader dans les domaines les plus sophistiqués de la science et l’ingénierie. Du côté militaire, les avancées militaires de la Chine sont en train d’entamer à très vive allure l’hégémonie américaine. Une vérité difficile à admettre pour les Américains. Lee Kuan Yew dit qu’avant, l’équilibre des pouvoirs renvoyait à un pouvoir militaire uniquement ; or aujourd’hui la puissance c’est un équilibre de pouvoirs militaires ET économiques = la géoéconomie, pour peser sur l’adversaire. La Chine aspire à disposer des moyens de poursuivre sa croissance économique, parce qu’elle constitue les ressorts de sa puissance. Sera très difficile de lutter contre la puissance économique de la Chine. CONCLUSION : Quelles sont les perspectives ? Un approfondissement de l’écart éco entre les EU et la Chine. Si les tendances des 20 dernières années se poursuivent, on projette que l’éco chinoise devrait peser 50% plus lourd que l’éco américaine en 2023 ; en 2040, devrait être 3 fois plus importante. Un vrai déplacement de l’hégémonie économique. Comment ne pas aller vers la guerre ? Allison dégage 2 voies principales : 1) pour les EU, élaborer une nouvelle stratégie vis-à-vis de la Chine qui devrait sortir des contradictions de la stratégie actuelle. Contradictions = d’un côté, on a des acteurs qui pensent que la Chine devrait suivre une trajectoire similaire à celle de l’Allemagne en 1945, cad devenir une société plus ouverte, pluraliste / de l’autre côté, d’autres acteurs pensent qu’il faut contenir la Chine et maintenir à tout prix la supériorité militaire et technologique. 2) passer en revue toutes les options stratégiques possibles, par ex s’adapter cad accepter de limiter les soutiens qu’on accorde à Taïwan en négociant en contrepartie des concessions en mer de Chine. Autre possibilité : déstabiliser la Chine (« faire chier les Chinois partout où on peut » !) cad soutenir les indépendantistes, encourager l’indépendance de Taïwan, du Tibet, décrédibiliser les élites chinoises… Autre option : négocier la paix à long terme, par ex mettre en sourdine les critiques à propos des droits de l’homme contre une atténuation de l’espionnage chinois des industries. Enfin, autre option : redéfinir la relation en essayant d’envisager ensemble les dangers qui menacent l’un et l’autre (la prolifération nucléaire, le terrorisme, le changement climatique) = aller vers une co-prise de conscience de responsabilité mondiale. Les réserves qu’on peut avoir par rapport aux travaux d’Allison : ses projections font l’impasse sur la dissuasion nucléaire. Pour l’un comme pour l’autre, aller au conflit c’est faire un saut dans l’inconnu car on ne sait pas jusqu’où peut aller la destruction. Est-ce qu’on peut faire des comparaisons historiques entre des situations sans arme nucléaire et avec arme nucléaire ? 2ème réserve : toutes ces projections sont installées dans un développement économique infini. Mais est-ce qu’on peut vraiment se développer à l’infini ? 3ème réserve : investissement des Occidentaux dans l’espace chinois = quelles sont les perspectives de réindustrialisation ? Souveraineté économique encore possible ? 32
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